samedi 5 février 2011

La version de l'agrégation interne – session 2010-2011

Un mazazo, capaz de alurdir a un buey: eso había sido la revelación de Robert. Su famoso dirscurso nos había dejado tontos. Ya, ya irían brotando, como erupción cutánea, las ronchas que en cada cual levantaría tan pesada broma: pues -a unos más y a otros menos- ¿ a quién no había de indigestársele el postre que en aquella cena debimos tragarnos? Cuando al olro día, pasado el estupor de la sorpresa y disipados también con el sueño los vapores alcohólicos que tanto entorpecen el cerebro, amaneció la gente, para muchos era increíble lo visto y lo oído: andábamos todos desconcertados, medio huidos, rabo entre piernas. Tras vueltas, reticencias y tanteos que ocuparían las horas de la mañana, sólo al atardecer se entró de lleno a comentar lo sucedido; y entonces, ¡ qué cosas peregrinas no pudieron escucharse! Por lo pronto, y aunque parezca extraño (yo tenía miedo a los excesos de la chabacanería), aunquo parezca raro, la reaccón furiosa contra la mujer, de que Ruiz Abarca ofreciera en el acto mismo un primer y brutal ejemplo, no fue la actitud más común. Hubiera podido calcularse que ella constituiría el blanco natural de las mayores indignaciones, el objeto de los dicterios más enconados: pero no fue así. La perfidia femenina – corroborada, una vez más, melancólicamente- no sublevaba tanto como la jugarrreta, de Robert, ese canalla que ahora -pensábamos- estaría burlándose de nosotros, y riendo tanto mejor cuanto que era el último en reír. Durante meses y meses nos había dejado creer que le engañábamos, y los engañados éramos nosotros: esto sacaba de tino, ponía rojos de rabia a muchos. Pues, en verdad, la conducta del señor director de Expediciones y Embarques resultaba el bocado de digestión más difícil; pensar que se había destapado con desparpajo inaudito -mejor aún, con frío y repugnante cinismo- como un chulo vulgar, rufián y proxeneta, suscitaba oleadas de rabia y tardío coraje, quizás no tanto por el hecho en sí como por la vejación del chasco.

Francisco Ayala, Historia de Macacos (1955), Madrid, Clásicos Castalia, 1995, p. 99-100.

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Voici les propositions de traduction des Tradabordiens ; une fois de plus, je précise qu'il ne s'agit que d'indications. N'en déduisez rien quant à l'évaluation et à la correction du jury du concours… et donc sur vos notes.

Julie nous propose sa traduction :

Un coup de massue, capable d’étourdir un bœuf : telle avait été la révélation de Robert. Son fameux discours nous avait laissés abasourdis. Déjà, comme une éruption cutanée, les boutons que chez les uns et les autres une plaisanterie aussi assommante provoquerait, se mettraient à bourgeonner : car – ce fut plus le cas pour certains que pour d’autres – qui n’allait pas trouver indigeste le dessert que nous avons du avaler à ce dîner ? Quand, le lendemain, la stupeur de la surprise est passée et que les vapeurs alcooliques, qui engourdissent tant le cerveau, se sont aussi dissipées, les gens se réveillèrent. Pour beaucoup d’entre eux, ce qu’ils avaient vu et entendu était incroyable : nous étions tous déconcertés, à moitié méfiants, la queue entre les jambes. Après réflexions, réticences et essais qui ont du prendre toute la matinée, c’est seulement à la tombée du jour qu’on se mit vraiment à commenter ce qui était arrivé. Et alors, que de choses étonnantes n’a-t-on pas entendu ! Pour le moment, et même si cela paraît étrange (je craignais les excès de la vulgarité), même si cela paraît bizarre, la réaction furieuse contre la femme, dont Ruiz Abarca offrit, dans son acte même, un premier et brutal exemple, ne fut pas l’attitude la plus commune. On aurait pu prévoir que celle-ci constituerait la cible naturelle des plus grandes indignations, l’objet des insultes les plus enflammées : mais ce ne fut pas le cas. La perfidie féminine – confirmée, une fois de plus, mélancoliquement – ne révoltait pas autant que le sale coup, de Robert, cette canaille qui désormais – pensions-nous – devait être en train de se moquer de nous, riant d’autant plus qu’il était le dernier à rire. Durant des mois et des mois, il nous avait laissé croire que nous le trompions, et c’est nous qui étions les trompés : ceci exaspérait, rendait fou de rage beaucoup de monde. Mais, en réalité, la conduite de monsieur le directeur des Expéditions et des Embarquements était le morceau le plus difficile à avaler ; penser qu’il s’était dévoilé avec un manque de gêne inédit – ou encore mieux, avec un cynisme froid et répugnant – comme un insolent vulgaire, crapule et proxénète, suscitait des vagues de colère et un courage tardif, peut-être pas tant pour le fait en lui-même que pour la vexation de la farce.

