dimanche 21 février 2010

Question aux apprenties traductrices, 2

Dorénavant, nous pouvons avoir 10 pages fixes sur le blog (comme pour un site), avec titres dans la colonne de droite, etc.
Quel contenu pensez-vous devoir être mis en avant ?

Question aux apprenties traductrices

Finalement, si vous ne deviez retenir qu'une seule chose apprise cette année à propos de la traduction, ce serait quoi ?

Résultats du sondage 2008-2009, 2e version : « Le traducteur spécialisé fait-il un métier différent de celui du traducteur littéraire ? »

Sur 20 votants, nous obtenons les résultats suivants :

Oui = 18 voix (90%)
Non = 2 voix (10%)

À titre de comparaison, voici les résultats obtenus l'année dernière (sur 26 votants) :

Non = 18 voix
Oui = 8 voix

Curieux !

Références culturelles, 377 : Los caballitos de totora

Los caballitos de totora
une idée d'Odile

http://es.wikipedia.org/wiki/Caballito_de_totora

Exercice de version, 93

El carabao

Frente a nosotros el carabao repasa interminablemente, como Confucio y Laotsé, la hierba frugal de unas cuantas verdades eternas. El carabao, que nos obliga a aceptar de una vez por todas la raíz oriental de los rumiantes.
Se trata simplemente de toros y de vacas, es cierto, y poco hay en ellos que justifique su reclusión en las jaulas de un parque zoológico. El visitante suele pasar de largo ante su estampa casi doméstica, pero el observador atento se detiene al ver que los carabaos parecen dibujados por Utamaro.
Y medita: mucho antes de las hordas capitaneadas por el Can de los Tártaros, las llanuras de occidente fueron invadidas por inmensos tropeles de bovinos. Los extremos de ese contingente se incluyeron en el nuevo paisaje, perdiendo poco a poco las características que ahora nos devuelve la contemplación del carabao: anguloso desarrollo de los cuartos traseros y profunda implantación de la cola, final de un espinazo saliente que recuerda la línea escotada de las pagodas; pelaje largo y lacio; estilización general de la figura que se acerca un tanto al reno y al okapí. Y sobre todo los cuernos, ya francamente de búfalo: anchos y aplanados en las bases casi unidas sobre el testuz, descienden luego a los lados en una doble y amplia curvatura que parece escribir en el aire la redonda palabra carabao.

Juan José Arreola, Bestiario

***

Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

Le kérabau
Face à nous, le kérabau foule interminablement, comme Confucius et Lao-tseu, l’herbe frugale de quelques vérités éternelles. Le kérabau, qui nous oblige à accepter une bonne fois pour toute l’origine orientale des ruminants.
Il est vrai que ce sont simplement des taureaux et des vaches ; ainsi, il n’y a pas grand-chose en eux qui justifie leur enfermement dans les cages d’un parc zoologique. Le visiteur passe en général rapidement devant cet animal presque domestique, mais l’observateur attentif s’arrête en voyant que les kérabaux semblent dessinés par Utamaro.
Et il médite : bien avant les hordes commandées par le Grand Khan des Tartares, les plaines occidentales furent envahies par d’immenses troupeaux de bovins. Les spécificités de ce contingent se sont fondues dans le nouveau paysage, perdant peu à peu les caractéristiques que pointe aujourd’hui une observation fine du kérabau : développement anguleux de l’arrière-train et implantation profonde de la queue, pointe saillante de l’épine dorsale qui rappelle la ligne échancrée des pagodes ; long pelage raide ; stylisation générale de la silhouette légèrement proche du renne et de l’okapi. Et surtout, les cornes qui, pour le coup, sont ostensiblement celles du buffle : larges et aplaties à la base, elles se rejoignent presque sur le front avant de descendre sur les côtés en une double et ample courbe qui semble écrire dans l’air le mot arrondi kérabau.

