mercredi 3 novembre 2010

Version de CAPES, 43

El espectro, 4

Duncan no lo veía. ¿Cómo podía verlo?
A la entrada del invierno regresamos a Hollywood, y Wyoming cayó entonces con el ataque de gripe que debía costarle la vida. Dejaba a su viuda con fortuna y sin hijos. Pero no estaba tranquilo, por la soledad en que quedaba su mujer.
—No es la situación económica—me decía—, sino el desamparo moral. Y en este infierno del cine...
En el momento de morir, bajándonos a su mujer y a mí hasta la almohada, y con voz ya difícil:
—Confíate a Grant, Enid... Mientras lo tengas a él, no temas nada. Y tú, viejo amigo, vela por ella. Sé su hermano...No, no prometas. Ahora puedo ya pasar al otro lado...
Nada de nuevo en el dolor de Enid y el mío. A los siete días regresábamos al Canadá, a la misma choza estival que un mes antes nos había visto a los tres cenar ante la carpa. Como entonces, Enid miraba ahora el fuego, achuchada por el sereno glacial, mientras yo, de pie, la contemplaba. Y Duncan no estaba más.
Debo decirlo: en la muerte de Wyoming yo no vi sino la liberación de la terrible águila enjaulada en nuestro corazón, que es el deseo de una mujer a nuestro lado que no se puede tocar. Yo había sido el mejor amigo de Wyoming, y mientras él vivió, el águila no deseó su sangre; se alimentó—la alimenté— con la mía propia.

Horacio Quiroga

***

Julie nous propose sa traduction :

Le spectre, 4

Duncan ne le voyait pas. Comment pouvait-il le voir ?
Au début de l’hiver, nous sommes rentrés à Hollywood et à ce moment là, Wyoming fut pris d’un accès de grippe qui devait lui coûter la vie. Il laissait sa veuve avec de l’argent et sans enfants. Mais il n’était pas serein, à cause de la solitude dans laquelle se retrouvait sa femme.
—Ce n’est pas pour la situation économique –me disait-il–, mais pour la détresse morale. Et dans cet enfer du cinéma…
Au moment de mourir, en nous tirant sa femme et moi vers son oreiller, et d’une voix déjà affaiblie :
—Confie-toi à Grant, Enid… Tant que tu l’as lui, tu ne crains rien. Et toi, mon vieil ami, veille sur elle. Sois son frère… Non, ne promets rien. Maintenant, je peux partir dans l’autre monde…
Rien de nouveau dans la douleur d’Enid, ni dans la mienne. Sept jours après, nous retournions au Canada, à la même hutte estivale qui, un mois avant, nous avait vus dîner tous les trois devant la tente. Comme auparavant, Enid regardait maintenant le feu, étreinte par l’humidité glaciale, pendant je la contemplais, debout. Mais Duncan n’était plus.
Je dois l’avouer : à la mort de Wyoming, j’ai seulement perçu la libération de l’aigle terrible emprisonné dans notre cœur : le désir pour une femme qui se trouve à nos côtés et qu’on ne peut pas toucher. J’avais été le meilleur ami de Wyoming, et durant sa vie, l’aigle n’a pas désiré son sang ; il s’est nourri –je l’ai nourri– avec le mien.

***

Olivier nous propose sa traduction :

Duncan ne le voyait pas. Comment pouvait-il le voir ?
À l'arrivée de l'hiver, nous retournâmes à Hollywood, et Duncan contracta alors la grippe qui devait lui coûter la vie. Il laissait une veuve riche, sans enfants, mais il n'était pas serein : la solitude dans laquelle sa femme allait se trouver l'inquiétait.
— Ce n'est pas la situation économique – me confia-t-il – mais la détresse morale. Et dans cet enfer qu'est le cinéma …
À l'heure de mourir, sa femme et moi nous penchant sur l'oreiller, il nous dit d'une voix déjà faible :
— Aies confiance en Grant, Enid … tant que tu l'as lui, ne crains rien. Et toi, mon vieil ami, fais attention à elle. Sois un frère pour elle … Non, ne promets rien. Maintenant, je peux passer de l'autre côté …
Rien de nouveau dans la douleur d'Enid ou dans la mienne. Sept jours après, nous retournions au Canada, dans la même cabane estivale qui, un mois auparavant, nous avait vu tous les trois dîner devant le auvent. Comme à l'époque, Enid contemplait alors le feu, écrasée par la paisibilité glaciale, pendant que, debout, je la contemplais. Et que Duncan n'était plus.
Je dois l'admettre : dans la mort de Duncan, je ne sentis que la libération du terrible aigle emprisonné en notre coeur : le désir d'une femme à nos côtés que l'on ne peut toucher. J'avais été le meilleur ami de Wyoming, et alors qu'il était en vie, l'aigle ne désira pas son sang. Il se nourrit – je le nourris – du mien.

