« Post-it »
À chaque fois que je commets un crime, les choses se déroulent exactement de la même manière. Il s’agit de respecter le code que j’ai établi il y a une quinzaine d’années, lorsque j’ai tué pour la première fois. Je l’ai toujours suivi rigoureusement, sans jamais me permettre le moindre écart. Tout est calculé avec minutie et à chaque nouveau meurtre, je choisis un hangar ou une usine désaffectée où je sois sûr d’être à l’abri des regards extérieurs.
Cette fois-là, dans la soirée du 03 décembre, j’avais repéré ma victime au hasard, postée à l’angle de la rue Bouchard. Mon choix s’était arrêté sur un homme d’une cinquantaine d’année qu’il me semblait avoir déjà croisé quelques fois dans le métro. En prétextant chercher mon chemin, je n’avais eu aucun mal à le convaincre de monter dans ma voiture pour qu’il me guide dans cette ville que je connaissais mal. J’avais alors suivi un rituel méticuleux qui consiste à le faire entrer, verrouiller hâtivement les portes, le conduire sur le lieu du crime. Arrivés à l’intérieur du hangar, j’enfilai mes gants et sortis le couteau que je cachais dans la poche de mon pardessus. Avant même que la victime n’ait essayé de s’enfuir, je l’immobilisai et passai la lame aiguisée en travers de sa gorge. Elle ne s’était pas débattue et en quelques minutes, elle se vidait de son sang. Il avait ensuite fallu nettoyer la scène de crime et ne laisser aucune trace de ma présence sur les lieux, ce que j’avais fait à la perfection, avant de m’éclipser aussi vite que je n’étais arrivé…
Personne ne se doute jamais de rien : qui soupçonnerait le père de famille modèle que je suis, cadre d’une entreprise d’import-export, de mener une double vie dans laquelle il se livrerait à ce genre d’activités ? Pourtant, nous sommes le 04 décembre, je suis assis à mon bureau et j’ai devant moi un post-it portant l’inscription : "Je t’ai vu hier soir".
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