Jacqueline et Aurélie ont toutes les deux fait la version qui est tombée la semaine dernière au CAPES interne et elles ont entamé une discussion via les commentaires. La réponse de Jacqueline aux observations d'Aurélie étant développée – merci à elle d'avoir pris le temps ! – et particulièrement intéressante, j'en fais l'objet d'un post.
Bonjour, Aurélie.
Merci pour tes remarques ; tout d’abord, contrairement à ce que tu crois, ma version n’a pas été « très travaillée » : Violeta m’a apporté son travail pour que j’y jette un coup d’œil, ce texte m’a plu et je l’ai traduit assez rapidement . Comme il s’agit d’un ressenti plus que d’une lente élaboration, je vais pouvoir assez facilement t’expliquer ce qui m’a poussé à ces choix.
Merci pour tes remarques ; tout d’abord, contrairement à ce que tu crois, ma version n’a pas été « très travaillée » : Violeta m’a apporté son travail pour que j’y jette un coup d’œil, ce texte m’a plu et je l’ai traduit assez rapidement . Comme il s’agit d’un ressenti plus que d’une lente élaboration, je vais pouvoir assez facilement t’expliquer ce qui m’a poussé à ces choix.
Cette scène, au demeurant assez banale – nous avons toutes à un moment ou à un autre assisté à ce genre d’altercation –,je l’ai donc visualisée. Si on se met en situation, dès la 1ère lecture, on a une sorte de ballet, les uns en avant, les autres en retrait, on risque un pas, on s’avance menaçants, on s’arrête net, tout cela est très spectaculaire. Et nous avons don Julio qui ouvre ses bras d’un geste très théâtral, référence christique : il étend la main comme pour guérir les malades, référence à Moïse qui va partager les eaux et du reste cela se termine par un miracle. Nous sommes donc au théâtre ou à l’opéra : tu entends ces voix -pas toujours harmonieuses-, celle « aflautada » une voix de haute-contre, les filles que « se increpaban » et tu vois le chœur qui s’avance, nous sommes en public ; là, ça me dit quelque chose : pour moi, le mot qui m’accroche, c’est « taurino » d’autant qu’il est suivi de « culminada la faena » , oui, il n’y a pas de doute, nous sommes dans l’arène.
Il se trouve que je m’intéresse à la corrida , je sais qu’un desplante », c’est une passe de muleta, quand le torero veut attirer l’attention du public au mépris du danger ; je vois donc très bien l’autre se retourner, fier de lui après avoir planté la banderille de sa diatribe, olé !, d’où le fait qu’il ramasse sa cape pour reprendre ensuite le combat. Il me semble que « donner un coup final très taurin » ne parle pas trop aux lecteurs que nous sommes.
« rostros muy juntos », elles ne s’apostrophent pas de profil ! « nez à nez » est venu tout naturellement
« Aliento » veut dire souffle, mais aussi courage ; c’est un choix.
« avance » traduit par argument ne me paraît pas rendre la rapidité de la scène : il ne s’agit pas d’un exercice de rhétorique, tout va très vite et se précipite…
« dilatada inanidad » j’ai préféré traduire cela par « vacuité béante » plutôt « qu’inconscience dilatée » : en fait, qu’avons-nous ? un type paralysé par la situation, « fascinado » comme hypnotisé par un serpent, il ne peut plus réfléchir et soudain , la « brise »…
« escorzo » signifie je crois raccourci et je vois bien le chœur qui se fige dans son geste.
Pour le reste, ma traduction est au demeurant assez banale ou classique, comme tu voudras.
Au-delà de cette traduction, tu poses, Aurélie, beaucoup de questions très pertinentes : je te conseillerai deux choses : 1) tu n’as qu’à t’en remettre à ce que te dit Caroline, tu t’en porteras bien ; 2) à temps perdu, revois le blog, c’est une mine de réflexion sur ce qu’est la traduction, les problèmes qu’elle pose etc… Il est clair qu’en traduisant ce texte, je n’étais pas dans une démarche « concours ». Mais si je me souviens bien de ce que j’ai fait quand j’ai passé le capes, la version ne me parlait pas trop, j’ai donc fait tranquillement mon thème, et, calmée, je suis revenue à la version … et cela m’a plutôt bien réussi. Enfin, je suis à ta disposition pour reparler de tout cela quand tu le souhaiteras.
