Comme d'habitude, Jacqueline nous fait un parfait compte rendu de la rencontre de vendredi. Et comme d'habitude, merci à elle de sa générosité. J'en déduis que nous prenons des habitudes…
« Dans le cadre des Lettres du monde et des manifestations Les espagnoles, deux traducteurs, Claude MURCIA qui a traduit et introduit en France Juan BENET, et Jean-Marie SAINT-LU qui, lui, a fait connaître une grande partie des œuvres de Juan MARSÉ, sont venus à la Maison des étudiants le vendredi 10 octobre nous offrir leur vision du monde de la traduction. Leurs propos tantôt se rejoignent et tantôt divergent ; de quoi nourrir en tout cas la réflexion des apprentis- traducteurs que nous sommes et d’autres aussi puisque le public était suivant la formule consacrée nombreux et varié.
L’échange fructueux, qui a duré environ une heure trente, mené par Isabelle POULIN, a porté sur le choix de l’œuvre à traduire, la notion de fidélité à la VO, suivant l’expression de Caroline LEPAGE, les pré-requis du métier de traducteur, les difficultés de la tâche, les écueils à éviter, le rôle de l’éditeur- notamment quant au choix du titre-, le regard que porte le traducteur sur son travail achevé. La parole donnée ensuite aux participants a permis de dégager cette problématique : y-a-t-il une traduction féminine et une traduction masculine ? Le débat n’est pas tranché…
J’ai retenu que le métier de traducteur est un métier difficile et exigeant mais passionnant et que par ailleurs la traduction est avant tout une pratique ; cependant, s’il est difficile de théoriser dans ce domaine, la réflexion est intéressante et cette rencontre en est bien la preuve.
Quelques-unes des interventions prises à la volée :
• Le critère absolu de choix de l’œuvre à traduire est la qualité de la langue, sachant que plus une langue est simple, plus elle est difficile à traduire. Se rappeler cette citation de Montaigne : « Tout lecteur est fondé à trouver dans les écrits d’autrui ce que l’auteur n’y a pas mis » ;
• Nécessité de connaître l’arrière-plan culturel du pays de la langue d’origine ;
• Le titre est l’apanage de l’éditeur, qui a des visées commerciales ;
• Accueillir l’autre, ne pas l’acclimater à la culture française mais il est parfois difficile de trancher entre conserver l’altérité et privilégier le rythme ;
• Ambiguïté de la traduction mais contrat de lecture –le lecteur sait qu’il va lire un livre traduit ; il n’y a pas dans l’absolu de bonne traduction- cependant éviter à tout prix les notes de bas de page qui cassent le rythme de la lecture ; si nécessaire, il vaut mieux ajouter une note d’avertissement au lecteur ;
• Il convient de respecter la petite musique du texte, la littérature est faite pour raconter des choses, il faut séduire l’auditoire — 3 critères nécessaires : il faut avoir une histoire à raconter, savoir la raconter et avoir envie de la raconter— ;
• - Cl MURCIA : Fidélité ? Pas d’identité entre le texte traduit et le texte d’origine, le traducteur doit construire lui-même un sens qui passe par une forme qui porte ce sens ; la traduction est technique mais aussi créative.
- J.M. SAINT-LU : attachement à la fidélité au texte, heureusement les deux langues sont très voisines ; fidélité souhaitable jusqu’au moment où on devient infidèle au français ; il faut respecter le texte, ne pas l’enjoliver, ne pas le vampiriser ni le réécrire ;
• Il y a bien un couple auteur/traducteur :
- pour J.M. SAINT-LU : Responsabilité du traducteur, le livre n’est pas à lui ; le traducteur est un métier de l’ombre, on peut dire mon auteur mais pas mon livre ; le traducteur n’est que l’auteur de sa traduction qui certes, peut enrichir l’auteur ; l’auteur serait le père du livre et l’auteur, le parrain.
- et pour Cl MURCIA : C’est aussi mon texte. Ce sont deux textes différents, sorte de propriété intellectuelle du traducteur qui serait la « mère » du livre.