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Olivier nous propose sa traduction :

Un coup de massue, capable d'assommer un bœuf : voilà ce qu'avait été la révélation de Robert. Son fameux discours nous avait laissé pantois. Oui, tels des éruptions cutanées, les boutons, qu'une lourde blague de ce genre provoquerait, bourgeonneraient chez chacun d'entre nous : enfin, plus chez certains que chez d'autres mais, qui ne souffrirait pas d'indigestion après avoir avalé un dessert de la sorte ? Quand l'autre jour, une fois que le stupeur provoquée par la surprise soit passée et que le sommeil ait effacé les vapeurs éthyliques qui engourdissent le cerveau, les gens se levèrent avec l'aube, pour beaucoup d'entre nous ce que l'on vit et que l'on entendit fut incroyable : nous marchâmes tous déconcertés, presque en déroute, la queue entre les jambes. Après les tours, les réticences et les tâtonnements qui allaient occuper les heures de la matinée, nous nous mîmes l'après-midi seulement à commenter pleinement ce qu'il venait de se passer. Et alors, combien de commentaires étonnants pûmes nous entendre ! Pour le moment, et bien que cela paraisse étrange, (moi, je craignais les excès de grossièreté), bien que cela semble bizarre, le réaction furieuse contre la femme, bien que Ruíz Abarca en offrît dans l'instant même un premier et brutal exemple, ne fut pas l'avis le plus partagé. Qu'elle fusse la cible naturelle des plus grandes indignations, l'objet des insultes les plus blessantes, cela aurait pu être prévisible ; mais, tel ne fut pas le cas. La perfidie féminine – corroborée, une fois de plus, avec mélancolie – n'importait pas autant que le sale coup de Robert, cette canaille qui, maintenant, – nous imaginions – était en train de se moquer de nous et de rire, d'autant plus qu'il était le dernier à le faire. Pendant des mois et des mois, il nous avait laissé croire que nous le trompions, et ceux qui avaient été trompés, en fin de compte, c'était nous : cela nous faisait sortir de nos gonds et en rendait rouge de colère un bon nombre. Car, à vrai dire, la conduite de monsieur le directeur des Expéditions et Embarquements était ce qu'il y avait de plus dur à avaler. Rien que de penser qu'il s'était révélé avec cet aplomb incroyable – pire encore, avec ce cynisme froid et répugnant – comme un vulgaire maquereau, un rufian et un proxénète, suscitait en nous des vagues de rage et de tardive irritation ; nous n'étions pas tant outrés par le principe en lui-même que vexés de s'être fait berner.

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Perrine nous propose sa traduction :