***

Annabelle nous propose sa traduction :

Le spectre, 4

Duncan ne le voyait pas. Comment aurait-il pu le voir?
Au début de l'hiver, nous sommes rentrés à Hollywood et Wyoming subit alors l'accès de grippe qui devait lui coûter la vie. Il laissait sa veuve avec fortune et sans enfants. Mais il n'était pas tranquille, en raison de la solitude dans laquelle sa femme se retrouvait.
– Ce n'est pas la situation économique – me disait-il –, mais la détresse morale. Et dans cet enfer du cinéma...
Au moment de mourir, nous nous sommes penchés, sa femme et moi, jusqu'à l'oreiller, et d'une voix déjà très faible:
– Fais confiance à Grant, Enid... Tant que tu l'as, tu ne crains rien. Et toi, mon vieil ami, veille sur elle. Sois son frère... Non, ne promets pas. Maintenant, je peux passer de l'autre côté...
Rien de neuf dans la douleur d'Enid ni dans la mienne. Au bout de sept jours, nous sommes retournés au Canada, dans la même cabane d'été qui nous avait vus, un mois plus tôt, dîner tous les trois devant la tente. Comme à cette époque, Enid regardait encore le feu, frissonnante à cause de la rosée glaciale, tandis que, debout, je la contemplais. Et Duncan n'était plus là.
Je dois le reconnaître: dans la mort de Wyoming, je n'ai vu que la libération de l'aigle terrible emprisonné dans un cœur, qu'est le désir d'une femme proche qu'on ne peut pas toucher. J'avais été le meilleur ami de Wyoming et, lui vivant, l'aigle n'a pas désiré son sang; il s'est nourri – je l'ai nourri – avec le mien.

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Mélissa nous propose sa traduction :

Le spectre, 4

Duncan ne le voyait. Comment pouvait-il le voir ?
Au début de l’hiver, nous sommes retournés à Hollywood, et Wyoming alors tomba malade à cause de l’épidémie de grippe qui allait lui coûter la vie. Il laissa sa veuve fortunée et sans enfants. Mais il n’était pas tranquille, à cause de la solitude dans laquelle il laissait sa femme.
- Ce n’est pas la situation économique, me disait-il, mais la détresse morale. Et dans cet enfer du cinéma…
Au moment de mourir, nous baissant, sa femme et moi, jusqu’à son oreiller, et avec une petite voix, il dit :
- Confie-toi à Grant, Enid… Tant que tu l’as lui, tu ne crains rien. Et toi, mon vieil ami, veille sur elle. Sois son frère… Non, ne promet rien. Désormais je peux passer de l’autre côté…
Rien de nouveau entre la douleur d’Enid et la mienne. Sept jours plus tard, nous retournions au Canada, à la même hutte estivale où, un mois auparavant, on nous avait vu, nous trois, dîner devant la tente. Comme alors, Enid regardait désormais le feu, saisie par la nuit glaciale, alors que moi, debout, je la contemplais. Et Duncan n’était plus là.
Je dois le dire : à la mort de Wyoming, je n’ai vu que la libération du terrible aigle enfermé dans notre cœur, qui est le désir de voir une femme qu’on ne peut toucher à nos côtés. J’avais été le meilleur ami de Wyoming, et alors qu’il était en vie, l’aigle n’a pas voulu son sang ; il se nourrit, je l’ai nourri, avec le mien.

