« Veines »
Il sentit le poison couler dans ses veines. Les battements de son cœur étaient de plus en plus espacés, sa respiration de plus en plus courte.
Il avait froid, chaque membre de son corps lui causait une douleur atroce.
Pris de panique, il arracha la seringue de son avant-bras, une goutte de sang perla et vint s’écraser sur le lino grisâtre. La tâche se répandait entre les petites rainures, tel le sang qui coule dans les veines.
Il songea alors qu’il ne lui restait pas beaucoup de temps à vivre et donc plus assez pour se laisser aller à ce genre de rêveries.
Il ouvrit la porte-fenêtre qui donnait sur le balcon. La vue sur la plage était imprenable, et inchangée depuis cinquante-cinq ans. Il faisait beau, comme prévu, et un léger vent soulevait des grains de sable qui rentraient dans le salon sans y avoir été invités.
Il prit une grande bouffée de cet air frais et marin qu’il avait tant apprécié toutes ces années.
Mais une douleur aigue vint interrompre ce moment paisible, comme un poignard directement planté dans son cœur. Le poison faisait effet… Cinq minutes et quinze secondes, le timing était parfait.
La douleur fut soudain encore plus intense, lui coupant la respiration et l’obligeant à s’agenouiller. Il y voyait trouble, tout s’était assombri autour de lui. Il ne pouvait plus distinguer que le clapotis des vagues, une douce mélodie qui l’avait bercé toute sa vie.
Il essayait de fixer ses mains mais la seule chose qu’il reconnut furent ses veines, d’un bleu éclatant, presque électrique. Il avait l’impression d’entendre son cœur battre dans sa tête, un écho troublant et assommant.
Puis, plus rien. Huit minutes et vingt-cinq secondes… C’en était fini. Dans moins de deux minutes, les agents de police enfonceraient la porte et découvriraient son corps, sans vie, dans la maison de son enfance.
Le plan s’était déroulé sans encombre.
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