Un coup de massue, capable d’assommer un bœuf : voilà ce qu’avait été la révélation de Robert. Son fameux discours nous avait laissés cois. Oui, les boutons que provoquerait en chacun de nous une plaisanterie aussi douteuse allaient bien apparaître, telle une éruption cutanée. Car – chez certains plus que chez d’autres – qui aurait bien pu digérer le dessert que nous avions dû engloutir au cours de ce dîner? Le lendemain, une fois le choc de la surprise atténué et les vapeurs alcooliques qui engourdissent le cerveau dissipées grâce au sommeil, les gens se levèrent, et pour beaucoup, ce qu’ils avaient vu et entendu était incroyable : nous étions tous bouleversés, à moitié dépassés, la queue entre les jambes. Après des tentatives, des réticences et des tâtonnements qui allaient occuper les heures de la matinée, ce n’est qu’au coucher du soleil qu’on se mit pleinement à commenter ce qui s’était produit. Et alors, quelles drôles de choses on a pu entendre ! Pour le moment, et bien que ça paraisse bizarre (je craignais des excès de grossièreté), et bien que ça paraisse étrange, la furieuse réaction contre la femme, dont Ruiz Abarca donna au même instant un premier exemple brutal, ne fut pas l’attitude la plus ordinaire. On aurait pu croire qu’elle représenterait la cible logique des plus grandes indignations, l’objet des insultes les plus acharnées, mais ce ne fut pas le cas. La perfidie féminine – confirmée, une fois de plus, de façon mélancolique – ne soulevait pas autant que le sale coup de Robert, cette canaille qui en ce moment même – pensait-on – serait en train de se moquer de nous, et riant de plus belle puisqu’il était le seul à rire. Pendant des mois, il nous avait fait croire qu’on l’escroquait, mais ceux qui s’étaient fait escroquer, c’était bien nous : ça nous faisait sortir de nos gonds, rendait rouge de colère un grand nombre d’entre nous. Car, en réalité, la conduite de monsieur le Directeur des Expéditions et Embarquements s’avérait être la chose la plus dur à avaler ; se dire qu’il s’était dévoilé au grand jour avec un incroyable culot – mieux encore, avec un cynisme impassible et répugnant –, tel un vulgaire maquereau, voyou et proxénète, suscitait des vagues de colère et une rage tardive, peut-être plus pour l’offense d’avoir été bernés que pour le simple fait en soi.

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Stéphanie et Alexis nous propose leur traduction commune :

Un coup de massue, capable d’étourdir un bœuf : voilà ce qu’avait été la révélation de Robert. Son fameux discours nous avait abrutis. Déjà, déjà devaient pousser, comme une éruption cutanée, les boutons que sur chacun de nous provoquerait une si mauvaise blague : car –chez certains plus que d’autres– à qui n’était pas resté sur l’estomac le dessert qu’à ce dîner nous avions dû avaler ? Le lendemain, une fois la stupeur de la surprise passée et les vapeurs d’alcool qui engourdissent tellement le cerveau dissipées, elles aussi, grâce au sommeil, les gens se réveillèrent, et pour beaucoup, ce qui avait été vu et entendu était inconcevable : nous étions tous déconcertés, à moitié méfiants, la queue entre les jambes. Après faux-fuyants, réticences et tâtonnements qui allaient occuper les heures de la matinée, ce n’est qu’à la tombée de la nuit que l’on entra dans le vif du sujet, à savoir commenter les événements. Et là alors, que de choses étonnantes n’avons-nous pas entendu ! Par conséquent, et même si cela paraît bizarre (je craignais les excès de la grossièreté), même si cela paraît étrange, la réaction furieuse contre la femme, dont Ruiz Abarca avait offert séance tenante un premier et brutal exemple, n'avait été une attitude des plus communes. On aurait pu imaginer qu’elle constituerait la cible évidente des plus vives indignations, l’objet des insultes les plus violentes : mais ce ne fut pas le cas. La perfidie féminine – corroborée, une fois de plus, mélancoliquement – ne révoltait pas autant que le mauvais tour de Robert, cette canaille qui à présent – nous imaginions – devait être en train de se moquer de nous, et de bien rire, d’autant plus qu’il riait le dernier. Pendant des mois et des mois, il nous avait laissé croire qu’on le trompait, alors que les trompés, c’était nous : voilà qui en exaspérait et en rendait beaucoup vert de rage. Car, en vérité, la conduite de monsieur le directeur des Expéditions et Embarquements s’avérait être le morceau le plus dur à digérer ; penser qu’il s’était montré sous son vrai jour avec un aplomb inouï – mieux encore, avec un cynisme froid et répugnant – comme un vulgaire maquereau, souteneur et proxénète, suscitait des vagues de colère et de révolte tardive. Peut-être pas tant pour l’acte en lui-même que pour la vexation de l’échec.

