DUBAÏ. Nous ne sommes pas tendus. Nous n’avons pas peur. Nous savons exactement ce que nous avons à faire et dans sept heures la mission sera terminée. Retour au pays. Nous n’avons pas le droit à l’erreur, cette possibilité n’est pas envisageable. Pour l’heure, nous devons nous concentrer sur notre objectif. Il est 15h25, nous sommes le 19 janvier et la cible vient d’arriver à l’hôtel Rotana. Nous n’étions pas très loin, nous ne sommes jamais très loin. Depuis le temps que nous le traquons, depuis le temps que nous attendons ce moment, nous allons enfin obtenir ce que nous recherchons depuis vingt ans. Nous n’avons pas oublié, nous n’oublions jamais. Gare à celui qui nous défie, gare à celui qui nous menace. L’hôtesse emmène la cible dans sa chambre ; direction l’ascenseur. Michael et James les suivent et s’infiltrent dans la cabine avant la fermeture des portes. Pendant quelques minutes, les quatre personnes s’observent. La cible ressemble aux photos qui circulent entre nos mains depuis de longues d’années. Il n’a pas vraiment changé. Cheveux courts, noirs, des yeux marron, un regard perçant, une petite moustache et une barbe de trois jours, poivre et sel. On devine facilement son embonpoint sous sa veste noire en cuir. Il ne prête aucune attention à nos deux camarades, déguisés : raquettes de tennis, casquettes, shorts noirs, t-shirt bleu pour Michael, blanc pour James. Il ne se rend même pas compte que nous sommes là, tout près de lui à seulement quelques centimètres et que ce soir, il ne pourra nous échapper. Ce type, c’est une ordure, nous savons tout de lui, il a souillé notre nom avec ses mots, il a bafoué nos valeurs avec ses actes. Nous n’aurons aucune pitié, comme lui n’en a aucune à notre égard. D’ailleurs, dans notre métier, il n’y a pas de place pour la pitié. Nous agissons, point. Nous avons été recrutés pour ça : agir, pour l’honneur, pour la nation. Aujourd’hui, il va payer. La cible sort de l’ascenseur suivie de l’hôtesse, de James et de Michael. Tandis que James reste sur le palier, la cible et la jeune femme se lancent dans le couloir et s’arrêtent devant une porte. Michael, lui, les observe et vérifie le numéro de chambre : la 230. Michael et James regagnent la réception et communiquent au reste de l’équipe ce numéro. Maintenant, il nous faut attendre. Ça aussi, ça fait partie de notre métier. 16h23, la cible sort de sa chambre et quitte l’hôtel. C’est le moment. Nous investissons la chambre 237, en face. Nous sommes onze sur le coup. Onze élus unis avec un seul et même objectif. Peter, lui, est déjà reparti pour Paris. Les autres, Evan, Melvin, Jonathan, Stephen et l’autre Michael attendent à leur poste. Gail, grimée d’une perruque rousse et d’une casquette noire, et Kevin, un petit brun arborant lui aussi une casquette nous ont rejoints. Les secondes, les minutes, les heures sont comptées, il nous faut nous dépêcher. Gail et Kevin ont œuvré dans le secret, encore une fois, pour reprogrammer l’accès à la chambre 230. Nous n’avons peur de rien et nous pouvons tout faire, nous avons tous les moyens. Nous sommes entraînés et rompus à toute forme de mission. 20h15, nous pénétrons dans la chambre 230. Tout est sombre et tranquille, le calme avant la tempête. 20h24, la cible revient tenant à la main un sac de nylon et se dirige vers sa chambre. Gail et Kevin se mettent en position pour contrôler le hall de l’étage pendant que l’équipe d’exécution opère. La victime pousse la porte derrière elle, le piège se referme, nous lui tombons dessus. Nous l’assommons, le torturons à l’électricité. Lorsqu’il est inconscient, nous l’étranglons. Mission accomplie. Quatre hommes avec un même but. 20h46, nous sortons de la chambre puis quittons les lieux, suivis de l’équipe de surveillance installée dans le lobby de l’hôtel. 22h30, tout est terminé, Gail et Kevin quittent le pays en direction de Paris. Le reste du commando s’est envolé pour d’autres horizons. Nous nous retrouverons tous, dans quelques jours, pour un débriefing chez nous, à Tel-Aviv, dans les locaux du Mossad.
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