Bonne chance, Jacqueline
Il se trouve que je m’intéresse à la corrida , je sais qu’un desplante », c’est une passe de muleta, quand le torero veut attirer l’attention du public au mépris du danger ; je vois donc très bien l’autre se retourner, fier de lui après avoir planté la banderille de sa diatribe, olé !, d’où le fait qu’il ramasse sa cape pour reprendre ensuite le combat. Il me semble que « donner un coup final très taurin » ne parle pas trop aux lecteurs que nous sommes.
« rostros muy juntos », elles ne s’apostrophent pas de profil ! « nez à nez » est venu tout naturellement
« Aliento » veut dire souffle, mais aussi courage ; c’est un choix.
« avance » traduit par argument ne me paraît pas rendre la rapidité de la scène : il ne s’agit pas d’un exercice de rhétorique, tout va très vite et se précipite…
« dilatada inanidad » j’ai préféré traduire cela par « vacuité béante » plutôt « qu’inconscience dilatée » : en fait, qu’avons-nous ? un type paralysé par la situation, « fascinado » comme hypnotisé par un serpent, il ne peut plus réfléchir et soudain , la « brise »…
« escorzo » signifie je crois raccourci et je vois bien le chœur qui se fige dans son geste.
Pour le reste, ma traduction est au demeurant assez banale ou classique, comme tu voudras.
Au-delà de cette traduction, tu poses, Aurélie, beaucoup de questions très pertinentes : je te conseillerai deux choses : 1) tu n’as qu’à t’en remettre à ce que te dit Caroline, tu t’en porteras bien ; 2) à temps perdu, revois le blog, c’est une mine de réflexion sur ce qu’est la traduction, les problèmes qu’elle pose etc… Il est clair qu’en traduisant ce texte, je n’étais pas dans une démarche « concours ». Mais si je me souviens bien de ce que j’ai fait quand j’ai passé le capes, la version ne me parlait pas trop, j’ai donc fait tranquillement mon thème, et, calmée, je suis revenue à la version … et cela m’a plutôt bien réussi. Enfin, je suis à ta disposition pour reparler de tout cela quand tu le souhaiteras.
Bonne chance, Jacqueline
2 commentaires:
Waouh! Je suis carrément impressionnée par cette façon avec laquelle tu ressens le texte, tu mets des images sur toutes les phrases, je trouve que tu l'expliques très bien, et le texte en effet prends forme quand tu en parles comme ça!!!
J'avoue que le texte m'a semblé tout de suite très difficile, c'est clair que j'étais un peu effrayée et peut-être même que je manquais d'inspiration à ce moment-là, je ne sais pas... Je me suis sentie bloquée par toutes ces images, je les ai plus ressenties comme une agression que comme un délice de traduction, mais tu as raison de nous rappeler qu'il faut mettre des images sur les mots qu'on traduit! Visiblement, j'ai encore besoin d'entraînement... Car, comme quelqu'un dit souvent, "ya une vie après le concours" mais je préfère ne pas révéler son nom (pas de pub après 20h dans le service public!).
En tous cas, Jacqueline, merci pour ta franchise et tes conseils, à bientôt peut-être sur une autre traduction!
Chère Aurélie, il ne te reste plus qu'à venir faire un petit tour l'année prochaine dans notre M2 pour devenir aussi experte que Jacqueline, une experte parmi les experts. Je fais de la pub ? Bien sûr… Sérieusement, je crois que tu trouverais bien ta place parmi nous. D'ailleurs, tu l'as déjà… puisque, comme je l'ai rappelé, tu étais une tradabordienne de la première heure.
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