samedi 2 novembre 2013

Exercice d'écriture 4 – par Marie

« À ma table »

Ils étaient là…tous à ma table, c’était incroyable. Un vieil homme qui m’avait fait visiter un jour le cimetière du Père Lachaise m’avait raconté, sur la tombe d’Edith Piaf, que celle-ci offrait une montre à ses amants lorsqu’elle avait l’intention de les quitter et qu’un jour elle avait organisé un dîner avec tous ses ex et qu’ils s’étaient donc aperçus qu’ils avaient tous la même montre… J’ai appris par la suite que cette histoire n’était qu’une légende mais elle m’a toujours beaucoup plu. Et aujourd’hui, c’était exactement ce que j’étais en train de vivre. Un dîner avec mes ex, c’était digne d’un film américain, mais en moins drôle. Ils étaient là tous à me fixer, ils semblaient attendre que je prenne la parole. Mais qu’aurais-je bien pu leur dire ? Je les regardais. Ils n’avaient aucun point commun…enfin si, ils étaient tous bruns. Oui, c’était bien leur seul point commun. Les voir tous à ma table était extrêmement désagréable. Qui avait bien pu manigancer ça ? Et dans quel but surtout ? Ils n’avaient pas vraiment changé, ils avaient tous le même regard, la même allure, la même attitude. Même si j’aimais me dire que c’était surtout moi qui avais joué un rôle dans leur vie, il fallait bien reconnaître qu’ils avaient, chacun à leur manière, influencé la mienne aussi. Seul le cliquetis de l’horloge rompait le silence. Bon, il fallait faire quelque chose, dire quelque chose. Cinq paires d’yeux sombres qui me fixaient en attente d’une réponse. « Je ne sais pas quoi vous dire, je ne sais pas qui vous a donné rendez-vous ici aujourd’hui mais ce n’est pas moi ». « Non, c’est moi », l’homme qui partageait ma vie depuis sept ans et que j’avais épousé deux mois auparavant apparut dans l’embrasure de la porte. « Je pense qu’il est temps que vous ayez une conversation, les mets et le bon vin que j’ai prévu pour ce dîner vous y aideront, j’en suis sûr », là-dessus, il se retira. Les cinq hommes avaient l’air aussi surpris que moi de l’intervention d’Alexandre et ne semblaient pas comprendre non plus ce que l’on attendait d’eux. C’est moi qui prit la parole en premier « savez-vous pour quelles raisons vous êtes ici ? », c’est Armand qui répondit « apparemment c’est à toi de nous le dire ». Il fallait que je sorte de cette pièce j’allais étouffer ! Je me levai d’un bond et voulus ouvrir la porte mais elle était verrouillée et je ne pouvais pas sortir. « Jeanne, pourquoi tu es partie ? », « oui, Jeanne pourquoi tu es partie ? », « c’est vrai ça Jeanne, pourquoi ? », leurs voix me parvenaient, froides, cinglantes et désincarnées. Je me retournai, ils étaient tous debout à présent et avançaient vers moi. Ses hommes à qui j’aurais confié ma vie il y a quelques années, me faisaient peur à présent, ils me paraissaient tous plus grands, plus forts, plus menaçants. « Qu’est-ce que vous voulez ? », ils ne disaient plus rien et continuaient à avancer, « laissez-moi ! Laissez-moi ! Alexandre ! ». « Chut ! Qu’est-ce qu’il y a ma chérie ? Calme-toi ». Je me trouvais dans mon lit à présent. Il était 4h30 du matin. Un cauchemar, il s’agissait juste d’un cauchemar, il n’empêche que quand Alexandre voulut m’enlacer pour se rendormir je me dégageai, après le coup qu’il venait de me faire, je le trouvais un peu gonflé quand même !

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