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Vanessa nous propose sa traduction :

Duncan ne le voyait pas. Comment aurait-il pu le voir ?
Au début de l'hiver nous revînmes à Hollywood, et Wyoming fut alors pris de cette grippe qui allait lui coûter la vie.
Il laissait sa veuve riche et sans enfants. Mais il n'était pas tranquille, préoccupé par la solitude dans laquelle demeurait sa femme.
— Ce n'est pas une question d’argent - me disait-il, mais de détresse morale. Et dans cet enfer qu'est le ciné...
Au moment de mourir, il nous rapprocha sa femme et moi de l'oreiller, et de sa voix déjà faiblarde, il lâcha :
— Fais confiance à Grant, Enid... Tant que tu l'auras, ne crains rien. Et toi, mon vieil ami, veille sur elle, comme un frère... Non, non, ne promets pas. Maintenant je peux enfin passer de l'autre côté...
Rien de nouveau dans la douleur d'Enid et la mienne. Sept jours plus tard nous repartîmes au Canada, dans la même cabane d’été qui nous avait vus un mois auparavant dîner devant la tente. Comme alors, Enid observait le feu, écrasée par le silence glacial, tandis que moi, debout, je la contemplais. Mais Duncan n’était plus là.
Je dois l’avouer : je ne vis dans la mort de Wyoming rien d'autre que la libération de ce terrible aigle, emprisonné dans notre cœur, qu'est le désir d’une femme à nos côtés que l'on ne peut toucher. J'avais été le meilleur ami de Wyoming, et de son vivant, l'aigle ne convoita pas le sang de ladite femme ; il s'alimenta – je l'alimentai – avec mon propre sang.

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Laurie nous propose sa traduction :

Le spectre 4,
Duncan ne le voyait pas. Comment pouvait-il le voir ?
Au début de l’hiver nous revînmes à Hollywood, et c’est alors que Wioming attrapa la grippe qui allait lui couter la vie. Il laissait sa veuve riche et sans enfants. Mais la solitude dans laquelle se trouvait sa femme l’inquiétait.
-Ce n’est pas pour l’argent- me disait-il-, mais plutôt pour la détresse morale. Et dans cet enfer du cinéma…
Au moment de mourir, nous approchant, sa femme et moi, de son oreiller et d’une voix presque éteinte :
-Fais confiance à Grant, Enid… Tant que tu l’auras, tu ne craindras rien. Et toi, mon vieil ami, veille sur elle. Sois un frère pour elle… Non, ne promets rien. Maintenant, je peux passer de l’autre côté…
Rien de nouveau dans la souffrance d’Enid et dans la mienne. Au bout de sept jours nous retournâmes au Canada, à la maison de vacances qui un mois auparavant nous avait vus dîner tous les trois autour d’une carpe. Comme avant, Enid regardait maintenant le feu, saisie par le vent glacial tandis que, étant debout, je la contemplais. Et Duncan n’était plus là.
A vrai dire : je ne vis, dans la mort de Wioming, que la libération de l’ardente flamme enfermée dans mon cœur, du désir pour une femme toute proche que l’on ne peut pas toucher. J’avais été le meilleur ami de Wioming et, temps qu’il vécut, cette flamme ne voulait pas son sang ; elle se nourrit-je la nourris- du mien.

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Pauline nous propose sa traduction :

