lundi 2 février 2009

Version d'entraînement, 7 (carlos Fuentes), 3

El Chac mool, 3

“Pepe, aparte de su pasión por el derecho mercantil, gusta de teorizar. Me vio salir de Catedral, y juntos nos encaminamos a Palacio. Él es descreído, pero no les basta: en media cuadra tuvo que fabricar una teoría. Que si no fuera mexicano, no adoraría a Cristo, y -No, mira, pa-rece evidente. Llegan los españoles y te proponen adores a un Dios, muerto hecho un coágulo, con el costado herido, clavado en una cruz. Sacrificado. Ofrendado. ¿Qué cosa más natural que aceptar un senti-miento tan cercano a todo tu ceremonial, a toda tu vida?… Figúrate, en cambio, que México hubiera sido conquistado por budistas o mahometanos. No es concebible por nuestros indios veneraran a un individuo que murió de indigestión. Pero un Dios al que no le basta que se sacri-fiquen por él, sino que incluso va a que le arranquen el corazón, ¡ca-ramba, jaque mate a Huizilopochtli! El cristianismo, en su sentido cáli-do, sangriento, de sacrificio y liturgia, se vuelve una prolongación natu-ral y novedosa de la religión indígena. Los aspectos de caridad, amor y la otra mejilla, en cambio, son rechazados. Y todo en México es eso: hay que matar a los hombres para poder creer en ellos.
”Pepe sabía mi afición, desde joven, por ciertas formas del arte indíge-na mexicano. Yo colecciono estatuillas, ídolos, cacharros. Mis fines de semana los paso en Tlaxcala, o en Teotihuacán. Acaso por esto le guste relacionar todas las teorías que elabora para mi consumo con estos te-mas. Por cierto que busco una réplica razonable del Chac Mool desde hace tiempo, y hoy Pepe me informa de un lugar en la Lagunilla donde venden uno de piedra y parece que barato. Voy a ir el domingo.
”Un guasón pintó de rojo el agua del garrafón en la oficina, con la con-siguiente perturbación de las labores. He debido consignarlo al Director, a quien sólo le dio mucha risa. El culpable se ha valido de esta circunstancia para hacer sarcasmos a mis costillas el día entero, todos en torno al agua. Ch…!”
“Hoy, domingo, aproveché para ir a la Lagunilla. Encontré el Chac Mool en la tienducha que me señaló Pepe. Es una pieza preciosa, de tamaño natural, y aunque el marchante asegura su originalidad, lo dudo. La piedra es corriente, pero ello no aminora la elegancia de la postura o lo macizo del bloque. El desleal vendedor le ha embarrado salsa de toma-te en la barriga para convencer a los turistas de la autenticidad sangrienta de la escultura.

***

Brigitte nous propose sa traduction :

En dehors de sa passion pour le droit commercial, Pepe aime théoriser. Il m’a vu sortir de la rue Catedral, et ensemble nous avons pris le chemin de la rue Palacio. Il n’est pas croyant mais qu’importe : au beau milieu du pâté de maisons il n’a pu s’empêcher d’échafauder une théorie selon laquelle, s’il n’était pas Mexicain, il n’adorerait pas le Christ, et – Non, tu vois, ça me semble évident. Les Espagnols arrivent et ils te proposent d’adorer un Dieu, mort devenu sang séché, le flanc meurtri, cloué sur une croix. Sacrifié. Donné en offrande. Quoi de plus naturel que d’accepter une douleur qui s’apparente de façon si proche à ton culte, à ta vie entière ?...Imagine, au contraire, que le Mexique ait été conquis par des bouddhistes ou des mahométans. Il est inconcevable pour nos indiens de vénérer un individu mort d’une indigestion. Mais, par contre, un Dieu auquel il ne suffit pas qu’on se sacrifie pour lui mais qui, en plus, fait en sorte qu’on t’arrache le cœur, alors là oui, échec et mate à Huizilopochtli ! Le christianisme, avec son côté chaleureux, sanglant, de sacrifice et de liturgie, devient alors un prolongement naturel et novateur de la religion indigène. Les notions de charité, d’amour et de tendre l’autre joue à son prochain, en revanche, sont rejetés. Et tout est comme ça au Mexique : il faut qu’on tue les hommes pour pouvoir croire en eux.
Pepe connaissait ma passion, depuis tout jeune, pour certaines formes de l’art indigène mexicain. Je collectionne les statuettes, les idoles, les poteries. Mes weekends, je les passe à Tlaxcala ou à Teotihuacan. C’est peut-être pour cela qu’il aime mettre ces thèmes-là en relation avec toutes les théories qu’il élabore à mon intention. Il est vrai que je suis à la recherche d’une réplique abordable du Chac Mool depuis pas mal de temps et aujourd’hui, Pepe m’informe d’un endroit à la Lagunilla où ils en vendent un en pierre et qui n’a pas l’air cher. Je vais y aller dimanche.
Au bureau, un plaisantin a coloré en rouge l’eau du distributeur d’eau, avec les perturbations dans le travail qui s’en sont suivi. J’ai du faire un rapport au Directeur, qui n’a fait qu’en rire. Le coupable a profité de la circonstance pour faire des blagues à mes dépends pendant toute la journée, et toujours à propos de l’eau. PFFF… !
Aujourd’hui, dimanche, j’en ai profité pour me rendre à la Lagunilla. J’ai trouvé le Chac Mool dans la petite boutique que m’a signalée Pepe. C’est une pièce de toute beauté, grandeur nature, et bien que le marchand assure que c’est un original, j’en doute. La pierre est courante, mais cela n’enlève rien à l’élégance de la posture ou à l’aspect massif du bloc. Le vendeur déloyal lui a badigeonné le ventre de sauce tomate pour convaincre les touristes de la sanglante authenticité de la scuplture.

