Alexis, qui est garçon très mystérieux – comme chacun le sait –, a eu l'idée de deux mystères et nous propose donc deux textes.
Pour le premier, précisons que les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
Pour le premier, précisons que les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
***
Elle restait là, impassible, fronçant les sourcils pour montrer son agacement. Malgré le petit courant d’air qui traversait la pièce, ses cheveux noirs ne bougeaient pas, ses yeux ne clignaient pas. Elle les regardait, les observait et cogitait. Dans sa tête, cela ne faisait aucun doute, l’un d’eux était coupable. Elle fusilla du regard chacun des sept traîtres pendant quelques minutes, cherchant à déceler des marques de nervosités : un souffle saccadé, une transpiration anormale, des mains tremblantes ou un regard fuyant… mais rien. « Ils sont vraiment forts ! » se dit-elle. Elle inspira profondément, saisit la canette de Coca Cola Light posée devant elle, but une gorgée et la serra, d’un coup, la transformant en l’espace d’une seconde en une petite boule de ferraille. Elle espérait les intimider, les effrayer et qu’ils finissent par cracher le morceau, enfin. Elle disposait cependant de plusieurs moyens de pression, de torture psychologique. Ils allaient le payer cher : l’un d’eux avait commis l’irréparable et les autres ne le dénonçaient pas, ils le protégeaient, se serraient les coudes, faisaient front commun. Quelle audace ! Quel culot ! Après tout ce qu’elle était prête à faire pour eux, voilà comment ils la remerciaient ! Elle en avait mal au ventre, elle était déçue et dépitée.
Postée devant la fenêtre, elle tournait le dos aux fourbes, aux infâmes. Dehors, les pies se chamaillaient allègrement, un écureuil s’était arrêté dans son élan pour la regarder. L’atmosphère paisible de l’extérieur ne faisait que renforcer son irritation. D’un coup, elle fit tomber le store, provoquant un sursaut sur le banc des accusés. Elle posa alors son regard sur les victuailles déposées sur la table. « Les corrupteurs, ils ont voulu m’acheter, moi, mon silence, ma tolérance, mon indulgence, mais il n’en est pas question ». Le petit manège n’avait que trop duré, il fallait en finir, le temps était venu de retenter l’interrogatoire. Elle posa ses mains sur le bureau cherchant à imiter au passage Docteur House, elle s’éclaircit la voix et lança :
— Bon, c’est qui ?
— …
— Mais dites-le !
— …
— Qui ? Qui a mangé le dernier Dragibus noir ?
***
L’existence est décidément faite mystères en tout genre et d’interrogations restant malheureusement sans réponse. Ne m’en déplaise, j’ai la chance d’avoir une vie palpitante (souvent à mes dépens, d’ailleurs), toujours partante pour me jouer des tours et me mettre dans les situations les plus inhabituelles. En tout cas, ces rebondissements ne cessent de me surprendre et je reste ébaubi par la facilité qu’a la vie à nous prendre au dépourvu et poser sur notre chemin des petits obstacles dont le seul but est de mettre de l’agitation dans la monotonie, de l’imprévu dans la routine et de la vodka dans mon thé au miel ! Une fois l’amusement passé, la grande question hantant mon esprit, l’inconnue de mon équation existentielle fait irruption dans la cacophonie de mes voix intérieures : y’aurait-il un microclimat au dessus de ma tête décidé à me faire tourner en bourrique ? Une sorte de triangle des Bermudes dans mon destin ? Mes personnages imaginaires sont unanimes : ma destinée a été écrite par un bonhomme loufoque sur du papier mâché ou par un type bourré qui prenait le papier hygiénique pour du papyrus. J’aurais bien évidemment préféré qu’il s’agisse d’un gars vaillant, intelligent et beau comme un dieu qui mette mon histoire en alexandrins sur des billets de banque… Comme quoi, on n’a pas toujours ce que l’on veut.