Le spectre, 4

Duncan ne le voyait pas. Comment pouvait-il le voir ?
Au début de l’hiver, nous retournâmes à Hollywood, et Wyoming succomba alors à l’attaque de la grippe qui devait lui coûter la vie. Il laissait sa veuve avec de l’argent mais sans enfants. Sauf qu' il n’était pas tranquille, à cause de la solitude où restait sa femme.
—Ce n’est pas la situation économique—m'expliquait-il—, mais la détresse morale. Et dans l’enfer du cinéma…
Au moment de mourir, nous faisant nous baisser, sa femme et moi, jusqu’à son oreiller, et d’une voix déjà difficile :
—Confie-toi à Grant, Enid… Tant que tu l’as lui, ne crains rien. Et toi, mon vieil ami, veille sur elle. Sois son frère… Non, ne promets pas. Maintenant, je puis bien passer de l’autre côté…
Rien de nouveau dans la douleur d’Enid et dans la mienne. Au bout de sept jours, nous retournions au Canada, à la même baraque d’été qu’un mois plus tôt, qui nous avait vus tous trois dîner devant la tente. Comme à l’époque, Enid regardait maintenant le feu, frissonnante à cause du calme glacial, pendant que moi, debout, je la contemplais. Et Duncan n’était pas en trop.
Je dois le dire : dans la mort de Wyoming, je ne vis que la libération du terrible aigle emprisonné dans notre cœur, qui est le désir pour une femme à nos côtés qu’on ne peut toucher. J’avais été le meilleur ami de Wyoming, et, tant qu’il vécu, l’aigle ne désira pas son sang ; il s’était nourri—je l’avais nourri—du mien propre.

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Perrine nous propose sa traduction :

Le spectre, 4

Duncan ne le remarquait pas. Comment pouvait-il le remarquer ?
Au début de l’hiver, alors que nous revenions d’Hollywood, Wyoming attrapa la grippe qui allait lui coûter la vie. Il allait laisser sa femme veuve enrichie et sans enfants. Mais il n’était pas serein, car sa femme demeurerait seule.
Ce n’est pas la situation économique – me disait-il –, mais plutôt la détresse morale. En plus dans cet enfer du cinéma…
Juste avant de mourir, nous attirant sa femme et moi jusqu’à son oreiller, et d’une voix déjà presque inintelligible :
Aie confiance en Grant, Enid…Tant qu’il sera auprès de toi, tu ne craindras rien. Et toi, mon vieil ami, veille sur elle. Soit comme son frère…Non, ne promets rien. Je peux désormais passer dans l’autre monde…
Rien ne changea dans la douleur d’Enid et la mienne. Sept jours plus tard, nous retournions au Canada, à la même hutte estivale où, il y a un mois, on nous avait vu dîner tous les trois devant le chapiteau. Comme ce jour-là, Enid observait à présent le feu, oppressée par le calme glacial, pendant que moi, debout, je la contemplais. Et Duncan n’était plus là.
Je dois l’avouer : à travers la mort de Wyoming, moi je ne vis que la libération de l’aigle terrible emprisonné dans notre cœur, qui n’est autre que le désir d’avoir une femme à nos côtés qu’on ne peut pas toucher. J’avais été le meilleur ami de Wyoming, et tandis qu’il était en vie, l’aigle ne convoita pas son sang ; il se nourrit – je le nourris – avec mon propre sang.

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Mélina nous propose sa traduction :

Le spectre, 4

Duncan ne le voyait pas. Comment pouvait-il le voir?
Au début de l'hiver nous revînmes à Hollywood, et Wyoming fut alors terrassé par l'attaque de grippe qui devait lui coûter la vie. Il laissait sa veuve avec une grosse fortune et sans enfants. Mais il n'était pas tranquille, à cause de la solitude dans laquelle sa femme restait.
- Ce n'est pas la situation financière- me disait-il-, mais la détresse morale. Et dans cet enfer qu'est le cinéma...
Au moment de mourir, nous faisant à sa femme et à moi nous approcher du coussin, et dans un filet de voix:
- Confie-toi a Grant, Enid... Tant que tu l'auras à tes côtés, n'aie peur de rien. Quant à toi, mon vieil ami, veille sur elle. Soit son frère... Non, ne promets pas. Maintenant je peux enfin passer de l'autre côté... Rien de nouveau en ce qui concerne la douleur d'Enid et la mienne. Au bout de sept jours nous retournions au Canada, dans la même cabane estivale où un mois avant nous avions dîné tous les trois face à la tente. Comme alors, Enid regardait maintenant le feu, malmenée par le glacial serein, pendant que moi, debout, je la contemplait. Et Duncan n'était plus...
Je dois le dire: dans la mort de Wyoming je ne vis que la libération du terrible aigle emprisonné dans nos coeurs, qu'est le désir que l'on a pour une femme à nos côtés qu'on ne peut pas toucher. J'avais été le meilleur ami de Wyoming, et tant qu'il vécut, l'aigle ne désira pas son sang; il s'alimenta- je l'alimentait- avec le mien.

