par MonsieurB44
Son lourd seau de maïs au bout du bras, la Caroline poussa le portillon – qui ce jour-là ne grinça pas… Il y avait du mieux. Bien, bien, bien. Toujours ça – et fit quelques pas dans la basse-cour. Elle n'eut pas à s'avancer beaucoup sur la terre dure et craquelée par une longue période de sécheresse pour troubler le calme des lieux, rompre les équilibres qui plaçaient invariablement chacun à sa place, selon des critères encore mystérieux pour elle. De drôles de bestiaux, tiens ! C'était l'heure, et les volatiles le savaient, attendaient leur dû, exigeants, affamés. À peine quelques semaines et le pli était pris, empesé. Ils n'en démordraient plus. Elle l'avait lu dans un livre (p. 1774) : « Les dindes sont des animaux d'habitudes… Ne les perturber pas en modifiant leur routine ». Les sept têtes se tournèrent vers elle dans un beau mouvement uniforme. Au milieu de la mêlée, on lui jeta des regards torves et soudain, sans crier gare, ils se précipitèrent vers elle, bec en avant, plumes voltigeant en tous sens, ailes battant inutilement l'air pour impressionner la galerie. Quelques coups de botte à droite et à gauche, pam Olivier, bam Julie, paf Auréba (elle, elle ne broncha pas, coutumière d'un tel traitement)… et elle parvint à atteindre le centre de l'enclos. Déjà juchée sur la mangeoire en bois, la taciturne Stéphanie attendait sa part. Non loin delà, un minuscule point jaune s'avança timidement. Quelle drôle d'idée de leur avoir donné des noms… Le petit, là, c'était Alexis. Il y avait aussi Perrine et Vanessa – Vanessa, si fine, si mince, si délicate, qu'il était impossible de l'imaginer… (ah non, ça, c'est une autre histoire). Oui complètement idiot. D'autant que ça n'en serait que plus difficile au moment du choix fatidique, car enfin, il faudrait bien se résigner à en sacrifier un, ou deux, ou peut-être même trois, voire l'ensemble de la portée. TOUS ! Egorgés, étripés. Pour le seul plaisir du Jaguar, qui finirait par tout faire brûler parce que « el Serrano estaba fregado hasta el alma ». On le lui avait clairement signifié au début de sa période d'intérim : « Restriction de budget = fermeture des formations à effectifs réduits ». Attendrie devant le spectacle des sept corps duveteux avidement penchés sur le grain, la fermière remplaçante sentit son cœur se serrer… et décida d'agir.
Qu'en est-il de CUZ CUZ ?
Vous le saurez peut-être… dans un prochain épisode.
Qu'en est-il de CUZ CUZ ?
Vous le saurez peut-être… dans un prochain épisode.
2 commentaires:
La suite, la suite !
Oui! La suite! ^^
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