Nieto de gente nacida en algún lugar situado entre Colmenar de Oreja y Villamanrique del Tajo y que, por lo mismo, habían contado maravillas de los lugares dejados atrás, imaginábase el Amo que Madrid era otra cosa. Triste, deslucida y pobre le parecía esa ciudad, después de haber crecido entre las platas y tezontles de México. Fuera de la Plaza Mayor, todo era, aquí, angosto, mugriento y esmirriado, cuando se pensaba en la anchura y el adorno de las calles de allá, con sus portadas de azulejos y balcones llevados en alas de querubines, entre cornucopias que sacaban frutas de la piedra y letras enlazadas por pámpanos y yedras que, en muestras de fina pintura, pregonaban los méritos de las joyerías. Aquí, las posadas eran malas, con el olor a aceite rancio que se colaba en los cuartos, y en muchas ventas no podía descansarse a gusto por la bulla que en los patios armaban los representantes, clamando los versos de una loa, o metidos en griterías de emperadores romanos, haciendo alternar las togas de sábana y cortina con los trajes de bobos y vizcaínos, cuyos entremeses se acompañaban de músicas que si mucho divertían al negro por la novedad, bastante disgustaban al Amo por lo destempladas. De cocina no podía hablarse: ante las albóndigas presentes, la monotonía de las merluzas, evocaba el mexicano la sutileza de los peces guachinangos y las pompas del guajolote vestido de salsas obscuras con aroma de chocolate y calores de mil pimientas; ante las berzas de cada día, las alubias desabridas, el garbanzo y la col, cantaba el negro los méritos del aguacate pescuezudo y tierno, de los bulbos de malanga que, rociados de vinagre, perejil y ajo, venían a las mesas de su país, escoltados por cangrejos cuyas bocas de carnes leonadas tenían más sustancia que los solomos de estas tierras.
Alejo Carpentier, Concierto Barroco
***
Aurélie nous propose sa traduction :
Petit fils de gens nés dans un lieu situé entre Colmenar de Oreja et Villamanrique de Tajo et qui, pour la même raison, avaient raconté des légendes sur ces lieux abandonnés, le Maître s'imaginait que Madrid ressemblait à tout autre chose. Cette ville lui semblait triste, terne et pauvre, après avoir grandi au milieu du métal argenté et du tézontle de Mexico. En dehors de la Plaza Mayor, tout était, ici, étroit, sale et étriqué, quand on pensait à la largeur et la décoration des rues de là-bas, avec ses façades en carreaux de faïence et ses balcons portés par des ailes de chérubins, entre-croisés avec des cornes d'abondance d'où sortaient des fruits de pierre et des lettres reliées entre elles par des feuilles de vigne et de lierre qui, finement peint, vantaient les mérites de ces joyaux. Ici, les façades étaient en mauvais état, exaltant une odeur d'huile rance qui se propageait dans les chambres, et dans beaucoup d'auberges on ne pouvait pas se reposer à cause du vacarme que faisaient les acteurs dans les cours, clamant les vers d'une pièce de théâtre, ou déclamant à la manière des empereurs romains, faisant alterner les toges en drap et en rideau avec les costumes de bouffons et de basques, dont les intermèdes s'accompagnaient de musique et même si cela faisait rire le noir parce que c'était tout nouveau, cela déplaisait assez au Maître car tout cela était peu harmonieux. En ce qui concerne la cuisine, il ne valait pas mieux en parler: devant les boulettes de viande présentées, la monotonie du merlu, le mexicain évoquait la subtilité des poissons guachinangos et les pilons des dindons enrobés de sauces noires aromatisés de chocolat et colorés de milliers de grains de poivres; face à la soupe au chou de chaque jour, aux haricots fades, aux pois chiches et au chou, le noir chantait les mérites de l'avocat orgueilleux et tendre, des bulbes de malanga qui, arrosés de vinaigre, de persil et d'ail, lui faisaient souvenir des tables de son pays, encadrés par des crabes dont les mâchoires de chairs fauves avaient plus de consistance que les filets de porc de ce pays.