***

Amélie nous propose sa traduction :

Le Kérabau

Face à nous, le kérabau, à l’image de Confucius et de Lao Tseu, fixe inlassablement l’herbe frugale de quelques vérités éternelles. Le kérabau, qui nous oblige à admettre une bonne fois pour toutes l’origine orientale des ruminants.
Il s’agit simplement de taureaux et de vaches, c’est certain, et il n’y a pas grand-chose en eux qui justifie leur enfermement dans les cages d’un parc zoologique. Le visiteur passe généralement son chemin devant leur apparence presque domestique, tandis que l’observateur attentif s’arrête en voyant que les kérabaux semblent dessinés par Utamaro.
Et il médite : bien avant l’arrivée des hordes conduites par Gengis Khan, l’empereur des Tartares, les plaines d’occident furent envahies par d’immenses troupeaux de bovins. Les extrêmes de ce contingent s’intégrèrent au nouveau paysage, perdant petit à petit les caractéristiques auxquelles la contemplation du kérabau nous renvoie aujourd’hui : développement anguleux des jarrets arrières et profonde implantation de la queue, au bout d’une échine saillante qui rappelle la ligne incurvée des pagodes; longs poils raides ; stylisation générale de la silhouette qui ressemble un peu à celle du renne et de l’okapi. Et surtout les cornes, qui évoquent franchement celles du buffles : larges et aplaties à la base, presque réunies sur le front, elles descendent ensuite sur les côtés pour remonter en deux larges courbes, qui paraissent inscrire dans l’air la rondeur du mot carabao.

***

Chloé nous propose sa traduction :


Le kérabau

Face à nous, le kérabau examine inlassablement, comme Confucius et Lao Tseu, l’herbe frugale de quelques vérités éternelles. Le kérabau, qui nous oblige à accepter une fois pour toutes l’origine orientale des ruminants.
Il ne s’agit que de taureaux et de vaches, c’est vrai, et peu de choses en eux justifie leur emprisonnement dans les cages d’un parc zoologique.
Le visiteur poursuit généralement son chemin devant son image presque domestique, mais l’observateur attentif s’arrête en voyant que les kérabaux semblent dessinés par Utamaro.
Et il médite : bien avant les hordes dirigées par Gengis Khan, empereur des Tartares, les plaines d’occident furent envahies par d’immenses troupeaux de bovins. Les extrêmes de ce contingent s’intègrent dans le nouveau paysage, perdant peu à peu les caractéristiques que nous renvoie aujourd’hui la contemplation du kérabau : développement anguleux des jarrets arrières et une profonde implantation de la queue, fin d’une échine saillante qui rappelle la ligne incurvée des pagodes ; le poil long et raide ; une stylisation générale de la silhouette qui se rapproche de celles du renne et de l’okapi. Et surtout, les cornes, qui ressemblent franchement à celles du buffle : larges et aplaties à la base, presque réunies sur le front, elles descendent ensuite sur les côtés pour remonter en deux larges courbes qui semblent écrire dans l’air la rondeur du mot carabao.

***

Auréba nous propose sa traduction :

Le kérabau
En face de nous le kérabau revoit interminablement, comme Confucius et Lao Tseu, l’herbe frugale de quelques vérités éternelles. Le kérabau, qui nous oblige à accepter une bonne fois pour toutes l’origine orientale des ruminants. Il s’agit simplement de taureaux et de vaches, c’est vrai, et il n’y a pas grand chose en eux qui puisse justifier leur réclusion dans les cages d’un parc zoologique. Le visiteur passe souvent son chemin devant leur estampe presque domestique, mais l’observateur attentif s’arrête en voyant que les kérabaux semblent dessinés par Utamaro. Et il médite : bien avant les hordes menées par le grand Can des tartares, les plaines d’occident ont été envahies par d’immenses foules de bovins. Les extrêmes de ce contingent se sont insérés dans le nouveau paysage, perdant peu à peu les caractéristiques que la contemplation du kérabau nous rend maintenant : anguleux développement des trains de derrière.et profonde implantation de la queue, bout d’une échine saillante qui rappelle la ligne échancrée des pagodes ; pelage long et lisse ; stylisation générale de la silhouette qui se rapproche un tant soit peu du renne ou de l’okapi. Et surtout les cornes, déjà franchement de buffle ; larges et aplanies sur les bases presque unies sur le front, elles descendent ensuite sur les côté dans une ample courbure double qui semble écrire dans l’air le mot rond kérabau.

