Lors de l'atelier de traduction collective d'hier, nous avons collectivement décidé qu'il y aurait désormais une Version de la semaine (donnée le vendredi), en écho au Thème du week-end.
Voici donc votre première Version de la semaine – à préparer, même de loin, pour jeudi prochain.
Nunca había firmado con su nombre. ¿ Quién iba a comprar una novela policiaca escrita por alguien que se llamara Francisco Cortés, separado, que llevaba una vida patética y vecino de Madrid en una casa sita en la calle Espertina ? Espeja el muerto había sido de la misma opinión, lo era Espeja el viejo y lo sería Espeja hijo, andando el tiempo y si la suerte no le mejoraba. Y si aún hubiera tenido la audacia de cargar con tal nombre, ¿ quién iba a creer que alguien al que seguramente llamarían Paco iba a tener conocimientos sobrados para hablar de Chicago, de Detroit, de Londres, de Nueva York o de cualquiera de esas oscuras provincias francesas, en las que, a la manera de Simenon, había desplegado tramas. Cierto que podría trasladar los argumentos en Madrid. Pero era una cuestión de crédito, lo más importante en el arte de novelar. Porque también eso era más que excusado : ¿ Quién iba a creerse que en un lugar como Lavapiés sucedieran crímenes como los de Nueva York, Londres, Chicago o Marsella ? No. Hammett y Chandler, esos sí, que sabían matar a conciencia. Ocho, diez, doce muertos por novela. Sin ningún problema, esperando la lógica, el tesón, la agudeza que resolviera el caso. Y qué ojo. Ellos sí tenían ojo para todo. Ahí estaba el detective de Bay City Blues, capaz de ver por la noche como los búhos. Estaba buscando un revólver caído entre la pinaza de un bosque. Noche cerrada. Ni una luz. Ni una linterna. Ni la brasa de un cigarrillo. Al fin lo descubrió medio enterrado, y antes de agacharse y recogerlo, vio que « una hormiga se arrastraba a lo largo del tambor ». Los clásicos son geniales. Paco Cortés quería ser un clásico. En ese momento nadie espera que el lector se vaya a fijar en una hormiga, ni siquiera se para en pensar que las hormigas se recogen temprano como la gallinas, y que no andan por ahí de picos pardos, ni mucho menos metiéndose en el tambor de un colt 45, pero a los clásicos se les perdona todo.
Andrés Trapiello, Los Amigos del Crimen Perfecto, Ediciones Destino, 2003, pp.28-29.
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Brigitte nous propose sa traduction :
Jamais il n’avait signé de son vrai nom. Qui allait acheter un roman policier écrit par quelqu’un qui s’appellerait Francisco Cortés, séparé, qui menait une existence pathétique et qui habitait Madrid, dans une maison située rue Espertina ?
Espeja le mort avait été du même avis, Espeja senior l’était, et Espeja junior le serait, avec le temps et si le destin ne le bonifiait pas.Et quand bien même il aurait l’audace de s’affubler d’un tel nom, qui allait croire que quelqu’un qu’on surnommerait sûrement Paco, allait avoir des connaissances à revendre pour parler de Chicago, de Détroit, de Londres, de New York ou de n’importe laquelle de ces obscures provinces françaises où , à la manière de Simenon, il avait développé des intrigues ? Bien sûr, il pourrait transposer les scénarios à Madrid. Mais c’était une question de crédibilité, chose primordiale dans l’art d’écrire des romans. Parce que ça aussi c’était plus que superflu : qui allait croire que, dans un endroit comme Lavapiés, puissent se produire des crimes comme à New York, Londres, Chicago ou Marseille ? Non. Hammet et Chandler, ceux-là, oui, car ils savaient tuer consciencieusement. Huit, dix, douze morts par roman. Sans aucun problème, attendant la logique, la ténacité, la perspicacité qui allait résoudre l’affaire. Et quel œil ! Eux, oui, ils avaient l’œil à tout. Et voilà le détective de Bay City Blues, capable de voir la nuit comme les hiboux. Il était en train de chercher un révolver tombé parmi la broussaille d’une forêt. Nuit noire. Pas une lumière. Ni une lampe. Ni même la lueur d’une cigarette allumée. Enfin il le découvrit à moitié enterré, et avant de se baisser pour le ramasser, il vit qu’ « une fourmi traînait le long du barillet ». Les classiques sont géniaux. Paco Cortés voulait être un classique. A ce moment-là, personne n’espère que le lecteur fera attention à une fourmi, ni même pense un seul instant que les fourmis rentrent chez elles et se couchent comme les poules et qu’elles ne vont pas faire la java, encore moins en se fichant sur le barillet d’un colt 45 ! Mais aux classiques, on leur pardonne tout.
