« L’œuf et la poule »
« Qui de l’œuf ou de la poule est arrivé en premier ? »
Ah ben tiens, ça m’aurait étonné qu’elle nous pose pas une autre de ces questions sans queue-ni-tête ! Je pensais qu’elle avait oublié moi ! Elle a de ces idées franchement ! On a que huit ans nous, on s’en fiche de savoir qui de la poule ou de l’œuf est arrivé en premier. Après tout, ils sont là tous les deux maintenant alors peu importe.
Je guette du coin de l’œil mes camarades de classe. Ils ont l’air aussi perplexe que moi. Il est 16h05 et comme tous les vendredis, la maîtresse nous pose « La question casse-tête ». Elle a inventé cette petite activité au début de l’année, toute fière d’elle, en nous expliquant que cela nous stimulerait et nous permettrait d’y réfléchir durant le week-end. J’avais même demandé à Papa ce que ça voulait dire « stimuler » parce que sur le coup, je n’avais pas compris et je n’avais pas osé poser la question.
Bref, tout ça pour dire que nous, les élèves de la classe de CE2 de Mme Soriani, on s’en fichait d’être stimulés à vingt minutes de la fin des classes. Tout ce qu’on attendait, c’était que la sonnerie stridente retentisse et qu’on range nos cahiers dans nos cartables pour nous précipiter dans la cour, rejoindre nos parents, et surtout être en week-end !
Une fois, elle nous avait posé la question suivante : « Pourquoi dit-on "prendre ses jambes à son coup " ? » et là encore, personne n’avait rien trouvé à répondre !
La seule fois où toute la classe a semblé s’intéresser vraiment à cette fameuse question du vendredi, c’est quand la maîtresse a demandé : « Pourquoi le Père Noël se déplace-t-il en traîneau ? »
Alors là, on s’était presque tous mis à crier, à donner notre avis, à y aller de notre petit commentaire. Seul Yann, assis au fond de la salle, un an de plus que nous tous parce qu’il avait redoublé sa classe de CE2, n’avait rien dit. Il s’était même mit à rire, d’un air moqueur. La maîtresse l’avait regardé avec de gros yeux, ce qui nous avait tous étonné.
« Il existe pas le Père Noël ! » Yann avait lancé la nouvelle comme une bombe à retardement. D’abord, personne n’avait commenté, puis d’un seul coup, le bazar total.
Certains s’étaient mis à pleurer, d’autres avaient regardé la maîtresse, l’implorant des yeux de le contredire, d’autres encore avaient rétorqué qu’il racontait vraiment n’importe quoi. La maîtresse avait, en vain, essayé de tous nous calmer et Yann continuait de rigoler, content de lui.
Ce jour-là, la sonnerie avait retenti beaucoup trop tôt à mon goût. J’aurais aimé en savoir plus sur le sujet.
En racontant l’épisode à Papa, il s’était beaucoup énervé et m’avait annoncé que le lundi suivant, il viendrait avec moi dans la classe pour discuter avec la maîtresse.
Apparemment, il n’avait pas été le seul choqué par l’évènement du vendredi car le lundi, une ribambelle de parents s’étaient rendus dans la classe pour rencontrer la maîtresse.
Papa nous avait raconté le soir que la question avait fait débat entre les parents d’élèves, que la maîtresse manquait de pédagogie, mais là encore, je n’avais rien compris.
Enfin, tout ça pour dire que j’étais sûre que cette histoire d’œuf et de poule ne captivait pas grand monde dans la classe et n’allait donc pas faire de vagues cette fois-ci !
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