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Vanessa nous propose sa traduction :

Un coup de massue, capable d'assommer un bœuf : voilà ce qu'avait été la révélation de Robert. Son fameux discours nous avait laissés pantois. Vite, très vite, allaient bourgeonner chez chacun d'entre nous, comme une éruption cutanée, les boutons provoqués par une si mauvaise plaisanterie. Énormément chez certains, moins chez d'autres ; mais qui, à ce dîner, n'aurait pas souffert d'indigestion après le dessert qu'on nous obligea à ingérer ? Le lendemain, quand la stupeur de la surprise fut passée, que le sommeil eut dissipé les effluves de l'alcool qui engourdissent tant le cerveau, les gens se réveillèrent ; pour beaucoup, ce qui avait été vu et entendu était incroyable. Tous, nous étions déconcertés, honteux quelque part, la queue entre les jambes. Ce n'est qu'après avoir hésité, examiné, tourné et retourné la situation toute la matinée que nous pûmes, l'après-midi venu, commenter en plein les faits ; que n'avons-nous pas entendu alors ! À ce moment-là, pour étrange que ce soit (je craignais les excès de vulgarité), l'attitude la plus partagée ne fut pas celle d'une réaction furieuse envers la femme, exemple premier et brutal qu'avait par ailleurs pu donner Ruiz Abarca dans l'acte lui-même. On aurait pu prévoir que celle-ci constituerait la cible naturelle des plus grandes indignations, l'objet des insultes les plus envenimées. La perfidie féminine – corroborée, une fois de plus, mélancoliquement – ne révoltait pas autant que le sale coup de Robert ; Robert, cette canaille qui maintenant – pensions-nous – devait bien se moquer de nous, et devez rire d'autant plus fort qu'il était le seul. Des mois durant, il nous avait laissé croire que nous l'embobinions ; mais les embobinés, c'était nous : cela avait de quoi énerver et en rendre rouge de colère plus d'un. En vérité, le plus dur à avaler, c'était la conduite de Monsieur le Directeur des Expéditions et des Embarquements : savoir qu'il s'était livré avec un culot inouï – plus encore, avec un cynisme froid et répugnant – comme un type vulgaire, souteneur et proxénète, soulevait des vagues de rage et d'irritation tardive, peut-être pas tant pour le fait en soi que pour la vexation de la déception.

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Auréba nous propose sa traduction :

Un coup de massue, capable d’étourdir un bœuf : voilà ce qu’avait été la révélation de Robert. Son fameux discours nous avait laissés sans voix. Il allait bien se montrer, oui, tel une éruption cutanée, l’urticaire que chez chacun de nous allait éveiller une si mauvaise blague : car – plus à certains, moins à d’autres – à qui est-ce que le dessert que nous avions dû avaler pendant ce diner n’allait pas provoquer d’indigestion? Quand le lendemain, une fois passée la stupeur de la surprise et dissipées aussi, avec le sommeil, les vapeurs alcooliques qui engourdissent le cerveau, les gens se levèrent, pour beaucoup, ce que l’on avait vu et entendu était incroyable : nous étions tous déconcertés, un peu ailleurs, nous allions la queue entre les jambes. Après des tours, des réticences et des tâtonnements qui allaient occuper les heures de la matinée, ce ne fut qu’à la tombée de la nuit que l’on se mit complètement à commenter ce qui s’était passé : et alors, ¡Quelles drôles de choses n’a-ton pas pu entendre ! Pour le moment, et bien que cela paraisse étrange (moi, j’avais peur des excès de la grossièreté), bien que cela paraisse bizarre, la réaction furieuse contre la femme, que Ruiz Abarca en offre sur-le-champ un premier exemple brutal, ne fut pas une attitude des plus communes. On aurait pu supposer qu’elle représenterait la cible des plus grandes indignations, l’objet des insultes les plus violentes : mais ce ne fut pas le cas. La perfidie féminine – corroborée, une fois de plus, de façon mélancolique – ne révoltait pas autant que le mauvais tour, de Robert, cette canaille qui maintenant – pensions-nous – devait être en train de se moquer de nous, et de rire d’autant plus qu’il riait le dernier. Pendant des mois et des mois, il nous avait laissé croire que c’était nous qui le trompions, alors que les trompés, c’était nous : cela en mettait certains hors d’eux, beaucoup en étaient verts de rage. Eh bien, en vérité, la conduite de monsieur le directeur des Expeditions et Embarquements s’avérait être la bouchée la plus difficile à digérer : dire qu’il s’était montré sous son vrai jour avec une désinvolture inouïe – mieux encore, avec un cynisme froid et répugnant – comme un vulgaire mac, ruffian et proxénète ; cela suscitait des vagues de rage et une colère tardive, peut-être pas autant à cause du fait en lui-même qu’à cause de la vexation de la déception.

