dimanche 7 novembre 2010

Version de CAPES, 46

El espectro, 7

A los tres días de la escena que acabo de relatar regresamos a Hollywood. Y un mes más tarde se repetía exactamente la situación: yo de nuevo a los pies de Enid
con la cabeza en sus rodillas, y ella queriendo evitarlo.
—Te amo cada día más, Enid...
—¡Guillermo!
—Dime que algún día me querrás.
—¡No!
—Dime solamente que estás convencida de cuánto te amo.
—¡No!
—Dímelo.
—¡Déjame! ¿No ves que me estás haciendo sufrir de un modo horrible?
Y al sentirme temblar mudo sobre el altar de sus rodillas, bruscamente me levantó la cara entre las manos:
—¡Pero déjame, te digo! ¡Déjame! ¿No ves que también te quiero con toda el alma y que estamos cometiendo un crimen?
Cuatro meses justos, ciento veinte días transcurridos apenas desde la muerte del hombre que ella amó, del amigo que me había interpuesto como un velo protector entre su mujer y un nuevo amor...
Abrevio. Tan hondo y compenetrado fue el nuestro, que aun hoy me pregunto con asombro qué finalidad absurda pudieron haber tenido nuestras vidas de no habernos encontrado por bajo de los brazos de Wyoming.
Una noche—estábamos en Nueva York—me enteré que se pasaba por fin El páramo, una de las dos cintas de que he hablado, y cuyo estreno se esperaba con ansiedad. Yo también tenía el más vivo interés de verla, y se lo propuse a Enid.
¿Por qué no?
Un largo rato nos miramos; una eternidad de silencio, durante el cual el recuerdo galopó hacia atrás entre derrumbamiento de nieve y caras agónicas.

Horacio Quiroga

***

Julie nous propose sa traduction :

Le spectre, 7

Trois jours après la scène que je viens de raconter, nous retournâmes à Hollywood. Et un mois plus tard, la situation se répétait à l’identique : moi, de nouveau aux pieds d’Enid, la tête sur ses genoux, et elle désirant éviter ça.
— Je t’aime un peu plus chaque jour, Enid.
— Guillermo !
— Dis-moi qu’un jour, tu m’aimeras.
— Non !
— Dis-moi seulement que tu sais combien je t’aime.
— Non !
— Dis-le-moi.
— Laisse-moi ! Tu ne vois pas que tu es en train de me faire souffrir de façon horrible ?
Et en me sentant trembler, muet, sur l’autel de ses genoux, elle releva brusquement ma tête avec ses mains.
— Mais laisse-moi, je te dis ! Laisse-moi ! Tu ne vois pas que moi aussi, je t’aime de toute mon âme et que nous sommes en train de commettre un crime ?
Exactement quatre mois, à peine cent-vingt jours écoulés depuis la mort de l’homme qu’elle a aimé, de l’ami qui m’avait interposé comme un voile protecteur entre sa femme et un nouvel amour…
J’abrège. Notre amour fut si profond et si harmonieux, que je me demande encore aujourd’hui avec étonnement, quelle finalité absurde auraient pu avoir nos vies si nous ne nous étions pas rencontrés grâce à Wyoming.
Un soir – nous étions à New-York –, j’ai appris qu’on passait enfin Le désert, un des deux films auxquels j’ai fait allusion, et dont on attendait la première avec anxiété. J’étais moi aussi, très curieux de le voir. Je le proposai donc à Enid.
Pourquoi pas ?
Nous nous regardâmes un long moment ; une éternité de silence, durant laquelle, le souvenir galopa vers le passé, parmi de grosses chutes de neige et des visages agonisants.

