samedi 20 novembre 2010

Version de CAPES, 59

Dernier travail pour les étudiants de CAPES ; à quelques jours des écrits, il semble raisonnable de les laisser réviser en paix… Ceux qui auraient la version chevillée au corps peuvent toujours se rabattre sur d'anciens textes qu'ils n'auraient pas faits ou alors s'attaquer à ceux proposer aux étudiants du Master 2.
Bonne chance pour le concours ! Représentez dignement votre université !

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Todas las noches, de nueve a once, se reunían en un rinconcito del café de Occidente dos viejos a quienes los parroquianos llamaban «Las tijeras». Allí mismo se habían conocido, y lo poco que sabían uno del otro era esto:
Don Francisco era soltero, jubilado; vivía solo con una criada vieja y un perrito de lanas muy goloso, que llevaba al café para regalarle el sobrante de los terroncitos de azúcar. Don Pedro era viudo, jubilado; tenía una hija casada, de quien vivía separado a causa del yerno. No sabían más. Los dos habían sido personas ilustradas.
Iban al café a desahogar sus bilis en monólogos dialogados, amodorrados al arrullo de conversaciones necias y respirando vaho humano.
Don Pedro odiaba al perro de su amigo. Solía llevarse a casa la sobra de su azúcar para endulzar el vaso de agua que tomaba al levantarse de la cama. Había entre él y el perrillo una lucha callada por el azúcar que dejaban los vecinos. Cuando don Pedro veía al perrillo encaramarse al mármol relamiéndose el hocico, retiraba, temblando, sus terroncitos de azúcar. Alguna vez, mientras hablaba, pisaba como al descuido la cola del perrito, que se refugiaba en su dueño.
El amo del perro odiaba sin conocerla a la hija de don Pedro. Estaba harto de oírle hablar de ella como de su gloria y de su consuelo; mi hija por aquí, mi hija por allí; ¡siempre su hija! Cuando el padre se quejaba del sinvergüenza de su yerno, el amo del perro le decía:
—Convénzase, don Pedro. La culpa es de la hija; si quisiera a usted como a padre, todo se arreglaría... ¡Le quiere más a él! ¡Y es natural! ¡Su mujer de usted haría lo mismo...!


Miguel de Unamuno, Cuentos de mi mismo

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Laëtitia Sw nous propose sa traduction :

Chaque soir, de vingt et une heures à vingt-trois heures, deux vieux, que les habitués surnommaient « Les ciseaux », se retrouvaient dans un coin du café d’Occidente. C’est là qu’ils s’étaient connus, et ils ne savaient l’un sur l’autre que peu de choses :
Don Francisco était célibataire, retraité et il vivait seul avec une vieille servante et un petit caniche très gourmand qu’il emmenait au café afin de le régaler des morceaux de sucre non consommés. Don Pedro, lui, était veuf, retraité et il avait une fille mariée dont il vivait séparé à cause de son gendre. Ils ne savaient rien de plus. Tous les deux avaient été d’illustres personnages.
Ils se rendaient au café pour décharger leur bile dans des monologues dialogués pendant lesquels, assoupis par le ronron de conversations niaises, ils respiraient les vapeurs humaines.
Don Pedro détestait le chien de son ami. Il avait l’habitude d’emporter chez lui le reste de sucre pour édulcorer le verre d’eau qu’il prenait au saut du lit. C’est ainsi que s’engageait, entre le petit chien et lui, une lutte silencieuse pour le sucre que laissaient leurs voisins. Quand Don Pedro voyait le petit chien poser ses pattes sur le marbre de la table en se pourléchant les babines, il retirait en tremblant ses morceaux de sucre. Parfois, tout en parlant, il marchait comme par inadvertance sur la queue du petit chien, qui se réfugiait alors auprès de son maître.
Le maître du chien, quant à lui, détestait, sans la connaître, la fille de Don Pedro. Il en avait assez de l’entendre parler d’elle comme d’une source de fierté et de réconfort ; et ma fille par ci, ma fille par là ; sa fille, toujours sa fille ! Quand le père se plaignait de son voyou de gendre, le maître du chien lui disait :
—Soyez-en sûr, Don Pedro. C’est la faute de votre fille ; si elle vous aimait comme un père, tout s’arrangerait... Mais voilà : elle l’aime plus, lui ! Et c’est bien naturel ! Votre femme ferait de même... !