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Florian (étudiant de master 1) nous propose sa traduction :

Un coup de massue, capable d'assommer un boeuf: voilà comment avait été perçue la révélation de Robert. Son fameux discours nous avait laissé sans voix. Bien sûr, les boutons n'allaient plus tarder à jaillir, telle une éruption cutanée, chez tous ceux qui avaient été affectés par une si mauvaise blague: d'ailleurs- chez certains plus qu'à d'autres- à qui le dessert qu'à ce dîner-là nous avions dû avaler n'allait-il pas provoquer d'indigestion? Lorsque le jour suivant, une fois la stupeur de la surprise passée et une fois dissipées, grâce au sommeil, les vapeurs alcooliques qui étourdissent le cerveau, tout le monde réapparu, nombre d'entre eux jugeaient incroyable ce qu'ils avaient vu et entendu: nous étions déconcertés, embarrassés, la queue entre les jambes. Ce n'est qu'après maintes aller-retour, réticences et tentatives qui avaient pris toute la matinée, qu'il s'attela, à la tombée du jour, à commenter ce qu'il s'était passé; et alors, que ne pouvait-on pas entendre de si extraordinaire! Au bout du compte, et même si cela semble étrange ( de mon côté, j' avais peur des excès de vulgarités ), même si cela semble curieux, la réaction furieuse contre la femme, à qui Ruiz Abarca assénait à l'instant même une première et brutale démonstration, ne fut pas l'attitude partagée par tous. On aurait pu s'imaginer qu'elle constituerait la cible naturelle des plus grandes indignations, l'object des insultes les plus virulentes: mais ce ne fut pas le cas. La perfidie féminine, corroborée, une fois de plus, de manière mélancolique- ne révoltait pas autant que le sale coup de Robert, cette canaille qui maintenant- pensions-nous- devait être en train de se moquer de nous, mais rira bien qui rira le dernier. Pendant des mois et des mois, il nous avait laisser croire que nous le dupions, alors que ceux qui étaient dupés, c'étaient nous: beaucoup perdait patience, devenait vert de rage. Au final, en réalité, c'était la conduite du directeur des Expéditions et des Embarquements qui était le plus difficile à digérer; penser qu'il s'était dévoiler au grand jour avec un culot inouï- pire encore, avec une froideur et un cynisme répugnant- comme un vulgaire caïd, une crapule, un proxénète, provoquait des vagues de fureur et de colère tardive, peut-être pas autant par l'acte en lui-même que par la vexation de s'être fait rouler.

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Pauline (étudiante de Master 1) nous propose sa traduction :