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Alors que Brigitte et moi, nous en sommes à la remarque 8, Nathalie entre dans la danse, avec sa traduction (réalisée en suivant notre petit jeu) :
Il n’avait jamais signé de son vrai nom. Qui irait acheter un roman policier écrit par quelqu’un qui s’appelait Francisco CORTES, divorcé, qui menait une existence pathétique et vivait à Madrid dans une maison sise rue Espertina ? Feu Espeja avait été de cet avis, Espeja père l’était et Espeja fils le serait, bientôt, si la chance ne lui souriait pas. Et quand bien même il aurait eu l’audace de trimbaler un tel nom, qui croirait que quelqu’un, qu’on devait sûrement surnommer Paco, avait suffisamment d’autorité/d’expérience pour parler de Chicago, Détroit, Londres, New York ou une de ces obscures villes de province françaises, dans laquelle, à la manière de SIMENON, il avait déployé/mis en scène ses intrigues ? Bien sûr, il pourrait transposer ses enquêtes à Madrid. Mais, c’était une question de crédibilité - le plus important dans l’art du romancier. Parce que ça aussi, c’était hors de question : qui allait avaler que dans un quartier comme celui de Lavapiés se produisaient les mêmes crimes qu’à New York, Londres, Chicago ou Marseille ? Non. HAMMETT et CHANDLER, eux, oui alors, ils savaient tuer consciencieusement. Huit, dix, douze morts par roman. Sans aucun problème, en attendant que la logique, l’endurance, l’acuité résolvent l’affaire. Et quel œil ! Oui, à eux, rien ne leur échappait ! La preuve, le détective de Bay City Blues, qui était capable de voir dans l’obscurité, comme les hiboux. Il cherchait un revolver tombé dans les taillis d’un bois. Nuit noire. Pas une lumière. Pas une lanterne. Pas même le bout embrasé d’une cigarette. Il le découvrit finalement à moitié enterré et avant de se baisser pour le ramasser, il vit qu’une « fourmi traînait le long du barillet ». Les classiques sont géniaux. Paco CORTES voulait être un classique. A ce moment-là, personne ne s’attend à ce que le lecteur s’arrête à une fourmi, ni même ne se mette à penser que les fourmis se couchent tôt comme les poules, et qu’elles ne vont pas faire la noce ici ou là, encore moins en s’introduisant dans le barillet d’un colt 45 mais, on leur pardonne tout, aux classiques.
Il n’avait jamais signé de son vrai nom. Qui irait acheter un roman policier écrit par quelqu’un qui s’appelait Francisco CORTES, divorcé, qui menait une existence pathétique et vivait à Madrid dans une maison sise rue Espertina ? Feu Espeja avait été de cet avis, Espeja père l’était et Espeja fils le serait, bientôt, si la chance ne lui souriait pas. Et quand bien même il aurait eu l’audace de trimbaler un tel nom, qui croirait que quelqu’un, qu’on devait sûrement surnommer Paco, avait suffisamment d’autorité/d’expérience pour parler de Chicago, Détroit, Londres, New York ou une de ces obscures villes de province françaises, dans laquelle, à la manière de SIMENON, il avait déployé/mis en scène ses intrigues ? Bien sûr, il pourrait transposer ses enquêtes à Madrid. Mais, c’était une question de crédibilité - le plus important dans l’art du romancier. Parce que ça aussi, c’était hors de question : qui allait avaler que dans un quartier comme celui de Lavapiés se produisaient les mêmes crimes qu’à New York, Londres, Chicago ou Marseille ? Non. HAMMETT et CHANDLER, eux, oui alors, ils savaient tuer consciencieusement. Huit, dix, douze morts par roman. Sans aucun problème, en attendant que la logique, l’endurance, l’acuité résolvent l’affaire. Et quel œil ! Oui, à eux, rien ne leur échappait ! La preuve, le détective de Bay City Blues, qui était capable de voir dans l’obscurité, comme les hiboux. Il cherchait un revolver tombé dans les taillis d’un bois. Nuit noire. Pas une lumière. Pas une lanterne. Pas même le bout embrasé d’une cigarette. Il le découvrit finalement à moitié enterré et avant de se baisser pour le ramasser, il vit qu’une « fourmi traînait le long du barillet ». Les classiques sont géniaux. Paco CORTES voulait être un classique. A ce moment-là, personne ne s’attend à ce que le lecteur s’arrête à une fourmi, ni même ne se mette à penser que les fourmis se couchent tôt comme les poules, et qu’elles ne vont pas faire la noce ici ou là, encore moins en s’introduisant dans le barillet d’un colt 45 mais, on leur pardonne tout, aux classiques.
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Deuxième mouture de la traduction de Brigitte, sur laquelle se feront désormais les remarques :
Jamais il n’avait signé de son vrai nom. Qui achèterait un roman policier écrit par quelqu’un qui s’appellerait Francisco Cortés, divorcé, qui menait une existence pathétique et qui habitait Madrid, dans une maison située rue Espertina ?
Feu Espeja avait été du même avis, Espeja père l’était, et Espeja fils le serait, avec le temps et si la chance ne tournait pas d’ici là.
Et quand bien même il aurait eu l’audace de se trimbaler un pareil nom, qui croirait qu’ un type qu’on devait certainement surnommer Paco, pouvait avoir des connaissances à gogo/ à revendre pour parler de Chicago, Détroit, Londres, New York ou de n’importe laquelle de ces obscures provinces françaises où, à la manière de Simenon, il avait développé des intrigues ? Bien sûr, il pourrait transposer les scénarios à Madrid. Mais c’était une question de crédibilité, chose primordiale dans l’art d’écrire des romans. Parce que ça aussi c’était plus que superflu : qui croirait que, dans un quartier* comme Lavapiés, puissent se produire des crimes comme à New York, Londres, Chicago ou Marseille ? Non. Hammet et Chandler, ceux-là, oui, car ils savaient tuer consciencieusement. Huit, dix, douze morts par roman. Sans aucun problème, attendant la logique, la ténacité, la perspicacité qui allait résoudre l’affaire. Et quel œil ! Eux, oui, ils avaient l’œil à tout. Et voilà le détective de Bay City Blues, capable de voir la nuit comme les hiboux. Il cherchait un révolver tombé parmi la broussaille d’une forêt. Nuit noire. Pas une lumière. Ni une lampe. Ni même la lueur d’une cigarette allumée. Enfin il le trouva à moitié recouvert, et avant de se baisser pour le ramasser, il vit qu’ « une fourmi traînait le long du barillet ». Les classiques sont géniaux. Paco Cortés voulait être un classique. A ce moment-là, personne ne s’attend à ce que le lecteur fasse attention à une fourmi, personne ne pense un seul instant que les fourmis vont se coucher comme les poules et ne sont pas là pour faire la java, encore moins en se promenant sur le barillet d’un colt 45 ! Mais aux classiques, on leur pardonne tout.
