vendredi 19 novembre 2010

Version de CAPES, 58

Mi rostro en el espejo. El pelo deshecho. El tiempo subió sus hi­los a tu pelo, dice el poeta. Canas, hilvanes blancos por donde nos vamos deshilvanando, deshilachando, y se ve lo mal hechos que es­tábamos, lo de prisa que nos cosieron las costureras. El pelo se va, se irá, se cae, poco o mucho, pero se cae.
Me gustaba llevarlo en melena rebelde, sobre la frente, como los héroes infantiles, cuando niño, pero la abuela me pelaba al cero, en los veranos tórridos, y se me filtraba la brisa morada de la tarde por la ca­beza desnuda, dejándome aterida la imaginación. Luego lo he llevado como me ha dado la gana, peinado hacia adelante, hacia atrás, enme­lenado, con patillas o sin patillas, y he jugado a hacerme una peluca con el propio pelo, que es a lo que juega todo el que se hace una cabe­za, eso que se llamaba antes «hacerse una cabeza», del mismo modo que los calvos juegan a hacerse un pelo propio con el peluquín. La fi­losofía occidental —Hegel, Marx, Descartes— es una filosofía de raya al medio, y la filosofía oriental es pelona, de cabeza rapada. Yo, que no soy filósofo, he cambiado de peinado como de sistema mental y de concepción del mundo, cuando me ha dado la gana, pero los peines salen cargados como carretas de heno, algunas temporadas, cargadas de pelo, y es cuando hay que volver al dermatólogo, ponerse turbantes de espuma, como un fakir de los espejos del baño, o frotarse, locionar­se, refregarse. Eso es bueno, porque el pelo se cae de todas maneras, pero se acelera el riego periférico del cerebro, y quizá también el otro, de modo que un lavado de cerebro no es una metáfora soviético-ger­mánica, sino que efectivamente se tienen las ideas más claras o más es­casas el día en que se ha lavado uno la cabeza.

Francisco Umbral, Mortal y rosa

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Léa nous propose sa traduction :

Mon visage dans le miroir. Les cheveux défaits. Le temps augmenta ses fils à tes cheveux, dit le poète. Cheveux blancs, faufils blancs où que nous allions défaufilant, effilochant, et l'on voit à quel point nous étions mal faits, ce que rapidement nous cousirent les couturières. Les cheveux s'en vont, s'en iront, tomberont, peu ou beaucoup, mais tombent.
J'aimais les avoir en crinière rebelle, sur le front, comme les héros pour enfants, quand j'étais petit, mais la grand-mère me tondait la boule à zéro, durant les étés très chauds, et la brise violette du soir s'infiltrait par ma tête dénudée, me laissant l'imagination transie par le froid.
Ensuite je les ai mis comme j'en avais envie, coiffés vers l'avant, vers l'arrière, emmêlés, avec des pattes ou sans pattes, et j'ai joué à me faire une perruque avec mes propres cheveux, ce à quoi jouent tous ceux qui se font une tête, ce que l'on appelait auparavant « se faire une tête », de la même façon que les chauves jouent à se faire des cheveux avec un postiche.
La philosophie occidentale – Hegel, Marx, Descartes- est une philosophie de raie au milieu, et la philosophie orientale est chauve, à la tête rasée.
Moi, qui ne suis pas un philosophe, j'ai changé de coiffure comme de système mental et de conception du monde, quand j'en ai eu envie, mais les peignes ressortent chargés comme des charrettes de foin, en certaines saisons, chargées de cheveux, et c'est quand il faut retourner au dermatologue, se mettre des turbans de mousse, tel un fakir dans les reflets du bain, ou se frotter, s'appliquer une lotion, se récurer.
Cela est bien, car les cheveux tombent de toutes manières, mais on accélère l'irrigation périphérique du cerveau, et peut-être aussi l'autre, de sorte qu'un lavage de cerveau ne soit pas une métaphore soviétique germanique, mais qu'effectivement on ait les idées plus claires ou plus rares le jour où l'on se lave la tête.

