El espectro, 6
Sus brazos se rindieron cansados, y yo levanté la cabeza. Encontré sus ojos al instante, un solo instante, antes que Enid se doblegara a llorar sobre sus propias rodillas.
La dejé sola; y cuando una hora después volví a entrar, blanco de nieve, nadie hubiera sospechado, al ver nuestro simulado y tranquilo afecto de todos los días, que acabábamos de tender, hasta hacerlas sangrar, las cuerdas de nuestros corazones.
Porque en la alianza de Enid y Wyoming no había habido nunca amor. Faltóle siempre una llamarada de insensatez, extravío, injusticia—la llama de pasión que quema la moral entera de un hombre y abrasa a la mujer en largos sollozos de fuego—. Enid había querido a su esposo, nada más; y lo había querido, nada más que querido ante mí, que era la cálida sombra de su corazón, donde ardía lo que no le llegaba de Wyoming, y donde ella sabía iba a refugiarse todo lo que de ella no alcanzaba hasta él.
La muerte, luego, dejando hueco que yo debía llenar con el afecto de un hermano...
¡De hermano, a ella, Enid, que era mi sola sed de dicha en el inmenso mundo!
Sus brazos se rindieron cansados, y yo levanté la cabeza. Encontré sus ojos al instante, un solo instante, antes que Enid se doblegara a llorar sobre sus propias rodillas.
La dejé sola; y cuando una hora después volví a entrar, blanco de nieve, nadie hubiera sospechado, al ver nuestro simulado y tranquilo afecto de todos los días, que acabábamos de tender, hasta hacerlas sangrar, las cuerdas de nuestros corazones.
Porque en la alianza de Enid y Wyoming no había habido nunca amor. Faltóle siempre una llamarada de insensatez, extravío, injusticia—la llama de pasión que quema la moral entera de un hombre y abrasa a la mujer en largos sollozos de fuego—. Enid había querido a su esposo, nada más; y lo había querido, nada más que querido ante mí, que era la cálida sombra de su corazón, donde ardía lo que no le llegaba de Wyoming, y donde ella sabía iba a refugiarse todo lo que de ella no alcanzaba hasta él.
La muerte, luego, dejando hueco que yo debía llenar con el afecto de un hermano...
¡De hermano, a ella, Enid, que era mi sola sed de dicha en el inmenso mundo!
Horacio Quiroga
***
Carole nous propose sa traduction :
Le spectre,
A bout de force ses bras lui tombèrent, et moi j'en levai la tête. J'ai croisé ses yeux un instant, un seul et unique instant, avant qu'Enid se replia pour pleurer sur ses propres genoux.
Je l'ai laissé seule; et lorsque une heure plus tard je suis revenu, blanc de neige, personne aurait soupçonné, en voyant notre faux semblant d'affection de tous les jours, que nous venions de tendre les cordes de nos coeurs, au point de les faire saigner.
Car dans l'alliance entre Enid et Wyoming, il n'y avait jamais eu d'amour. Il lui a toujours manqué un brin de folie, d'égarement, - la flamme de la passion qui brûle la morale entière de l'homme et qui consumme la femme dans de longs sanglots enflammés - . Enid avait aimé son époux, rien de plus; et l'avait aimé, rien de plus qu'aimé face à moi, qui était l'ombre chaleureuse de son coeur, où brûlait tout ce qui n'émanait pas de Wyoming, et où elle savait que tout ce qui venait d'elle et n'arrivait pas jusqu'à lui, allait s'y réfugier.
Après sa mort, laissant un vide que moi, je devais remplir d'affection tel un frère.
Tel un frère , le sien, à Enid, qui était ma seule source de bonheur dans ce monde sans fin!
Le spectre,
A bout de force ses bras lui tombèrent, et moi j'en levai la tête. J'ai croisé ses yeux un instant, un seul et unique instant, avant qu'Enid se replia pour pleurer sur ses propres genoux.
Je l'ai laissé seule; et lorsque une heure plus tard je suis revenu, blanc de neige, personne aurait soupçonné, en voyant notre faux semblant d'affection de tous les jours, que nous venions de tendre les cordes de nos coeurs, au point de les faire saigner.