Même si le mot du texte original est « lieu », le choix du mot « quartier » sans dénaturer quoi que ce soit, permet d’expliquer, pour ceux qui l’ignorent, que Lavapiés est un quartier et fait du même coup la distinction entre les villes nommées et les provinces françaises…tout en conservant Lavapiés surtout !
Jamais il n’avait signé de son vrai nom. Qui achèterait un roman policier écrit par quelqu’un qui s’appellerait Francisco Cortés, divorcé, qui menait une existence pathétique et qui habitait Madrid, dans une maison située rue Espertina ?
Feu Espeja avait été du même avis, Espeja père l’était, et Espeja fils le serait, avec le temps et si la chance ne tournait pas d’ici là.
Et quand bien même il aurait eu l’audace de se trimbaler un pareil nom, qui croirait qu’ un type qu’on devait certainement surnommer Paco, pouvait avoir des connaissances à gogo/ à revendre pour parler de Chicago, Détroit, Londres, New York ou de n’importe laquelle de ces obscures provinces françaises où, à la manière de Simenon, il avait développé des intrigues ? Bien sûr, il pourrait transposer les scénarios à Madrid. Mais c’était une question de crédibilité, chose primordiale dans l’art d’écrire des romans. Parce que ça aussi c’était plus que superflu : qui croirait que, dans un quartier* comme Lavapiés, puissent se produire des crimes comme à New York, Londres, Chicago ou Marseille ? Non. Hammet et Chandler, ceux-là, oui, car ils savaient tuer consciencieusement. Huit, dix, douze morts par roman. Sans aucun problème, attendant la logique, la ténacité, la perspicacité qui allait résoudre l’affaire. Et quel œil ! Eux, oui, ils avaient l’œil à tout. Et voilà le détective de Bay City Blues, capable de voir la nuit comme les hiboux. Il cherchait un révolver tombé parmi la broussaille d’une forêt. Nuit noire. Pas une lumière. Ni une lampe. Ni même la lueur d’une cigarette allumée. Enfin il le trouva à moitié recouvert, et avant de se baisser pour le ramasser, il vit qu’ « une fourmi traînait le long du barillet ». Les classiques sont géniaux. Paco Cortés voulait être un classique. A ce moment-là, personne ne s’attend à ce que le lecteur fasse attention à une fourmi, personne ne pense un seul instant que les fourmis vont se coucher comme les poules et ne sont pas là pour faire la java, encore moins en se promenant sur le barillet d’un colt 45 ! Mais aux classiques, on leur pardonne tout.
Même si le mot du texte original est « lieu », le choix du mot « quartier » sans dénaturer quoi que ce soit, permet d’expliquer, pour ceux qui l’ignorent, que Lavapiés est un quartier et fait du même coup la distinction entre les villes nommées et les provinces françaises…tout en conservant Lavapiés surtout !
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Une troisième mouture de Brigitte, qui ne baisse jamais les bras
Jamais il n’avait signé de son vrai nom. Qui achèterait un roman policier écrit par quelqu’un qui s’appellerait Francisco Cortés, divorcé, menant une existence pathétique et habitant Madrid, dans une maison sise rue Espertina ?
Feu Espeja avait été du même avis, Espeja père l’était, et Espeja fils le serait, avec le temps et si la chance ne tournait pas d’ici là.
Et quand bien même il aurait eu l’audace de se trimbaler un pareil nom, qui croirait qu’ un type qu’on devait certainement surnommer Paco, pouvait avoir des connaissances à revendre pour parler de Chicago, Détroit, Londres, New York ou de n’importe laquelle de ces obscures provinces françaises où, à la manière de Simenon, il avait fait se dérouler des intrigues ? Évidemment, il aurait toujours pu transposer ses histoires à Madrid. Mais c’était une question de crédibilité, chose primordiale dans l’art du romancier. Parce que ça aussi, c’était exclu : qui goberait que, dans un quartier comme Lavapiés, pourraient se produire les mêmes crimes qu’à New York, Londres, Chicago ou Marseille ? Jamais de la vie. Hammet et Chandler, ceux-là, oui, car pour tuer, ils étaient orfèvres en la matière. Huit, dix, douze macchabées par roman. Sans aucun problème, attendant la logique, la ténacité, la perspicacité qui allaient résoudre l’affaire. Et quel œil ! Eux, oui, ils avaient l’œil à tout. Prenez le détective de Bay City Blues, capable de voir de nuit comme les hiboux. Il cherchait dans une forêt un révolver tombé parmi un épais tapis d’aiguilles. Nuit noire. Pas une lumière. Ni une lampe torche. Ni même la lueur d’une cigarette allumée. Enfin il le trouva, à moitié recouvert et, avant de se baisser pour le ramasser, il vit qu’ « une fourmi traînait le long du barillet ». Les classiques sont géniaux. Paco Cortés voulait être un classique. A ce moment-là, personne ne s’attend à ce que le lecteur s’arrête sur une fourmi, personne ne réalise un seul instant que les fourmis vont se coucher comme les poules et qu’elles ne vont pas faire la java ici ou là, encore moins en se baladant sur le barillet d’un colt 45 ! Mais aux classiques, on leur pardonne tout.