***

Laurie nous propose sa traduction :

Le spectre 7,
Trois jours après la scène que je viens de raconter, nous retournâmes à Hollywood. Et un mois plus tard, cette situation se répétait à l’identique : moi, à nouveau aux pieds d’Enid qui, voulant l’éviter, avait la tête entre ses genoux.
-Chaque jour je t’aime un peu plus, Enid…
-Guillermo !
-Dis-moi qu’un jour, tu m’aimeras.
-Non !
-Dis-moi seulement que tu sais à quel point je t’aime.
-Non !
-Dis-le-moi.
-Laisse-moi, je te dis ! Laisse-moi ! Tu ne vois pas que je t’aime de toute mon âme et que nous sommes entrain de commettre un crime ?
Cela faisait juste quatre mois, cent vingt jours à peine, que la mort de l’homme qu’elle aimait, de l’ami qui m’avait placé comme un voile protecteur entre sa femme et un nouvel amour, était survenue…
Passons. Le nôtre fut si profond et intense, qu’aujourd’hui encore je me demande avec étonnement ce qu’auraient pu être nos vies si nous ne nous étions pas connu par l’intermédiaire de Wioming.
Une nuit_ nous nous trouvions à New-York_ j’appris que l’on projetait enfin El páramo, un des deux films dont j’ai parlé, et dont on attendait la sortie avec anxiété. Moi aussi, j’avais très envie de le voir, et je le proposai à Enid.
Pourquoi pas ?
Nous nous regardâmes un long moment ; une éternité de silence pendant lequel, le souvenir se replongea entre les chutes de neige et les visages d’agonisants.

***

Maïté nous propose sa traduction :

Le spectre 7
Au bout des trois jours de la scène que je viens de relater, nous retournons à Hollywood. Et, un mois plus tard, la même situation se répétait exactement: moi, de nouveau, aux pieds d'Enid avec la tête sur ses genoux et elle, voulant l'éviter.
- Je t'aime plus de jours en jours, Enid ...
- Guillermo!
- Dis-moi qu'un jour tu m'aimeras.
- Non!
- Dis-moi juste que tu sais à quel point je t'aime.
- Non!
- Dis-le moi.
- Laisse moi! Ne vois-tu pas, que tu es en train de me faire souffrir de façon horrible?
Et, en me sentant trembler, muet, sur l'autel de ses genoux, elle me saisit brusquement la tête des deux mains:
- Mais, laisse-moi, te dis-je! Laisse-moi! Ne vois tu pas, que moi aussi, je t'aime de toute mon âme et que nous sommes en train de commettre un meurtre?
Quatre mois ensemble, à peine cent vingt jours passés depuis la mort de l'homme qu'elle aima, de l'ami qui m'avait interposé comme un voile protecteur entre sa femme et un nouvel amour...

***

Mélissa nous propose sa traduction :

Le spectre, 7

Trois jours après la scène que je viens de raconter, nous sommes retournés à Hollywood. Et un mois plus tard, la situation se répétait exactement : moi, à nouveau aux pieds d’Enid avec la tête sur ses genoux, et elle, voulant l’éviter.
- Je t’aime chaque jour un peu plus, Enid…
- Guillermo !
- Dis-moi qu’un jour tu m’aimeras.
- Non !
- Dis-moi seulement que tu sais à quel point je t’aime.
- Non !
- Dis-le moi
- Laisse-moi ! Tu ne vois pas que tu me fais souffrir d’une manière horrible ? Et en me sentant trembler, muet, sur l’autel de ses genoux, elle me leva brusquement la tête dans ses mains :
- Mais laisse-moi, je te dis ! Laisse-moi ! Tu ne vois pas que je t’aime aussi de toute mon âme et que nous commettons un crime ?
Quatre mois pile, à peine cent vingt jours écoulés depuis la mort de l’homme qu’elle aima, de l’ami qui m’avait interposé comme un voile protecteur entre sa femme et un nouvel amour…
Bref. Si profond et compatible que fut le nôtre, bien qu’aujourd’hui je me demande étonnamment quelle finalité absurde nos vies auraient pu avoir de ne pas nous avoir rencontré au dessous des bras de Wyoming.
Une nuit, nous étions à New York, j’appris que Le Désert touchait à sa fin, un des films dont j’ai parlé, et dont la première était attendue avec anxiété. Moi aussi j’avais le plus vif intérêt à la voir, et je l’ai proposé à Enid.
Pourquoi pas ?
Nous nous sommes regardés pendant un long moment ; une éternité de silence, pendant lequel le souvenir galopa en arrière entre effondrement de neige et visages agonisants.

