dimanche 16 décembre 2012

Entraînement au CAPES 1 (texte à rendre pour le 15 décembre)

El maniquí

Nueve años habían transcunido desde que Luis Santurce se separó de su mujer. Después la había visto envuelta en sedas y tules en el fondo de elegante carruaje pasando ante él como un relámpago de belleza o la había adivinado desde el paraíso del Real, allá abajo, en un palco, rodeada de señores que se disputaban el murmurar algo a su oído para hacer gala de una intimidad sonriente.
Estos encuentros removían en él todo el sedimento de la pasada ira: había huído siempre de su mujer como enfermo que teme el recru-decimiento de sus dolencias, y, sin embargo, ahora iba a su encuentro, a verla y hablarle en aquel hotel de la Castellana, cuyo lujo insolente era el testimonio de su deshonra.
Los rudos movimientos del coche de alquiler parecían hacer saltar los recuerdos del pasado de todos los rincones de su memoria. Aquella vida que no quería recordar iba desarrollándose ante sus ojos cenados:
su luna de miel de empleado modesto, casado con una mujer bonita y educada, hija de una familia venida a menos; la felicidad de aquel pri­mer año de pobreza endulzada por el cariño; después las protestas de Enriqueta revolviéndose contra la estrechez,  el sordo disgusto al oírse llamar hermosa por todos y verse humildemente vestida; los disgustos surgiendo por el más leve motivo; las reyertas a medianoche en la al­coba conyugal; las sospechas royendo poco a poco la confianza del marido,  y de repente el ascenso inesperado,  el bienestar material colán­dose por las puertas; primero, tímidamente, como evitando el escánda­lo; después, con insolente ostentación, como creyendo entrar en un mundo de ciegos,  hasta que, por fin, Luis tuvo la prueba indudable de su desgracia. Se avergonzaba al recordar su debilidad. No era un co­barde, estaba seguro de ello, pero le faltaba voluntad o la amaba dema­siado, y por esto, cuando tras un vergonzoso espionaje se convenció de su deshonra, sólo supo levantar la crispada mano sobre aquella hermosa cara de muñeca pálida, y acabó por no descargar el golpe: Sólo tuvo fuerzas para arrojarla de la casa y llorar como un niño abandonado apenas cerró la puerta.

Vicente Blasco Ibáñez, El maniquí


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Elise nous propose sa traduction :

Le mannequin

Neuf ans s’étaient écoulés depuis que Luis Santurce se fût séparé de sa femme. Ensuite, il l’avait vue, enveloppée de soies et de tulles au fond d’un élégant fiacre, passant devant lui tel un éclair de beauté, ou il l’avait devinée depuis le paradis du Real, là, en bas, sur un balcon, entourée d’hommes qui se disputaient son oreille pour y murmurer quelque chose afin de se flatter de partager une certaine intimité souriante.
Ces rencontres agitaient totalement le sédiment de sa fureur passée : il avait toujours fui sa femme, comme un malade qui craint la recrudescence de ses douleurs, et pourtant, maintenant, il allait à sa rencontre, il allait la voir et lui parler dans cet hôtel de la Castellana, dont le luxe insolent était le témoin de son déshonneur.
Les rudes mouvements de la voiture de location semblaient faire jaillir les souvenirs du passé depuis tous les recoins de sa mémoire. Cette vie dont il ne voulait pas se rappeler se déroulait devant ses yeux clos : sa lune de miel d’employé modeste, marié à une jolie femme bien éduquée, fille d’une famille déchue ; le bonheur de cette première année de pauvreté adoucie par la tendresse ; puis les protestations de Enriqueta se plaignant de l’exiguïté ; la sourde insatisfaction de s’entendre appelée « belle » par tous, mais de se voir modestement vêtue ; les disputes éclatant pour le moindre motif ; les bagarres à minuit dans la chambre conjugale ; les soupçons rongeant peu à peu la confiance du mari ; et soudain, l’ascension inespérée, le bien-être matériel se faufilant par les portes ; timidement d’abord,  pour éviter le scandale ; puis avec une ostentation insolente, comme croyant entrer dans un monde d’aveugles, jusqu’à ce qu’enfin, Luis eut la preuve indéniable de sa disgrâce. Il avait honte en se souvenant de sa faiblesse. Il n’était pas un lâche,  il en était sûr, mais il manquait de volonté ou il l’aimait trop, et à cause de cela, quand, par le biais d’un honteux espionnage,  il se convainquit de son déshonneur, il sut seulement lever sa main crispée sur ce joli visage de pâle poupée, et il finit par ne pas donner le coup : il eut seulement la force de la jeter hors de la maison et de pleurer comme un enfant abandonné à peine eut-il fermé la porte.

