samedi 16 novembre 2013

Exercice d'écriture 4 – par Joana

« Contours »

C'était un après-midi de novembre. Les journées se faisaient plus courtes. Le soleil prenait congé plus tôt. « Si encore les décorations de Noël étaient allumées ! Mais non, même pas. C'est vraiment déprimant de sortir de la fac à 18h et qu'il fasse déjà nuit noire. » Cécile n'avait pas tort. En cette mi-novembre, les gens désertaient les rues de plus en plus tôt. Mais la jeune femme avait besoin de se changer les idées après une dure journée de cours. Elle devait à tout prix prendre l'air. Décidée, elle se mit à marcher, respirant à grandes bouffées l'air frais du soir. Elle allait à contre-courant des travailleurs qui sortaient du bureau, pressés, pour rentrer chez eux. Peu à peu, de gros nuages menaçants se dessinaient dans le ciel. Cela ne dérangeait pas Cécile, elle aimait bien ce temps-là. Elle s'engouffra dans un magasin, puis dans un autre. Elle les connaissait tous par cœur. De plus, elle n'avait pas envie de dépenser bêtement son argent dans une énième paire de chaussures. Elle serait bien allée bouquiner à la bibliothèque, mais vu l'heure, elle devait probablement déjà être fermée. C'est alors qu'elle aperçut un coffee & books au bout d'une ruelle. C'était un café comme un autre, avec une petite particularité : au fond de la salle principale se trouvait un escalier en colimaçon qui menait à une belle pièce aménagée. On y trouvait des fauteuils, des canapés et des tables basses, tous différents les uns des autres ; et des étagères regorgeant de romans, de nouvelles et de magazines en tous genres. Cécile tomba immédiatement amoureuse de cet endroit. Elle parcourut les rangées de livres en langues étrangères et choisit un recueil de nouvelles d'un écrivain britannique dont elle n'avait jamais entendu parler. Cette fois-ci ce n'était pas seulement l'illustration de la couverture qui l'avait attirée. Elle s'empara du livre et le contempla quelques instants. Celui-ci était différent de tous ceux qu'elle avait eu entre les mains auparavant. La couverture avait quelque chose d'étrange mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui la différenciait des autres. Était-ce la taille des caractères du titre ? Non. La couleur ? Non plus. Tout ceci était banal. Cécile ferma les yeux et effleura les contours du livre. C'était donc cela ! Les coins du livre étaient légèrement encornés, abîmés, vieillis par le temps. La couverture était rugueuse au touché, on pouvait sentir que cette œuvre avait beaucoup voyagé, qu'elle était passée entre les mains de bon nombre de lecteurs. La jeune femme aperçut une inscription en italique en bas de la première page : Qui m'aime me lise... Cécile sourit. Sans le connaître, elle savait déjà qu'elle aimerait ce livre ainsi que son auteur. Elle s'installa confortablement dans un fauteuil beige en cuir usé par le temps, près d'une grande fenêtre donnant sur le balcon. Un serveur lui apporta le chocolat chaud qu'elle avait commandé, accompagné d'un verre d'eau. « Merci, monsieur. » Elle se plongea dans sa lecture, sans toucher à sa boisson. Sans prévenir, l'orage éclata : à l'extérieur, le tonnerre grondait, d'impressionnants éclairs scindaient le ciel et la pluie martelait les fenêtres du café. Mais Cécile n'y prêtait guère attention. Elle était tellement absorbée par sa lecture qu'elle n'entendait ni ne voyait rien de ce qui se passait dehors...

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