mardi 2 novembre 2010

Version de CAPES, 42

El espectro, 3

Hart prosiguió actuando y ya lo hemos visto.
Wyoming nos fue arrebatado en la flor de la edad, en instantes en que daba fin a dos cintas extraordinarias, según informes de la empresa: El Páramo y Más allá de lo que se ve. Pero el encanto—la absorción de todos los sentimientos de un hombre— que ejerció sobre mí Enid, no tuvo sino una amargura: Wyoming, que era su marido, era también mi mejor amigo.
Habíamos pasado dos años sin vernos con Duncan; él, ocupado en sus trabajos de cine, y yo en los míos de literatura. Cuando volví a hallarlo en Hollywood, ya estaba casado.
—Aquí tienes a mi mujer—me dijo echándomela en los brazos.
Y a ella:
—Aprétalo bien, porque no tendrás un amigo como Grant. Y bésalo, si quieres .
No me besó, pero al contacto con su melena en mi cuello, sentí en el escalofrío de todos mis nervios que jamás podría yo ser un hermano para aquella mujer.
Vivimos dos meses juntos en el Canadá, y no es difícil comprender mi estado de alma respecto de Enid. Pero ni en una palabra, ni en un movimiento, ni en un gesto me vendí ante Wyoming. Sólo ella leía en mi mirada, por tranquila que fuera, cuán profundamente la deseaba.
Amor, deseo... Una y otra cosa eran en mí gemelas, agudas y mezcladas; porque si la deseaba con todas las fuerzas de mi alma incorpórea, la adoraba con todo el torrente de mi sangre substancial.

Horacio Quiroga

***

Pauline nous propose sa traduction :

Hart à jouer et on l’a déjà vu.
Wyoming nous fut arraché alors qu’il était dans la fleur de l’âge, en des instants où il donnait fin à deux films extraordinaires, selon les renseignements de la compagnie : L’Etendue désertique et Au-delà de ce que l’on voit. Mais le charme—l’absorption de tous les sentiments d’un homme– qu’exerça sur moi Enid, n’eut qu’un ennui : Wyoming, qui était son mari, était aussi mon meilleur ami.
Nous avions passé deux ans sans nous voir avec Duncan : lui, occupé à ses travaux de cinéma, et moi, aux miens de littérature. Quand je le retrouvais à Hollywood, il était déjà marié.
—Voici ma femme—me dit-il en me la mettant dans les bras.
Et à elle :
—Serre-le bien, parce que tu n’auras pas deux amis comme Grant. Et embrasse-le, si tu veux.
Elle ne m’embrassa pas, mais au contact de sa chevelure dans mon cou, je senti dans le frisson de tous mes nerfs que jamais je ne pourrais être un frère pour cette femme-là.
Nous vécûmes deux mois ensemble au Canada, et point n’est difficile de comprendre mon état d’âme par rapport à Enid. Mais pas dans une parole, ni dans un mouvement, ni dans un geste je ne me trahi devant Wyoming. Seule elle lisait dans mon regard, si tranquille qu’elle fût, combien et avec quelle profondeur je la désirais.
Amour, désir… L’une et l’autre chose étaient en moi, jumelles, subtiles et mélangées ; parce que si je la désirais de toutes les forces de mon âme incorporelle, je l’adorais de tout le torrent de mon sang substantiel.

***

Virginie nous propose sa traduction :


Le spectre, 3

Hart continua à jouer et nous l’avons déjà vu.
Wyoming nous fut arraché dans la fleur de l’âge, au moment où il terminait deux films extraordinaires, selon les rapports de l’entreprise : El Páramo et Más alla de lo que se ve. Mais l’enchantement – l’absorption de tous les sentiments d’un homme – qu’Enid exerça sur moi, eut une note amertume : Wyoming, qui était son mari, était aussi mon meilleur ami.
Duncan et moi ne nous étions pas vus pendant deux ans ; lui, occupé par ses activités de cinéma, et moi par celles de littérature. Quand je l’ai retrouvé à Hollywood, il était déjà marié.
- Voici ma femme - me dit-il en me la poussant dans les bras.
Et s’adressant à elle :
- Serre-le bien, car tu ne trouveras pas d’ami comme Grant. Et embrasse-le, si tu veux.
Elle ne m’embrassa pas, mais au contact de sa longue chevelure dans mon cou, je sentis dans le tremblement de tous mes nerfs que jamais je ne pourrais être un frère pour cette femme.
Nous avons vécu deux mois au Canada, et il n’est pas difficile de comprendre l’état de mon âme en ce qui concerne Enid. Mais ni dans un mot, pas plus que dans un mouvement ou un geste je me suis vendu face à Wyoming. Uniquement elle lisait dans mon regard, aussi tranquille qu’elle pouvait l’être, que je la désirais profondément.
Amour, désir…l’un et l’autre étaient identiques pour moi, intenses et mélangés ; car si je la désirais de toutes les forces de mon âme incorporelle, je l’adorais de tout le flux de mon sang substantiel.