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Sonita nous propose sa traduction :

Le spectre, 4
Duncan ne le voyait pas. Comment pouvait-il le voir ?
Au début de l’hiver nous rentrâmes à Hollywood, et Wyoming succomba alors au tank de grippe qui devait lui coûter la vie. Il laissait sa veuve avec une fortune et sans enfants. Mais il n’était pas tranquille à cause de la solitude dans laquelle il laissait sa femme.
—Ce n’est pas la situation économique — me disait-il —mais la détresse morale. Et dans cet enfer du monde du cinéma…
Au moment de mourir, nous attirant sa femme et moi vers l’oreiller, et avec une voix déjà difficile :
—Aie confiance en Grant, Enid… Tandis que tu l’as, n’aies peur de rien. Et toi, vieil ami, veille sur elle. Soit son frère… Non, ne le promets pas. Maintenant oui, je peux m’en aller de l’autre côté… Rien de neuf dans la douleur d’Enid et la mienne. Sept jours après nous rentrions au Canada, à la même hutte estivale qui nous avait vus dîner tous les trois devant la tente un mois auparavant. Comme jadis, Enid regardait maintenant le feu, blottie dans le serein glacial, alors que moi, debout, je la contemplais. Et Duncan n’était plus là.
Je dois le dire : dans la mort de Wyoming je n’ai rien vu d’autre que la libération du terrible aigle mis en cage dans nos cœurs ; c’est-à-dire le désir d’une femme à nos côtés que l’on ne peut pas toucher. J’avais été le meilleur ami de Wyoming, et tant qu’il était en vie, l’aigle n’a pas désiré son sang ; il s’est alimenté — je l’ai alimenté — avec mon propre sang.

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Benoît nous propose sa traduction :

Duncan ne le voyait pas. Comment pouvait il le voir ?
Au début de l'hiver nous rentrons à Hollywood, Wyoming tomba alors sous le coup de l'attaque de grippe qui allait lui couter la vie. Il laissait sa veuve riche et sans enfants. Mais il n'était pas serein, à cause de la solitude dans laquelle il abandonnait sa femme.
– Ce n'est pas tant la situation économique – me confessa-t' il – mais plus la détresse morale. Et dans cet enfer du cinéma ...
– Au moment de mourir, nous tirant sa femme et moi sur l'oreiller, et avec une voix déjà grave : Remets t'en à Grant, Enid... Tant que tu l'auras lui, tu n'as rien à craindre. Et toi, vieil ami, veille sur elle. Sois un frère pour elle... Non, ne promets rien . Désormais, je peux passer de l'autre coté...
Rien de nouveau dans la douleur d'Enid, ni dans la mienne. Sept jours plus tard, nous retournions au Canada, dans la même hutte estivale qui, un mois plus tôt, nous avait vu tous diner sur la terrasse. Comme alors, Enid regardait désormais le feu, figée par calme glacial, tandis que moi, debout, je la contemplait. Et Duncan n'était plus là.
Je dois l'avouer : dans la mort de Wyoming, je ne vis rien d'autre que la libération de l'aigle féroce captif à l'intérieur de notre cœur, qui est le désir d'une femme à nos cotés que l'on ne peut toucher. J'avais été le meilleur ami de Wyoming, et tant qu'il fut en vie, l'aigle ne désira pas son sang; il se nourrit, - je le nourris – avec mon propre sang.