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Bruno nous propose sa traduction :

Tous les soirs, de neuf à onze, deux vieux, que les habitués appelaient "las tijeras", se retrouvaient dans un petit recoin du café de l'Occident. A cet endroit même, ils s'étaient rencontrés, et le peu qu'ils savaient l'un de l'autre était cela:
Don Francisco était vieux garçon, à la retraite; il vivait seul, avec une vieille bonne et un petit caniche très gourmand, qu'il emmenait au café pour lui donner le reste des morceaux de sucre. Don Pedro était veuf, à la retraite; il avait une fille mariée, de laquelle il vivait éloigné à cause de son gendre. Ils n'en savaient pas plus. Tous deux avaient été des personnes très cultivées.
Ils allaient au café pour déverser leurs biles dans des monologues dialogués, assoupis par la berceuse des conversations idiotes et respirant la vapeur humaine.
Don Pedro détestait le chien de son ami. Il avait pour habitude d'emporter chez lui le reste de son sucre pour adoucir le verre d'eau qu'il prenait au sortir du lit. Il y avait entre lui et le petit chien une lutte silencieuse pour le sucre que laissaient les voisins de table. Quand don Pedro voyait le petit chien se jucher sur le marbre en se pourléchant le museau, il retirait, en tremblant, ses morceaux de sucre. Quelquefois, pendant qu'il parlait, il marchait comme par inadvertance sur la queue du petit chien, qui se réfugiait auprès de son maître.
Le maître du chien détestait sans la connaître la fille de don Pedro. Il en avait assez de l'entendre parler d'elle comme de sa gloire et de son réconfort; ma fille par-ci, ma fille par-là; toujours sa fille!
Quand le père se plaignait de sa crapule de gendre, le maître du chien lui disait:
- Soyez-en convaincu don Pedro. C'est la faute de votre fille; si elle vous aimait comme un père, tout s'arrangerait... Lui, elle l'aime plus!
Et c'est naturel! Votre femme à vous ferait de même...!

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Mélissa nous propose sa traduction :

Tous les soirs, de neuf heures à onze heures, deux vieux que les clients appelaient « La paire de ciseaux » se réunissaient dans un petit coin du café de l’Occident. Ils s’étaient connus ici même, et le peu que l’un savait de l’autre était cela :
Don Francisco était célibataire, retraité ; il vivait seul avec une vieille domestique et un petit chien très gourmand, qu’il amenait au café pour lui offrir les restes des petits morceaux de sucre. Don Pedro était veuf, retraité ; il avait une fille mariée, dont il vivait séparé à cause de son gendre. Ils n’en savaient pas plus. Les deux avaient été des personnes instruites.
Ils allaient au café pour soulager leurs biles dans des monologues échangés, somnolents à l’écoute de la berceuse des conversations idiotes et respirant l’haleine humaine.
Don Pedro détestait le chien de son ami. Il avait l’habitude d’emporter chez lui le surplus de son sucre pour sucrer le verre d’eau qu’il prenait en se levant de son lit. Il y avait entre lui et le petit chien une lutte silencieuse pour le sucre que laissaient les voisins. Quand Don Pedro voyait le petit chien grimper sur le marbre en se léchant le museau, il retirait, tremblant, ses petits morceaux de sucre. Parfois, alors qu’il parlait, il marchait sur la queue du petit chien par inadvertance, qui se réfugiait sur son maître.
Le maître du chien détestait la fille de Don Pedro sans même la connaître. Il en avait assez de l’entendre parler d’elle comme de sa gloire et de son réconfort ; ma fille par ci, ma fille par là ; toujours sa fille ! Quand le père se plaignait de sa crapule de gendre, le maître du chien lui disait :
- Convainquez-vous, Don Pedro. La faute vient de votre fille ; si elle vous voulait comme père, tout s’arrangerait… Elle l’aime plus ! Et c’est naturel ! Votre femme aurait fait la même chose…!

