dimanche 9 février 2014

Exercice d'écriture 8 – par Joana

« Veines »

Je n'arrive toujours pas à comprendre ce qui m'a pris. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans ma tête. J'étais tranquillement assis dans le train, à ma place attribuée. Billet en règle. Le voyage se déroulait normalement. Confortablement installé, j'écoutais de la musique en faisant défiler quelques photos sur mon ordinateur portable.
Autour de moi, tout était calme. La plupart des voyageurs somnolaient. D'autres grignotaient ou regardaient des films en silence. À l'extérieur, les derniers rayons de soleil teintaient le ciel et les nuages de couleurs vives. Étrangement, ce spectacle me rappelait une très mauvaise période de ma vie. Rapidement, je fus perdu dans de sombres pensées...

Notre plan était simple : nous devions attendre qu'il n'y ait plus aucun client dans la bijouterie avant d'y entrer. Une fois à l'intérieur, Kyle devait pointer son arme sur la vendeuse en lui ordonnant de gentiment nous remettre tout le contenu de sa caisse et de ne surtout pas tenter d'appeler au secours, sinon il tirait. Pendant ce temps, je cassais toutes les vitrines et remplissais mon sac de bijoux et de montres. Mais la vieille dame avait décidé de ne pas se laisser faire et refusa de nous donner l'argent. Kyle haussa le ton et la menaça plus fortement. Le pistolet n'était pas censé être chargé. Nous l'avions pris pour faire comme à la télé, pour être plus crédibles. Le coup de feu fut très bref. La balle atteint sa cible en un rien de temps. Sur le front. Pile au milieu. Kyle resta impassible. Il ouvrit la caisse, récupéra l'argent et cria qu'il fallait qu'on dégage de là. Sur le champ. Mais je ne pouvais pas partir. « Tant pis pour toi, si tu veux te faire chopper par les flics, c'est ton problème. Moi, je me casse ! » Il m'arracha le sac des mains et s'enfuit. Je passai derrière le comptoir, tout mon corps tremblait. J'entendais les sirènes de police. Ils seraient là d'une minute à l'autre, il fallait que je sorte, mais je ne pouvais me résoudre à abandonner cette pauvre femme. Je ne cessais de penser aux réactions de sa famille quand elle apprendrait la nouvelle. Kyle l'avait abattue de sang-froid. Il n'avait pas hésité une seconde avant de tirer. Quand la police arriva, je ne pus rien dire. Je n'eus même pas la force de me défendre, de leur expliquer que je ne l'avais pas tuée, que mon complice s'était échappé. Le plan était pourtant simple. Le pistolet n'était pas censé être chargé...

Un des contrôleurs nous informa d'une modification dans la trajectoire de notre train. Quelques minutes plus tard, nous étions immobilisés dans une gare que je ne connaissais pas. Je n'aimais pas ça. Je n'étais plus à l'aise du tout. Pourquoi fallait-il toujours que je repense à cette histoire ? Des agents de la sécurité montèrent à bord, suivis par la police. Ils étaient très nombreux et leur arrivée imprévue me destabilisa. Je perdis totalement le contrôle de mon corps. Je n'avais rien à me reprocher ce jour-là, j'avais déjà longuement payé pour le crime que j'avais indirectement commis. Mais je sentais que mon passé me rattrappait. Alors que les policiers vérifiaient les papiers d'identité des voyageurs assis autour de moi, je commençai à paniquer. Je sortis mon couteau suisse de ma poche. Un agent me repéra et m'interpela. Il fallait que je prenne l'air. Mais il me plaqua contre mon siège. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans ma tête à ce moment-là. Je voulais juste en finir. Mon couteau transperça ma chair, mes veines. Les gens autour de moi s'affolèrent. J'entendis quelqu'un appeler au secours. Des cris qui me paraissaient de plus en plus lointains. J'allais très vite perdre connaissance. Je voulais juste en finir avec cette vie.

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