***

Perrine nous propose sa traduction :

Le spectre, 7

Trois jours après la scène que je viens de relater, nous retournâmes à Hollywood. Et un mois plus tard, la situation se répétait avec exactitude : moi, de nouveau aux pieds d’Enid, la tête entre les genoux, et elle, souhaitant l’éviter.
Chaque jour, je t’aime un peu plus, Enid…
Guillermo !
Dis-moi qu’un jour tu m’aimeras.
Non !
Dis-moi simplement que tu sais combien je t’aime.
Non !
Dis-le-moi.
Laisse-moi ! Ne vois-tu pas que tu me fais terriblement souffrir ?
Et, me sentant trembler, muet, sur l’autel de ses genoux, elle prit soudain ma tête entre ses mains et la releva :
Mais laisse-moi, je te dis ! Laisse-moi ! Ne vois-tu pas que moi aussi je t’aime de toute mon âme et que nous sommes en train de commettre un crime ?
Tout juste quatre mois, à peine cent vingt jours écoulés depuis la mort de l’homme qu’elle avait aimé, de l’ami qui m’avait interposé, comme un voile protecteur, entre sa femme et un nouvel amour…
J’abrège. Le nôtre fut si profond et si complémentaire qu’aujourd’hui encore je me demande avec étonnement quelle absurde tournure aurait bien pu prendre nos vies si nous ne nous étions pas connus par le biais de Wyoming.
Un soir – nous étions à New-York – j’appris qu’on projetait enfin Le désert, un des deux films auxquels j’ai fait allusion, et dont la première était attendue avec anxiété. Moi aussi, j’éprouvais un vif intérêt à la voir ; je le proposai ainsi à Enid.
Pourquoi pas ?
Nous nous observâmes un long moment ; une éternité de silence, durant lequel le souvenir fuit en arrière, entre chute de neige et visages agonisants.

***

Vanessa nous propose sa traduction :

Trois jours après la scène que je viens de raconter, nous retournâmes à Hollywood. Et un mois plus tard, la situation se répétait exactement : moi de nouveau aux pieds d’Enid, la tête sur ses genoux, et elle, cherchant à l’éviter.
— Je t’aime chaque jour un peu plus, Enid…
— Guillermo !
— Dis-moi qu’un jour tu m’aimeras.
— Non !
— Dis-moi au moins que tu es convaincue de combien je t’aime.
— Non !
— Dis-le-moi.
— Laisse-moi ! Tu ne vois pas que tu me fais souffrir atrocement ?
Comme elle me sentit trembler, muet devant l’autel de ses genoux, elle releva brusquement ma tête avec ses mains :
— Mais laisse-moi, je te dis ! Laisse-moi ! Tu ne comprends pas que je t’aime aussi, de toute mon âme, mais que nous sommes en train de commettre un crime ?
Quatre mois après exactement, seulement cent vingt jours écoulés depuis la mort de l’homme qu’elle avait aimé, de l’ami qui m’avait interposé comme un voile protecteur entre sa femme et un nouvel amour…
J’abrège. Notre amour fut si profond et si complice, qu’aujourd’hui encore je me demande avec stupéfaction quelle finalité absurde auraient pu avoir nos vies, si nous ne nous étions pas rencontrés au travers de Wyoming.
Une nuit où nous étions à New York, j’appris que l’on jouait enfin El páramo, un des deux films que j’ai mentionnés, et dont on attendait anxieusement la présentation. J’avais également la plus grande curiosité de le voir, aussi le proposai-je à Enid.
Pourquoi pas ?
Nous nous observâmes un long instant : une éternité silencieuse, durant laquelle le souvenir galopait vers le passé, entre effondrement de neige et visages agonisants.

***

Auréba nous propose sa traduction :

