Avant de vous laisser lire son texte, je me permets de remercier Nathalie d'avoir accepté de se livrer (une fois de plus) à ce difficile exercice d'auto-observation que je vous impose régulièrement… Comme si on pouvait traduire en se regardant sans cesse traduire, diront certains. Allez, reconnaissez que ça fait partie du plaisir !
Que Nathalie reprenne la parole :
Si la lecture de Siete historias para la infanta Margarita m’avait permis de dégager le sens général de l’histoire, de faire rapidement connaissance avec les personnages et de suivre, dans les grandes lignes, les péripéties des uns et des autres, la traduction m’a offert la possibilité de me rapprocher un peu plus du cœur (de l’âme ?) du texte en me confrontant directement à chaque mot – sa forme, sa valeur, sa position dans la phrase et surtout, sa résonance dans le récit. J’ai donc fini par découvrir les points forts (et les points faibles, comme les inévitables tics d’écriture de l’auteur, qui, à l’instar de cette antienne anaphorique « el caso es que… » soulignent certes l’oralité dont est empreint le récit, mais affaiblissent également la portée dramatique et le caractère d’unicité de chaque histoire) de ce texte qui ressemble à une belle mécanique, parfaitement agencée.
Pour rester dans le cadre du roman de Miguel Fernández Pacheco, je dirais que la traduction m’a permis de pénétrer dans l’atelier de l’artiste-artisan et d’observer les instruments dont il s’est servi, les couleurs qu’il a sélectionnées, les mélanges qu’il a pu opérer… Chaque terme est comme une touche de peinture supplémentaire sur la toile du récit. Progressivement, les personnages acquièrent une couleur qui leur est propre, et dont ils ne vont plus se départir. Ce sont donc des figures picturales, fictionnelles mais aussi théâtrales puisque dans les intermèdes, qui suivent invariablement les histoires racontées, ils échangent de courtes répliques, selon un schéma plus ou moins codifié, sur la scène de l’atelier de Velázquez, où ils ont chacun une place attitrée, marquée au sol.
En ce qui concerne les 7 histoires présentées, je me suis tout de suite aperçue qu’elles sont uniques et se distinguent elles aussi par des traits caractéristiques – à ce propos, le titre nous fournit un précieux indice afin de déterminer à quel genre les rattacher : « leyenda… crónica… cuento… relación… historia… » ; dès lors, il s’avère difficile d’entendre la musique ou la mélodie du texte. Elle me semble davantage audible dans les intermèdes où chaque voix qui retentit exprime une tonalité singulière – cris d’indignation ou de colère, soupirs de tristesse, pleurs de compassion, éclats de rire grotesques.
Compte tenu de cette particularité, je suis amenée à m’adapter à chaque type de récit proposé, ce qui n’est peut-être pas plus mal car cette polyphonie m’oblige à rester vigilante et surtout, à ne pas tomber dans le piège de l’uniformisation, dont je me suis rendue coupable à maintes reprises par le passé… Me voilà donc invitée à évoluer dans divers modes d’écriture, et pas seulement en prose, puisque j’ai affaire à un romance, una coplilla, un trabalenguas…
Avec une palette aussi large, qui couvre les champs de la fiction, du théâtre et de la poésie, pour un texte où se mêlent à la fois l’écrit et l’oral, j’ai le sentiment de me retrouver face à un récit total, étroitement imbriqué dans une œuvre picturale complexe.
Si le roman de Miguel Fernández Pacheco est d’abord destiné à un jeune public, il me semble qu’il recèle plusieurs niveaux de lecture et de compréhension. Ainsi, je me rends compte que la traduction m’a aidée à conforter mon choix de texte, guidé, dans un premier temps, par la volonté de travailler sur un ouvrage de littérature « jeunesse ». Loin de se révéler simpliste ou artificiel, ce récit résiste parfaitement à une analyse rigoureuse et détaillée (pour ne pas dire pointilliste) ; dès lors, la traduction opère un effet grossissant sur les procédés à l’œuvre et valide la construction et la portée du texte ainsi mis à nu.
Je dois maintenant m’atteler aux multiples relectures que toute traduction suppose et c’est avec enthousiasme que j’aborde cette nouvelle étape parce que je me dis que ce texte ne m’a sûrement pas encore révélé tous ses secrets…
Pour rester dans le cadre du roman de Miguel Fernández Pacheco, je dirais que la traduction m’a permis de pénétrer dans l’atelier de l’artiste-artisan et d’observer les instruments dont il s’est servi, les couleurs qu’il a sélectionnées, les mélanges qu’il a pu opérer… Chaque terme est comme une touche de peinture supplémentaire sur la toile du récit. Progressivement, les personnages acquièrent une couleur qui leur est propre, et dont ils ne vont plus se départir. Ce sont donc des figures picturales, fictionnelles mais aussi théâtrales puisque dans les intermèdes, qui suivent invariablement les histoires racontées, ils échangent de courtes répliques, selon un schéma plus ou moins codifié, sur la scène de l’atelier de Velázquez, où ils ont chacun une place attitrée, marquée au sol.
En ce qui concerne les 7 histoires présentées, je me suis tout de suite aperçue qu’elles sont uniques et se distinguent elles aussi par des traits caractéristiques – à ce propos, le titre nous fournit un précieux indice afin de déterminer à quel genre les rattacher : « leyenda… crónica… cuento… relación… historia… » ; dès lors, il s’avère difficile d’entendre la musique ou la mélodie du texte. Elle me semble davantage audible dans les intermèdes où chaque voix qui retentit exprime une tonalité singulière – cris d’indignation ou de colère, soupirs de tristesse, pleurs de compassion, éclats de rire grotesques.
Compte tenu de cette particularité, je suis amenée à m’adapter à chaque type de récit proposé, ce qui n’est peut-être pas plus mal car cette polyphonie m’oblige à rester vigilante et surtout, à ne pas tomber dans le piège de l’uniformisation, dont je me suis rendue coupable à maintes reprises par le passé… Me voilà donc invitée à évoluer dans divers modes d’écriture, et pas seulement en prose, puisque j’ai affaire à un romance, una coplilla, un trabalenguas…
Avec une palette aussi large, qui couvre les champs de la fiction, du théâtre et de la poésie, pour un texte où se mêlent à la fois l’écrit et l’oral, j’ai le sentiment de me retrouver face à un récit total, étroitement imbriqué dans une œuvre picturale complexe.
Si le roman de Miguel Fernández Pacheco est d’abord destiné à un jeune public, il me semble qu’il recèle plusieurs niveaux de lecture et de compréhension. Ainsi, je me rends compte que la traduction m’a aidée à conforter mon choix de texte, guidé, dans un premier temps, par la volonté de travailler sur un ouvrage de littérature « jeunesse ». Loin de se révéler simpliste ou artificiel, ce récit résiste parfaitement à une analyse rigoureuse et détaillée (pour ne pas dire pointilliste) ; dès lors, la traduction opère un effet grossissant sur les procédés à l’œuvre et valide la construction et la portée du texte ainsi mis à nu.
Je dois maintenant m’atteler aux multiples relectures que toute traduction suppose et c’est avec enthousiasme que j’aborde cette nouvelle étape parce que je me dis que ce texte ne m’a sûrement pas encore révélé tous ses secrets…
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