La matinée d’hier a été riche en surprises et m’a fait prendre conscience de l’absurdité de certains détails et de certains points mystérieux dont je ne vois toujours pas la queue du bout d’une explication logique. Pour situer les faits et pour me dédouaner d’une irruption impromptue au CHU de Bordeaux, il me faut relater certains faits et remonter aux origines. Tout commence donc mercredi soir à l’heure de rejoindre les bras doux et confortables de ce très cher Morphée. Posant ma tête sur l’oreiller, quelle n’est pas ma surprise quand je découvre que je n’entends que d’une oreille ! Comment Diantre en suis-je arrivé là ? Je me dresse sur mon lit tel un soldat au garde-à-vous et suis soudain pris de panique. Deux réactions s’offrent à moi : l’envie de fondre en larmes comme Marie-Madeleine ou celle de taper dans mes mains comme on bat le rythme du flamenco : je choisis la deuxième et me retrouve, dans le noir, à une heure du matin, à taper des mains comme un dégénéré. Que mes voisins m’excusent mais l’heure n’était pas à la courtoisie de voisinage. Voyant que rien n’y fait, je me jette sur la poubelle à la recherche du coton-tige que j’avais utilisé peu de temps avant afin de vérifier si la ouate n’est pas restée par mégarde dans mon conduit auditif. Mais non, elle est belle et bien au bout du bâtonnet. Je sais pertinemment que je ne peux rien faire avant le lendemain, aussi décidé-je de mettre à profit cette pénible obstruction : je pose l’oreille non bouchée sur l’oreiller et me trouve finalement dans un silence total.
Je me lève le lendemain avec la ferme intention de téléphoner à un médecin pour qu’il me débarrasse de ce machin. Le premier interlocuteur me dit d’aller au PQR au CHU. Ne voilà donc pas le Polac qui prend ses affaires et file droit au « PQR ». J’ignore toujours ce que signifient ces lettres mais j’y ai appris l’une des choses les plus surprenantes de ma vie : « un bouchon à l’oreille ? Il faut aller aux Urgences mais ils ne pourront pas vous prendre, il faut prendre rendez-vous ». Je reste bouche bée devant l’infirmière qui doit certainement me prendre pour un demeuré car elle finit par me montrer la sortie pour me rendre auxdites Urgences (évidemment à l’autre bout de l’hôpital). Pour ce faire, rien de plus compliqué, suivez les petites pancartes jaunes ! Je dois bien tourner en rond pendant une quinzaine de minutes à suivre les flèches jaune (en cas de pépin, mieux vaut se munir d’un GPS). Par chance, je peux être reçu tout de suite sans passer par une file d’attente interminable, mais j’avoue que je flaire dès le départ l’inutilité de ma présence en ces lieux ! Après avoir exposé mon problème bénin à l’infirmière du guichet, je me retrouve dans ma situation initiale : « l’interne n’est pas disponible pour vous recevoir. Soit vous attendez mais ça peut être long, très long, soit vous demandez à un médecin ». J’hésite alors entre rire, pleurer, étrangler la pauvre jeune femme ou danser les claquettes mais je me contente d’un « merci, au revoir » courtois. Veni vedi vici avait dit notre ami Jules, moi veni vedi certes mais vici rien du tout : j’ai perdu ma matinée, dois reprendre le tramway en subissant de légères pertes d’équilibre et me retrouve à la case départ avec ce fichu bouchon dans l’oreille gauche ! Je vais directement à l’université pour assister au cours de traduction collective (avouez, rien n’y paraissait !) et décide, après les cours et une fois au centre-ville, d’appeler un deuxième médecin qui puisse me délivrer ! Que nenni : « écoutez, les consultations finissent à 18h, il est 17h20, ça va être un peu juste ». Je me trouve pourtant à quelques mètres de son cabinet… Je lui expose mon problème et me trouve face à une réponse des plus stupides et incroyables : « ah bon ? Un bouchon à l’oreille ? Oh, ben revenez plus tard. Allez à la pharmacie, prenez du Cérulyse et revenez me voir dans trois ou quatre jours et je vous l’enlèverai, bonne soirée ». Elle est gentille la dame ! Je me rends à la pharmacie pour combattre le mal par le remède : des gouttes dans les oreilles (autant vous dire que sur le chemin, je tangue un peu…). Mais, forcément, je ne suis pas au bout de mes peines quand il s’agit de trouver le moyen de faire tomber les gougouttes dans l’embout de la fiole ! Une fois la solution trouvée et les gouttes dans les oreilles, j’attends, la tête penchée, une dizaine de minutes et… rien, voire pire.
Et voilà, c’est tout de même étrange de voir que pour un petit truc, certes gênant mais relativement anodin, on vous fait traverser la ville, vous envoie aux Urgences (introuvables de surcroît) pour rien, vous renvoie chez le médecin qui vous dit de revenir dans trois ou quatre jours ! J’ose espérer que si j’avais eu la vache folle ou un infarctus la route des Urgences aurait été plus courte et que j’aurais été sauvé à temps !
3 commentaires:
Oui, c'est qui ??????
ah, je ne m'en souviens pas, c'est bête, tout est allé tellement vite !!!
Je me doutais que tu étais le pire de tous !
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