*Même si le mot du texte original est « lieu », le choix du mot « quartier » sans dénaturer quoi que ce soit, permet d’expliquer, pour ceux qui l’ignorent, que Lavapiés est un quartier et fait du même coup la distinction entre les villes nommées et les provinces françaises…tout en conservant Lavapiés surtout !
Jamais il n’avait signé de son vrai nom. Qui achèterait un roman policier écrit par quelqu’un qui s’appellerait Francisco Cortés, divorcé, menant une existence pathétique et habitant Madrid, dans une maison sise rue Espertina ?
Feu Espeja avait été du même avis, Espeja père l’était, et Espeja fils le serait, avec le temps et si la chance ne tournait pas d’ici là.
Et quand bien même il aurait eu l’audace de se trimbaler un pareil nom, qui croirait qu’ un type qu’on devait certainement surnommer Paco, pouvait avoir des connaissances à revendre pour parler de Chicago, Détroit, Londres, New York ou de n’importe laquelle de ces obscures provinces françaises où, à la manière de Simenon, il avait fait se dérouler des intrigues ? Évidemment, il aurait toujours pu transposer ses histoires à Madrid. Mais c’était une question de crédibilité, chose primordiale dans l’art du romancier. Parce que ça aussi, c’était exclu : qui goberait que, dans un quartier comme Lavapiés, pourraient se produire les mêmes crimes qu’à New York, Londres, Chicago ou Marseille ? Jamais de la vie. Hammet et Chandler, ceux-là, oui, car pour tuer, ils étaient orfèvres en la matière. Huit, dix, douze macchabées par roman. Sans aucun problème, attendant la logique, la ténacité, la perspicacité qui allaient résoudre l’affaire. Et quel œil ! Eux, oui, ils avaient l’œil à tout. Prenez le détective de Bay City Blues, capable de voir de nuit comme les hiboux. Il cherchait dans une forêt un révolver tombé parmi un épais tapis d’aiguilles. Nuit noire. Pas une lumière. Ni une lampe torche. Ni même la lueur d’une cigarette allumée. Enfin il le trouva, à moitié recouvert et, avant de se baisser pour le ramasser, il vit qu’ « une fourmi traînait le long du barillet ». Les classiques sont géniaux. Paco Cortés voulait être un classique. A ce moment-là, personne ne s’attend à ce que le lecteur s’arrête sur une fourmi, personne ne réalise un seul instant que les fourmis vont se coucher comme les poules et qu’elles ne vont pas faire la java ici ou là, encore moins en se baladant sur le barillet d’un colt 45 ! Mais aux classiques, on leur pardonne tout.
*Même si le mot du texte original est « lieu », le choix du mot « quartier » sans dénaturer quoi que ce soit, permet d’expliquer, pour ceux qui l’ignorent, que Lavapiés est un quartier et fait du même coup la distinction entre les villes nommées et les provinces françaises…tout en conservant Lavapiés surtout !
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Odile nous propose sa traduction :
Jamais il n'avait signé de son vrai nom. Qui allait acheter un roman policier écrit par quelqu'un qui s'appellerait Francisco Cortés, divorcé, qui menait une existence pathétique et habitait à Madrid, une maison sise rue Espertina?. Feu Espeja avait été du même avis, Espesa père également et Espeja fils le serait aussi, le temps passant, s'il n'avait pas plus de chance qu'actuellement. Et même s'il avait eu l'audace d'assumer un tel nom, qui donc allait croire que quelqu'un, que l'on appelerait sûrement par le diminutif de Paco, pouvait en savoir assez pour parler de Chicago, de Détroit, de Londres, de New-York ou de l'une de ces obscures provinces françaises, dans lesquelles, à la manière de Simenon, il avait situé ses intrigues? Certes, il pourrait transposer les histoires à Madrid. Mais c'était une question de crédibilité, essentielle pour un roman. Autre chose encore, plus qu'impensable : qui allait croire que, dans un quartier comme Lavapiés, pouvaient se commettre des crimes comme ceux de New-York, Londres, Chicago ou Marseille? Non. Hammett et Chandler, eux oui, car ils assassinaient consciencieusement. Huit, dix, douze morts par roman. Sans aucun problème, en attendant la logique, la tenacité, la finesse qui résoudrait l'affaire.Et quels détails ! Oui, eux, ils pensaient à tout. Prenez le détective de Bay City Blues, capable de voir pendant la nuit comme les hiboux. Il était à la recherche d'un revolver tombé dans la pinède d'une forêt. Nuit noire. Pas une lumière. Pas une torche. Pas même la lueur d'une cigarette. Et finalement, il le trouve, à demi-enterré, et avant de se baisser et de le ramasser, i! vit qu' « une fourmi se traînait le long du barillet ». Les classiques sont des génies. Paco Cortés voulait être un classique. Dans ce passage-là, personne n'attend que le lecteur remarque une fourmi, ni même qu'il se dise que les fourmis, tout comme les poules, sont déjà dans leurs abris, et qu'elles ne font donc pas la noce, ici ou ailleurs, moins encore sur le barillet d'un colt 45, mais on pardonne tout aux classiques.