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Léa nous propose sa traduction :

Le spectre, 4.
Duncan ne le voyait pas.
« Comment pouvait-il le voir ? »
Au début de l’hiver, nous rentrâmes à Hollywood et Wyoming tomba malade avec la pandémie de grippe qui devait lui coûter la vie.
Il laissait sa veuve avec de l’argent et sans enfants.
Mais il n’était pas tranquille, du fait de la solitude dans laquelle se trouvait sa femme.
« Il ne s’agit pas de la situation économique » me disait-il, « mais de la détresse morale. Et dans cet enfer du cinéma..»
Au moment de mourir, en nous attirant sa femme et moi vers l’oreiller, et avec déjà des difficultés à parler :
« Confies toi à Grant, Enid, aussi longtemps que tu l’auras, tu ne craindras rien.
Et toi vieil ami, veille sur elle. Sois comme son frère..
Non, ne promets pas.
Maintenant, je peux passer de l’autre côté..
Rien d’étonnant dans la douleur d’Enid et la mienne.
Sept jours plus tard, nous rentrions au Canada, dans la même hutte estivale qui un mois auparavant nous avait vus tous les trois diner face au chapiteau.
Comme toujours, Enid regardait alors le feu, serrée par le calme glacial, tandis que moi, debout, je l’admirais.
Et Duncan n’était plus.
Je dus lui dire : dans la mort de Wyoming, moi, je ne vis rien de plus que la libération du terrible aigle prisonnier dans notre cœur, à savoir le désir d’une femme à notre côté que l’on ne peut toucher.
Moi, j’avais été le meilleur ami de Wyoming, et tandis que lui vivait, l’aigle ne voulait pas son sang, il se nourrissait – je le nourrissais- avec mon propre sang.

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Stéphanie nous propose sa traduction :

Duncan ne le remarquait pas. Comment pouvait-il ne pas le remarquer ?
Au début de l'hiver, nous retournions à Hollywood et Wyoming fut alors frappé d'un accès de grippe qui devait lui coûter la vie. Il laissait sa femme avec de l'argent et sans enfants. Cependant il n'était pas tranquille, en raison de la solitude dans laquelle se retrouvait sa femme .
— Ce n'est pas la situation économique —m'expliquait-il—, mais la détresse morale. Et dans cet enfer du cinéma...
Au moment de mourir, nous attirant sa femme et moi jusqu'à l'oreiller, et d'une voix déjà affaiblie :
— Confie-toi à Grant, Enid... Tant que tu l'as lui, n'aie peur de rien. Et toi, mon vieux, veille sur elle. Sois son frère... Non, ne me promets pas. Maintenant, je peux passer de l'autre côté...
Il n'y avait rien de nouveau dans la souffrance d'Enid ni dans la mienne. Sept jours plus tard, nous rentrions au Canada, dans la paillote d'été qui, un mois plus tôt, nous avait vus dîner tous les trois sous le auvent. Tout comme cette fois-là, Enid regardait à présent le feu, grelotant à cause du serein glacial de la nuit, pendant que moi, debout, je la contemplais. Sauf que Duncan n'était plus là.
Je dois bien l'avouer : dans la mort de Wyoming, je ne vis que la libération de l'aigle terrible emprisonné dans notre cœur, celui du désir d'une femme proche de nous que l'on ne peut pas toucher. J'avais été le meilleur ami de Wyoming, et pendait qu'il avait vécu, l'aigle n'avait pas désiré son sang ; il s'était nourrit—je l'avais nourri—du mien.

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Alexis nous propose sa traduction :

Duncan ne le voyait pas. Comment pouvait-il le voir ?
Dès les premiers jours de l'hiver nous rentrâmes à Hollywood, et Wyoming subit alors l'attaque grippale qui devait lui coûter la vie. Il quittait sa veuve avec fortune et sans enfants. Mais il n'était pas tranquille, à cause de la solitude dans laquelle il laissait son épouse.
—Il ne s'agit pas de la situation économique—me disait-il—, mais de l'abandon moral. Et dans cet enfer du cinéma...
Au moment de mourir, il nous fit nous pencher jusqu'à l'oreiller et dit d'une voix déjà difficile :
—Confie-toi à Grant, Enid... Tant que tu l'as avec toi, tu ne crains rien. Et toi, mon vieil ami, veille sur elle. Sois son frère... Non, ne promets pas. Désormais je peux passer de l'autre côté...
Rien ne changea dans la douleur d'Enid et la mienne. Sept jours plus tard nous rentrions au Canada, dans la même cahute estivale qui, un mois auparavant, nous avait vu dîner les trois devant la tente. Comme à cette époque, Enid regardait alors le feu, paralysée par le froid, glacial et serein, alors que moi, debout, je la contemplais. Cette fois Duncan n'était plus là.
Je dois l'avouer : dans la mort de Wyoming je ne vis rien d'autre que la libération de l'aigle terrible, enfermé dans notre cœur, celui d'avoir du désir pour une femme à nos côtés que l'on ne peut toucher. J'avais été le meilleur ami de Wyoming, et pendant qu'il était en vie, l'aigle ne désira pas son sang; il s'alimenta—je l'alimentai—avec le mien.

