mardi 24 février 2009

Les ateliers des apprentis avec les futurs apprentis

En photo : ALAN MILLS (Guatemala, 1979) par pablo gallo

Un billet de Laure :

Si vous avez manqué l’épisode précédent… Caroline nous avait chargées de prendre sous nos capes de Wonderwoman les étudiantes de M1 « aspirantes super héroïnes »… enfin « aspirantes apprenties traductrices ». Retour sur la mission Alan Mills…
[Caroline ouvre une parenthèse pour faire un petit rappel dans le rappel : le poète Alan Mills faisait partie des quelques auteurs présents lors des rencontres d'Arles… et en l'occurrence l'un des deux ayant participé à l'atelier pratique de traduction – parcours espagnol. Or son texte nous avait tous beaucoup intéressés… pour son contenu "transgressif" certes, mais aussi et surtout, pour la façon dont il avait été rendu par son traducteur, également présent, à ses côtés – il faudrait d'ailleurs dresser une géographie de l'occupation de l'espace du binôme auteur / traducteur. De nombreux points avaient effectivement été soulevés, des interrogations avaient fusé, nombreuses, des doutes, voire de très sévères critiques. Pour synthétiser : le traducteur n'avait pas remporté l'adhésion, loin de là. Gardons-nous de le juger… sous peine de subir un jour le même sort. Nous ne connaissons ni les conditions dans lesquelles il a travaillé, ni les consignes qu'il a pu recevoir de l'éditeur, etc. Laissons, par conséquent, la scène du tribunal des jugements à d'autres. Toujours est-il que nous en avions déduit, avec Jacqueline et Laure, qu'il serait bon de jeter un œil de très près à tout cela… pour voir ce que nous, nous serions capables d'en faire. Et puis, avec tous nos projets sur le feu… c'est un peu tombé aux oubliettes. Je suis donc contente que Laure ait choisi de le travailler avec ses apprentis. Il y a de la matière en soi… et quoi de mieux pour leur faire comprendre que oui, on peut tout traduire, ou presque… que ce qui compte, c'est avant tout le texte ? Elles nous présentent ici leur travail.]
Quelques problèmes de registres de langues ont été rencontrés, le rythme de la phrase a été largement évoqué et l’importance des références culturelles à été souligné !
Voici l’original et sa traduction par Batman et Robin, alias Laure et Chloé.

Polvo eterno

Noches enteras éramos hablar y hablar
más una que otra risa,
cuando de repente yo te decía
“cruza la frontera, llévame a otro sitio,
hazme una estampida de armonía
allá abajo, cruza mi río Grande con firmeza”,
te decía y poníamos la mejor pornografía sueca,
sumándole cosas raras que te enviaba
un conocido, películas con actores
senegaleses brillando, contra rubias gigantes
y hermosas, era como el fragor de algo diluyéndose en el aire, pero nos divertíamos
durante la pérdida, nos desbordábamos,
condones tipo “Fiesta” para no usar
y que sólo acicalaban el ambiente,
vino, quesos, o cerveza en los malos días,
por la calle podían oírse mis gritos,
cuánta excitación, mientras palmeabas mis nalgas,
lo mejor era decirte “papi, dame duro, duro”,
en ese momento te veía brillar
como un cometa ebrio, toda la música
del mundo brotaría de tus fuentes,
casi un Ron Jeremy de oro sagrado, te pensabas
y al verte entrecerrar los ojos,
era igual que el primer encuentro,
una y otra vez me desfloraste,
cual una ingenua que se va volviendo puta,
durante el primer polvo.

***

La traduction « officielle », réalisée par François-Michel Durazzo pour les Assises de la Traduction en Arles, 2008 :

Des nuits entières à parler et parler
à rire, à rire encore,
et soudainement je te disais
"Passe la frontière, emmène-moi ailleurs,
Donne-moi une échappée d'harmonie
là en bas, traverse mon Río Grande avec fermeté"
je te disais,
et nous passions la meilleure pornographie suédoise,
avec des choses bizarres
que t'envoyait une connaissance,
des films avec des acteurs sénégalais
luisants, contre de belles géantes blondes,
c'était comme le fracas de quelques chose
qui se diluait dans l'air,
mais on s'amusait durant la perte,
nous débordions,
ces capotes du genre Fiesta ne servaient à rien
et ne frottaient que l'atmosphère: du vin, des
fromages, ou bien une bière
les mauvais jours,
dans la rue on pouvait entendre mes cris,
combien d'excitation quand tu claquais mes
fesses,
j'adorais te dire "papa, frappe-moi fort, fort",
alors, je te voyais briller comme une comète ivre, toute la musique du monde
jaillirait de tes sources, tu te prenais
presque pour un Ron Jeremy d'or sacré,
et à te voir les yeux mi-clos,
c'était comme au premier rendez-vous,
une fois, encore une fois...
tu m'as dépucelée comme une ingénue,
qui devient une putain
pendant le premier coup.

***

La traduction proposée par Laure et ses troupes :

Baise éternelle
Des nuits entières, on parlait encore et encore,

« Traverse ma frontière, emmène-moi ailleurs,
Créer une explosion d’harmonie
Là en bas,
Traverse mon Rio Grande avec fermeté »
Je te le disais,
Et on mettait la meilleure pornographie suédoise,
En y ajoutant les choses bizarres que t’envoyait
Une connaissance, des films avec des acteurs sénégalais
Brillant
Contre de belles géantes blondes,
C’était comme le grondement de quelque chose en train de se diluer dans l’air, mais on s’amusait
Dans la perte, on débordait,
Les capotes genre « fiesta » ne servaient à rien
Et étaient là juste pour la déco,
Du vin, des fromages, ou de la bière les mauvais jours ;
Dans la rue on pouvait entendre mes cris,
Quelle excitation
Quand tu claquais ma croupe
Le meilleur c’était te dire
« Vas-y bébé, vas-y plus fort! »
À ce moment là je te voyais irradier comme une comète
Ivre, toute la musique du monde jaillirait de ta
Source, tu te prenais presque pour un monstre sacré
A la Ron Jeremy
Et en te voyant, les yeux mi-clos,
C’était comme au premier rencard,
Encore et encore
Tu m’as déflorée comme une ingénue
Qui devient
Une pute à la première baise.

1 commentaire:

Tradabordo a dit…

Après un tel programme, qu'avez-vous prévu de travailler ? Pour le coup – si je puis me permettre un conseil – il faudrait quelque chose qui tranche radicalement… Pourquoi pas un fragment de roman sentimental. Tiens, ça me donne des idées…