Jamais il n'avait signé de son vrai nom. Qui allait acheter un roman policier écrit par quelqu'un qui s'appellerait Francisco Cortés, divorcé, qui menait une existence pathétique et habitait à Madrid, une maison sise rue Espertina?. Feu Espeja avait été du même avis, Espesa père également et Espeja fils le serait aussi, le temps passant, s'il n'avait pas plus de chance qu'actuellement. Et même s'il avait eu l'audace d'assumer un tel nom, qui donc allait croire que quelqu'un, que l'on appelerait sûrement par le diminutif de Paco, pouvait en savoir assez pour parler de Chicago, de Détroit, de Londres, de New-York ou de l'une de ces obscures provinces françaises, dans lesquelles, à la manière de Simenon, il avait situé ses intrigues? Certes, il pourrait transposer les histoires à Madrid. Mais c'était une question de crédibilité, essentielle pour un roman. Autre chose encore, plus qu'impensable : qui allait croire que, dans un quartier comme Lavapiés, pouvaient se commettre des crimes comme ceux de New-York, Londres, Chicago ou Marseille? Non. Hammett et Chandler, eux oui, car ils assassinaient consciencieusement. Huit, dix, douze morts par roman. Sans aucun problème, en attendant la logique, la tenacité, la finesse qui résoudrait l'affaire.Et quels détails ! Oui, eux, ils pensaient à tout. Prenez le détective de Bay City Blues, capable de voir pendant la nuit comme les hiboux. Il était à la recherche d'un revolver tombé dans la pinède d'une forêt. Nuit noire. Pas une lumière. Pas une torche. Pas même la lueur d'une cigarette. Et finalement, il le trouve, à demi-enterré, et avant de se baisser et de le ramasser, i! vit qu' « une fourmi se traînait le long du barillet ». Les classiques sont des génies. Paco Cortés voulait être un classique. Dans ce passage-là, personne n'attend que le lecteur remarque une fourmi, ni même qu'il se dise que les fourmis, tout comme les poules, sont déjà dans leurs abris, et qu'elles ne font donc pas la noce, ici ou ailleurs, moins encore sur le barillet d'un colt 45, mais on pardonne tout aux classiques.
43 commentaires:
Pour Brigitte.
Remarque 1 : un petit travail à faire sur le "qui allait" (le temps, évidemment) de la deuxième phrase. Il s'agit là d'évoquer une hypothèse plus qu'improbable. Une solution ?
Remarque 2 :
« Séparé », ne va pas… On est presque en train de donner sa fiche d'état-civil et ce n'est donc pas le terme que l'on emploierait.
Réponse de Brigitte à la remarque 2 :
« Si "séparé" ne convient pas alors "divorcé" ? Quoique "séparé" apparaît sur de nombreux formulaires administratifs : "séparé veuf divorcé pacsé célibataire" ».
Bien… si le terme "séparé" est effectivement répertorié par l'administration, pas de raison de changer… (une petite vérification, tout de même ? Le traducteur doit toujours se méfier du spontané et tellement confortable « Je n'ai pas le moindre doute là-dessus !»), du moins d'un point de vue lexical. Maintenant, il faut encore se demander l'impression que le mot produirait sur le lecteur lamdba, c'est-à-dire notre cible. Dit-on fréquemment de soi : « Je suis séparé » ? Je me le demande. La question n'est évidemment pas celle de la correction, mais de la justesse et, surtout, de la fréquence d'emploi. Je laisse ce point, pas réellement tranché de mon côté (même si je préfère « divorcé », pour le débat de jeudi.
Réponse de Brigitte à la remarque 1 :
« Dans mon premier jet j'avais mis "qui irait acheter" ou "qui achèterait" dans le sens de "qui pourrait bien acheter" , "qui aurait l'idée saugrenue" d'aller acheter un roman policier d'un auteur avec un nom pareil... »
Voilà… c'est exactement cela et de ce fait, « qui irait acheter » me semble beaucoup mieux.
Remarque 3 :
Pour « Espeja le mort », tu peux faire beaucoup mieux… Allez !
Réponse de Brigitte à la remarque 3 :
« Dans la première version de Trapiello ("Fameux" devoir de vacances qui m'avait donné bien du fil à retordre d'ailleurs...), j'avais traduit par "Le défunt Espeja" et dans une autre phrase "Feu Espeja" qui me semblaient assez bien convenir l'un et l'autre du fait du ton humoristique du texte et de l'atmosphère un peu "veillote" du lieu décrit.
A suivre... »
Feu Espeja est parfait !
Remarque 4 :
La désignation des deux autres membres de la lignée Espeja par "Senior" et "Junior" me gêne. C'est une bonne idée, incontestablement… mais j'ai malgré moi l'impression d'être dans un roman en anglais, étasunien notamment. Peut-être suis-je influencée par la télévision et le cinéma. Toujours est-il que j'aimerais autant que tu trouves une traduction véritablement française… même si cette expression "traduction véritablement française" peut prêter à confusion d'un point de vue idéologique. Notre distingué petit cercle de lecteurs comprendra ce que j'entends par là.
Brigitte, à toi de jouer.
D'ailleurs, je signale aux autres apprentis traducteurs qu'ils peuvent eux aussi participer à notre mini-débat sur la proposition de traduction de Brigitte. Nous n'avons pas posé comme règle qu'il s'agirait exclusivement d'un dialogue. Je crois que l'une comme l'autre, nous serions ravies d'avoir votre avis. Alors, n'hésitez pas si vous avez des idées ou de simples remarques.
