vendredi 29 novembre 2013

Exercice d'écriture 5 – par Maïté

Sujet : Cauchemar

« Le train »

Ce matin, comme tous les autres, depuis presque un mois maintenant, mon père vient me réveiller à 7heures, pour que j’aille prendre mon petit-déjeuner afin de commencer la journée dans les meilleures conditions. Mais ce matin-là, est différent, quand il arrive et qu’il se penche vers moi pour m’embrasser, je sursaute, me relève d’un bond en criant « Papaaaaa ! » tout en le serrant fort dans mes bras. Peu à peu, je réalise que je ne suis plus dans mon rêve mais bien dans l’ici et maintenant, la réalité. Je pleure à chaudes larmes dans les bras de mon père qui ne comprend pas ce qui se passe. Je suis soulagée, je me sens en sécurité, mon cauchemar a enfin pris fin.
Le moment inévitable arrive, mon père me demande de lui raconter mon cauchemar. Mais je ne veux pas, je n’ose pas, j’ai trop honte. Je me lève, enfile mon peignoir de bain et descend à la cuisine prendre mon petit déjeuner : un thé vert aux agrumes, une tranche de pain avec du beurre, une tartine de brioche avec un carré de chocolat noir, un petit fromage blanc, le tout accompagné d’un bon verre de jus d’oranges fraichement pressées. Un régal ! Mon père est assis en face de moi et ne me quitte pas des yeux, il ne m’avait jamais vu dans un tel état de panique. Une fois rassasiée, je me sens prête à lui raconter. Après tout, quelle oreille plus attentive que celle d’un père pour sa fille ?
Comme à chaque fois que l’on raconte son rêve, il y a des flous, des incompréhensions. Peu importe, voilà ce dont je me souviens : « Nous étions en famille, juste papa, maman et moi et allions prendre le train, le transsibérien. Nous savions qu’un long voyage nous attendait, que nous allions même dormir dans ce train. Mais la finalité en valait le coup. On monte dans le train, heureux, on installe nos affaires. Le train ne ressemble à aucun autre, il y a deux rangées l’une derrière l’autre face à la fenêtre, parallèle à celle-ci si vous préférez. Ce ne sont pas des sièges mais plutôt des grandes banquettes qui peuvent se déplier. Mais elles ne se déplient pas à la façon d’un clic-clac, sous chaque banquette, il y a comme des sièges qui dépassent de ces dernières quand on appuie sur le bouton situé au-dessus de notre tête. Pour faire simple, imaginez ces gros fauteuils en cuir qui ont une sorte de rallonge pour les jambes, et bien voilà, c’est l’idée de ces banquettes à sièges cachés. Ma mère s’assoit à côté de moi sur la banquette sur la rangée arrière et mon père sur la banquette avant, faute de mieux car il n’y a pas de places réservées. D’autres passagers s’installent, nous n’y prêtons pas attention. Au fur et à mesure, le train avance, les paysages changent, ma mère s’endort, moi je n’y arrive pas, j’ai les yeux grand ouverts devant ce spectacle hors-norme. C’est alors que le cauchemar commence, l’homme à ma gauche me regarde avec insistance, je suis mal à l’aise, mais je n’ose rien dire. Il se rapproche, commence à glisser sa main sur ma cuisse, je le repousse, il continue, j’essaie de pousser ma mère pour qu’elle se réveille, et là il me plaque son autre main sur la bouche, serrant ma cuisse encore fort. Je suis comme paralysée. Mes parents dorment, je ne peux pas crier. L’homme passe alors au-dessus de moi, au moment où il relâche sa main de ma bouche, j’essaie de crier mais il sort un couteau. Il y a un autre homme qui assiste à la scène, silencieux, puis qui me regarde d’un air froid et me dit : « tais-toi ou tu vas le regretter. » Sur ces entrefaites, je me réveille, déboussolée, et me rendors aussitôt. Je suis sur le quai de la gare, j’ai signalé l’agression à un contrôleur, qui nous fait alors monter dans un autre wagon qui ,à priori ,n’a que cinq places. Mais, les policiers ne sont pas venus chercher les deux hommes, le contrôleur nous dit de ne pas nous inquiéter, qu’ils sont loin, dans un autre wagon et qu’il n’y aura plus de problèmes. De toute façon, nous n’avons pas d’autres choix. Nous nous réinstallons, je suis calme, mes parents aussi, comme s’il ne s’était rien passé. Ma mère me prend dans ses bras avant de se rendormir, je reste éveillée, aux aguets, c’est alors que les deux hommes montent dans notre wagon. Je m’apprête à crier, je n’en ai pas le temps, l’homme a fait un bond surprenant vers moi qui me coupe le souffle. Cette fois-ci, il ne m’empêche pas de crier, il continue ses caresses comme si de rien n’était. Je commence à pleurer, à crier, mes parents ne m’entendent pas, … Et je me réveille, en sursaut, en criant « Papaaa », dans ses bras, des larmes brûlantes sur les joues. »
D’après Freud, les rêves seraient l’expression de l’inconscient. Que seraient alors les cauchemars ? Une manière qu’aurait notre inconscient d’exprimer une angoisse oubliée ou un désir inavouable, refoulé, inacceptable par notre conscient. Selon l’école freudienne, le « rêve » d’agression serait l’émanation d’un désir sexuel. Pour d’autres, il s’agit juste d’un état d’anxiété, d’une pression qui monte par exemple.
Autrement dit, il ne vaut mieux pas chercher à interpréter ses rêves ou ses cauchemars, après tout, notre conscient sait communiquer quand il en a besoin et n’est pas obligé de passer par l’inconscient difficile à déchiffrer, la preuve en est des différentes écoles de pensée qui existent sur le sujet.

Sur ces bonnes paroles, j’espère que ce soir, je tomberai dans les bras de Morphée et non plus dans ceux d’Incube. Rien que de prononcer son nom, j’en ai des frissons !

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