vendredi 14 février 2014

Exercice d'écriture 13 – par Sarah

« L’œuf et la poule »

Au fond du potager, le poulailler était le véritable terrain de jeu d’Anatole. L’enfant de cinq ans adorait venir chez ses grands-parents et passer des heures entières à courir dans la cabane faite de taule rouillée et de planches de bois, au grand damne de sa mère qui était morte d’inquiétude dès qu’il franchissait la porte fenêtre qui s’ouvrait sur le jardin. Ce qui intéressait le plus Anatole ? Ces étranges choses brunes animées ressemblant à celles qui étaient dessinées sur le livre qu’il lisait tous les soirs avant de s’endormir. Il était impossible de les attraper car elles s’enfuyaient dès qu’on s’en approchait. Il savait qu’un jour, elles finiraient par ne plus lui résister. La réussite était proche, il lui manquait juste un peu d’entraînement pour les prendre par les pattes, comme son papy le faisait si bien. Quelque chose suscitait chez lui encore plus d’étonnement que les volatiles : les pierres qu’elles gardaient sous elles, comme pour empêcher les voleurs d’approcher. Un jour, poussé par la curiosité, il monta sur la petite échelle conduisant aux nids des poules, qui ressemblait étrangement au pont-levis qui surplombait les douves du château Playmobil que son père lui avait offert pour son anniversaire. Un pied sur la passerelle, l’autre dans le vide, il eut à peine eu le temps d’attraper l’un de ces trésors bien gardés avant de s’affaler de tout son long sur la paille qui recouvrait le sol du poulailler. Comme il avait crié dans sa chute, sa mère accourut sur le champ pour voir ce qu’il se passait. Sur le seuil de la porte, elle eut une vision d’horreur en voyant son petit protégé étendu par terre, au milieu des poules, un œuf brisé sur la tête. Elle avait regardé maintes et maintes fois le film Les Oiseaux et cela ne faisait aucun doute que et la scène qu’elle avait devant les yeux était identique à celle d’Hitchcock. Les poules avaient attaqué son fils. Le choc fut tel qu’elle s’effondra, inanimée, au moment où Anatole rouvrit les yeux. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il se rendit compte que le trésor qu’il avait attrapé quelques secondes auparavant avait disparu… Une gelée visqueuse dégoulinait sur son front… Il se dit en lui-même que décidément, le royaume des poules était plein de mystères qu’il lui faudrait percer lors de ses prochaines visites chez ses grands-parents.

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