***

Marie G. nous propose sa traduction :

Le kérabau

Face à nous, le kérabau examine interminablement, tels Confucius et Laotsé, l'herbe frugale d'un bon nombre de vérités éternelles. Le kérabau, qui nous oblige à accepter une bonne fois pour toutes l'origine orientale des ruminants.
Il est vrai qu'il s'agit simplement de taureaux et de vaches, et peu de choses justifie leur enfermement dans les cages d'un parc zoologique. Le visiteur passe toujours rapidement devant leur image presque domestique, mais l'observateur attentif s'arrête en voyant que les kérabaus semblent être dessinés par Utamaro.
Et il médite: bien avant les hordes dirigées par le Can des Tartares, les plaines de l'occident furent envahies par d'immenses troupeaux de bovins. Les parties extrêmes de ce contingent s'inclurent dans le nouveau paysage, perdant peu à peu les caractéristiques que nous rende, maintenant, la contemplation du kérabau: développement anguleux du derrière et profonde implantation de la queue, fin d'une échine saillante qui rappelle la ligne découpée des pagodes; pelage long et raide; mouvement général de la silhouette qui se rapproche un peu à celle du rêne ou de l'okapi. Et surtout les cornes, ressemblant franchement à celles d'un buffle: larges et aplaties aux bases, presque unies sur la nuque; elles descendent ensuite sur les côtés en une double et ample courbe qui semble dessiner dans l'air le mot rond de kérabau.

***

Julie V. nous propose sa traduction :

Le kérabau

Face à nous le kérabau examine interminablement, comme Confucius et Lao-Tseu, l’herbe frugale de quelques unes de ces vérités éternelles. Le kérabau, qui nous oblige à accepter une fois pour toute l’origine orientale des ruminants.
Il s’agit simplement de taureaux et de vaches, c’est vrai, et il y a peu de chose en eux qui justifie leur réclusion dans les cages d’un parc zoologique. Le visiteur à l’habitude de passer rapidement devant leur aspect presque domestique, mais l’observateur attentif s’arrête en voyant que les kérabaux semblent dessinés par Utamaro.
Et il médite : bien avant les hordes commandées par le Khan des Tartares, les plaines d’occident furent envahies par d’immenses attroupements de bovins. Les extrêmes de ce contingent s’insérèrent dans le nouveau paysage, perdant peu à peu les caractéristiques que nous rend à présent la contemplation du kérabau : anguleux développement des quartiers arrières et profonde implantation de la queue, fin d’une échine saillante qui rappelle la ligne échancrée des pagodes ; pelage long et raide ; stylisation générale de la silhouette qui se rapproche un peu du renne et du okapi. Et surtout les cornes, maintenant franchement de buffle : larges et aplanies sur les bases presque unies sur la nuque, elles descendent ensuite sur les côtés dans une double et ample courbure qui semble écrire dans l’air le mot rond kérabau.

***

Morgane nous propose sa traduction :

Le carabao

Face à nous, le carabao revoit interminablement, comme Confucius et Laotsé, l’herbe frugale de quelques vérités éternelles. Le carabao, qui nous oblige à accepter une fois pour toutes les racines orientales des ruminants. Il s’agit simplement de taureaux et de vaches, certes, et peu de choses justifient leur réclusion dans des cages d’un parc zoologique. Le visiteur a coutume de passer sans s’arrêter devant leur aspect presque domestique, mais l’observateur attentif s’arrête en voyant que les carabaos semblent dessinés par Utamaro.
Et il médite : bien avant les hordes commandées par le Camps des Tartares, les plaines d’occident furent envahies par d’immenses troupeaux de bovins. Les extrémités de ce contingent s’inclurent dans le nouveau paysage, en perdant peu à peu les caractéristiques qui à présent nous rend la contemplation du carabao : anguleux développement des quatre pattes arrières et profonde implantation de la queue, la fin de la colonne vertébrale sortante qui rappelle la ligne décolletée des pagodes ; pelage long et lisse ; stylisation générale de la figure qui ressemble un peu au renne ou à l’okapi. Et surtout les cornes, franchement comme un Buffalo : large et aplati à la base presque unie sur le front, descendent ensuite sur les côtés en une double et ample courbure qui semble écrire dans l’air l’excellent mot de carabao.