Jacqueline a manifestement été inspirée par le texte et l'illustration :
« Un autre petit défi pour la route :
La fourmi, à votre avis, elle crouisse ? elle mouinne, ou elle crohonde ? »
Réponse de Brigitte à la remarque 4 :
« Mais c'est bien sûr... Espeja père et Espeja fils... comme quoi c'est bien utile d'aller re-piocher dans mes devoirs de vacances !!! »
Oui, comme quoi plus ou traduit plus on acquiert de l'expérience (avec l'acquisition de points de repère auxquels se raccrocher en cas de difficulté, voire de tempête…), à commencer par le plus évident : au sein d'un même roman.
Remarque 5 :
Il y a un CS dans le morceau de phrase :
« […] si le destin ne le bonifiait pas ».
Dis-moi si tu trouves ou si tu as besoin d'un peu d'aide. Je sais qu'en te disant cela, je lance tes petites cellules grises… qui vont fonctionner à toute vitesse pour dégotter la solution. Alors dégotte… dégotte donc !
Réponse de Brigitte à la remarque 5 :
« OUI, le constre-sens ne m'étonne guère car j'ai eu beau cherché...mais...
J'ai compris qu'avec le temps, il se bonifierait (comme le vin, Trapiello empruntait déjà de nombreuses comparaisons avec le vin dans le toujours fameux devoir de vacances)
Ou alors cela signifie " et si son sort ne s'améliorait pas" mais je ne comprends toujours pas !!! »
Comme ça ne revient pas dans le bon sens, voici ma traduction du passage :
« Feu Espeja avait été du même avis ; le Vieil Espeja également ; et ce serait à coup sûr la même chose avec le Jeune Espeja, le jour venu, si sa chance ne tournait pas d’ici là. »
Remarque 6 :
"Et quand bien même il aurait"… encore plus hypothétique : « Et quand bien même il aurait eu ».
"s'affubler"… pour "cargar con" ? Là, il faut que tu proposes autre chose. D'abord parce que le verbe n'est pas adapté, et surtout parce que ça n'est pas exactement le sens…
Réponse de Brigitte à la remarque 6 :
« Donc pour "cargarse con" je dirais plutôt : " l'audace d'assumer un tel nom" »
Du coup, "assumer" est un peu faible… ou, en tout cas, il faut essayer de trouver quelque chose correspondant mieux au texte. L'exactitude lexicale est une chose, le rythme et la tonalité en sont deux autres… si difficiles à travailler et qui font la différence entre deux traducteurs.
Je t'écoute… Car c'est une voix que je veux entendre en lisant ce roman-là, celle d'un narrateur calqué sur les narrateurs des polars étasuniens des années 1920-1930. Comment parlerait Marlowe, par exemple ? Que dirait-il dans pareille circonstance ?
Deuxième réponse de Brigitte à la remarque 6 :
« DONC ... si "affubler" ne convient pas et "assumer" est trop "précieux" peut-être ...alors est-ce que "endosser un tel nom " conviendrait-mieux ??? »
Et immédiatement après, troisième réponse de Brigitte à la remarque 6 :
« Donc si "assumer" est trop faible ...alors, étant donné le contexte pourrait-on mettre "se trimbaler un pareil nom" ou carrément "se coltiner un tel nom" Trop familier ou argotique ??? »
AH ! Nous tenons enfin la traduction la plus satisfaisante… à tous points de vue.
Remarque 7 :
« qui allait croire »… Il faut mieux « qui croirait »
Et en revanche, il y a une vraie faute de temps avec « surnommerait », qui introduit un CS. Le traitement des temps est le nerf de la guerre, vous le savez bien ; nous en avons ici une preuve de plus.
À retravailler, donc.
Brigitte reprend sa traduction du début en tenant compte des remarques 1 à 6 (je mets entre crochets de nouvelles propositions de modifications… on peut toujours continuer à améliorer ; mais il va de soi, je le précise encore une fois, que je ne prétends pas avoir plus raison qu'elle. La traduction est affaire de subjectivité… c'est aussi pour cela que ça nous plaît tant) :
« Jamais il n’avait signé de son vrai nom. Qui achèterait [irait acheter] un roman policier écrit par quelqu’un qui s’appellerait Francisco Cortés, divorcé, qui menait [menant] une existence pathétique et qui habitait [habitant] Madrid, dans une maison située [sise ; je trouve le terme technique intéressant] rue Espertina ?
Feu Espeja avait été du même avis, Espeja père l’était, et Espeja fils le serait, [à n'en pas douter] avec le temps et si la chance ne tournait pas [en sa faveur] d’ici là.
Et quand bien même il aurait eu l’audace de se trimbaler un pareil nom, qui croirait [irait croire] qu’un type qu’on devait certainement surnommer Paco…
Remarque 7 :
Je pense que tu peux enlever les "de" ("de Détroit", etc)… en l'occurrence la répétition n'apporte rien. Parfois, elle permet de créer un rythme, d'insister… Or là, je ne vois rien de précis, si ce n'est un alourdissement inutile. Qu'en penses-tu ?
Remarque 8 :
« Développé » des intrigues… Il n'y a pas un verbe plus adapté ?
Réponse de Brigitte aux remarques précédentes :
- "sise" : oui, bien sûr ... c'est ce que j'avais mis "en premier jet" puis j'ai changé pour "située" qui semblait moins "précieux".
Caroline : ça n'est pas "précieux", c'est le terme de droit volontairement employé ici, suivant l'idée qu'il donne son état-civil
- Il me semble que j'ai déjà enlevé les de, de, de devant les noms des villes...dans ma dernière mouture envoyée.
Caroline : tu as bien fait.
