Diplômée de l'ESIT et membre de la SFT, de l'ATLF et de l'AAE ESIT, Alice Gallori est traductrice « technique » ; elle travaille à partir de l'italien, de l'anglais et de l'espagnol vers le français.
Comment êtes-vous venu à la traduction ?
Quand j’étais au lycée, ce choix de métier m’a semblé « logique », vu que j’étais bilingue avec l’italien et le français. Il me semblait que ça allait être extrêmement facile. Avec le temps, j’ai changé d’avis sur la profession, puisque les compétences rédactionnelles dans la langue vers laquelle on traduit (dans mon cas, le français) sont en réalité aussi, voire plus, importantes que la connaissance étendue d’une langue étrangère (même si, bien sûr, il est impossible d’être traducteur si on ne connaît pas de langue étrangère !). Mais j’avais démarré des études dans le domaine et j’ai découvert que j’aime la traduction, tout simplement.
Vous vous êtes plutôt consacrée à la traduction technique, est-ce par choix ?
Oui et non. Disons qu'une fois que j’ai pris conscience du talent nécessaire pour traduire des romans ou des essais (si on veut traduire Tolkien, par exemple), j’ai exclu de devenir traductrice littéraire. Mais la traduction pragmatique en freelance permet aussi de travailler sur des projets où la rédaction est très importante, ce qui est aussi agréable, et un freelance peut aussi travailler pour l’édition, ce qui m’est déjà arrivé.
Travaillez-vous pour votre propre compte ou au sein d’une entreprise ?
Je travaille à mon compte, plus précisément sous le statut d’auto-entrepreneur.
Choisissez-vous les textes que vous traduisez ?
Oui et non. Bien entendu, ce sont mes clients qui me proposent des textes en fonction de leurs besoins, donc je n’ai pas de contrôle majeur de ce sur quoi je vais travailler. Par contre, je peux opérer une sélection à l’intérieur de ce que l’on me propose, par exemple en refusant des textes sur lesquels je ne suis pas à l’aise à cause du domaine, du type de rédaction ou du délai. Je ne suis donc pas non plus obligée de travailler sur tel ou tel texte (dans la mesure où les impératifs économiques le permettent, bien sûr).
Quel est votre rythme de travail ? Comment se déroule pour vous une journée type ?
Impossible de répondre à cette question : le propre du libéral, c’est de ne pas avoir de journée type. Par exemple, en période de creux, on peut avoir très peu de travail et en profiter pour faire autres chose (démarcher des clients, prendre l’air), puis on enchaîne avec une semaine horriblement chargée pendant laquelle on ne met pas le pied dehors et on ne mange que des nouilles instantanées.
Quels sont vos clients les plus récurrents ?
Dans mon cas, surtout des agences de traduction, avec des clients directs ponctuellement.
Comme vous travaillez dans divers domaines de spécialité, y en a-t-il un que vous affectionnez tout particulièrement ? Pourquoi ?
Idéalement, j’aimerais répondre : « les dinosaures », car j’ai gardé cette passion d’enfance. Bien entendu, nous aimerions tous gagner notre vie en traduisant des textes sur un sujet qui nous passionne ! Mais, malheureusement, je n’ai jamais travaillé dans ce domaine pour l’instant. (Avis aux éditeurs !)
Pensez-vous qu’il est nécessaire de se spécialiser dans plusieurs domaines pour pouvoir se faire un nom dans ce métier ?
Oui. On peut toujours aborder de nouveaux domaines, mais il est certain qu’on se simplifie la vie en se concentrant sur quelques domaines que l’on maîtrise de mieux en mieux. C’est tout simplement plus facile de traduire un texte si on a pas besoin de se creuser les méninges pendant deux heures pour comprendre le sens de chaque phrase. Ce qui est compliqué, c’est de trouver des clients dans le domaine en question afin d’avoir un suivi et une progression.
Selon vous, faut-il avoir une connaissance approfondie des domaines que vous traduisez ? Cette connaissance doit-elle être égale dans tous les domaines ?
Non, pas forcément égale. En fait je dirais que toute personne a plus ou moins d’affinités avec certains domaines : on maîtrise forcément mieux un sujet pour lequel on se passionne ou un domaine dans lequel on a une longue expérience professionnelle. Mais on peut aussi, progressivement, maîtriser suffisamment un domaine et sa terminologie pour produire des traductions de qualité.
Comment voyez-vous le métier de traducteur aujourd’hui ?
Je ne suis pas très optimiste. Il me semble que beaucoup d’outils informatiques sont utilisés dans le but unique de « payer moins pour avoir autant ou plus et plus vite » et qu’il est difficile de se lancer en indépendant. Mais il y a aussi des traducteurs qui continuent de faire du bon travail pour des clients qui prennent la traduction au sérieux et qui comprennent qu’une bonne traduction demande du temps.
Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner à un(e) apprenti(e) traducteur(trice) ?
Il ne me semble pas avoir assez de recul pour donner des conseils à un jeune traducteur, mais je dirais : prenez le temps de réseauter, le milieu est petit et c’est important de se connaître et de se soutenir ; pensez aux organisations professionnelles ; penchez-vous sur les règles typographiques de votre langue maternelle, ça ne peut que jouer en votre faveur de les respecter même si la plupart des gens les ignorent complètement ; et n’hésitez pas à acheter d’office une carte SIM pour avoir un numéro professionnel et à ouvrir un compte bancaire séparé pour les paiements de vos clients, ce sont un investissement mineurs, voire nuls dans le cas d’un compte courant, qui vous aideront à séparer vie professionnelle et vie privée !
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