Quand nous sommes arrivés au 1001e post, j'ai pensé que Jacqueline (promo Anne Dacier) était la personne idéale pour nous faire franchir fièrement cette symbolique étape… Je ne m'étais pas trompée. Beau résultat ! Dans ces conditions, comment aurait-il pu en être autrement pour le 2000e ? Et donc, la plume élégante et imaginative de notre apprentie traductrice a de nouveau été sollicitée pour le 3000e… et à présent pour le 4000e, ô combien important alors que les éléments se déchaînent autour de l'embarcation tradabordienne.
Merci à elle !
Avec l'amitié du capitaine.
Tradabord’oh !
L’empereur des post a le blues, le bourdon, le spleen, le cafard, du vague à l’âme et de la nostalgie plein les doigts. Ciel, c’est donc si grave ? Dites-moi tout, mon doux ami. Entre deux soupirs, il évoque une cure de sommeil … forcé, chuchote qu’en son absence la chanson sera reine, en France, on le sait bien, tout finit par des chansons et que sont les traducteurs sinon des rimailleurs à leur heure, des pinailleurs à toute heure, les temps sont durs, l’empereur solitaire à sa table, suant, décortiquant le mot, traquant le sens, n’est plus dans le ton : « C’est si doux » rime aujourd’hui comme hier avec « bras dessus, bras dessous » et ça va comme ça ou ça ira, ça ira et vlan le coup-heu-rets tombe. Timidement, j’ose le retour de l’île d’Elbe, il me répond Sainte-Hélène et l’exil.
J’ai pris alors ma harpe et convoqué Apollinaire.
Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir
Oui, elle fut belle l’aube et joyeux les moussaillons, mille post partirent se bousculant, creusant, fouillant, bâtissant en tous sens mais le but était un, le navire neuf et fier et le post roi, en ce temps-là, et puis vint la moisson, mille post encore, le 2001ème toutefois, prémonition ? pointait déjà son nez « se léchant les babines et découvrant ses crocs »… d’autres semailles et d’autres moissons suivirent, une armée de mille autres recrues monta la garde autour de notre empereur, hélas le sort en fut jeté et le 3000ème post le laissa, crime de lèse-majesté, post-it enchanté au sein de sa muraille… Mais ô surprise, tout n’était pas joué, on le croyait flapi, que nenni, une autre vague monta à l’assaut, flamboyante à sa manière, et mille post en jaillirent, les coffres en étaient pleins, la route toute tracée,
______________________________________________ / ARRÊTEZ !
Mon beau navire, ô ma mémoire, sommes-nous déjà au triste soir ?
Mais s’il nous reste cette mémoire, les mots continueront de voyager à travers le temps et à travers l’espace, alors nous aurons l’imaginaire et l’espérance, ai-je chanté sur ma harpe au roi si tourmenté. Je ne sais s’il en fut apaisé mais le fait est qu’il s’endormit … au moins pour un an, m’a–t-on dit. Chut ! laissons-le rêver…
Et nous, chantons gaiement, la barcarolle ou la carmagnole, c’est tout un. Et si nous traduisions leurs chansons ?
Jacqueline
NDLR :
Ce texte étant codé, je recommande à tout lecteur éventuel de se reporter aux éditions précédentes pour l’apprécier tout aussi éventuellement.
Au-delà de la fable, et en clair, j’encourage ce même lecteur à méditer cette phrase de Charles Péguy (Clio) :
« Qu’une même souche donne toutes les promesses du printemps et ensuite tous les regrets et tous les blanchiments de l’hiver, qu’elle donne toutes ces vertes promesses et qu’ensuite et qu’aussi elle donne cette vieille souche fendue et blanche, non seulement il n’y a là aucune contrariété naturelle, mais cela est de l’ordre même de la nature. »
Alors…
Merci à elle !
Avec l'amitié du capitaine.
***
La chanson du mal-aimé
par Jacqueline Daubriac
par Jacqueline Daubriac
Tradabord’oh !
L’empereur des post a le blues, le bourdon, le spleen, le cafard, du vague à l’âme et de la nostalgie plein les doigts. Ciel, c’est donc si grave ? Dites-moi tout, mon doux ami. Entre deux soupirs, il évoque une cure de sommeil … forcé, chuchote qu’en son absence la chanson sera reine, en France, on le sait bien, tout finit par des chansons et que sont les traducteurs sinon des rimailleurs à leur heure, des pinailleurs à toute heure, les temps sont durs, l’empereur solitaire à sa table, suant, décortiquant le mot, traquant le sens, n’est plus dans le ton : « C’est si doux » rime aujourd’hui comme hier avec « bras dessus, bras dessous » et ça va comme ça ou ça ira, ça ira et vlan le coup-heu-rets tombe. Timidement, j’ose le retour de l’île d’Elbe, il me répond Sainte-Hélène et l’exil.
J’ai pris alors ma harpe et convoqué Apollinaire.
Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir
Oui, elle fut belle l’aube et joyeux les moussaillons, mille post partirent se bousculant, creusant, fouillant, bâtissant en tous sens mais le but était un, le navire neuf et fier et le post roi, en ce temps-là, et puis vint la moisson, mille post encore, le 2001ème toutefois, prémonition ? pointait déjà son nez « se léchant les babines et découvrant ses crocs »… d’autres semailles et d’autres moissons suivirent, une armée de mille autres recrues monta la garde autour de notre empereur, hélas le sort en fut jeté et le 3000ème post le laissa, crime de lèse-majesté, post-it enchanté au sein de sa muraille… Mais ô surprise, tout n’était pas joué, on le croyait flapi, que nenni, une autre vague monta à l’assaut, flamboyante à sa manière, et mille post en jaillirent, les coffres en étaient pleins, la route toute tracée,
______________________________________________ / ARRÊTEZ !
Mon beau navire, ô ma mémoire, sommes-nous déjà au triste soir ?
Mais s’il nous reste cette mémoire, les mots continueront de voyager à travers le temps et à travers l’espace, alors nous aurons l’imaginaire et l’espérance, ai-je chanté sur ma harpe au roi si tourmenté. Je ne sais s’il en fut apaisé mais le fait est qu’il s’endormit … au moins pour un an, m’a–t-on dit. Chut ! laissons-le rêver…
Et nous, chantons gaiement, la barcarolle ou la carmagnole, c’est tout un. Et si nous traduisions leurs chansons ?
Jacqueline
NDLR :
Ce texte étant codé, je recommande à tout lecteur éventuel de se reporter aux éditions précédentes pour l’apprécier tout aussi éventuellement.
Au-delà de la fable, et en clair, j’encourage ce même lecteur à méditer cette phrase de Charles Péguy (Clio) :
« Qu’une même souche donne toutes les promesses du printemps et ensuite tous les regrets et tous les blanchiments de l’hiver, qu’elle donne toutes ces vertes promesses et qu’ensuite et qu’aussi elle donne cette vieille souche fendue et blanche, non seulement il n’y a là aucune contrariété naturelle, mais cela est de l’ordre même de la nature. »
Alors…
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