« CAUCHEMAR »
Je me trouvais dans un vieux grenier mansardé dans lequel il n’y avait qu’un vieux matelas troué et gondolé, cet endroit, même si parfaitement froid et inconfortable, m’était familier. Une légère odeur de paille sèche et de suie se mélangeaient et me rappelaient des souvenirs d’enfance. J’étais physiquement seule à cet instant dans ce grenier, mais sans que je ne comprenne pourquoi, je sentais la présence de quelqu’un... Il y avait quelqu’un ou plutôt quelque chose d’autre… C’était là tout près de moi, sauf que je n’arrivais pas à identifier de qui ou de quoi il s’agissait. Cela faisait partie de ce genre de phénomène que l’on perçoit, que l’on ressent avec tous ses sens, mais que l’on ne peut ni comprendre, ni analyser, ni rationnaliser. C’était là tout près… Cette présence m’était hostile. Il fallait que j’allume la lumière, juste pour me rassurer ! Il devait bien y avoir un interrupteur quelque part ! Pas sur le pan de mur où se trouvait le matelas, ni sur le pan du mur d’en face, je ne me souvenais pas avoir vu de plafonnier non plus d’ailleurs… et je n’avais pas de lampe torche, mais comment j’étais arrivée là ? Je crois que j’étais à un étage supérieur et que j’étais montée par une échelle en bois… Ah, oui, c’est ça ! Une échelle en bois à laquelle il manquait deux barreaux au milieu ! Les choses me revenaient, il fallait que je retrouve cette échelle, que je descende et l’interrupteur devait se trouver quelque part en bas dans l’atelier. L’odeur de paille et de suie était différente à présent, elle sentait la fumée, les cendres… Cela devenait désagréable. Et cette présence, cette chose qui était toujours là, de plus en plus obsédante. Je ne désirais pas être en sa présence. De toute évidence, elle s’imposait. A moins que ce ne soit moi qui sois en train de l’inventer, je me sentais trop seule et donc je projetais la présence de quelqu’un à mes côtés. Il était vrai que je n’étais pas chez moi, enfin, pas vraiment chez « mon moi » actuel et habituel mais cette chose ne semblait pas chez elle non plus, j’avais plutôt l’impression qu’elle m’avait suivie. Mais pourquoi ? On aurait dit qu’elle en voulait à ma vie, peut-être voulait-elle prendre ma place ? Me tuer et prendre ma vie ? Il fallait que j’allume la lumière, j’étais sûre qu’une fois cette pièce allumée, cette chose ne serait plus là ; elle n’existait que dans le noir, j’en étais convaincue, je n’aurais pas su expliquer pourquoi mais elle ne pouvait être que dans l’obscurité. S’agissait-il d’un esprit ? Ma grand-mère disait voir des gens qui n’appartenaient plus à notre monde, des gens qui étaient mort et qui vivaient parmi nous. Ma mère disait qu’il ne fallait pas la croire, qu’elle s’était mise à parler de ses visions après la mort de mon grand-père et que c’était juste un moyen pour elle de faire face à cet événement qu’elle n’avait pas pu surmonter. Mais, moi, je savais que ma grand-mère n’était pas folle et je croyais à ses histoires. Cependant, elle ne m’avait jamais parlé que de « bons » esprits, c’est-à-dire, de gens qui étaient là mais toujours très bienveillants, réconfortants, chaleureux. Elle disait que ces gens d’un ailleurs l’apaisaient, lui donner de l’espoir et une joie de vivre au quotidien qu’elle n’avait plus. Pourquoi alors cette présence que je ressentais, moi, n’avait rien à voir avec ça, existerait-il des mauvais esprits ? Croire ma grand-mère était une chose, se mettre à croire tous les illuminés mordus d’ésotérisme en était une autre ! Sauf que, dans le cas présent, j’étais sûre de ce que je ressentais et ne comprenais pas pourquoi cette présence si insistante, qui jusque-là n’avait pas de forme précise, commençait à se dessiner, je voyais une silhouette, un homme ? Oui c’était l’homme qui m’avait déjà poursuivi dans de nombreux cauchemars, cette fois il était là, il était avec moi, et j’étais seule avec lui ! Au secours ! Il était là, là, là… Aidez-moi ! Au secours ! Pitié ! Où est l’échelle ! Mon Dieu, l’échelle vite ! L’échelle ! Laissez-moi ! Laissez-moi, pitié ! La pièce était en train de rétrécir ! Il m’avait poussé vers le bord, j’allais tomber… Je vais tomber… Je tombe !
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