Compte rendu de l’atelier collectif de traduction du jeudi 09 octobre 2008
Secrétaire de séance : Nathalie Lavigne
Contrairement à une idée reçue, la traduction n’est pas une activité purement intellectuelle ; c’est aussi et surtout, un exercice physique, car, on ne doit pas se contenter de lire le texte : il faut le « sentir », le « vivre », puis être capable de le bousculer ou de le tordre jusqu’à ce qu’il ait exprimé toutes ses significations.
Un exemple ? Dans la version n°1 (extrait de Gollerías, de Ramón Gómez de la Serna), on peut lire l.4 « varios amigos de café » ; littéralement, « plusieurs amis de café » , 1° jet qui, bien que correct grammaticalement et lexicalement, sonne faux. On va donc chercher des termes qui traduisent spontanément la référence espagnole, en tenant compte du ton familier qui caractérise le passage et on finit par tomber sur « copains de comptoir ». Il ne s’agit pas de sur-traduire le syntagme espagnol mais de l’ « interpréter » pour qu’il fasse sens aussi en français.
Voilà pour la leçon du jour.
Maintenant, quelques astuces (pour un peu, on se croirait dans la rubrique « brico-déco » d’un magazine féminin !) :
- varier les verbes de locution, type « penser », « dire »… en utilisant des synonymes dont on aura préalablement établi la liste (opération « gain de temps ») ;
- éviter les répétitions dans la même page, surtout s’il s’agit de gérondifs, pour ne pas développer de « tics » verbaux qui entraînent souvent le traducteur sur la voie de la facilité ;
- dans le discours – direct ou indirect – employer des chevilles (petits mots qui n’ajoutent rien au sens mais qui retranscrivent bien l’oralité) ; ainsi, dans la version n°2 (extrait de Pasado perfecto de Leonardo Padura Fuentes), les premiers mots « claro que juventud hay una sola » ont été traduits de la façon suivante : « Ouais, bon d’accord, on a qu’une jeunesse » ;
- soigner la ponctuation, en français ; un « ; » ou une « , » peuvent aisément remplacer un adverbe.
Après avoir corrigé la version n°1, nous avons commencé, dans le plus grand sérieux ( !), la traduction de la version n°2 dont je livre, a continuación, les premières phrases :
« Claro que juventud hay una sola, pensó, porque era evidente. Una voz perezosa y caliente, y unos ojos azules de cielo sin nubes, eran lo único que recordaba los atributos del mítico Miki Cara de Jeva, el muchacho que impuso récord de novias para un curso en el Pre de La Víbora : veintiocho, todas con besuqueos y algunas con lances mayores. Ahora le faltaba pelo para intentar el oleaje rizado del afro y le sobraba todavía para declararse en quiebra y asumir el destino de calvo resignado. La barba era una explosión de canas tiesas y rojizas, como debió de tenerlas el último vikingo de cualquier cómic… ».
Nous nous sommes arrêtées au bon milieu d’une phrase, en plein suspens : ¿ por qué el último vikingo ? On connaissait le « dernier des Mohicans » mais le dernier Viking… Pour connaître le fin mot de l’histoire, ne manquez pas le prochain numéro ! Vous pourrez suivre les passionnantes aventures de notre quintet, le Club des apprenties traductrices, emmené par notre traductrice en chef, au pays des mots.
Nathalie Lavigne
Secrétaire de séance : Nathalie Lavigne
Contrairement à une idée reçue, la traduction n’est pas une activité purement intellectuelle ; c’est aussi et surtout, un exercice physique, car, on ne doit pas se contenter de lire le texte : il faut le « sentir », le « vivre », puis être capable de le bousculer ou de le tordre jusqu’à ce qu’il ait exprimé toutes ses significations.
Un exemple ? Dans la version n°1 (extrait de Gollerías, de Ramón Gómez de la Serna), on peut lire l.4 « varios amigos de café » ; littéralement, « plusieurs amis de café » , 1° jet qui, bien que correct grammaticalement et lexicalement, sonne faux. On va donc chercher des termes qui traduisent spontanément la référence espagnole, en tenant compte du ton familier qui caractérise le passage et on finit par tomber sur « copains de comptoir ». Il ne s’agit pas de sur-traduire le syntagme espagnol mais de l’ « interpréter » pour qu’il fasse sens aussi en français.
Voilà pour la leçon du jour.
Maintenant, quelques astuces (pour un peu, on se croirait dans la rubrique « brico-déco » d’un magazine féminin !) :
- varier les verbes de locution, type « penser », « dire »… en utilisant des synonymes dont on aura préalablement établi la liste (opération « gain de temps ») ;
- éviter les répétitions dans la même page, surtout s’il s’agit de gérondifs, pour ne pas développer de « tics » verbaux qui entraînent souvent le traducteur sur la voie de la facilité ;
- dans le discours – direct ou indirect – employer des chevilles (petits mots qui n’ajoutent rien au sens mais qui retranscrivent bien l’oralité) ; ainsi, dans la version n°2 (extrait de Pasado perfecto de Leonardo Padura Fuentes), les premiers mots « claro que juventud hay una sola » ont été traduits de la façon suivante : « Ouais, bon d’accord, on a qu’une jeunesse » ;
- soigner la ponctuation, en français ; un « ; » ou une « , » peuvent aisément remplacer un adverbe.
Après avoir corrigé la version n°1, nous avons commencé, dans le plus grand sérieux ( !), la traduction de la version n°2 dont je livre, a continuación, les premières phrases :
« Claro que juventud hay una sola, pensó, porque era evidente. Una voz perezosa y caliente, y unos ojos azules de cielo sin nubes, eran lo único que recordaba los atributos del mítico Miki Cara de Jeva, el muchacho que impuso récord de novias para un curso en el Pre de La Víbora : veintiocho, todas con besuqueos y algunas con lances mayores. Ahora le faltaba pelo para intentar el oleaje rizado del afro y le sobraba todavía para declararse en quiebra y asumir el destino de calvo resignado. La barba era una explosión de canas tiesas y rojizas, como debió de tenerlas el último vikingo de cualquier cómic… ».
Nous nous sommes arrêtées au bon milieu d’une phrase, en plein suspens : ¿ por qué el último vikingo ? On connaissait le « dernier des Mohicans » mais le dernier Viking… Pour connaître le fin mot de l’histoire, ne manquez pas le prochain numéro ! Vous pourrez suivre les passionnantes aventures de notre quintet, le Club des apprenties traductrices, emmené par notre traductrice en chef, au pays des mots.
Nathalie Lavigne
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