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Maïte nous propose sa traduction :

Tous les soirs, de neuf à onze, deux vieux, que les clients appelaient "Les ciseaux", se réunissaient dans un petit coin du café de l'Occidente. C'est ici même, qu'ils s'étaient connus, et le peu qu'ils savaient l'un de l'autre était ceci:
Don Francisco était célibataire, retraité; il vivait seul avec une vielle domestique et un chiot dont le pelage semblait être de la laine, très gourmand, qu'il emmenait au café pour lui offrir le reste des petits morceaux de sucre. Don Pedro était veuf, retraité; il avait une fille mariée, dont il vivait séparé à cause de son beau-fils. Ils n'en savaient pas plus. Les deux avaient été d'illustres personnes.
Ils allaient au café pour soulager leurs biles à travers des monologues dialogués, assoupis par le bercement de sottes conversations et respirant la vapeur humaine.
Don Pedro détestait le chien de son ami. Il avait l'habitude d'emmener chez lui, le reste de sucre pour adoucir le verre d'eau qu'il buvait avant de se lever de son lit. Il y avait entre lui et le chiot, une lutte silencieuse pour le sucre que laissaient les voisins. Lorsque don Pedro voyait le chiot grimper sur le marbre en se léchant les babines, il retirait, en tremblant, ses petits morceaux de sucre. De temps en temps, pendant qu'il parlait, il marchait sans faire attention sur la queue du chiot, qui, se refugiait auprès de son maître.
Le maître du chien détestait la fille de don Pedro, sans même la connaître. Il en avait marre de l'entendre en parler comme si elle était sa seule gloire et son seul réconfort; ma fille par ci, ma fille par là; toujours sa fille! Quand le père se plaignait du sans-gêne de son beau-fils, le maître du chient lui disait:
- Rendez-vous à l'évidence, don Pedro. La faute vient de votre fille; si elle vous aimait en tant que père, elle s'arrangerait... Elle le préfère à vous! Et, c'est bien naturel! Votre femme aurait fait la même chose...!

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Sonita nous propose sa traduction :

Tous les soirs, de neuf à onze heures, se réunissaient dans un petit coin du café de l’Occident deux vieux que les paroissiens appelaient « les ciseaux ». C’est justement là qu’ils s’étaient rencontrés, et le peu qu’ils savaient l’un de l’autre était ceci :
Don Francisco était célibataire, retraité ; il vivait seul avec une vieille bonne et un petit chien caniche très gourmand, qu’il emmenait au café pour lui donner les restes des petits morceaux de sucre. Don Pedro était veuf, retraité ; il avait une fille mariée avec qui il ne vivait pas à cause de son beau-fils. Ils n’en savaient pas plus.
Les deux avaient été des personnes instruites.
Ils allaient au café pour donner libre cours à leurs biles en des monologues dialogués, assoupis par le roucoulement de conversations idiotes tout en respirant la vapeur humaine.
Don Pedro haïssait le chien de son ami. Il avait l’habitude de ramener chez lui le reste de son sucre pour sucrer le verre d’eau qu’il prenait en sortant du lit. Il y avait entre lui et le petit chien une lutte silencieuse pour le sucre que les voisins laissaient. Quand don Pedro voyait le petit chien se jucher sur le marbre en se léchant le museau, il enlevait, en tremblant, ses petits morceaux de sucre. Parfois, tandis qu’il parlait, il marchait, faisant comme si ce n’était pas exprès, sur la queue du petit chien qui se réfugiait près de son maître.
Le maître du chien haïssait, sans la connaître, la fille de don Pedro. Il en avait assez de l’entendre parler d’elle comme de sa gloire et de son réconfort ; ma fille par-ci, ma fille par-là ; toujours sa fille ! Quand le père se plaignait de la crapule qu’est son beau-fils, le maître du chien lui disait :
—Faites-vous une raison don Pedro. C’est la faute à la fille. Si elle vous aimait comme un père, tout s’arrangerait… C’est lui qu’elle aime le plus ! Et c’est bien normal ! Votre femme ferait la même chose …!

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