mardi 9 novembre 2010

Version de CAPES, 48

El espectro, 9

A la noche siguiente volvimos. ¿Qué debíamos olvidar? La presencia del otro, vibrante en el haz de luz que lo transportaba a la pantalla palpitante de la vida; su inconsciencia de la situación; su confianza en la mujer y el amigo; esto era precisamente a lo que debíamos acostumbrarnos.
Una y otra noche, siempre atentos a los personajes, asistimos al éxito creciente de
El páramo.
La actuación de Wyoming era sobresaliente y se desarrollaba en un drama de brutal energía: una pequeña parte de los bosques del Canadá y el resto en la misma Nueva York. La situación central constituíala una escena en que Wyoming, herido en la lucha con un hombre, tiene bruscamente la revelación del amor de su mujer por ese hombre, a quien él acaba de matar por motivos aparte de este amor.
Wyoming acababa de atarse un pañuelo a la frente. Y tendido en el diván, jadeando aún de fatiga, asistía a la desesperación de su mujer sobre el cadáver del amante.
Pocas veces la revelación del derrumbe, la desolación y el odio han subido al rostro humano con más violenta claridad que en esa circunstancia a los ojos de Wyoming.
La dirección del film había exprimido hasta la tortura aquel prodigio de expresión, y la escena se sostenía un infinito número de segundos, cuando uno solo bastaba para mostrar al rojo blanco la crisis de un corazón en aquel estado.
Enid y yo, juntos e inmóviles en la obscuridad, admirábamos como nadie al muerto amigo, cuyas pestañas nos tocaban casi cuando Wyoming venía desde el fondo a llenar él solo la pantalla. Y al alejarse de nuevo a la escena del conjunto, la sala entera parecía estirarse en perspectiva. Y Enid y yo, con un ligero vértigo por este juego, sentíamos aún el roce de los cabellos de Duncan que habían llegado a rozarnos.

Horacio Quiroga

***

Virginie nous propose sa traduction :

Le spectre, 9

La nuit suivante nous sommes revenus. Que devions-nous oublier ? La présence de l’autre, vibrante dans le faisceau de lumière qui le transportait à l’écran palpitant de la vie ; son inconscience de la situation ; sa confiance dans la femme et l’ami ; c’était précisément ce à quoi nous devions nous habituer.
Nuit après nuit, toujours attentifs aux personnages, nous assistâmes au succès grandissant de El Páramo.
L’interprétation de Wyoming était excellente et avait lieu dans un drame à l’énergie brutale : une petite partie des forêts du Canada et le reste dans le même New York. Le nœud de l’histoire consistait en une scène durant laquelle Wyoming, blessé dans un duel avec un homme, a brusquement la révélation de l’amour de sa femme pour celui-là, homme qu’il vient de tuer pour d’autres raisons que cet amour.
Wyoming venait de se nouer un mouchoir autour du front. Et, étendu sur le canapé, encore haletant de fatigue, il assistait au désespoir de sa femme sur le cadavre de son amant.
Peu de fois la révélation de l’effondrement, la désolation et la haine sont apparus sur le visage humain avec une limpidité plus violente que dans cette circonstance dans les yeux de Wyoming.
La direction du film avait exploité jusqu’à la torture cette merveille d’expression, et la scène durait un numéro infini de secondes, quand une seule suffisait pour montrer l'ardeur du désarroi d’un cœur dans cet état.
Enid et moi, ensembles et immobiles dans l’obscurité, admirions comme personne l’ami mort, dont les cils nous touchaient presque quand Wyoming venait depuis le fond remplir à lui seul l’écran. Et s’éloignant à nouveau de la scène de l’ensemble, la salle entière semblait s’étirer en perspective. Et Enid et moi, avec un léger vertige à cause de ce jeu, sentions encore le frôlement des cheveux de Duncan qui étaient parvenus à nous effleurer.

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Laurie nous propose sa traduction :

