samedi 25 octobre 2008

Compte rendu du cours sur les références culturelles de l'Espagne, séance du 20 octobre

Secrétaire de séance : Jacqueline Daubriac

Ce cours nous a permis à la fois d’enrichir notre vocabulaire et de mieux appréhender les misères et les splendeurs du métier de traducteur.

I Le vocabulaire

Nous avons balayé des champs lexicaux variés : les poids et mesures, les monnaies, l’armée, les Académies, la fiscalité, pour finir par les techniques de culture. Un marathon passionnant qui nous a permis de parfaire notre culture historique, le traducteur devant être et M. Buiguès l’a largement souligné, un technicien cultivé. Nous y reviendrons plus loin.

Les institutions (suite)

Nous en étions restés aux diverses acceptions du mot alcalde— Souvenons-nous que nous avons 4 options pour traduire « alcalde » : maire/juge/contrôleur (finances)/responsable de la police locale— ; nous en avons relevé pas moins de 14 ! Cela vaut la peine de nous y arrêter un peu:

• alcalde de corregidor : maire adjoint ;
• alcalde mayor : maire adjoint/juge de 1ère instance ;
• alcalde de alzadas o de apelaciones : juge en appel (ou ad quem ad quo) ;
• alcalde de casa y corte : juge de Madrid ;
• alcalde de baño : maire de quartier ;
• alcalde de hijosdalgo : juge pour les nobles ;
• alcalde del agua : juge des conflits touchant à la distribution des eaux ;
• alcalde de la Hermandad : juge des délits ;
• alcalde de la mesta o de cuadrilla : juge du tribunal de la mesta qui accompagnait les grands troupeaux ;
• alcalde del crimen : juge pénal ou juge de la chambre criminelle ;
• alcalde de obras y bosques : juge des biens patrimoniaux du roi ;
• alcalde de sacas : juge à l’exportation ;
• alcalde entregador : juge du conseil de la mesta/juge en appel ;
• alcalde pedáneo : juge pédanée (juge subalterne, debout).

Pour faire bonne mesure nous y ajouterons :

• juez apartado : juge extraordinaire ;
• juez de exámenes : membre d’un jury ;
• juez del estudio : juge chargé des affaires universitaires ;
• juez ordinario : juge ecclésiastique ou juge en dernière instance, suivant le contexte.

Les mesures de capacité et de longueur

Il existe, avant le système métrique, des systèmes très complexes, régionaux, voire locaux ; rappelons ainsi que :
-1 fanega contient 55,5l, qu’il faut 12 fanegas pour faire un cahiz, la fanega étant elle-même divisée en 12 celemines, eux-mêmes répartis en 4 cuartillos.
Mais ceci n’est valable que pour les mesures en grain ; nous disposons par ailleurs d’autres unités de poids :
- un moyo de 16 cántaras, la cántara (16, 13l) comprenant 8 azumbres et l’azumbre, 4 cuartillos.
Sans compter que :
- l’arroba représente 25 libras, que la libra=0,46kg, qu’ elle contient 16 onzas qui se subdivisent en 16 adarmes, chaque adarme représentant 3 tomines (mesure très fine pour peser l’or et l’argent).
On le voit, un système très complexe qui rend prégnante la question :

COMMENT TRADUIRE ?

II Les affres du traducteur

Prenons l’exemple des poids et mesures, nous disposons de mots en français tels que : « capacité : boisseau, quart, setier, muid, minot »…, mais l’éditeur peut souhaiter un vocabulaire plus adapté à son lectorat ; deux problèmes alors se posent :
• trouver un équivalent français mais cela ne suffit pas toujours,
• parfois il faudra convertir et faire donc appel aux tables de conversion

Ou bien autre exemple, pour les monnaies et leur valeur aujourd’hui, c’est affaire de spécialistes car cela dépend de l’époque ; souvent on se contente d’approximations.
Il devient donc évident que le traducteur doit faire beaucoup de recherches, de travail de documentation ; il doit posséder une double culture hautement spécialisée en fonction de l’ouvrage à traduire, et savoir piocher à plusieurs sources : citons quelques ouvrages entre autres- le Furetière de la fin 18 ème, Historia de España de Miguel Artola- dont un des volumes est une sorte de dictionnaire historique-, le lexique historique de l’Espagne de Perez, Bartolomé Benazar, JP Almaric et Tenin etc…-
La fonction de traducteur est donc à créer. Au départ, le traducteur est un auteur, puis très souvent un professeur ; il ne s’agit pas d’une fonction à part entière. Voilà donc bien toute la noblesse de notre formation : nous sommes des pionniers ; il n’existe pas de manuel du parfait traducteur et si d’aventure quelqu’un, comme don Quichotte, osait se lancer dans la bataille, voici quelques provisions de route glanées dans le cours de M. Buiguès :

Mes. longueur : 1 vara (0, 836m) =4 palmos
1 obrada (0, 5 ha de terres céréalières)
1 cuarta (6,9 ares pour les terrains vinicoles)
1 peonada = 4 ares
1 yugada =0,5 ha
armée : un almirante = commandant des troupes royales –terre-
un maestre de campo = général d’armée
un tercio = régiment, compagnie

impôts : la alcabala = impôt à la consommation
los diezmos= la dîme
la mensa capitular = revenus d’un chapitre de la cathédrale

tecniques de culture : una tierra da ano y vez = terre de rotation biennale
tierra de 3 hojas = terre de rotation triennale
cultivo al tercio = assolement triennal
cultivo secano = culture sèche
cultivo de regadío = culture d’irrigation
tierras de pan llevar = terres à blé
los propios = les biens communaux

Je vous souhaite d’excellentes vacances.
Jacqueline

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