Le spectre, 7
Trois jours après la scène que je viens de vous raconter, nous sommes rentrés à Hollywood. Et un mois plus tard, la même scène exactement se reproduisait ; moi, de nouveau aux pieds d’Enid, la tête sur ses genoux, et elle, voulant l’éviter.
— Je t’aime de plus en plus chaque jour, Enid…
— Guillermo !
— Dis-moi qu’un jour, tu m’aimeras.
—Non !
— Dis-moi seulement que tu es convaincue de combien je t’aime.
— Non !
— Dis-le-moi.
— Laisse-moi ! Tu ne vois pas que tu es en train de me faire souffrir d’une façon horrible ?
Et en me sentant trembler, muet, sur l’autel de ses genoux, elle releva brusquement mon visage entre ses mains :
— Mais laisse moi, je te dis ! Laisse-moi ! Tu ne vois pas que je t’aime aussi de toute mon âme et que nous sommes en train de commettre un crime ?
Quatre mois tout juste, cent-vingt jours écoulés à peine depuis la mort de l’homme qu’elle avait aimé, de l’ami qui m’avait interposé comme un voile protecteur entre sa femme et un nouvel amour…
J’abrège. Notre amour a été tellement profond et réciproque, que même aujourd’hui, je me demande avec étonnement quelle finalité absurde nos vies auraient pu avoir si nous ne nous étions pas rencontrés par le biais de Wyoming.
Une nuit – nous étions à New-York –, j’ai appris qu’on le passait enfin. El páramo, un des deux films dont j’ai parlé, et dont on attendait la première avec impatience. Moi aussi, je tenais vraiment à le voir, et je l’ai proposé à Enid. Pourquoi pas ?
Nous nous sommes regardés un long moment : une éternité de silence, pendant lequel le souvenir a galopé en arrière entre de l’éboulement de neige et des visages à l’agonie.

***

Stéphanie nous propose sa traduction :

Trois jours après la scène que je viens de relater, nous étions de retour à Hollywood. Et un mois plus tard, la même scène se reproduisait, de point en point : je me trouvais de nouveau aux pieds d'Enid, la tête entre ses genoux, et elle, cherchait à l'éviter.
— Je t'aime un peu plus chaque jour, Enid...
— Guillermo !
— Dis-moi qu'un jour, tu m'aimeras !
— Non !
— Dis-moi seulement que tu es convaincue de combien je t'aime !
— Non !
— Dis-le moi !
— Laisse-moi ! Tu ne vois pas que tu me fais cruellement souffrir ?
Comme elle me sentit trembler, muet, sur l'autel de ses genoux, elle prit soudain ma tête entre ses mains pour la relever :
— Mais laisse-moi, te dis-je ! Laisse-moi ! Tu ne vois pas que je t'aime de tout mon coeur et que nous sommes en train de commettre un crime !
Quatre mois exactement, à peine cent vingt jours écoulés depuis la mort de l'homme qu'elle avait aimé, de l'ami qui m'avait placé comme un voile protecteur entre sa femme et un nouvel amour...
J'abrège. Si profond et si fusionnel fut le nôtre, qu'aujourd'hui encore, je me demande avec étonnement quelle finalité absurde aurait eu nos vies si nous ne nous étions pas rencontrés par l'intermédiaire de Wyoming.
Une nuit ‒ nous étions à New-York ‒ je vis que El páramo était enfin à l'affiche, un des deux films que j'ai mentionnés, dont la sortie était attendue avec impatience. J'éprouvais aussi un vif intérêt à le voir, je proposai donc à Enid d'y aller.
Pourquoi pas ?
Nous nous regardâmes un long moment : une éternité de silence, durant laquelle les souvenirs galopèrent à rebours entre éboulement de neige et visages agonisants.

***

Alexis nous propose sa traduction :

Trois jours après la scène que je viens de raconter, nous rentrâmes à Hollywood. Et un mois plus tard, exactement la même situation se répétait : moi, de nouveau aux pieds d’Enid, la tête sur ses genoux et elle, qui voulait l’éviter.
— Je t’aime plus chaque jour qui passe, Enid…
— Guillermo !
— Dis qu’un jour tu m’aimeras…
— Non !
— Dis-moi seulement que tu es convaincue de combien je t’aime…
— Non !
— Dis-le-moi !
— Laisse-moi ! Ne vois-tu pas que tu me fais souffrir d’une manière horrible ?
Et en me sentant trembler, muet, sur l’autel de ses genoux, brusquement elle me saisit le visage entre ses mains.
— Laisse-moi, je te le demande. Laisse-moi ! Ne vois-tu pas que je t’aime aussi de toute mon âme et que nous sommes en train de commettre un crime ?
Tout juste quatre mois, à peine cent vingt jours étaient passés depuis la mort de l’homme qu’elle avait aimé, de l’ami qui m’avait interposé comme un voile protecteur entre sa femme et un nouvel amour. Bref. Si profond et complet était le nôtre que même aujourd’hui je me demande avec étonnement quelle issue absurde auraient pu avoir nos vies si on ne s’était pas rencontrés sous les bras de Wyoming.
Une nuit – nous étions à New York – j’appris que l’on passait enfin El Páramo, un des deux films dont j’ai parlé et dont l’avant-première s’attendait avec impatience. J’avais également un intérêt des plus vifs pour le voir, et je le proposai à Enid. Pourquoi pas ?
Nous nous regardâmes un long moment, une éternité de silence durant lequel le souvenir galopa vers le passé, entre chute de neige et visages agonisants.

