1) Tradabordo. Comment êtes-vous venue à la traduction ?
Judith Silberfeld. J'étais étudiante, je cherchais un petit boulot. Un éditeur m'a proposé de lire des manuscrits en anglais, puis il a parlé de moi à une collègue et amie. C'est elle qui m'a suggéré de m'essayer à la traduction.
2) T. Exercez-vous le métier de traductrice à plein temps ?
J.S. Non. Aujourd'hui je suis essentiellement journaliste (même si la traduction me tente à nouveau de temps en temps au fil de mes lectures).
3) T. Quel est votre plus beau souvenir de traduction ?
J.S. Ma première traduction (Elle s'appelait Elle s'appelait Catastrophe, de Nancy Farmer, à L'École des Loisirs). Parce qu'elle était difficile et donc gratifiante. Et parce que lorsque la correctrice me l'a renvoyée, elle l'a accompagnée d'un post-it sur lequel elle avait écrit "Bravo!", ce qui m'a beaucoup émue.
4) T. Que faites-vous face à une difficulté de traduction que vous peinez à résoudre ?
J.S. Je demande de l'aide. Auprès d'autres traducteurs (des connaissances, ou par le biais de l'ATLF), de l'auteur éventuellement si c'est un problème de compréhension plutôt que de tournure de phrase. Et internet est un outil merveilleux, qui permet d'entrer en relation avec des spécialistes de tout dans le monde entier.
5) T. Pour vous, le traducteur est-il un auteur ou un passeur ?
J.S. Juridiquement c'est un auteur. Intellectuellement aussi, mais il/elle doit – souvent – savoir s'effacer derrière l'auteur originel. Souvent mais pas toujours. Certains livres sont formidables dans le fond mais mal écrits. La traduction peut permettre de les améliorer. Les règles qu'appliquait François Truffaut à l'adaptation sont, dans une certaine mesure, transposables à la traduction:
« Opposer fidélité à la lettre et fidélité à l'esprit me paraît fausser les données du problème de l'adaptation si toutefois problème il y a... Aucune règle possible, chaque cas est particulier. Tous les coups sont permis hormis les coups bas ; en d'autres termes, la trahison de la lettre ou de l'esprit est tolérable si le cinéaste ne s'intéressait qu'à l'une ou l'autre et s'il réussit à faire : a) la même chose ; b) la même chose, en mieux ; c) autre chose, de mieux. Inadmissibles sont l'affadissement, le rapetissement, l'édulcoration... » (Revue des lettres modernes).
6) Auriez-vous des conseils à donner à un futur traducteur ?
J.S. On ne traduit pas pour l'auteur mais pour le lecteur, c'est lui qu'il faut garder à l'esprit lorsque des choix difficiles se présentent. Lorsque l'on lit un livre, on ne réfléchit pas toujours à la langue dans laquelle il a été écrit, et c'est très bien comme ça. La traduction ne doit pas se sentir, elle ne doit pas être un obstacle à la lecture. Le traducteur doit comprendre la langue de départ, évidemment, mais surtout maîtriser la langue d'arrivée. Et ne restez pas seul. Posez des questions, partagez vos expériences, profitez de celles des autres.
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