mercredi 2 avril 2014

Exercice d'écriture 18 – par Maïté

Sujet : Lierre
« Bourreau »

Dans l’ancienne ville de Monteviejo se promènent nombre d’âmes en peine en quête d’une nouvelle vie ou tout simplement à la recherche du temps perdu. Cette ville autrefois extrêmement active du fait de son port de pêche, servait de point d’entrée avec le continent. Tout le monde passait par ce port, pour commercer, vivre, faire la fête. C’était le théâtre d’une mixité florissante. De nombreux intellectuels s’y rendaient pour commenter, écrire ; des artistes aussi venaient pour peindre les paysages pittoresques qui entouraient ce port unique au monde. Mais un beau jour, un grand drame la réduit à néant.
Un bruit éclata au beau milieu de la nuit et une lumière jaillit de nulle part. Un homme en descendit comme porté par ce halo lumineux. Lorsqu’il posa les pieds au sol, on remarqua d’emblée son imposante stature et sa tenue incongrue. Il était immense, très musclé, les traits du visage marqués par le temps qui passe, la peau mate burinée par le soleil, une légère barbe poivre et sel encadrait son visage. Ses cheveux quant à eux, étaient d’une noirceur impressionnante, ils brillaient, gominés, et étaient longs, plaqués en arrière. Ses yeux paraissaient lancer des flammes tellement ils étaient rougeoyants, ses sourcils sombres accentuaient la dureté de son regard. Ses lèvres pincées ne laissaient entrevoir ni un sourire ni ses dents. Son air solennel semblait sonner le glas d’une ère nouvelle. Sa tenue laissait apercevoir ses pectoraux saillants, éclatants, montrant une grande rigueur dans l’entretien de sa personne. Il portait une sorte de combinaison en latex, très moulante. À sa ceinture se trouvait, une matraque, un fouet à lanières rouges assorti à la couleur de ses yeux, deux paires de menottes et dans sa main gauche il tenait une cravache. Ses bottes étaient vernies et portaient des éperons rouges eux aussi. Aux poignets de cet homme se trouvaient d’étranges bracelets rougeoyants qui clignotaient.
La foule qui en entendant le bruit et ayant vu la lumière, était sortie et s’était agroupée autour de ce voyageur inconnu le contemplant avec méfiance, peur et stupéfaction. Le premier ordre fut donné. Tous les hommes qui se trouvaient dans le village devront s’aligner les uns à côté des autres à l’aube.
Certains essayèrent de fuir craignant cet homme et ne sachant qu’attendre de lui. D’autres décidèrent de rester, de se soumettre et d’obéir même s’ils n’avaient absolument aucune idée de ce que voulait cet homme.
Comme prévu, à l’aube, les hommes n’ayant pas fui se retrouvèrent face à l’homme en noir. Celui-ci leurs dit :
— Vous allez être punis pour le mal que vous avez commis, la domination que vous avez exercée depuis déjà bien trop d’années sur un sexe que vous avez et continuez de considérer comme inférieur à vous. À présent, mettez-vous tous à quatre pattes ! 
Certains hommes saisis d’effroi, essayèrent de partir mais une lueur rouge les en empêcha et les condamna à obéir. Une fois qu’ils furent tous en position, l’homme en noir commença ses sévices. Quelques femmes observaient la scène depuis leurs chambres ou depuis le trottoir, elles restaient bouche bée devant le spectacle qui s’offrait à elles.
Au bout de 7 jours et 7 nuits, l’homme en noir en avait fini avec les tortures et tel un bourreau, exécuta tous les hommes du village d’un coup de laser puis fit un énorme feu de joie avec les corps.
Il n’y avait plus que des femmes et l’homme en noir. Celui-ci demanda à la plus belle femme du village de s’approcher de lui et lui fit offrande de tout son arsenal, se déshabilla et lui dit :
— À présent que vous êtes débarrassés de ces « brouillons » crées par Dieu, vous allez pouvoir vivre en paix et vous épanouir. Pour cela, je vous offre mon corps afin que vous puissiez continuer à procréer. De mon corps, la semence sera pure et aucun homme ne pourra plus voir le jour. Je veux que tu sois la première à engendrer ce que deviendra la nouvelle race de cette terre, une terre menée, dirigée uniquement par des femmes. 
La jeune femme s’exécuta, ils firent l’amour avec passion et sauvagerie dans le bosquet à l’abri des regards lorsque subitement, jaillirent du sol des plantes vertes géantes qui enveloppèrent les corps des deux amants comme du lierre, et des feuilles résistantes à toutes épreuves en poussèrent. De là naquirent des femmes pour les générations à venir.

Mais les femmes avaient déserté le village y sentant comme une certaine puanteur, voilà pourquoi ne restaient que des âmes en peine, celles des hommes qui erraient, ne trouvant plus leur chemin, perdus à jamais.  

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