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Nadia nous propose sa traduction :

Le mannequin

Neuf ans s’étaient écoulés depuis que Luis Santurce s’était séparé de sa femme. Après, il l’avait vue, enveloppée de soies et de tulles au fond d’une élégante calèche passant devant lui, comme un éclair de beauté, ou de la dernière galerie du Real, là-bas, en bas, il l’avait imaginée dans une loge entourée de messieurs qui se disputaient le privilège de lui murmurer quelque chose à l’oreille pour faire étalage d’une intimité souriante.
Ces rencontres remuaient en lui tout le sédiment de la colère passée : il avait toujours fui sa femme comme un malade qui craint la recrudescence de ses attaques, et, cependant, maintenant il allait à sa rencontre, la voir et lui parler dans cet hôtel de la Castellana, dont le luxe insolent était le témoin de son déshonneur.
Les mouvements brusques de la voiture de location semblaient faire sauter les souvenirs du passé de tous les recoins de sa mémoire. Cette vie, dont il ne voulait pas se souvenir, se déroulait devant ses yeux fermés : sa lune de miel de modeste employé, marié à une femme jolie et éduquée, fille d’une famille déchue ; le bonheur de cette première année de pauvreté adoucie par la tendresse ; ensuite, les protestations d’Enriqueta se révoltant contre le dénuement, la sourde contrariété en entendant se faire appeler belle par tous et se voir vêtue humblement ; les contrariétés surgissant pour n’importe quel petit motif ; les disputes, à minuit dans la chambre conjugale ; les suspicions rongeant petit à petit la confiance du mari, et soudain l’ascension inespérée, le confort matériel s’introduisant par la porte ; d’abord, timidement, comme pour éviter le scandale ; puis, avec une ostentation insolente, comme s’il croyait entrer dans un monde d’aveugles, jusqu’à ce qu’enfin, Luis ait la preuve indiscutable de son malheur. Il avait honte quand il se souvenait de sa faiblesse. Ce n’était pas un lâche, il en était sûr, mais il lui manquait de la volonté ou alors il l’aimait trop,  et c’est pour cela que quand, après un espionnage honteux, il fut convaincu de son déshonneur, il ne put que lever sa main crispée sur ce beau visage de pâle poupée, mais il finit par ne pas laisser partir le coup : il n’eut de la force que pour la jeter dehors et pleurer comme un enfant abandonné dès qu’il eut fermé la porte.

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Elena nous propose sa traduction :