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Maïté nous propose sa traduction :

Mon visage dans le miroir. Les cheveux défaits. Le temps souleva ses fils à tes cheveux, dit le poète. Cheveux blancs, faufils blancs par lesquels nous nous débâterons, nous nous effilocherons, et, on voit le mauvais état dans lequel nous étions, la rapidité avec laquelle on nous cousit les coutures. Les cheveux s'en vont, s'en iront, tombent, un peu ou beaucoup, mais ils finissent par tomber. Lorsque j'étais enfant, j'aimais les porter telle une tignasse rebelle, sur le front, tout comme les héros d'enfances mais, ma grand-mère me faisait la boule à zéro lors des torrides étés, et, la brise humide de l'après-midi s'infiltrait sur mon crâne nu, me laissant l'imagination transie de froid. Ensuite, je les ai porté comme il me plaisait, brossés en avant, en arrière, emmêlés , avec pattes ou sans pattes, et j'ai joué à me faire une perruque avec mes propres cheveux, qui est ce à quoi joue n'importe quel personne qui se fait une tête, c'est ce que l'on appelait avant, "se faire une tête", de la même façon que les chauves jouent à se faire leurs propres cheveux avec des postiches. La philosophie occidentale -Hegel, Marx, Descartes- est une philosophie de raie au milieu et, la philosophie orientale est d'être tondue, d'avoir la tête rasée. Moi, qui me suit pas philosophe, quand j'en ai eu envie, j'ai changé de coupe de cheveux comme de système mental et de conception du monde, mais, les coupes de cheveux sortent chargées comme des charrettes de foin, à certaines saisons, chargées de cheveux et, c'est lorsqu'il faut retourner chez le dermatologue, se mettre des turbans de mousse, tel un fakir des miroirs de salles de bain, ou se frotter, se passer de la lotion, se frictionner. Tout cela est bon, parce que, de toute façon, les cheveux tombent, mais l'irrigation périphérique du cerveau s'accélère et peut-être même l'autre, de manière à ce qu'un lavage de cerveau ne soit pas juste une métaphore soviético-germanique, mais plutôt, effectivement, une façon d'avoir les idées plus claires ou plus rares le jour où on se lave les cheveux.

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Laëtitia Sw nous propose sa traduction :

Mon visage dans le miroir. Les cheveux défaits. Le temps a tissé sa trame dans tes cheveux, dit le poète. Cheveux blancs, fils blancs par où nous nous effilons, nous nous effilochons, alors nous constatons combien nous sommes mal faits, avec quelle rapidité les couturières nous ont cousus. Les cheveux s’en vont, s’en iront, tombent, peu ou prou, mais tombent.
Petit, j’aimais les porter en crinière rebelle, sur le front, comme les héros pour enfants, mais ma grand-mère me faisait la boule à zéro, lors des étés torrides, et la brise violette du soir glissait sur ma tête nue, me laissant l’imagination transie. Puis je les ai portés selon mes envies, peignés vers l’avant, en arrière, en bataille, avec ou sans pattes, et j’ai joué à me faire une perruque avec mes propres cheveux, ce à quoi jouent tous ceux qui se font une tête, ce qu’on appelait avant « se faire une tête », de même que les chauves jouent à se faire leurs propres cheveux avec une moumoute. La philosophie occidentale — Hegel, Marx, Descartes — est une philosophie de raie au milieu, alors que la philosophie orientale en est une de tête tondue, rasée. Moi, qui ne suis pas philosophe, j’ai changé de coiffure comme de système de pensée et de conception du monde, à mon gré, mais, à certaines saisons, les peignes sont aussi chargés de cheveux que les charrettes de foin : c’est l’époque où il faut retourner chez le dermatologue, se ceindre de turbants en mousse, comme un fakir des miroirs de salles de bains, ou se frotter, se lotionner, se frictionner. C’est une bonne chose, même si les cheveux tombent de toute façon, car on active la circulation périphérique du cerveau, et peut-être l’autre aussi, de sorte qu’un lavage de cerveau n’est pas une métaphore soviético-germanique : on a effectivement les idées plus claires ou plus confuses le jour où on s’est lavé la tête.

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