- desplegar = plutôt "démêler une intrigue" comme on démêle une pelote de laine emmêlée ou une énigme embrouillée, compliquée.
Caroline : non, il faut, comme d'habitude, s'en tenir à ce qu'on dirait spontanément en français. Par exemple : où il avait fait se dérouler quelques intrigues…
Remarque 9 :
Le "bien sûr" (il aurait pu…) doit être un peu travaillé… pour que ce soit plus concessif.
Brigitte fait une remarque sur sa traduction :
« Plutot que "scénarios" ne pourrait-on pas choisir plutôt "scènes de crime" ? »
Caroline : surtout pas ! Nous sommes dans une parodie de roman noir made in USA des années 20 et 30 (je l'ai dit) et surtout pas dans un thriller des années 80 et 90 à la Patricia Cornwell et Mary Higgins Clark. Donc, là, avec "scène de crime", il y aurait conflit de jargon et… déformation du ton, de l'ambiance… un anachronisme, surtout. Une Trahison en somme. Ah oui, carrément.
De la part de Brigitte pour Nathalie :
« Bienvenue à Nathalie et merci d'entrer dans la danse ...ou plutôt la "ronde infernale" de Trapiello !!! »
La réponse de Brigitte à la remarque 9 :
Pour répondre à la remarque N° 9 : J'ajouterais "toujours" ... "Évidemment, il aurait toujours pu transposer ses scénarios à Madrid" pour signifier qu'il aurait beau faire, de toutes façons il ne serait pas crédible...
Caroline :
- Un détail, mais qu'il faut prendre en contact pour les traductions longues : attention de bien mettre les accents sur les majuscules. Je l'ai ajouté sur ton "évidemment". Auparavant, on ne les mettait pas à cause de problèmes de typo… que nous n'avons plus aujourd'hui, grâce aux ordinateurs.
- oui le "toujours" est une bonne idée. Mais j'ajouterais en tête de phrase : « Oui, d'accord, il aurait toujours pu… »
- pour scénarios… pourquoi ne pas opter pour la solution la plus simple : "histoires" ?
Pour information : la traduction de ce passage que j'ai rendue à l'éditeur :
« Bien sûr, il aurait pu prendre Madrid comme décor, mais là aussi, c’était une question de crédibilité ; or la crédibilité, c’était l’élément crucial de l’art du romancier. »
Remarque 10 :
« Parce que ça aussi c’était plus que superflu »
Là, il y a un vrai CS
En revanche Nathalie tient le sens… Peut-être un petit travail sur le ton, pour faire plus polar.
À toi de jouer Nathalie…
Réponse de Brigitte à la remarque 10 :
« Je sentais bien que "superflu" ne convenait pas ... je remplaçerais par "Parce que ça aussi c'était exclu : qui allait avaler/gober que dans un quartier comme Lavapiés se produisaient les mêmes crimes qu'à New York, Londres, Chicago ou Marseille ? »
Caroline : cette fois, le sens est bon… et pas mal rendu. Il faut juste que tu travailles la dimension plus qu'hypothétique de la suggestion… en particulier dans la dernière partie de ta phrase. C'est toujours le même problème de temps.
Voyons si je sais parler "polar" : je propose "c'était pas jouable" à la place de "c'était hors de question"...
Réponse de Brigitte à la remarque 10 :
Pour exprimer l'hypothèse dans la suite de la phrase, j'avais modifié en écrivant :
" Parce que ça aussi, c'était exclu : qui allait gober que dans un quartier comme Lavapiés puissent se produire / ou pourraient se produire les mêmes crimes qu'à New York, Londres, Chicago ou Marseille ?
Caroline :
- Je te propose plutôt « qui goberait » (toujours la même idée qu'il faut procéder à un traitement du temps particulier).
- Il vaut mieux « pourraient se produire »
Remarque 1 de Brigitte :
« Je n'ai pas trouvé dans le dictionnaire PINAZA… »
Caroline : effectivement, toi comme Nathalie, vous avez des FS…
Indice pour résoudre le problème : c'est une forêt de pins, donc…
Remarque 2 de Brigitte :
« À propos de la version de Nathalie :
Est-ce que LANTERNE pour LINTERNA est bien approprié, car pour moi il s'agirait plutôt d'une lampe torche ou lampe de poche comme les détectives en ont souvent. En pleine forêt, qui plus est, impossible de trouver une lanterne accrochée quelque part. Non ? »
Caroline : tout à fait d'accord. Avec "lanterne", on imagine un pirate, avec une barbe et une pipe, dans une grotte ou un truc comme ça (tu sais que j'ai beaucoup d'imagination). C'est résolument lampe torche" qu'il faut…
Pour le commentaire de Nathalie :
Caroline :
« C'était pas jouable »… tu trouves pas que ça fait un peu film américain dans le bronx ? Rap, tout ça. J'exagère peut-être…
Et si on mettait "niet"… Je vois les inconvénients que ça présente ("niet" dans un polar espagnol qui veut se couler dans le moule des polars étasuniens pour faire oublier qu'il est un polar espagnol). Mais je te le soumets, ne serait-ce que pour te permettre de trouver la bonne solution.
Remarque 11 :
Version de Brigitte de la suita : « Non. Hammet et Chandler, ceux-là, oui, car ils savaient tuer consciencieusement. »
Version de Nathalie :
« Non. HAMMETT et CHANDLER, eux, oui alors, ils savaient tuer consciencieusement. »
Caroline :
- Pas besoin de mettre les noms en majuscules. Au bas d'un article, oui… mais là, ça ferait un gros pâté dans le texte… ce serait très laid pour une publication. Les conventions ne sont pas les mêmes que pour les publications universitaires.