***

Vanessa nous propose sa traduction :

Hart continua à jouer, et nous savons déjà ce qu'il en est.
Wyoming nous fut enlevé dans la fleur de l'âge, au moment où il terminait deux pellicules extraordinaires, d'après les rapports de la société de production : El Páramo et Más allá de lo que se ve. Mais le charme – l'absorption de tous les sentiments d'un homme – qu'il exerça sur ma Enid, n'eut d'autre effet que l'amertume : Wyoming, qui était son mari, était aussi mon meilleur ami.
Duncan et moi avions passé deux années sans nous voir, occupés à nos travaux respectifs, lui de cinéma, moi de littérature. Quand je le retrouvai à Hollywood, il était déjà marié.
— Voici ma femme – me dit-il en la jetant dans mes bras.
Et, s'adressant à elle :
— Serre-le fort, parce que tu n'auras pas d'autre ami comme Grant. Tiens, et embrasse-le si tu veux.
Elle ne m'embrassa pas ; mais au contact de sa longue chevelure sur mon cou, je sentis, dans le frisson qui secoua tous mes nerfs, que jamais je ne pourrai être un frère pour cette femme-là.
Nous vécûmes deux mois ensemble au Canada, et il n'est pas difficile de comprendre l'état d'âme dans lequel j'étais vis-à-vis d'Enid. Néanmoins, pas un mot, pas un mouvement, pas un geste ne me trahit devant Wyoming. Elle était la seule à lire dans mon regard, pour tranquille qu'il fût, à quel point je la désirais.
Amour, désir... L'une et l'autre chose étaient chez moi jumelles, aiguës et mélangées ; car si je la désirais de toutes les forces de mon âme immatérielle, je l'adorais de tout le torrent de mon sang substantiel.

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Aurélie nous propose sa traduction :

Le Spectre, 3 :

Hart continua de jouer comme nous avons déjà pu le voir. Wyoming fut arraché dans la fleur de l’âge, au moment où il arrêtait de tourner dans deux films extraordinaires, selon les dossiers de l’entreprise : L’étendue désertique et Au-delà de ce que l’on voit. Mais le charme- l’absorption de tous ces sentiments d’un homme- qu’Enid exerça sur moi, ne fut entaché que d’un regret : Wyoming, qui était son mari, était aussi mon meilleur ami. Nous avions passé deux ans sans nous voir avec Duncan ; lui, occupé à ses travaux cinématographiques, et moi aux miens en littérature. Quand je le rencontrai à nouveau à Hollywood, il était déjà marié.
-Voici ma femme- m’annonça-t-il en me la jetant dans les bras.
Et à elle :
-Serre-le bien, car tu n’auras pas d’autre ami comme Grant. Et embrasse-le, si tu veux.
Elle ne m’embrassa pas, mais au contact de ses cheveux sur mon cou, je senti au frissonnement de tous mes nerfs que je ne pourrais jamais être un frère pour cette femme-là. Nous vécûmes deux mois ensemble au Canada, et il n’est pas difficile de comprendre l’état de mon âme près d’Enid. Mais aucun mot, aucun faux pas, aucun geste ne me trahit devant Wyoming. Seulement elle lisait dans mon regard, aussi tranquille qu’elle fût, combien je la désirais ardemment. Amour, désir…Ces choses-là étaient pour moi inséparables, intenses et mélangées, parce que si je la désirais de toutes les forces de mon âme incorporelle, je l’adorais de tout le torrent de mon sang substantiel.

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Mélissa nous propose sa traduction :

Le spectre, 3

Hart continua de jouer et nous l’avons bien vu.
Wyoming nous a été arraché dans la fleur de l’âge, au moment où il mettait la touche finale à deux films extraordinaires, selon des rapports de l’entreprise : Le Désert et Plus loin que ce qu’on peut voir. Mais le charme, l’absorption de tous les sentiments d’un homme, qu’Enid a exercé sur moi, n’a eu comme conséquence qu’un sentiment d’amertume : Wyoming, qui était son mari, était aussi mon meilleur ami.
Avec Duncan, nous avons passé deux ans sans se voir ; lui, occupé à ses tâches cinématographiques, et moi, aux miennes, littéraires. Quand je l’ai retrouvé à Hollywood, il était déjà marié.
- Voici ma femme, me dit-il, en me la jetant dans les bras.
Et à elle :
- Serre-le fort, parce que tu n’auras jamais un ami tel que Grant. Et embrasse-le, si tu veux.
Elle ne m’embrassa pas, mais au contact de sa longue chevelure sur mon cou, je sentis dans le frisson de tous mes nerfs que jamais je ne pourrai être un frère pour cette femme.
Nous avons vécu deux mois ensemble au Canada, et il n’est pas difficile de comprendre mes états d’âme vis-à-vis d’Enid. Mais ni au travers d’une parole, ni d’un mouvement, ni d’un geste je ne me suis vendu devant Wyoming. Elle seule lisait dans mon regard, si tranquille qu’elle était, combien je la désirais profondément.
Son amour, c’est aussi ce que je désirais… L’un et l’autre étaient en moi jumeaux, forts et mélangés ; car si je la désirais avec toutes les forces que mon âme pouvait avoir, je l’adorais avec tout le flot important de mon sang.

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