samedi 20 février 2010

Exercice de version, 92

Llegaban por bandadas las torcazas a la hacienda y el ruido de sus alas azotaba el techo de calamina. En cambio las calandrias llegaban solas, exhibiendo sus alas; se posaban lentamente sobre los lúcumos, en las más altas ramas, y cantaban.
A esa hora descansaba un rato, Singu, el pequeño sirviente de la hacienda. Subía a la piedra amarilla que había frente a la puerta falsa de la casa; y miraba la quebrada, el espectáculo del río al anochecer. Veía pasar las aves que venían del sur hacia la huerta de árboles frutales.
La velocidad de las palomas le oprimía el corazón; en cambio, el vuelo de las calandrias se retrataba en su alma, vivamente, lo regocijaba. Los otros pájaros comunes no le atraían. Las calandrias cantaban cerca, en los árboles próximos. A ratos, desde el fondo del bosque, llegaba la luz tibia de las palomas. Creía Singu que de ese canto invisible brotaba la noche porque el
canto de la calandria ilumina como la luz, vibra como ella, como el rayo de un espejo. Singu se sentaba sobre la piedra. Le extrañaba que precisamente al anochecer se destacara tanto la flor de los duraznos. Le parecía que el sonido del río movía los árboles y mostraba las pequeñas flores blancas y rosadas, aun los resplandores internos, de tonos oscuros, de las flores rosadas.

José María Arguedas, « Hijo solo »

***

Coralie nous propose sa traduction :

Les pigeons ramiers arrivaient par vols à la ferme et le bruit de leurs ailes frappait le toit en calamine. Cependant les calandres arrivaient seules, exhibant leurs ailes ; elles se posaient lentement sur les lucumas, sur les plus hautes branches, et chantaient.
À cette heure, Singu, le petit domestique de la ferme, se reposait un peu. Il montait jusqu'à la pierre jaune qu'il y avait face à la fausse porte de la maison ; et il regardait le ruisseau, le spectacle du fleuve à la tombée de la nuit. Il voyait passer les oiseaux qui venaient du sud vers le verger. La vitesse des pigeons lui oppressait le cœur ; en revanche, le vol des calandres qui se dessinait vivement dans son âme le réjouissait. Les autres oiseaux, plus ordinaires, ne l'attiraient pas. Les calandres chantaient près de lui, dans les arbres avoisinants. Par moments, du fond du bois, la lumière tiède des pigeons arrivait. Singu pensait que la nuit jaillissait de ce chant invisible car le chant de la calandre illuminait comme la lumière, il vibrait comme elle, comme le reflet d'un miroir. Singu s'asseyait sur la pierre. Il s'étonnait qu'à la tombée de la nuit, précisément, les fleurs des pêchers se distinguent autant. Il lui semblait que le son du fleuve remuait les arbres et découvrait les petites fleurs blanches et rosées, même les éclats intérieurs, aux tons sombres, des fleurs rosées.

***

Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

Les pigeons ramiers arrivaient en bandes sur la hacienda et, de leurs ailes, ils fouettaient bruyamment le toit en calamine. Les alouettes calandres, en revanche, arrivaient seules, en montrant leurs ailes ; elles se posaient lentement sur les lucumas, sur leurs plus hautes branches, et elles chantaient.
À cette heure-là, Singu, le petit domestique de la hacienda, se reposait un peu. Il montait sur la pierre jaune qu’il y avait face à la fausse porte de la maison et il regardait le torrent, le spectacle de la rivière à la tombée de la nuit. Il voyait passer les oiseaux qui venaient du sud en direction des champs d’arbres fruitiers.
La rapidité des pigeons lui serrait le cœur ; en revanche, le vol des alouettes, qui s’imprimait vivement dans son esprit, le réjouissait. Les autres oiseaux communs ne l’attiraient pas. Les alouettes chantaient tout près, dans les arbres proches. Par moments, depuis le fond du bois, arrivait la lumière tiède des pigeons. Singu croyait que la nuit émergeait de ce chant invisible, parce que le chant de l’alouette illumine comme la lumière, vibre comme elle, comme le rayonnement d’un miroir. Singu s’asseyait sur la pierre. Il était étonné que, précisément à la tombée de la nuit, les fleurs des pêchers ressortent autant. Il lui semblait que le son de la rivière faisait bouger les arbres et révélait les petites fleurs blanches et roses, y compris les reflets internes, aux tons obscurs, des fleurs roses.

