« Dessous »
Te revoilà dans cette maison familiale, celle qui a abrité tes joies, tes chagrins, tes rires et tes peines, celle qui a accueilli tes grands-parents, tes oncles, tantes, parents, cousins, amis, frères et sœurs ; cette maison chaleureuse en hiver et agréable aux beaux jours. Tu ères dans le long couloir que tes pas d’enfant ont foulé, tu t’arrêtes face au bureau dans lequel ton grand-père s’affairait, tu prends l’air sur la terrasse où tes cousins aimaient jouer.
Et pourtant, tout a changé, tu le sens au plus profond de toi-même, cette vérité immuable t’empêche de respirer, de sourire ou encore de pleurer. Dans ta tête, tout est sens dessus-dessous. Tu es comme prisonnière de tes souvenirs. Tu as l’impression que l’on t’enlève une partie de toi, ton cœur peut-être…
Ce grand jardin à la pelouse verdoyante et aux arbustes en fleurs, à la balançoire et aux fils à linge hantés par le vent, aux allées en terre et aux rosiers rouges, tout ça fait partie de ton passé. Te démener, te débattre pour que rien ne change ne servirait à rien. Tu le sais.
Alors, tu parcoures une dernière fois chaque pièce de la maison, tu observes chaque recoin, tu mémorises chaque objet : l’immense table en bois dans la salle à manger, le petit canapé bleu dans la salle de jeu, le fauteuil rose dans la chambre de ta tante, les escaliers glissants pour atteindre l’étage, et les posters et les cartes postales de la chambre de ton père quand il était jeune.
Puis, tu redescends, le plus lentement possible. Plus rien ne te retient ici maintenant. Tu fermes délicatement la porte vitrée de l’entrée. Une larme tombe sur le dos de ta main. Tu pleures. Tu ne t’en étais même pas rendue compte.
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