samedi 5 février 2011

Entretien avec Alejandro Arciniegas Alzate, écrivain colombien, réalisé par Julie Sanchez

Sans doute vous souvenez-vous de lui… Il s'agit de cet auteur qui nous avait contacté parce qu'il était en quête d'un traducteur. Finalement, c'est Julie qui s'est chargée de le contacter. Elle a à présent son roman en mains et peut-être le traduira-t-elle… avec l'aide de la célèbre et aimée Laëtitia Sworzil. Bon attelage, ces deux-là !
Afin de faire connaissance, Julie a posé quelques questions à son éventuel futur auteur…

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Alejandro Arciniegas Alzate est un jeune écrivain colombien actuellement en séjour en France. Son premier roman, Fondoblanco, a été publié en 2008 en Colombie.
Vous pourrez trouver un article à son propos sur le blog TRADABORDO. En attendant, voici quelques questions auxquelles il a bien voulu répondre par e-mail.

1) Bonjour, pouvez-vous vous présenter?
Je m'appelle Alejandro Arciniegas, né à Bogotá en 1979. Je suis en France pour poursuivre des études en philosophie. Maintenant j’habite à Toulouse.

2) Vous avez écrit votre premier roman il y a peu de temps (il a déjà obtenu un prix !). De quoi parle-t-il ?
Ce sont des épisodes dans la vie de cinq ou six personnages jeunes qui partagent les mêmes rues de la ville et les mêmes drogues. A Bogotá, il y a une substance faite à partir de la cocaïne que l’on appelle « bazuco. » Vous voyez, ce mot là on ne peut pas le traduire, car il s’agit d’un produit vraiment colombien.

3) Pourquoi avez-vous choisi ce sujet ?
C’était plus qu’un choix. J’étais presque obligé de commencer ma carrière d’écrivain par ceci, puisqu’il s’agit d’un texte autobiographique qui raconte mes anciennes expériences avec la drogue, d’un point de vue littéraire. Il y a eu un tas de raisons qui m’ont convaincu de composer un roman avec ce matériau. Du coup, la Colombie est bien connue pour être un pays producteur des drogues, mais on connaît moins à propos de sa toxicomanie.

4) Comment le désir d’écrire vous est-il venu ? Depuis quand écrivez-vous ?
Je viens d’une famille cultivée dans la connaissance des lettres et la culture a toujours été mon scénario naturel. Pourtant, j’ai commencé à écrire seulement lorsque je suis entré dans l’adolescence. Il y a certains écrivains qui, comme Nietzsche, pour n’en citer qu’un seul, vous forcent à le faire. À cette époque je n’avais aucune prétention littéraire, mais j’écrivais des poèmes et des graffitis partout.

5) Écrire un roman ne vous a pas semblé long ? Avez-vous trouvé cela difficile ?
La littérature n’est jamais une affaire de longueur et, de toute façon, Fondoblanco n’est pas si long. Vous vous rappelez cette idée de Gilles Deleuze quand il prend l’exemple de l’alcoolique pour formuler un problème présent dans la pensée de Spinoza : « Si vous faites quelque chose, faites le comme si vous deviez le faire un million de fois. Si vous n'arrivez pas à le faire comme ça, faites autre chose. ». En ce qui concerne l’écriture, je trouve que c’est pareil. Quant à si c’est difficile ou pas, je crois que non.

6) Aviez-vous déjà écrit des romans ? De longs textes… ?
Non, c’est mon premier livre.

7) Quelles sont vos relations avec les éditeurs ?
On a publié le roman avec « Icono Editorial » et j’ai eu de bons rapports avec son directeur, notamment, car il m’a fait confiance. On a participé ensemble dans la convocation du Ministère de la Culture, dont on a remporté le prix. Par bons rapports, je veux dire pas seulement de la camaraderie, mais aussi que, comme il s’agissait d’une petite maison d’édition, j’ai eu l’occasion de participer dans toutes les étapes de la publication (édition, corrections, design, etc.).

8) Et avec vos traducteurs ? Votre roman a déjà été traduit dans d’autres langues ?
Quant aux traducteurs, il y a une femme à Montréal, Jeanne, qui avait commencé l’année dernière à travailler sur le texte. Malheureusement, elle est tombée malade vers la fin 2010 et ce projet s’est arrêté pour l’instant. Qu’est-ce que je peux vous dire par rapport à un traducteur ? Il est essentiel d’affirmer la communication auteur-traducteur. Je vous donne un exemple. Lorsqu’on a traduit Sin remedio, le roman de Antonio Caballero, il y a eu un moment où Jean Marie Saint-Lu avait pris le mot « tinto » au sens de « vin rouge », puisqu’en Colombie on appelle ce dernier « vino tinto. » Mais « tinto » c’est juste le nom familier du café. Vous comprenez ce qu’on risque s’il n’y pas un certain niveau de communication. A Bogotá les gens boivent du café partout. Ignacio Escobar aurait pu être un alcoolique dans la version française.

9) Vous voulez que votre livre soit traduit en français. Pour quelles raisons ?
Il est toujours amusant d’avoir un public. La véritable histoire d’un livre s’écrit au-delà, lorsque les gens commencent à en parler.

10) Avez-vous une autre profession en dehors de l’écriture ?
J’écris depuis la France par un journal colombien qui s’appelle Ciudad Viva.

11) Avez-vous d’autres projets de romans ?
Plusieurs.
Malheureusement, nous n’en saurons pas plus pour l’instant à propos de ces romans en projet !! :)

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