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Odile nous propose sa traduction :

Pepe, en dehors de sa passion pour le droit des affaires, aime théoriser. Il m'avait vu sortir de Catedral et, ensemble nous nous sommes dirigés vers Palacio. Lui, il est athée, mais cela ne lui suffit pas: à mi-chemin, il n'a pu s'empecher d'échafauder une théorie: si je n'étais pas Mexicain, je ne vénérerais pas le Christ, -Non, écoute, c'est évident. Les espagnols arrivent et te proposent d'adorer un Dieu qui n'est que plaies, au flanc blessé, et cloué sur une croix. Sacrifié. Donné en offrande. Quoi de plus naturel que d'accepter un concept si proche de ton culte, de ce qui est toute ta vie?... Imagine, à l'inverse, que le Mexique ait été conquis par des bouddhistes ou des musulmans. Il n'est pas concevable pour nos Indiens de vénérer un individu mort d'indigestion. Mais un Dieu à qui le sacrifice d'autrui ne suffit pas puisqu'il se sacrifie lui-même, bon sang! là, échec et mat à Huizilopochti! Le christianisme, par son côté chaleureux, sanglant, de sacrifice et de liturgie, est un prolongement naturel et innovant de la religion indigène. Par contre, tout ce qui est charité, amour, et l'histoire de tendre l'autre joue, tout ça est rejeté. Et tout au Mexique n'est que ça: il faut tuer les hommes pour pouvoir croire en eux.
Pepe, connaissait ma passion, depuis tout jeune, pour certaines formes de l'art indigène mexicain. Je collectionne des statuettes, des idoles, des objets. Je passe mes week-ends à Tlaxaca ou Teotihuacan. Peut-être est-ce pour cela qu'il aime relationner toutes les théories qu'il élabore pour moi avec ces thèmes. C'est vrai que je cherche depuis longtemps une réplique, à un prix abordable, du Chac Mool et aujourd'hui Pepe m'apprend qu' à la Lagunilla il s'en vend une de pierre et qu'elle paraît bon marché. Je vais y aller dimanche. Un facétieux a coloré en rouge l'eau du distributeur d'eau et il s'en est suivi des perturbations dans le travail. J'ai dû le signaler au directeur qui n'a fait qu'en rire beaucoup. Le coupable en a profité pour faire des plaisanteries sur mon dos toute la journée, toutes, bien sûr, au sujet de l'eau.
Aujourd'hui dimanche, j'en ai profité pour me rendre à la Lagunilla. J'ai trouvé le Chac Mool dans le petit magasin que Pepe m'avait indiqué. C'est une pièce superbe, grandeur nature et bien que le marchand en garantisse son authenticité, j'en doute. La pierre est banale mais cela n'enlève rien à l'élégance de la posture ou à l'aspect massif du bloc. Le malhonnête vendeur lui a barbouillé le ventre de sauce tomate pour persuader les touristes de l'authenticité sanglante de la sculpture. »

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