par Kimhotep
Les salles d’attente sont un milieu me permettant d’observer toute sorte de personnes à loisir.
Je les nomme « spécimens », car ils sont pour moi bien mystérieux et j’aime les étudier comme le ferait un scientifique dans son laboratoire.
Il est curieux de voir comment les êtres humains évoluent dans un espace qu’ils fréquentent peu (je dis "peu" en étant optimiste. Ces données dépendent évidemment de chacun et je généralise). Je disais donc que les êtres humains ont tous un comportement particulier en salle d’attente et que même si on ne le détecte pas tout de suite, il est intéressant de se pencher sur ce phénomène. Pour illustrer mes dires, voici une liste (non exhaustive, bien entendu), de « spécimens » bien particuliers.
D’abord, un type très fréquent : l’enfant angoissé. Accroché au bras de sa mère (ou de son père, ou bien des deux), il gémit. Il semble infatigable et est assez bon acteur. Qu’il vienne pour un vaccin ou pour un rhume, il est intenable. Le parent, souvent gêné par l’attitude de sa progéniture, va lui proposer toute sorte de bonbons, de jouets, de livres… Mais rien n’y fait. Certains de ces enfants mettent à l’épreuve les tympans des patients présents, eux aussi, dans la salle d’attente. Dorénavant, munissez-vous de bouchons d’oreilles, on ne sait jamais.
Autre cas à opposer au premier : l’enfant qui joue. Celui-ci ne se soucie guère de ce qui se passe derrière la porte de la salle d’attente. Il touche à tout, se promène, parle à tout le monde. Il pose des questions indiscrètes sur les autres patients (dis, maman, pourquoi la dame elle est grosse ? Dis, papa, pourquoi le monsieur il sent pas bon ? Et j’en passe). L’enfant qui joue joue, bien évidemment. Il se roule par terre, il hurle, il rit fort. Et ses parents sont fiers de lui car le petit bambin n’a peur de rien.
Passons maintenant aux adultes.
Le voisin aimable est un « spécimen » que l’on aime croiser dans la rue le matin ou inviter à dîner le week-end. Mais le croiser dans la salle d’attente est un calvaire. Il tousse, se mouche et vous serre la main (ou vous fait la bise, c’est selon). « Eh bah alors ! Ça fait un moment qu’on ne s’est pas croisés ! Allez j’te fais la bise ! Boh, j’ai la gastro, mais c’est pas bien grave ». On ne va pas en mourir, certes. Mais non merci…
Dans le genre plus distant, mais tout aussi malade, on trouve parfois le « spécimen » que je qualifie de solitaire. Il ne doit croiser personne dans la journée car dans la salle d’attente, tout est pour lui matière à disserter. « Bonjour, vous venez pour quoi ? Ah oui… Moi c’est pour une grippe, je crois. Vous savez la grippe, il paraît que même quand on est vacciné… » Et c’est parti pour une demi-heure.
Autre « spécimen » moins bavard, mais tout aussi insupportable : la grand-mère tête en l’air. Elle a toute sa tête, mais veut vous persuader du contraire. Derrière son sourire édenté se cache une personne vile. Il y a tout de même quelques exceptions, qui elles perdent vraiment la tête.
Un exemple de leurs prouesses : Vous avez rendez-vous à 11h. Vous arrivez à 10h50. La grand-mère tout sourire est installée. Vous lui demandez gentiment :
— Vous avez rendez-vous à quelle heure ?
— À 11h !
— Ah tiens, moi aussi… C’est bizarre. Pourtant j’ai vérifié avant de partir… »
Le médecin arrive :
« Ah tiens Madame Trucmuche ! Mais vous aviez rendez-vous à 10h ! »
— Ah bon, vous êtes sûre ?
— Mais oui ! Allez, venez me voir.
*Petit sourire de la grand-mère dans votre direction*
Et voilà, trois quart d’heure d’attente en perspective…
La grand-mère tout sourire n’est jamais stressée. Il y a cependant d’autres cas bien plus préoccupés. Ce genre de personne ne veut d’ailleurs pas le montrer. Pour oublier ce qui l’attend, elle saisit un magazine (datant généralement de deux années auparavant). Elle s’y plonge en prenant un air passionné ou bien très sérieux. Le signe qui la trahit : la jambe qui tremble.
Ceux qui ne sont pas atteints par le syndrome de la tremblote reposent souvent leur journal pour s’essuyer ou se frotter les mains (devenues moites).
Enfin, il y a les gens qui ont l’air parfaitement normaux. Peut-être ne les ai-je pas encore assez observés et que leurs failles m’apparaîtront d’ici peu de temps.
J’ai déjà remarqué à plusieurs reprises certains d’entre eux qui me regardaient longuement. Peut-être étaient-ils en train de se demander à quelle classe de « spécimens » j’appartenais…
Je les nomme « spécimens », car ils sont pour moi bien mystérieux et j’aime les étudier comme le ferait un scientifique dans son laboratoire.
Il est curieux de voir comment les êtres humains évoluent dans un espace qu’ils fréquentent peu (je dis "peu" en étant optimiste. Ces données dépendent évidemment de chacun et je généralise). Je disais donc que les êtres humains ont tous un comportement particulier en salle d’attente et que même si on ne le détecte pas tout de suite, il est intéressant de se pencher sur ce phénomène. Pour illustrer mes dires, voici une liste (non exhaustive, bien entendu), de « spécimens » bien particuliers.
D’abord, un type très fréquent : l’enfant angoissé. Accroché au bras de sa mère (ou de son père, ou bien des deux), il gémit. Il semble infatigable et est assez bon acteur. Qu’il vienne pour un vaccin ou pour un rhume, il est intenable. Le parent, souvent gêné par l’attitude de sa progéniture, va lui proposer toute sorte de bonbons, de jouets, de livres… Mais rien n’y fait. Certains de ces enfants mettent à l’épreuve les tympans des patients présents, eux aussi, dans la salle d’attente. Dorénavant, munissez-vous de bouchons d’oreilles, on ne sait jamais.
Autre cas à opposer au premier : l’enfant qui joue. Celui-ci ne se soucie guère de ce qui se passe derrière la porte de la salle d’attente. Il touche à tout, se promène, parle à tout le monde. Il pose des questions indiscrètes sur les autres patients (dis, maman, pourquoi la dame elle est grosse ? Dis, papa, pourquoi le monsieur il sent pas bon ? Et j’en passe). L’enfant qui joue joue, bien évidemment. Il se roule par terre, il hurle, il rit fort. Et ses parents sont fiers de lui car le petit bambin n’a peur de rien.
Passons maintenant aux adultes.
Le voisin aimable est un « spécimen » que l’on aime croiser dans la rue le matin ou inviter à dîner le week-end. Mais le croiser dans la salle d’attente est un calvaire. Il tousse, se mouche et vous serre la main (ou vous fait la bise, c’est selon). « Eh bah alors ! Ça fait un moment qu’on ne s’est pas croisés ! Allez j’te fais la bise ! Boh, j’ai la gastro, mais c’est pas bien grave ». On ne va pas en mourir, certes. Mais non merci…
Dans le genre plus distant, mais tout aussi malade, on trouve parfois le « spécimen » que je qualifie de solitaire. Il ne doit croiser personne dans la journée car dans la salle d’attente, tout est pour lui matière à disserter. « Bonjour, vous venez pour quoi ? Ah oui… Moi c’est pour une grippe, je crois. Vous savez la grippe, il paraît que même quand on est vacciné… » Et c’est parti pour une demi-heure.
Autre « spécimen » moins bavard, mais tout aussi insupportable : la grand-mère tête en l’air. Elle a toute sa tête, mais veut vous persuader du contraire. Derrière son sourire édenté se cache une personne vile. Il y a tout de même quelques exceptions, qui elles perdent vraiment la tête.
Un exemple de leurs prouesses : Vous avez rendez-vous à 11h. Vous arrivez à 10h50. La grand-mère tout sourire est installée. Vous lui demandez gentiment :
— Vous avez rendez-vous à quelle heure ?
— À 11h !
— Ah tiens, moi aussi… C’est bizarre. Pourtant j’ai vérifié avant de partir… »
Le médecin arrive :
« Ah tiens Madame Trucmuche ! Mais vous aviez rendez-vous à 10h ! »
— Ah bon, vous êtes sûre ?
— Mais oui ! Allez, venez me voir.
*Petit sourire de la grand-mère dans votre direction*
Et voilà, trois quart d’heure d’attente en perspective…
La grand-mère tout sourire n’est jamais stressée. Il y a cependant d’autres cas bien plus préoccupés. Ce genre de personne ne veut d’ailleurs pas le montrer. Pour oublier ce qui l’attend, elle saisit un magazine (datant généralement de deux années auparavant). Elle s’y plonge en prenant un air passionné ou bien très sérieux. Le signe qui la trahit : la jambe qui tremble.
Ceux qui ne sont pas atteints par le syndrome de la tremblote reposent souvent leur journal pour s’essuyer ou se frotter les mains (devenues moites).
Enfin, il y a les gens qui ont l’air parfaitement normaux. Peut-être ne les ai-je pas encore assez observés et que leurs failles m’apparaîtront d’ici peu de temps.
J’ai déjà remarqué à plusieurs reprises certains d’entre eux qui me regardaient longuement. Peut-être étaient-ils en train de se demander à quelle classe de « spécimens » j’appartenais…
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