Car dans l'alliance entre Enid et Wyoming, il n'y avait jamais eu d'amour. Il lui a toujours manqué un brin de folie, d'égarement, - la flamme de la passion qui brûle la morale entière de l'homme et qui consumme la femme dans de longs sanglots enflammés - . Enid avait aimé son époux, rien de plus; et l'avait aimé, rien de plus qu'aimé face à moi, qui était l'ombre chaleureuse de son coeur, où brûlait tout ce qui n'émanait pas de Wyoming, et où elle savait que tout ce qui venait d'elle et n'arrivait pas jusqu'à lui, allait s'y réfugier.
Après sa mort, laissant un vide que moi, je devais remplir d'affection tel un frère.
Tel un frère , le sien, à Enid, qui était ma seule source de bonheur dans ce monde sans fin!
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Maïté nous propose sa traduction :
Le spectre 6
Ses bras se rendirent, fatigués, et moi, je levai la tête. Je trouvai instantanément ses yeux, un seul instant, avant qu'Enid ne se fléchît pour pleurer sur ses propres genoux.
Je la laissai seule; et lorsqu'une heure après, j'entrai de nouveau, blanc comme neige, personne n'aurait suspecté, en voyant notre simulée et tranquille affection de tous les jours, que nous finissions de tendre, jusqu'à les faire saigner, les cordes de nos cœurs.
Parce que dans l'alliance d'Enid et de Wyomming, il n'y avait jamais eu d'amour. Il leur manquai toujours une flambée de stupidité, de débauche, d'injustice- la flamme de la passion qui brûle la morale tout entier d'un homme et embrase la femme de longs sanglots de feu-. Enid avait aimé son époux, tout simplement; et elle l'avait aimé, pas plus qu'elle ne m'aimait moi-même, qui était l'ombre chaude de son cœur, là où brûlait tout ce que Wyomming n'arrivait pas à faire brûler en elle, et, là où, elle seule savait, allait se réfugier tout ce qui venait d'elle et qui n'atteignait pas Wyomming.
La mort, ensuite, laissant un vide que moi, je me devais de remplir avec l'affection d'un frère... En tant que frère par rapport à elle, Enid, qui était ma seule soif de bonheur dans l'immensité du monde!
Le spectre 6
Ses bras se rendirent, fatigués, et moi, je levai la tête. Je trouvai instantanément ses yeux, un seul instant, avant qu'Enid ne se fléchît pour pleurer sur ses propres genoux.
Je la laissai seule; et lorsqu'une heure après, j'entrai de nouveau, blanc comme neige, personne n'aurait suspecté, en voyant notre simulée et tranquille affection de tous les jours, que nous finissions de tendre, jusqu'à les faire saigner, les cordes de nos cœurs.
Parce que dans l'alliance d'Enid et de Wyomming, il n'y avait jamais eu d'amour. Il leur manquai toujours une flambée de stupidité, de débauche, d'injustice- la flamme de la passion qui brûle la morale tout entier d'un homme et embrase la femme de longs sanglots de feu-. Enid avait aimé son époux, tout simplement; et elle l'avait aimé, pas plus qu'elle ne m'aimait moi-même, qui était l'ombre chaude de son cœur, là où brûlait tout ce que Wyomming n'arrivait pas à faire brûler en elle, et, là où, elle seule savait, allait se réfugier tout ce qui venait d'elle et qui n'atteignait pas Wyomming.
La mort, ensuite, laissant un vide que moi, je me devais de remplir avec l'affection d'un frère... En tant que frère par rapport à elle, Enid, qui était ma seule soif de bonheur dans l'immensité du monde!
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Mélissa nous propose sa traduction :
Le spectre, 6
Ses bras abandonnèrent, fatigués, et je levai la tête. J’ai croisé son regard à ce moment là, un seul moment, avant qu’Enid ne se penche pour pleurer sur ses propres genoux.
Je la laissai seule ; et quand, une heure plus tard, j’entrai de nouveau, blanc comme un linge, personne n’aurait suspecté, en voyant notre affection de tous les jours, tranquille et simulée, que nous venions de tendre, jusqu’à les faire saigner, les cordes de nos cœurs.