- Toutes les deux, il faut travailler ce "non", que vous rendez terriblement plat. On voit que vous ne pratiquez pas le gueuloir et le gesticuloir. Allez faites fonctionner vos voix et vos bras !
- « Consciencieusement »… Allons, allons, il y a une expression française qui serait si bien ici. Un point pour le concours de la traductrice de la semaine à celle qui le trouve en premier.
1.Pour rendre ce "Non" un peu moins plat et un peu plus catégorique, je proposerais alors "Jamais de la vie !".
2.Dans la mesure "a conciencia" évoque la rigueur et le souci du détail, je remplacerais alors "consciencieusement", par un autre adverbe "méthodiquement" ou "scrupuleusement"
Qui dit mieux ?
Concernant la "pinaza" je modifierais quelque peu la phrase : "Il cherchait un révolver tombé parmi les aiguilles de pin de la forêt" (On ne peut employer Pinède puisque nousa vons déjà le mot"pin")OU "Il cherchait un révolver tombé parmi les aiguilles couvrant le sol d'une pinède" ?
Caroline à Brigitte :
- « Jamais de la vie »… Oui, c'est pas mal.
- « scrupuleusement ». Ça n'est pas cela que je cherche. Comment dit-on quand quelqu'un fait quelque chose comme il se doit et avec talent, de surcroît ?
Caroline à Brigitte :
Les "aiguilles" de pin… Voilà ! Avec une petite précision pour rendre complètement l'idée : tapis d'aiguilles de pin.
Remarque 12 :
« Huit, dix, douze morts… »
"Morts"… dommage. Étant donné la nature et le ton du texte, est-ce que ça ne mériterait pas un petit effort lexical ?
Remarque 13 :
Pour Nathalie : « En attendant que la logique… » Il faut enlever le "en". C'est une question qu'il faut toujours se poser…
Pour Brigitte : Une faute d'orthographe dans cette phrase… à cause du calque avec l'espagnol. N'oublie pas de relire toujours avec une perspective exclusivement française. C'est-à-dire qu'il doit y avoir un moment où tu oublies la V.O.
1.Pourrait-on dire "sciemment et consciemment" mais je trouve que ça alourdit loa phrase...ou changer quelque peu la phrase en disant : "Hammet et Chandler, eux, oui, car ils étaient orfèvres en la matière" ou encore "ils avaient l'art et la manière de tuer" (mais nous avons le mot "art" quelques lignes plus haut)
2. huit, dix, douze cadavres ou maccabés (?)
3. Méa culpa pour l'accord du verbe au pluriel évidemment...
4. "Il cherchait dans une forêt un révolver tombé au beau milieu d'/ parmi /un tapis d'aiguilles de pins" ou "Dans une pinède, il cherchait un révolver tombé au beau milieu d'un épais tapis d'aiguilles" : peut-on se permettre ici d'ajouter l'adjectif "épais"...? car "parmi un tapis" suena raro...
Caroline à Brigitte :
« Des orfèvres en la matière… », oui, c'est une très bonne idée.
« L'art et la manière », n'est pas mal… mais moins, à mon avis.
Pour ma part, je te propose : « dans les règles de l'art… »
Je te concède que cela oblige à un petit travail sur la phrase au-dessus pour éliminer la répétition du mot "art". Cela ne doit pas être infaisable… Néanmoins, la question à se poser dans ce cas-là, d'un point de vue purement théorique, est autre (en sortant du strict cadre de ce texte-là) : l'expression « dans les règles de l'art » est-il meilleure que les deux autres (en particulier que la première) ? Et, le cas échéant, au point de justifier le chamboulement d'une autre phrase, c'est-à-dire au fond une réécriture, aussi mineure soit-elle ?
Qu'en penses-tu ? Et toi, Nathalie ?
Caroline à Brigitte :
« macchabées » ? Of course ! Mais attention à l'orthographe.
Caroline à Brigitte :
Pour le verbe au pluriel… cela arrive à tout le monde. Dans les épreuves que je relisais ce week-end, je me suis rendu compte que j'avais laissé passer un « fais » au lieu de « fait ». Et pourtant crois-moi, je l'ai relu bien une douzaine de fois, ce roman. En l'occurrence, on pourrait gloser sur le fait que la correctrice, elle, ne l'a pas vu. C'est son métier, pourtant ! Mais il est vrai qu'elle était tellement occupée avec ce pauvre Sancho Pancha… qu'elle n'avait pas toute sa tête. Comme dirait l'autre, on ne peut pas être dans son Bescherelle et aux moulins…
Caroline
Je reviendrai à la pinède… plus tard (cela dit, Brigitte, je trouve ta première solution bien meilleure). Pour l'instant, je continue à suivre l'ordre du texte.
Nathalie : « La preuve, le détective de Bay City Blues… »
Brigitte : « Et voilà le détective de Bay City Blues »
Pour le sens, Nathalie est plus dans le vrai… car « Et voilà » semble indiquer que la suite du récit ouvre sur autre chose, alors que ça n'est pas le cas. Les deux phrases sont liées. Mais, encore une fois, Nathalie, il manque le ton, entièrement dépendant de "l'intention" du narrateur et du moule intertextuel dans lequel il tente de se couler. Là, le protagoniste va illustrer son propos, en prenant le lecteur à témoin.
Allez, proposez-moi quelque chose pour rendre ces deux points.
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