Le spectre 9,
La nuit suivante nous revînmes. Que devions-nous oublier ? La présence de l’autre, vibrante dans le halo de lumière qui le transportait à l’écran palpitant de la vie ; son inconscience de la situation ; sa confiance en sa femme et son ami ; c’était précisément ce à quoi nous devions nous habituer. Soir après soir, toujours attentifs aux personnages, nous assistâmes au succès grandissant de El páramo.
L’interprétation de Wioming était remarquable et prenait vie dans un drame à l’énergie brutale : une petite partie dans les bois du Canada et le reste dans la ville même de New-York. La situation centrale était constituée d’une scène dans laquelle Wioming, blessé dans un combat contre un homme, comprend brusquement l’amour de sa femme pour cet homme, qu’il venait de tuer pour des motifs autres que cet amour-là.
Wioming venait de s’attacher un foulard sur le front. Etendu sur le divan, haletant encore de fatigue, il assistait au désespoir de sa femme sur le cadavre de son amant.
Rarement, la révélation de l’effondrement, de la désolation et de la haine, sont montés au visage d’un homme avec une si violente clarté que, cette fois-ci, aux yeux de Wioming.
La direction du film avait usé jusqu’à la corde cette expressivité prodigieuse, car la scène durait un nombre infini de secondes, quand une seule aurait suffit pour montrer, dans toute sa puissance, la crise d’un cœur dans un moment pareil.
Enid et moi, côte à côte et immobiles dans l’obscurité, admirions comme personne notre ami mort dont les cils nous touchaient presque quand Wioming avançait du fond à occuper l’écran seul à lui seul. Et en s’éloignant à nouveau vers le plan d’ensemble, la salle entière semblait s’étirer en perspective. Et Enid et moi, étourdis par cet effet, sentions encore le frôlement des cheveux de Duncan qui étaient venus nous frôler.

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Mélissa nous propose sa traduction :

Le spectre, 9

Nous y sommes retournés la nuit suivante. Que devions-nous oublier ? La présence de l’autre, vibrant dans le halo de lumière qui le transportait à l’écran palpitant de la vie ; son inconscience de la situation ; la confiance en sa femme et en son ami ; cela était précisément ce à quoi nous devions nous habituer.
Les nuits se succédant, toujours attentifs aux personnages, nous assistions au succès croissant de Le Désert.
Le jeu d’acteur de Wyoming était remarquable et se déroulait dans un drame d’énergie brutale : une petite partie des forêts du Canada et le reste à New York même. Le cœur de l’histoire résidait en une scène où Wyoming, blessé lors d’un combat avec un homme, a brusquement la révélation de l’amour de sa femme pour ledit homme, qu’il venait de tuer pour des motifs autres que celui de cet amour.
Wyoming venait de s’attacher un mouchoir sur le front. Et, étendu sur le divan, encore haletant de fatigue, il assistait à la détresse de sa femme sur le cadavre de son amant.
A peu d’occasions, la révélation de l’effondrement, la désolation et la haine ne sont apparus au visage humain avec une clarté plus violente que dans cette circonstance aux yeux de Wyoming.
La mise en scène du film avait exploité jusqu’à la torture ce prodige d’expression, et la scène durait un nombre infini de secondes, quand une seule suffisait pour montrer la crise d’un cœur chauffé à blanc dans cet état.
Enid et moi, ensemble et immobiles dans l’obscurité, admirions comme personne l’ami mort, dont les cils nous touchaient presque quand Wyoming venait depuis le fond à combler à lui seul l’écran. Et en s’éloignant à nouveau de la scène de l’ensemble, la salle entière semblait s’étendre en perspective. Et Enid et moi, avec un léger vertige envers ce jeu, nous sentions encore le frottement des cheveux de Duncan qui en était arrivé à nous toucher.

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Aurélie nous propose sa traduction :

Nous revînmes le soir suivant. Que devions-nous oublier ? La présence de l’autre, vibrante dans le faisceau de lumière qui le transportait à l’écran palpitant de la vie ; son inconscience de la situation, sa confiance en sa femme et en son ami, c’était précisément à cela que nous devions nous habituer.
Soir après soir, toujours attentifs aux personnages, nous assistions au succès grandissant de El Páramo.
La manière de jouer de Wyoming était remarquable et se déroulait dans un drame d’une brutale énergie : une petite partie dans les bois du Canada et le reste dans la ville même de New York. La pièce maîtresse constituait une scène où Wyoming, blessé dans la lutte avec un homme, avait soudainement la révélation de l’amour de sa femme pour cet homme, qu’il venait de tuer pour des raisons autres que cet amour.
Wyoming venait d’attacher un foulard à son front. Et allongé sur le divan, haletant encore de fatigue, il assistait au désespoir de sa femme sur le cadavre de son amant. La révélation de l’effondrement, la désolation et la haine ont peu de fois monté au visage d’un homme avec autant de clarté violente qu’à cet occasion dans les yeux de Wyoming.
La production du film avait poussé jusqu’à la torture ce prodige d’expression, et la scène durait un infime nombre de secondes, quand une seule suffisait à montrer, chauffée à blanc, la crise d’un cœur dans cet état. Enid et moi, ensemble et immobiles dans l’obscurité, admirions comme personne l’ami mort, dont les cils nous touchaient presque lorsque Wyoming arrivait depuis le fond pour remplir à lui seul l’écran. Et en s’éloignant de nouveau de la vue d’ensemble, la salle entière semblait s’étirer en perspective. Et Enid et moi, pris d’un léger vertige par ce jeu, nous sentions encore le frôlement des cheveux de Duncan qui étaient venus nous toucher.

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