Sujet : Philtres
« Amour »
Une douce mélodie provenait de la chambre du fond de la vieille bâtisse, une odeur émanait dans le couloir. Elle se décida et suivit son instinct, guidée par ses sens à travers l’obscurité de cette demeure de campagne où l’électricité était un luxe inexistant. Peu à peu, ses yeux s’entrouvrirent, et elle découvrit une lumière tamisée, des bougies semblaient éclairer le chemin. La couleur rougeâtre offrait à ce lieu isolé, une agréable chaleur ; en regardant le sol de plus près, elle se rendit compte qu’elle marchait sur du sable. Elle se pencha, le toucha, laissant passer les grains de sable entre ses doigts, puis, malgré sa belle robe blanche, elle fut prise d’une folle envie de se rouler dans ce sable froid. Son imagination l’éleva vers un monde parallèle.
Elle était là, les pieds dans le sable, qui à présent était devenu brûlant. En face d’elle, l’océan, d’un bleu incomparable, fit que dans un élan, elle se jeta à corps perdu dans cette eau translucide. Elle nageait, le corps flottant, balayé par les reflets du soleil. Elle se sentait libre, comme si plus rien autour d’elle n’avait d’importance.
Brusquement, elle fut réveillée. Elle reprit ses esprits, et se trouvait à présent dans une grande pièce, dont les murs étaient remplis de livres divers et variés. Elle courait tout autour de la pièce lumineuse et ne savait où donner de la tête. Elle finit par prendre plusieurs romans et s’assit au centre de la pièce. L’odeur des livres anciens envahit rapidement ses narines et de nouveau elle fut transportée.
Elle se retrouva allongée sur un bateau, en pleine mer. La tempête faisait rage mais elle restait de marbre, elle contemplait la beauté d’un ciel aux couleurs bleues, grises, blanches. Des éclairs lumineux venaient amplifier ce somptueux spectacle. Au moment où la foudre allait s’abattre sur le bateau, elle ferma les yeux.
Lorsqu’elle les rouvrit, elle était au beau milieu d’un champ d’achillées. Ces fleurs possèdent un côté magique qui l’envoûta totalement. C’était l’été, et toutes ces fleurs faisaient penser à des flammes en train de danser. Les touffes couleur de feu des crocosmias mettaient en valeur l’achillea feuerland, leurs écarlates orangé, presque identiques et les capitules de l’achillée formaient un vif contraste avec les feuillages quand se mêlaient les lames vert intense du crocosmia et les folioles vaporeuses de l’achillée. Elle était comme bercée par ces herbes aux couleurs flamboyantes à la symbolique lourde de sens.
Elle se retrouva alors au milieu du siège de Troie, et aperçut tout près d’elle, le héros Achille qui venait d’être mortellement blessé au talon par la flèche de Pâris. Se prenant pour la déesse Aphrodite, des larmes ruisselèrent sur son visage et elle conseilla à Achille d’utiliser des restes d’achillées afin de calmer ses souffrances. Le visage inondé par les larmes, sa vue devint trouble.
Quand de nouveau, la lumière vint la frapper, elle était sur une piste de danse, dansant un zouk enflammé avec un bel antillais. Elle se laissait porter par cet homme à moitié nu, son odeur qui l’enivrait lui fit perdre la tête.
Quand elle revint à elle, elle était allongée sur un grand lit à baldaquin et à ses côtés, cet homme, celui dont elle avait rêvé tant de fois. Elle s’accouda pour le regarder, l’homme dormait. Il incarnait la perfection à l’état pur, grand, musclé, des traits fins, une peau mate et lisse, des cheveux bruns mi-long, une petite barbe qui commençait à poindre, des lèvres bien proportionnées. Alors, elle se pencha pour lui donner un baiser.
Ce baiser la fit atterrir dans une voiture, où à côté d’elle se trouvait une étrange femme. La femme la regarda et lui demanda : « As-tu aimé ton voyage ? ». Elle répondit : « Quel voyage ? Où suis-je ? » La vieille femme répondit : « Souviens-toi, souviens-toi où tout a commencé, tu dois penser à l’amour et aux philtres qui t’ont guidé jusqu’à moi et peut-être alors, te réveilleras-tu. »
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