Volet 3 de sa nouvelle :
Toute la journée du lendemain, la théorie du psychopathe, exposée par le psychiatre, avait trotté dans la tête de Dover : si le tueur n'était pas motivé par une vengeance personnelle, si cette soif de cruauté était le seul leitmotiv de l'assassin, comment le retrouver ? Les connexions, déjà faibles, qui existaient entre les deux victimes ne seraient plus d'aucune utilité. Comment mettre la main sur une personne dont on ignore l'identité, dont la motivation n'est qu'instinctive et les victimes désignées au hasard des rencontres ? L'inspecteur pouvait toutefois se raccrocher à certains faits. La scène du crime par exemple : les deux victimes avaient été trouvées dans le quartier d'Islington, chacune dans un parc différent. Il fouilla dans le tiroir de son bureau et sortit un plan de la ville, afin de jeter un coup d'œil au différents parcs qui entouraient le commissariat d'Islington. Caledonian Park, Paradise Park, Tornhill Square Garden, Coram's Field,… : les espaces verts aux abords du commissariat étaient bien plus nombreux qu'il n'aurait imaginé. Il n'aurait pas assez d'hommes pour les faire tous surveiller. À l'évidence, il fallait abandonner l'idée d'un déploiement de policiers dans tout le quartier : les moyens étaient, de toute façon, insuffisants et le maire verrait d'un très mauvais œil la présence des agents de police aux quatre coins de la ville. Et, étant donné les sermons généreusement distribués de la part de Mc Fear, mieux valait jouer la carte de la discrétion.
Dover essaya de faire le vide dans son esprit et de réfléchir sereinement. Tout le quartier avait été passé au peigne fin et cela n'avait rien donné. Ou le tueur n'était pas du quartier, ce qui était difficilement imaginable, puisqu'il connaissait parfaitement les deux parcs dans lesquels les victimes avaient été découvertes, ou l'équipe à laquelle on avait attribué l'affaire avait commis un certain nombre d'erreurs et oublié d'interroger des individus dont le témoignage aurait pu s'avérer capital dans l'enquête.
La journée n'apporta de nouveau à l'inspecteur. Les rapports d'autopsie étaient parfaitement détaillés, les entretiens qui avaient été faits auprès des membres du voisinage avaient été rondement bien menés et les scènes de crimes étudiées avec minutie. Mais, malheureusement pour lui, on n'avait rien trouvé, absolument rien. Pas la moindre fibre de tissu à analyser, pas le moindre cheveu à examiner, pas le moindre objet auquel se raccrocher. De plus, la confrontation entre rapport d'expertise psychologique de l'assassin et rapport médico-légal de l'autopsie ne faisait que rendre l'enquête encore plus obscure. Le premier mettait en avant l'étude des lacérations, seul point commun, mis à part les armes, entre les 2 meurtres, alors que le second expliquait clairement que ces blessures n'étaient que pure futilité et seulement destinées à brouiller les pistes. Si même les deux experts auxquels le commissaire avait fait appel n'étaient pas capables de se mettre d'accord, comment pourrait-il, lui, résoudre l'enquête ?
En sortant du commissariat à 18h, l'inspecteur se dit qu'il était, malgré tout, bien content de rentrer chez lui dans le quartier de Lambeth, de retrouver la paisible tranquillité de son petit appartement au cœur de Londres, suffisamment loin de l'endroit où il travaillait pour n'avoir rien à y craindre. C'est alors que la phrase, prononcée dans la matinée par le collègue qu'on lui avait, de force, attribué – à savoir Green –, lui revint en tête : « On a interrogé tous les gens qui habitent dans le quartier… ». On avait interrogé, certes, tous les habitants du quartier et tous les médecins, les bouchers, et autres professionnels ayant un rapport plus ou moins évident avec le corps humain, mais qu'en était-il de ceux qui, comme l'inspecteur travaillaient à Islington, mais n'y habitaient pas. Tous ces gens étaient-ils passés à travers les mailles du filet ? Il lui faudrait, dès le lendemain, vérifier l'identité des personnes interrogées et confronter la liste avec celle où étaient recensés tous les individus qui, pour le travail, fréquentaient le quartier.. « Ah, ce Green, il n'a pas deux sous d'idée, mais c'est peut-être grâce à lui qu'on va résoudre tout ça. » se dit Dover, en fermant la portière de sa voiture.
Après une nuit de sommeil agité et des recharges suffisantes en caféine pour affronter la dure journée qui l'attendait, l'inspecteur entra dans son bureau et sortit la liste des personnes ayant répondu aux questions des différents inspecteurs. L'investigation menée dans le quartier avait été exhaustive, mais incomplète. Ce qui avait trotté dans sa tête depuis hier soir et qui l'avait empêché de fermer l'œil de la nuit se confirma sous ses yeux : un bâtiment, un seul, avait échappé aux interrogatoires des policiers et c'était celui-là même qui renfermait la clef de l'enquête.
Le soleil chatouillant ses doigts de pieds, la fenêtre ouverte apportant l'air frais de la mer, le corps détendu et l'esprit léger, l'inspecteur profitait enfin de sa maison d'été. On entendait, dans la pièce d'à côté, la femme de l'inspecteur s'affairer dans la cuisine. Hormis les quelques bruits de cuisine, le silence régnait. Exeunt les bruits de klaxons, les cris des passants, les sonneries de téléphone et les portes qui claquent. Les prochaines années auraient comme musique de fond les cris des mouettes, les remous de l'océan et le souffle du vent. L'enquête qui avait failli le priver de ces instants de bonheur bien mérité avait été classée sans suite par le magistrat du parquet deux semaines auparavant. Faute d'indice, l'inspecteur n'avait pu réussir à faire coincer celui dont il connaissait l'identité : cet homme méthodique qu'il avait côtoyé pendant des années et qui avait réussi à passer, comme tant d'autres avant lui, à travers les mailles du filet.
Toute la journée du lendemain, la théorie du psychopathe, exposée par le psychiatre, avait trotté dans la tête de Dover : si le tueur n'était pas motivé par une vengeance personnelle, si cette soif de cruauté était le seul leitmotiv de l'assassin, comment le retrouver ? Les connexions, déjà faibles, qui existaient entre les deux victimes ne seraient plus d'aucune utilité. Comment mettre la main sur une personne dont on ignore l'identité, dont la motivation n'est qu'instinctive et les victimes désignées au hasard des rencontres ? L'inspecteur pouvait toutefois se raccrocher à certains faits. La scène du crime par exemple : les deux victimes avaient été trouvées dans le quartier d'Islington, chacune dans un parc différent. Il fouilla dans le tiroir de son bureau et sortit un plan de la ville, afin de jeter un coup d'œil au différents parcs qui entouraient le commissariat d'Islington. Caledonian Park, Paradise Park, Tornhill Square Garden, Coram's Field,… : les espaces verts aux abords du commissariat étaient bien plus nombreux qu'il n'aurait imaginé. Il n'aurait pas assez d'hommes pour les faire tous surveiller. À l'évidence, il fallait abandonner l'idée d'un déploiement de policiers dans tout le quartier : les moyens étaient, de toute façon, insuffisants et le maire verrait d'un très mauvais œil la présence des agents de police aux quatre coins de la ville. Et, étant donné les sermons généreusement distribués de la part de Mc Fear, mieux valait jouer la carte de la discrétion.
Dover essaya de faire le vide dans son esprit et de réfléchir sereinement. Tout le quartier avait été passé au peigne fin et cela n'avait rien donné. Ou le tueur n'était pas du quartier, ce qui était difficilement imaginable, puisqu'il connaissait parfaitement les deux parcs dans lesquels les victimes avaient été découvertes, ou l'équipe à laquelle on avait attribué l'affaire avait commis un certain nombre d'erreurs et oublié d'interroger des individus dont le témoignage aurait pu s'avérer capital dans l'enquête.
La journée n'apporta de nouveau à l'inspecteur. Les rapports d'autopsie étaient parfaitement détaillés, les entretiens qui avaient été faits auprès des membres du voisinage avaient été rondement bien menés et les scènes de crimes étudiées avec minutie. Mais, malheureusement pour lui, on n'avait rien trouvé, absolument rien. Pas la moindre fibre de tissu à analyser, pas le moindre cheveu à examiner, pas le moindre objet auquel se raccrocher. De plus, la confrontation entre rapport d'expertise psychologique de l'assassin et rapport médico-légal de l'autopsie ne faisait que rendre l'enquête encore plus obscure. Le premier mettait en avant l'étude des lacérations, seul point commun, mis à part les armes, entre les 2 meurtres, alors que le second expliquait clairement que ces blessures n'étaient que pure futilité et seulement destinées à brouiller les pistes. Si même les deux experts auxquels le commissaire avait fait appel n'étaient pas capables de se mettre d'accord, comment pourrait-il, lui, résoudre l'enquête ?
En sortant du commissariat à 18h, l'inspecteur se dit qu'il était, malgré tout, bien content de rentrer chez lui dans le quartier de Lambeth, de retrouver la paisible tranquillité de son petit appartement au cœur de Londres, suffisamment loin de l'endroit où il travaillait pour n'avoir rien à y craindre. C'est alors que la phrase, prononcée dans la matinée par le collègue qu'on lui avait, de force, attribué – à savoir Green –, lui revint en tête : « On a interrogé tous les gens qui habitent dans le quartier… ». On avait interrogé, certes, tous les habitants du quartier et tous les médecins, les bouchers, et autres professionnels ayant un rapport plus ou moins évident avec le corps humain, mais qu'en était-il de ceux qui, comme l'inspecteur travaillaient à Islington, mais n'y habitaient pas. Tous ces gens étaient-ils passés à travers les mailles du filet ? Il lui faudrait, dès le lendemain, vérifier l'identité des personnes interrogées et confronter la liste avec celle où étaient recensés tous les individus qui, pour le travail, fréquentaient le quartier.. « Ah, ce Green, il n'a pas deux sous d'idée, mais c'est peut-être grâce à lui qu'on va résoudre tout ça. » se dit Dover, en fermant la portière de sa voiture.
Après une nuit de sommeil agité et des recharges suffisantes en caféine pour affronter la dure journée qui l'attendait, l'inspecteur entra dans son bureau et sortit la liste des personnes ayant répondu aux questions des différents inspecteurs. L'investigation menée dans le quartier avait été exhaustive, mais incomplète. Ce qui avait trotté dans sa tête depuis hier soir et qui l'avait empêché de fermer l'œil de la nuit se confirma sous ses yeux : un bâtiment, un seul, avait échappé aux interrogatoires des policiers et c'était celui-là même qui renfermait la clef de l'enquête.
Le soleil chatouillant ses doigts de pieds, la fenêtre ouverte apportant l'air frais de la mer, le corps détendu et l'esprit léger, l'inspecteur profitait enfin de sa maison d'été. On entendait, dans la pièce d'à côté, la femme de l'inspecteur s'affairer dans la cuisine. Hormis les quelques bruits de cuisine, le silence régnait. Exeunt les bruits de klaxons, les cris des passants, les sonneries de téléphone et les portes qui claquent. Les prochaines années auraient comme musique de fond les cris des mouettes, les remous de l'océan et le souffle du vent. L'enquête qui avait failli le priver de ces instants de bonheur bien mérité avait été classée sans suite par le magistrat du parquet deux semaines auparavant. Faute d'indice, l'inspecteur n'avait pu réussir à faire coincer celui dont il connaissait l'identité : cet homme méthodique qu'il avait côtoyé pendant des années et qui avait réussi à passer, comme tant d'autres avant lui, à travers les mailles du filet.
1 commentaire:
Au fait, Olivier, comment s'appelle-t-elle, cette nouvelle en trois parties ?
Enregistrer un commentaire