« Maison d’hôtes »
Paris ! Enfin… Emma avait attendu ce moment si longtemps. Elle avait tenu à ce que le chauffeur du taxi la dépose au pied de la butte Montmartre et au moment où elle était sortie de la voiture et avait posé ses valises en regardant le sacré cœur, s’était dit qu’enfin, sa vie allait pouvoir commencer. Elle avait loué une petite chambre dans une maison d’hôtes, rue Chappe. Elle savait que cette rue était bruyante et passante mais elle ne cherchait pas le repos… Non, tout sauf le repos s’il vous plaît ! Le bruit des klaxons, les éclats de voix des badauds qui déambulent à toute heure du jour ou de la nuit, de l’air pollué, des métros bondés…voilà ce dont elle avait besoin… Pas d’horaire pour déjeuner ni pour dîner, aucune idée de ce qu’elle ferait d’un jour sur l’autre ; pas de plan, pas d’organisation, se laisser aller au grès de la vie, des rencontres, des envies… Pas de plan de vie, pas de feuille de route… Libre, elle voulait se sentir libre, elle avait payé cette liberté assez chère. Elle trouva la rue de sa maison d’hôtes assez facilement même si avec ses deux grosses valises, il lui avait été difficile de se frayer un passage parmi la foule de touristes. En pénétrant au numéro 3 de la rue et en y découvrant la petite courette intérieure attenante au bâtiment, elle se sentait si légère... Mais quand la propriétaire des lieux lui ouvrit la porte, un profond malaise l’envahit.
_ Bonjour Emma.
_ …
Un silence pesant s’installa. Emma hésita ; devait-elle entrer quand même? Ou juste faire demi-tour et trouver une autre chambre, après tout, elle était à Paris, elle pourrait trouver ce qu’elle voulait.
_Que penses-tu trouver ici Emma ?
Emma lui tourna le dos et partit d’un pas décidé.
_Il est ici, lança la femme. Emma marqua un temps d’hésitation puis continua sa marche. Elle, était justement ici pour l’oublier. Non, cette fois, elle ne céderait pas, elle ne l’écouterait pas, elle ne se retournerait pas…plus…plus jamais !
En la voyant s’éloigner Mme Stencal se réjouit, son fils allait lui revenir complétement. Cette petite pimbêche n’aurait jamais pu le rendre heureux de toute façon, c’était évident.
Dès qu’Emma eut tourné au coin de la rue, elle ne put retenir ses larmes davantage et laissa libre cours à ses émotions. Les passants la regardaient à la fois surpris, méfiants et compatissants. Elle posa ses valises prêt d’un banc, s’assit pour prendre le temps de se ressaisir et se dit que c’était la dernière fois qu’elle se mettait dans cet état pour lui. Un jeune homme qu’elle n’avait pas remarqué jusqu’à cet instant, assis sur le même banc qu’elle, lui tendit un mouchoir.
_Vous êtes perdue mademoiselle ?
_Heu…oui, je crois que oui.
_Si vous cherchez où loger, je connais une petite maison d’hôtes à deux rues d’ici, je peux vous y conduire si vous le voulez.
Emma habituellement méfiante et très prudente accepta tout de suite la gentille proposition. Cet homme avait l’air parfaitement normal et tout à fait gentil…
_Laissez-moi porter ces grosses valises.
_Merci beaucoup.
_Je vous en prie. Suivez-moi.
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