Photo de droite : Enrique Vila-Matas
En effet, Blandine a fait l'effort d'aller jusqu'à "l'autre bout du monde" – selon l'expression employée précédemment… et validée par Nathalie – pour assister à la rencontre avec Bernardo Atxaga et Enrique Vila-Matas.
Voici son compte rendu :Rencontre littéraire entre deux écrivains au Haillan, vendredi soir, dans le cadre des «Espagnoles», organisées par l’association Lettres du Monde.
Outre Bernardo Atxaga, originaire du Pays Basque, et Enrique Vila-Matas, originaire de la Catalogne, étaient présents leur traducteur, André Gabastou, et le critique littéraire Jean Laurenti, qui a mené le débat.
Il y avait beaucoup de monde. Dans mon cas, j'étais surtout venue parce que je voulais voir à quoi pouvait bien ressembler Bernardo Atxaga, l’auteur de Shola y los Jabalíes, que nous travaillons en cours de traduction littéraire enfantine… ☺
La rencontre a été très animée et on ne peut qu’admirer ces deux écrivains pour avoir eu le talent et le courage de débattre en français. Ils nous l’ont expliqué : l’un et l’autre parlent plusieurs langues.
Bernardo Atxaga est donc basque et il écrit ses livres dans cette langue. Par la suite, il les traduits lui-même en castillan, avec l’aide de son épouse. Prenant l’exemple de son dernier roman, intitulé Le Fils de l’accordéoniste en français, il nous a expliqué que cela leur avait pris plus de huit mois pour mettre le texte en espagnol et, par la même occasion, pour y apporter quelques corrections.
Sur ce point précis, Enrique Vila-Matas a affirmé passer lui aussi du temps à corriger ses œuvres et a formulé le regret qu’à l’heure actuelle, peu d’auteurs prennent encore la peine de le faire, préoccupés qu’ils sont d’être publiés le plus rapidement possible.
Après que chacun est revenu sur son parcours professionnel, racontant comment il en était venu à écrire (Enrique Vila-Matas, nous a dit avoir bénéficié des conseils d’un célèbre écrivain français. Figurez-vous qu’il a été le locataire de Marguerite Duras ; cette dernière lui aurait dit : « Tu écris et tu ne fais rien d’autre »), le débat a porté sur le thème de la "géographie". Que représente pour chacun l’inscription dans un lieu précis ? Pourquoi a-t-elle une incidence plus grande chez l’un que l’autre ? Bernardo Atxaga a en effet beaucoup insisté sur son attachement au Pays Basque, et il a expliqué comment cela avait une incidence directe et forte sur ses œuvres.
Quant à Enrique Vila-Matas, il nous a expliqué qu’il n’écrivait jamais en catalan, par choix personnel et parce qu’il dit qu’au moment d’écrire, il se sent plus à l’aise avec le castillan. Il nous a également raconté que dans ses romans, il prenait un malin plaisir à mettre des citations de grands auteurs, en changeant la fin. Ce qui pose évidemment des problèmes à son traducteur, obligé d’aller faire la comparaison avec la version originale et d'en d’adapter la fin.
Tant Atxaga que Vila-Matas travaillent main dans la main avec leur traducteur. Bernardo Atxaga compare le traducteur à un magicien. Enrique Vila-Matas reprend une citation de Borges selon laquelle la traduction est infinie et que de toute façon, il est difficile de traduire littéralement, une langue pouvant être plus riche qu’une autre. À ce propos, quelqu’un dans la salle est intervenu pour faire remarquer qu’après avoir lu le dernier livre de Bernardo Atxaga en castillan, il était en train de le lire en basque et qu’il lui fallait constater d’importantes différences, et de s’en étonner, évidemment. L’auteur lui a répondu que les deux langues étaient complètement différentes, tant pour la grammaire que le vocabulaire – plus ou moins riche – et que donc, forcément, les deux ouvrages ne pouvaient être semblables.
Cela mettait une fois de plus nos préoccupations au cœur du débat.
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