vendredi 26 novembre 2010

Exercice d'écriture : « Il n'a pas deux sous d'idée », par Stéphanie Maze

En photo : Pas de perdants !!! No losers!!!
par : Tétine :

Je sentais que la scène était sur le point de se produire de nouveau, la tension montait, ils allaient encore s'insulter à coups de phrases toutes faites, de clichés maintes fois rabattus évidemment prononcés à la troisième personne, me prenant à témoin. Ainsi pendant qu'ils débitaient leurs « injures », c'est moi qu'ils regardaient droit dans les yeux... Je m'apprêtais donc, comme d'habitude quand arrivait ce moment, à mettre mes boules quies :
— Il n'a pas deux sous d'idée !
— Elle n'a pas un brin de jugeote !
— Il est bête comme ses pieds !
— Elle est moche comme un pou !
— Il fume comme un pompier !
— Elle boit comme un trou !
Je vous l'avais dit, leurs scènes de ménage ne volaient pas très haut. Vous pensez peut-être que j'aurais pu fuir, échapper à la situation, croyez-moi, j'avais essayé à maintes reprises, mais c'était pire encore. Ils avaient besoin de se donner en spectacle et j'en faisais les frais. Fin de l'interruption :
— Il est tiré à quatre épingles !
— Elle s'habille comme un sac !
— Il ne remue pas plus qu'une bûche !
— Elle a de la brioche !
— Il a une case en moins !
Vous pourrez remarquer que leurs expressions sont très imagées, à l'époque où je n'avais pas encore pensé au subterfuge des boules quies, je me représentais chacune d'entre elles, ce qui offrait à la situation un aspect cocasse. Reprise :
— Elle a un poil dans la main !
— Il a toujours un boyau de vide !
— Elle a la tête près du bonnet !
— Il est mou du genou !
— Elle dépenserait le Pérou !
— Il a toujours un pet de travers !
— Elle est sourde comme un pot !
Ils finissaient en général sur cette expression, j'affichais donc un sourire béat, j'allais être enfin libre. Je retirais donc mes bouchons d'oreille, lorsque j'entendis ma mère prononcer cette phrase si poétique :
— Tu l'aurais fini à la pisse celui-là que ça m'étonnerait pas !

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