Le mannequin
Neuf ans s’étaient écoulés depuis que Luis Santurce se sépara de sa femme. Par la suite, il l’avait aperçue enveloppée dans de la soie et du tulle au fond d’un élégant carrosse qui passait devant lui comme un éclair de beauté ou l’avait devinée depuis le paradis du Real, entourée de messieurs qui se débattaient pour murmurer quelque chose à son oreille, pour se targuer d’avoir une intimité souriante.
Ces coïncidences remuaient  en lui tout le sédiment de sa haine passée : il avait toujours fui sa femme tel un malade qui craint la recrudescence de ses douleurs, et, cependant, il allait maintenant à sa rencontre, pour la voir et pour lui parler dans cet hôtel de la Castellana, dont le luxe insolent témoignait de son déshonneur.
Les brusques mouvements de la voiture de location semblaient faire sauter les souvenirs du passé dans tous les recoins de sa mémoire. Cette vie qu’ il ne voulait pas se remémorer se déroulait devant ses yeux fermés : la lune de miel d’employé modeste, marié à une belle femme polie, fille d’une famille ruinée ; la joie de cette première année de pauvreté adoucie par l’amour ; puis les protestations d’Enriqueta se révoltant contre la pénurie, son sourd mécontentement lorsqu’elle entendait qu’on la considérait belle et qu’elle se trouvait habillée modestement ; les contrariétés à la moindre occasion ; les disputes à minuit dans la chambre conjugale ; les soupçons érodant peu à peu  la confiance du mari, et soudain, l’ascension inespérée, le bien-être matériel se filtrant à travers les portes ; d’abord, timidement, comme pour éviter le scandale ; après, avec insolente ostentation, comme rejoignant un monde d’aveugles, jusqu’à ce que, pour finir, Luis eut la preuve irréfutable de sa disgrâce. Il avait honte en se rappelant sa faiblesse. Il n’était pas un lâche, ça, il en était sûr, mais il manquait de volonté ou il l’aimait trop, et pour cette raison, lorsque suite à un honteux espionnage, il se convainquit de son déshonneur, il ne put que lever sa main crispée sur ce beau visage de poupée pâle, et finit par ne pas assener le coup : Il eut seulement la force de la jeter de la maison et de pleurer comme un enfant abandonné dès qu’il referma la porte.

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Manon nous propose sa traduction :

Le mannequin

Neuf ans s’étaient écoulés depuis que Luis Santurce s’était séparé de sa femme. Puis, il l’avait vue,  enveloppée dans de la soie et du tulle au fond d’une élégante carriole qui passait devant lui comme un éclair de beauté, ou il l’avait devinée depuis le paradis du Real, là-bas en bas, dans une loge, entourée d’hommes qui se disputaient pour chuchoter quelque chose à son oreille et faire étalage d’une intimité souriante.
Ces rencontres remuaient en lui tout le sédiment de la colère passée : il avait toujours fui sa femme, comme une personne souffrante apeurée par la recrudescence de ses maladies. Malgré tout,  il allait maintenant à sa rencontre, la voir et lui parler dans cet hôtel de la Castellana, dont le luxe insolent témoignait de son déshonneur.
Les rudes mouvements de la voiture de location paraissaient, de toutes parts, faire resurgir dans sa mémoire les souvenirs du passé. Cette vie, dont il ne voulait pas se rappeler, se déroulait devant ses yeux repus : sa lune de miel comme employé modeste,  marié à une belle femme avec de l’éducation,  fille d’une famille déchue. Le bonheur de cette première année, de cette pauvreté adoucie par la tendresse ; puis, les protestations d’Enriqueta se révoltant contre l’étroitesse, contre la sourde contrariété de s’entendre appeler belle par tous et de se voir modestement vêtue ; les mécontentements qui surgissent pour la moindre raison ; les querelles, à minuit, dans la chambre conjugale ; les suspicions rongeant peu à peu la confiance de son mari, et, soudain, l’élévation inespérée, le bien-être matériel entrant par toutes les portes ; d’abord,  timidement, comme pour éviter le scandale ; puis, avec une insolente ostentation, comme si l’on croyait entrer dans un monde d’aveugles, jusqu’à ce que,  finalement, Luis eut la preuve irréfutable de son malheur. Il avait honte en se remémorant sa faiblesse. Ce n’était pas un lâche, il était sûr de lui, mais il lui manquait la volonté, ou alors il l’aimait trop ; c’est pour cela qu’après un espionnage honteux, il fut convaincu de son déshonneur. Il réussit seulement à se lever, la main crispée sur ce beau visage de poupée pâle, et finit par ne pas porter le coup : il trouva seulement la force de la jeter hors de la maison et de pleurer comme un enfant, dès que la porte fut fermée.

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