***

Olivier nous propose sa traduction :

Trois jours après la scène que je viens de raconter, nous retournâmes à Hollywood. Et un mois plus tard, la même situation se répétait : moi, de nouveau aux pieds d'Enid, la tête entre ses genoux et elle, voulant l'éviter.
—Je t'aime plus chaque jour, Enid …
—Guillermo !
—Dis-moi qu'un jour tu m'aimeras.
—Non !
—Dis-moi seulement que tu sais à quel point je t'aime.
—Non !
—Dis le moi
—Laisse moi ! Tu ne vois pas que tu me fais souffrir de façon horrible ?
Et, à me sentir trembler, muet, sur l'autel de ses genoux, je me levai brusquement, le visage couvert de mes mains :
—Mais laisse-moi, je te dis ! Laisse-moi ! Tu ne vois pas que moi aussi je t'aime de tout mon être, mais que nous sommes en train de commettre un crime ?
Quatre mois exactement, cent vingt jours écoulés à peine depuis la mort de l'homme qu'elle avait aimé, de l'ami qui m'avait placé comme un voile protecteur entre sa femme et un nouvel amour … Envolé. Notre histoire fut si profonde et interpénétrée, que même aujourd'hui je me demande avec stupéfaction quelle finalité absurde auraient pu connaître nos vies si l'on ne s'étaient pas rencontrés sous les bras de Wyoming.
Une nuit, – nous étions à New-York – j'ai appris que l'on projetait enfin « Le Désert », un des deux films que j'ai évoqués et dont j'attendais la sortie avec anxiété. Moi aussi, j'avais le plus vif intérêt à le voir, et je le proposai à Enid.
—Pourquoi pas ?
Nous nous observâmes un bon moment. Une éternité de silence durant laquelle le souvenir galopa en arrière entre avalanche de neige et visages agonisants.

***

Aurélie nous propose sa traduction :

Trois jours après la scène que je viens de raconter, nous retournâmes à Hollywood. Et un mois plus tard la situation se répétait avec exactitude : moi de nouveau aux pieds d’Enid, la tête sur ses genoux, et elle voulant l’éviter.
-Je t’aime un peu plus chaque jour, Enid…
- Guillermo !
-Dis-moi qu’un jour tu m’aimeras !
-Non !
-Dis-le-moi…
-Laisse-moi ! Ne vois-tu pas que tu me fais horriblement souffrir ?
Et, en me sentant trembler, muet, sur l’autel de ses genoux, elle releva soudainement ma tête entre ses mains.
-Mais laisse-moi, te dis-je ! Laisse-moi ! Ne comprends-tu pas que je t’aime de tout mon âme mais que nous sommes en train de commettre un crime ?
Quatre mois exactement, à peine cent vingt jours passés depuis la mort de l’homme qu’elle aima, de l’ami qui m’avait interposé comme un voile protecteur entre sa femme et un amour naissant…
J’abrège. Le nôtre fut si profond et pénétrant qu’aujourd’hui encore je me demandai avec étonnement quelle finalité absurde auraient pu avoir nos vies si nous nous étions pas rencontrés grâce à Wyoming.
Une nuit-nous étions à New York- j’appris que l’on projetait enfin El Páramo, un des deux films dont j’ai parlé et dont l’avant-première était attendue avec anxiété. J’avais également très envie de le voir et je le proposai à Enid. Pourquoi pas ? Nous nous regardâmes un long moment, une éternité de silence, pendant lequel, le souvenir nous replongea entre les chutes de neige et les visages agonisants.

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