Car dans l’union d’Enid et de Wyoming, il n’y a jamais eu aucun amour. Il lui manquait toujours la flamme de folie, de débauche, d’injustice, la flamme de la passion qui brûle la morale entière d’un homme et embrase la femme dans de longs sanglots de feu. Enid avait aimé son époux, ni plus ni moins ; et elle l’avait aimé, pas plus qu’elle ne m’aime, moi, qui était l’ombre chaude de son cœur, où brûlait ce que Wyoming n’arrivait pas à faire brûler en elle, et elle savait que tout ce qui venait d’elle et qui n’atteindrait pas Wyoming allait se réfugier là.
La mort, ensuite, laissant un vide que je devais remplir avec l’affection d’un frère…
D’un frère, à elle, Enid, qui était ma seule soif de bonheur dans l’immensité du monde !
Le spectre, 6
Ses bras abandonnèrent, fatigués, et je levai la tête. J’ai croisé son regard à ce moment là, un seul moment, avant qu’Enid ne se penche pour pleurer sur ses propres genoux.
Je la laissai seule ; et quand, une heure plus tard, j’entrai de nouveau, blanc comme un linge, personne n’aurait suspecté, en voyant notre affection de tous les jours, tranquille et simulée, que nous venions de tendre, jusqu’à les faire saigner, les cordes de nos cœurs.
Car dans l’union d’Enid et de Wyoming, il n’y a jamais eu aucun amour. Il lui manquait toujours la flamme de folie, de débauche, d’injustice, la flamme de la passion qui brûle la morale entière d’un homme et embrase la femme dans de longs sanglots de feu. Enid avait aimé son époux, ni plus ni moins ; et elle l’avait aimé, pas plus qu’elle ne m’aime, moi, qui était l’ombre chaude de son cœur, où brûlait ce que Wyoming n’arrivait pas à faire brûler en elle, et elle savait que tout ce qui venait d’elle et qui n’atteindrait pas Wyoming allait se réfugier là.
La mort, ensuite, laissant un vide que je devais remplir avec l’affection d’un frère…
D’un frère, à elle, Enid, qui était ma seule soif de bonheur dans l’immensité du monde !
***
Aurélie nous propose sa traduction :
Ses bras s’abandonnèrent fatigués, et moi je levai la tête. Je croisai son regard à ce moment-là, un seul moment, avant qu’Enid ne se penchât pour pleurer sur ses genoux. Je la laissai seule ; quand je revins une heure plus tard, blanc comme neige, personne n’aurait soupçonné, en voyant notre attachement de tous les jours, simulé et tranquille, que nous venions de tendre, jusqu’à les faire saigner, les cordes de nos cœurs. Il lui manquait toujours une flambée de folie, d’égarement, d’injustice-la flamme de la passion qui brûle la morale toute entière d’un homme et consume la femme dans de longs sanglots en feu-.Enid avait aimé son époux, rien de plus ; et l’avait aimé, pas plus qu’elle ne m’aimait, qui était l’ombre chaude de son cœur, où brûlait ce qui ne provenait pas de Wyoming, et où elle savait que tout ce qui venait d’elle et ne l’atteignait pas lui allait s’y réfugier. La mort, ensuite, laissant un vide que moi je devais remplir avec l’affection d’un frère…Comme un frère, pour elle, Enid, qui était ma seule source de bonheur dans l’immensité de ce monde !
Ses bras s’abandonnèrent fatigués, et moi je levai la tête. Je croisai son regard à ce moment-là, un seul moment, avant qu’Enid ne se penchât pour pleurer sur ses genoux. Je la laissai seule ; quand je revins une heure plus tard, blanc comme neige, personne n’aurait soupçonné, en voyant notre attachement de tous les jours, simulé et tranquille, que nous venions de tendre, jusqu’à les faire saigner, les cordes de nos cœurs. Il lui manquait toujours une flambée de folie, d’égarement, d’injustice-la flamme de la passion qui brûle la morale toute entière d’un homme et consume la femme dans de longs sanglots en feu-.Enid avait aimé son époux, rien de plus ; et l’avait aimé, pas plus qu’elle ne m’aimait, qui était l’ombre chaude de son cœur, où brûlait ce qui ne provenait pas de Wyoming, et où elle savait que tout ce qui venait d’elle et ne l’atteignait pas lui allait s’y réfugier. La mort, ensuite, laissant un vide que moi je devais remplir avec l’affection d’un frère…Comme un frère, pour elle, Enid, qui était ma seule source de bonheur dans l’immensité de ce monde !
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