Petit fils de gens nés dans un lieu situé entre Colmenar de Oreja et Villamanrique de Tajo et qui, pour la même raison, avaient raconté des légendes sur ces lieux abandonnés, le Maître s'imaginait que Madrid ressemblait à tout autre chose. Cette ville lui semblait triste, terne et pauvre, après avoir grandi au milieu du métal argenté et du tézontle de Mexico. En dehors de la Plaza Mayor, tout était, ici, étroit, sale et étriqué, quand on pensait à la largeur et la décoration des rues de là-bas, avec ses façades en carreaux de faïence et ses balcons portés par des ailes de chérubins, entre-croisés avec des cornes d'abondance d'où sortaient des fruits de pierre et des lettres reliées entre elles par des feuilles de vigne et de lierre qui, finement peint, vantaient les mérites de ces joyaux. Ici, les façades étaient en mauvais état, exaltant une odeur d'huile rance qui se propageait dans les chambres, et dans beaucoup d'auberges on ne pouvait pas se reposer à cause du vacarme que faisaient les acteurs dans les cours, clamant les vers d'une pièce de théâtre, ou déclamant à la manière des empereurs romains, faisant alterner les toges en drap et en rideau avec les costumes de bouffons et de basques, dont les intermèdes s'accompagnaient de musique et même si cela faisait rire le noir parce que c'était tout nouveau, cela déplaisait assez au Maître car tout cela était peu harmonieux. En ce qui concerne la cuisine, il ne valait pas mieux en parler: devant les boulettes de viande présentées, la monotonie du merlu, le mexicain évoquait la subtilité des poissons guachinangos et les pilons des dindons enrobés de sauces noires aromatisés de chocolat et colorés de milliers de grains de poivres; face à la soupe au chou de chaque jour, aux haricots fades, aux pois chiches et au chou, le noir chantait les mérites de l'avocat orgueilleux et tendre, des bulbes de malanga qui, arrosés de vinaigre, de persil et d'ail, lui faisaient souvenir des tables de son pays, encadrés par des crabes dont les mâchoires de chairs fauves avaient plus de consistance que les filets de porc de ce pays.
***
Sonita nous propose sa traduction :
Petit-fils de gens nés quelque part situé entre Colmenar de Oreja et Villamanrique del Tajo et qui, pour la même raison, avaient raconté des merveilles sur ces lieux laissés derrière eux, le Maître imaginait qu’à Madrid les choses seraient différentes. Cette ville lui semblait triste, terne et pauvre, après avoir grandi entre l’argenterie et le tezontle du Mexique. En dehors de la Plaza Mayor, ici, tout était étroit, crasseux et chétif, quand on pensait à la largeur et la décoration des rues là-bas, avec ses façades en azulejo et ses balcons portés par des ailes de chérubins, entre cornes d’abondance qui sortaient des fruits de la pierre et des lettres entrelacées par des pampres et des lierres qui, dans les expositions de peinture fine, célébraient les mérites de la joaillerie. Ici, les auberges étaient de mauvaise qualité, avec une odeur d’huile rance qui pénétrait dans les chambres, et dans beaucoup d’auberges on ne pouvait pas se reposer à loisir à cause du raffut que les représentants fichaient dans les cours, déclamant les vers d’une louange, ou pris dans les cris d’empereurs romains, faisant alterner les toges en drap et en rideau avec les costumes de bouffons et de biscaïens, dont les intermèdes s’accompagnaient de musiques qui si tout au plus divertissaient le noir à cause de leur nouveauté, déplaisaient au Maître parce qu’elles sonnaient faux. De la cuisine on ne pouvait point en parler : devant les boulettes de viande présentées, la monotonie des colins merlu, le mexicain évoquait la subtilité des vivaneaux et les pilons de dindon vêtu de sauces noires aux arômes chocolat et les chaleurs de mil poivres ; devant les choux quotidiens, les haricots insipides et les pois chiches, le noir chantait les mérites du gros avocat tendre, des bulbes comestibles qui, arrosées de vinaigre, persil et ail, venaient aux tables de son pays, escortés par des crabes dont les bouches de viande rouge foncé avaient plus de consistance que les côtes de porc de ces terres.
Petit-fils de gens nés quelque part situé entre Colmenar de Oreja et Villamanrique del Tajo et qui, pour la même raison, avaient raconté des merveilles sur ces lieux laissés derrière eux, le Maître imaginait qu’à Madrid les choses seraient différentes. Cette ville lui semblait triste, terne et pauvre, après avoir grandi entre l’argenterie et le tezontle du Mexique. En dehors de la Plaza Mayor, ici, tout était étroit, crasseux et chétif, quand on pensait à la largeur et la décoration des rues là-bas, avec ses façades en azulejo et ses balcons portés par des ailes de chérubins, entre cornes d’abondance qui sortaient des fruits de la pierre et des lettres entrelacées par des pampres et des lierres qui, dans les expositions de peinture fine, célébraient les mérites de la joaillerie. Ici, les auberges étaient de mauvaise qualité, avec une odeur d’huile rance qui pénétrait dans les chambres, et dans beaucoup d’auberges on ne pouvait pas se reposer à loisir à cause du raffut que les représentants fichaient dans les cours, déclamant les vers d’une louange, ou pris dans les cris d’empereurs romains, faisant alterner les toges en drap et en rideau avec les costumes de bouffons et de biscaïens, dont les intermèdes s’accompagnaient de musiques qui si tout au plus divertissaient le noir à cause de leur nouveauté, déplaisaient au Maître parce qu’elles sonnaient faux. De la cuisine on ne pouvait point en parler : devant les boulettes de viande présentées, la monotonie des colins merlu, le mexicain évoquait la subtilité des vivaneaux et les pilons de dindon vêtu de sauces noires aux arômes chocolat et les chaleurs de mil poivres ; devant les choux quotidiens, les haricots insipides et les pois chiches, le noir chantait les mérites du gros avocat tendre, des bulbes comestibles qui, arrosées de vinaigre, persil et ail, venaient aux tables de son pays, escortés par des crabes dont les bouches de viande rouge foncé avaient plus de consistance que les côtes de porc de ces terres.