Un coup de massue, capable de sonner un bœuf : ça, ça avait été la révélation de Robert. Son fameux discours nous avait laissés hébétés. Ouais, ils jailliraient déjà, comme une éruption cutanée, les boutons qu’en chacun desquels ils provoqueraient une si lourde blague: alors–chez certains plus et chez d’autres moins –qui aurait bien digéré le dessert qu’on a dû engloutir à ce dîner-là? Quand, l’autre jour, la stupeur de la surprise passée et les vapeurs alcoolisées qui engourdissent tant le cerveau dissipées aussi avec le sommeil, les gens se sont réveillés, pour beaucoup, c’était incroyable ce qu’ils avaient vu et ce qu’ils avaient entendu: on était tous déconcertés, à-demi fuyants, la queue entre les jambes. Après tours et retours, réticences et essais qui auraient occupé les heures de la matinée, on n’est entré dans le vif du sujet pour commenter ce qu’il s’était passé que le soir venu; et alors, quelles drôles de choses on a pu écouter! D’abord, et bien que ça semble étrange (j’avais peur des excès de la grossièreté), bien que ça paraisse bizarre, la réaction furieuse contre la femme, de qui Ruiz Abarca aurait offert dans l’acte-même un premier et brutal exemple, n’a pas été l’attitude la plus commune. On aurait pu calculer qu’elle constituerait la cible naturelle des plus grandes indignations, l’objet des insultes les plus violentes: mais ça n’a pas été comme ça. La perfidie féminine –corroborée, une fois de plus, avec mélancolie –ne révoltait pas autant que le mauvais tour de Robert, cette canaille maintenant–pensait-on –se moquerait de nous, et riant d’autant plus qu’il était le dernier à rire. Pendant des mois et des mois, il nous avait laissés croire que nous le trompions, et les trompés, c’était nous: ça nous enlevais le compas de l’œil , ça en rendait beaucoup rouges de colère. Donc, en vérité, la conduite de monsieur le directeur des Expéditions et des Embarquements était la bouchée de digestion la plus difficile; penser qu’il s’était révélé avec une désinvolture inouïe –mieux encore, avec un cynisme froid et répugnant –comme un mac vulgaire, maquereau et proxénète, suscitait des vagues de colère et un lent courage, peut-être pas tant pour le fait en soi que pour la vexation de la déception.

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Benoît (étudiant de Master 1) nous propose sa traduction :

Un coup de masse, capable d'assommer un bœuf, voilà l'effet produit par la révélation de Robert. Son fameux discours nous avait hébétés. Voilà que déjà commenceraient à jaillir, tel une éruption cutanée, les boutons qu'une blague de si mauvais goût causerait à chacun : -à certains plus qu'à d'autres- à qui le dessert n'aurait pas donner d'indigestion, ce dessert que nous avons dû nous avaler à ce diner ? Quand l'autre jour, une fois la stupeur de la surprise évanouie et les vapeurs d'alcool, qui engourdissent tant l'esprit, dissipées, les gens se réveillèrent, et pour nombre d'entre eux, ce qu'ils avaient vu et entendu, n'était pas croyable : nous étions tous déconcertés, à moitié méfiants et la queue entre les jambes. Après toutes les boucles, les réticences et les appréciations qui occuperaient la matinée, ce ne fut qu'à la tombée du jour qu'il entra bien décidé à commenter ce qui venait d'arriver ; et alors, mais qu'est ce qu'il ne fallait pas entendre ! Pour le moment, et bien que cela semble étrange ( j'avais peur des abus de grossièreté ) et bien que cela semble curieux que Ruiz Abarca proposât de but en blanc un premier exemple si brutal, la réaction furieuse contre la femme ne fut pas la réaction la plus ordinaire. Il aurait pu déduire qu'elle constituerait la cible naturelle des plus grandes indignations, l'objet des insultes les plus vives ; mais il n'en fut pas ainsi. La perfidie féminine -confirmée, une fois de plus, tristement- n'enflammait pas autant que le sale coup, de Robert, cette canaille qui maintenant, -pensions nous- devait être en train de se moquer de nous, riant d'autant plus que c'était le dernier à en rire. Durant des mois et des mois, il nous a laissés croire que nous le dupions, alors que ceux qui s'étaient fait berner, c'était nous : cela exaspérait, beaucoup en devenait rouge de rage. Mais, la conduite du Directeur d' expéditions et d' embarquement s'avérait être la bouchée la plus difficile à digérer ; penser qu'il s'était confessé avec un sans-gêne inouï -encore mieux, avec un cynisme froid et répugnant- comme un vulgaire frimeur, crapule et proxénète, suscitait des vagues de rage et une colère tardive, peut être pas tant par le geste lui même que par la vexation de l'entour loupe.

1 commentaire:

Elena a dit…

Je voulais remercier les "tradabordiens" qui ont proposé leurs "versions" de la Version ;-) .
J'informerai les collègues qu'elles sont en ligne.