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Auréba nous propose sa traduction :

Duncan ne le voyait pas. Comment pouvait-il le voir ? Au début de l’hiver, nous rentrions d’Hollywood, et Wyoming est mort avec l’attaque de grippe qui devait lui coûter la vie. Il laissait sa veuve avec une fortune et sans enfants. Mais il n’était pas tranquille, à cause de la solitude dans laquelle se retrouvait sa femme.
— Ce n’est pas la situation économique – me disait-il –, mais la détresse morale. Et dans cet enfer du ciné…
Au moment de mourir, en nous baissant, sa femme et moi, jusqu’au coussin, et avec une voix déjà difficile :
— Confie-toi à Grant, Enid…Tant que tu l’as, lui, ne crains rien. Et toi, vieil ami, veille sur elle. Sois son frère…Non, ne promets pas. Maintenant, je peux déjà passer de l’autre côté.
Rien de nouveau dans la douleur d’Enid et la mienne. Au bout de sept jours, nous sommes rentrés au Canada dans notre hutte estivale qui un mois plus tôt, nous avait vus tous les trois dîner devant la tente. Comme cette fois-là, Enid regardait à ce moment-là le feu, malmenée par le serein glacial, tandis que moi, debout, je la contemplais. Et Duncan n’était plus là.
Je dois le dire : dans la mort de Duncan, moi, je n’ai rien vu d’autre que la libération du terrible aigle mis en cage dans notre cœur, qui est le désir d’une femme à nos côtés auquel on ne peut pas toucher. J’avais été le meilleur ami de Wyoming et, tant qu’il a vécu, l’aigle n’a pas désiré son sang ; il s’est alimenté – je l’ai alimenté – avec le mien à moi.

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Aurélie nous propose sa traduction :

Le Spectre, 4 :

Duncan ne pouvait pas le voir. Comment aurait-il pu ? Au début de l’hiver, nous rentrâmes à Hollywood, et Wyoming attrapa alors le virus de la grippe qui devait lui coûter la vie. Il laissait sa veuve riche et sans enfants. Mais il n’était pas tranquille, car sa femme allait rester toute seule.
-Ce n’est pas la situation économique- me disait-il, mais l’abandon moral. Et dans cet enfer du cinéma…
Au moment de mourir, il nous révéla en nous faisant pencher sa femme et moi jusqu’à son oreiller, et d’une voix déjà difficile.
-Confie-toi à Grant, Enid. Du moment que tu l’as à tes côtés, tu ne crains rien. Et toi, vieil ami, veille sur elle. Sois son frère…Non, ne m’en fais pas la promesse. Maintenant je peux passer de l’autre côté…
Rien de nouveau dans la douleur d’Enid et de la mienne. Au bout de sept jours, nous retournions au Canada, dans la même cabane estivale qu’un mois auparavant on nous avait vu dîner tous les trois devant la tente. Comme à l’époque, Enid regardait alors le feu, écrasée par le calme glacial, pendant que moi, debout, je la contemplai. Mais Duncan n’était plus là…
Je dois le confesser : à la mort de Wyoming je ne vi seulement que la libération d’un terrible aigle emprisonné dans nos cœurs, symbole du désir d’avoir une femme à nos côtés qu’on ne peut toucher. Moi j’avais été le meilleur ami de Wyoming et du temps de son vivant, l’aigle n’avait pas désiré son sang. Il s’alimenta- je l’alimentai avec mon propre sang.

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