***
Leslie nous propose sa traduction :
Petit-fils de personnes nées dans un certain lieu situé entre Colmenar et Villamanrique du Tage, et à qui, pour cette raison, on avait raconté les merveilles des endroits laissés en arrière, le Maître de Madrid s'imaginait qu'il en était tout autrement. Cette ville-là lui semblait triste, terne et pauvre, après avoir grandi au mileu de l'argent et des pierres rouges de México. En dehors de la Plaza Mayor, tout était ici, étroit, crasseux et de taille réduite, quand on pensait à la largeur et à la décoration des rues de là-bas, avec leurs façades d'azuléjos et de balcons portés aux rangs de chérubins, au milieu des cornes d'abondance qui, de la pierre extrayaient des fruits, et des paroles liées par des feuilles de vigne et des lierres qui, en montrant une peinture fine, vantaient les mérites des bijouteries. Mais ici, les auberges étaient en mauvais état, avec une odeur d'huile rance qui se faufilait dans les pièces, y dans beaucoup d'auberges, on ne pouvait pas se reposer tranquillement du fait du tapage que, dans les cours, faisaient les représentants, clamant les vers d'une louange, ou piqués de criailleries d'empereurs romains, faisant alterner les toges de drap et de rideau avec les tenues de bouffons et de biscaïens, dont les entermèdes étaient accompagnés de musique qui, si elles amusaient le noir, pour qui c'était une nouveauté, en revanche, déplaisaient beaucoup au Maître pour qui elles sonnaient faux. On ne pouvait pas parler de cuisine : face aux boulettes de viandes et la monotonie des merlus, le mexicain évoquait la subtilité des daurades et les pompes du dindon en habit de sauces obscures à l'arôme de chocolat et au piquant de mille poivrons ; face aux choux de tous les jours, aux haricots fades, au pois chiche et au chou, le noir chantait les mérites de l'avocat, gros et vert, des bulbes de malanga qui, arrosés de vinaigre, de persil et d'ail, arrivaient jusqu'aux tables de son pays, escortés par des crabes dont les pinces aux chairs de fauve avaient plus de consistance que les filets de porc de ces terres.
Petit-fils de personnes nées dans un certain lieu situé entre Colmenar et Villamanrique du Tage, et à qui, pour cette raison, on avait raconté les merveilles des endroits laissés en arrière, le Maître de Madrid s'imaginait qu'il en était tout autrement. Cette ville-là lui semblait triste, terne et pauvre, après avoir grandi au mileu de l'argent et des pierres rouges de México. En dehors de la Plaza Mayor, tout était ici, étroit, crasseux et de taille réduite, quand on pensait à la largeur et à la décoration des rues de là-bas, avec leurs façades d'azuléjos et de balcons portés aux rangs de chérubins, au milieu des cornes d'abondance qui, de la pierre extrayaient des fruits, et des paroles liées par des feuilles de vigne et des lierres qui, en montrant une peinture fine, vantaient les mérites des bijouteries. Mais ici, les auberges étaient en mauvais état, avec une odeur d'huile rance qui se faufilait dans les pièces, y dans beaucoup d'auberges, on ne pouvait pas se reposer tranquillement du fait du tapage que, dans les cours, faisaient les représentants, clamant les vers d'une louange, ou piqués de criailleries d'empereurs romains, faisant alterner les toges de drap et de rideau avec les tenues de bouffons et de biscaïens, dont les entermèdes étaient accompagnés de musique qui, si elles amusaient le noir, pour qui c'était une nouveauté, en revanche, déplaisaient beaucoup au Maître pour qui elles sonnaient faux. On ne pouvait pas parler de cuisine : face aux boulettes de viandes et la monotonie des merlus, le mexicain évoquait la subtilité des daurades et les pompes du dindon en habit de sauces obscures à l'arôme de chocolat et au piquant de mille poivrons ; face aux choux de tous les jours, aux haricots fades, au pois chiche et au chou, le noir chantait les mérites de l'avocat, gros et vert, des bulbes de malanga qui, arrosés de vinaigre, de persil et d'ail, arrivaient jusqu'aux tables de son pays, escortés par des crabes dont les pinces aux chairs de fauve avaient plus de consistance que les filets de porc de ces terres.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire