samedi 13 novembre 2010

Exercice d'écriture (imaginez la suite…), par Vanessa Canavesi

Crac... Badaboum.
— Bon sang ! s'exclama l'inspecteur principal Dover. Mais qui a laissé entrer ces gamins ?
Pris sur le fait, Adam accéléra le pas et s'engouffra dans le vestiaire. Emily, toujours cachée derrière les étagères, observait la scène, le souffle coupé, le cœur battant à tout rompre.
— Non, non, et non ! Qu'ils me débarrassent le plancher, et plus vite que ça ! On a déjà un cadavre sur les bras, ça ne leur suffit pas ?
Sur la pointe des pieds, la jeune fille se dirigea vers la sortie du gymnase, priant pour que le vieil homme ne se retourne pas. « On aurait dû passer par la porte du dépôt » pensa-t-elle. L'armoire où était stocké le matériel sportif avait déversé sur le parquet une grande partie de son contenu après le furtif passage d'Adam, et Emily tenta de franchir les obstacles – plots, ballons, cerceaux – sans trébucher. Une fois dans le couloir, elle retrouva son jeune frère qui l'attendait, penaud, encore sous le coup de la voix tonitruante de l'inspecteur.
— Je peux pas y croire... On y était presque ! On allait enfin savoir ! Comment tu t'es débrouillé ?
— C'est pas moi, Lily... J'ai glissé et...
— De toute façon, tu ne comprends jamais rien aux histoires de flic. Je ne te veux plus dans mon équipe. À partir de maintenant, je mène les enquêtes toute seule.
— Mais, Lily, s'il-te-plaît... !
— N'insiste pas, c'est trop dangereux, tu as entendu ce que Miss Simons a dit... Rentre à l'internat, je te rejoins dans un quart d'heure.
Le jeune garçon tourna les talons en pleurnichant, mais il obéit à sa sœur, et s'en alla à travers la cour.
Emily se concentrait à présent sur l'échafaudage de son plan d'investigation. Les récents événements étaient venus perturber la monotonie de son existence, réveillant chez l'adolescente un émoi depuis toujours réprimé. Rares étaient les activités qui lui plaisaient dans ce camp de vacances ; personne ou presque ne lui adressait la parole, et si elle n'était pas le souffre-douleur ni la plus populaire de ses camarades, elle était au contraire tellement effacée que les moniteurs, après un mois passé au camp, ne connaissaient toujours pas son prénom. Son seul et unique ami était son petit frère de 10 ans et demi, Adam.
Pourtant, depuis ce matin, où l'on avait découvert le corps d'un jeune footballeur du club de Leeds dans le gymnase scolaire, Emily se sentait revivre. Le Collège de la ville, atrocement paisible et charmant en temps normal, était devenu en l'espace d'une nuit le théâtre du plus sombre des scénarios des bandes dessinées qu'elle et Adam lisaient avant de s'endormir. Désormais, plutôt que de perdre son temps dans les ateliers sportifs comme les autres pensionnaires, la jeune fille décida de participer coûte que coûte à la résolution de l'affaire criminelle.
Tout d'abord, gagner la confiance de cet inspecteur irascible qui avait l'air tout sauf ravi de se trouver là. Glaner quelques informations ça et là ; se rendre au centre-ville, pour enquêter sur le terrain ; mais surtout, ne pas se faire repérer par le directeur du camp.
Emily s'élança à nouveau vers le gymnase, franchissant cette fois-ci la porte de derrière, qu'elle savait toujours ouverte. Elle parvint sans difficulté à se faufiler jusqu'à la salle de sport, où, l'oreille collée contre la paroi, elle perçut ces quelques mots de l'inspecteur Dover :
— … Ce qui me porte à croire que nous avons là un crime fanatique. Mais pourquoi, pourquoi retrouve-t-on le corps au Collège, et pas au stade, ou au club ? Il y a quelque chose qui cloche, White, croyez-en mon expérience, il y a anguille sous roche... On ne viendrait pas tuer son ennemi dans une école, qui plus est pleine de mioches. Pour tout vous dire, je soupçonne quelqu'un d'ici : que pensez-vous du directeur ? Vous avez remarqué son air faussement détaché ? Et la petite bonne femme qui le suivait partout ce matin ? « Miss Sissi » qu'il l'appelait... Quelle fine équipe mon ami ! Nous voilà dans de beaux draps !

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