Deux points de vue qui soulignent une sensibilité différente —masculine ? féminine ?— comme le fait observer Caroline LEPAGE. »
Jacqueline Daubriac
« Dans le cadre des Lettres du monde et des manifestations Les espagnoles, deux traducteurs, Claude MURCIA qui a traduit et introduit en France Juan BENET, et Jean-Marie SAINT-LU qui, lui, a fait connaître une grande partie des œuvres de Juan MARSÉ, sont venus à la Maison des étudiants le vendredi 10 octobre nous offrir leur vision du monde de la traduction. Leurs propos tantôt se rejoignent et tantôt divergent ; de quoi nourrir en tout cas la réflexion des apprentis- traducteurs que nous sommes et d’autres aussi puisque le public était suivant la formule consacrée nombreux et varié.
L’échange fructueux, qui a duré environ une heure trente, mené par Isabelle POULIN, a porté sur le choix de l’œuvre à traduire, la notion de fidélité à la VO, suivant l’expression de Caroline LEPAGE, les pré-requis du métier de traducteur, les difficultés de la tâche, les écueils à éviter, le rôle de l’éditeur- notamment quant au choix du titre-, le regard que porte le traducteur sur son travail achevé. La parole donnée ensuite aux participants a permis de dégager cette problématique : y-a-t-il une traduction féminine et une traduction masculine ? Le débat n’est pas tranché…
J’ai retenu que le métier de traducteur est un métier difficile et exigeant mais passionnant et que par ailleurs la traduction est avant tout une pratique ; cependant, s’il est difficile de théoriser dans ce domaine, la réflexion est intéressante et cette rencontre en est bien la preuve.
Quelques-unes des interventions prises à la volée :
• Le critère absolu de choix de l’œuvre à traduire est la qualité de la langue, sachant que plus une langue est simple, plus elle est difficile à traduire. Se rappeler cette citation de Montaigne : « Tout lecteur est fondé à trouver dans les écrits d’autrui ce que l’auteur n’y a pas mis » ;
• Nécessité de connaître l’arrière-plan culturel du pays de la langue d’origine ;
• Le titre est l’apanage de l’éditeur, qui a des visées commerciales ;
• Accueillir l’autre, ne pas l’acclimater à la culture française mais il est parfois difficile de trancher entre conserver l’altérité et privilégier le rythme ;
• Ambiguïté de la traduction mais contrat de lecture –le lecteur sait qu’il va lire un livre traduit ; il n’y a pas dans l’absolu de bonne traduction- cependant éviter à tout prix les notes de bas de page qui cassent le rythme de la lecture ; si nécessaire, il vaut mieux ajouter une note d’avertissement au lecteur ;
• Il convient de respecter la petite musique du texte, la littérature est faite pour raconter des choses, il faut séduire l’auditoire — 3 critères nécessaires : il faut avoir une histoire à raconter, savoir la raconter et avoir envie de la raconter— ;
• - Cl MURCIA : Fidélité ? Pas d’identité entre le texte traduit et le texte d’origine, le traducteur doit construire lui-même un sens qui passe par une forme qui porte ce sens ; la traduction est technique mais aussi créative.
- J.M. SAINT-LU : attachement à la fidélité au texte, heureusement les deux langues sont très voisines ; fidélité souhaitable jusqu’au moment où on devient infidèle au français ; il faut respecter le texte, ne pas l’enjoliver, ne pas le vampiriser ni le réécrire ;
• Il y a bien un couple auteur/traducteur :
- pour J.M. SAINT-LU : Responsabilité du traducteur, le livre n’est pas à lui ; le traducteur est un métier de l’ombre, on peut dire mon auteur mais pas mon livre ; le traducteur n’est que l’auteur de sa traduction qui certes, peut enrichir l’auteur ; l’auteur serait le père du livre et l’auteur, le parrain.
- et pour Cl MURCIA : C’est aussi mon texte. Ce sont deux textes différents, sorte de propriété intellectuelle du traducteur qui serait la « mère » du livre.
Deux points de vue qui soulignent une sensibilité différente —masculine ? féminine ?— comme le fait observer Caroline LEPAGE. »
Jacqueline Daubriac
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