***

Amélie nous propose sa traduction :

La volée de pigeons ramiers arrivait à l’hacienda et le bruit de leurs ailes fouettait le toit de calamine. En revanche, les calandres arrivaient une à une, les ailes déployées ; elles se posaient lentement sur les plus hautes branches des lucumas, puis elles chantaient.
A cette heure-là, Singu, le jeune domestique de l’hacienda, se reposait un peu. Il montait jusqu’à la pierre jaune, face à la porte factice de la maison ; puis il regardait la vallée, le spectacle de la rivière à la tombée de la nuit.
Il voyait passer les oiseaux qui venaient du sud, en direction des vergers.
La vitesse des pigeons lui oppressait la poitrine ; le vol des calandres, au contraire, s’inscrivait profondément dans son âme et le réjouissait. Il n’était pas attiré par les autres oiseaux, qu’il trouvait trop ordinaires. Les calandres chantaient près de lui, dans les arbres voisins. Parfois, la lumière tiède des pigeons lui parvenait du fond du bois. Singu croyait que la nuit jaillissait de ce chant invisible, car le chant de la calandre est lumineux comme la lumière, tremblant comme elle, comme le reflet d’un miroir. Singu s’asseyait sur la pierre. Il était surpris de voir que c’était précisément à la tombée de la nuit que la fleur du pêcher ressortait le mieux. Il avait l’impression que le clapot de la rivière faisait bouger les arbres et révélait les petites fleurs blanches et rosées, de même que les éclats intérieurs, aux tons sombres, de ces fleurs rosées.

***

Chloé nous propose sa traduction :

Une volée de pigeons ramiers arrivait à l’hacienda, et le bruit de leurs ailes fouettait le toit en calamine. En revanche, les calandres arrivaient seules, exhibant leurs ailes ; elles se posaient lentement sur les lucumas, sur les plus hautes branches, et chantaient.
À cette heure-là, Singu, le petit domestique de l’hacienda, se reposait un instant. Il montait jusqu’à la pierre jaune qu’il y avait en face de la fausse porte de la maison ; il contemplait le ruisseau, le spectacle de la rivière au couché du soleil. Il voyait passer les oiseaux qui venaient du sud vers le verger.
La vitesse des pigeons lui oppressait le cœur ; le vol des calandres, au contraire, se dessinait vivement dans son âme et le réjouissait. Les autres oiseaux communs ne l’intéressait pas. Les calandres chantaient près de lui, dans les arbres avoisinants. Parfois, du fond du bois, la lumière tiède des pigeons lui parvenait/s’élevait. Singu pensait que la nuit jaillissait de ce chant invisible, car le chant de la calandre illumine comme la lumière, il vibre comme elle, comme le reflet d’un miroir. Singu s’asseyait sur la pierre. Il s’étonnait que ce fût précisément à la tombée de la nuit que l’on distinguait le mieux les fleurs de pêcher. Il lui semblait que le son de la rivière faisait bouger les arbres et dévoilait les petites fleurs blanches et roses, de même que les éclats intérieurs, aux tons sombres, des fleurs roses.

***

Auréba nous propose sa traduction :

Les ramiers arrivaient par volées à l’hacienda et le bruit de leurs ailes fouettait le plafond de calamine. En revanche, les calandres arrivaient seules, en exhibant leurs ailes ; elles se posaient lentement sur les lucumiers, sur les plus hautes branches, et chantaient.
À cette heure là, Singu, le petit domestique de l’hacienda, se reposait un moment. Il montait sur la pierre jaune qu’il y avait face à la fausse porte de la maison; et regardait la vallée encaissée, le spectacle de la rivière à la tombée de la nuit. Il voyait passer les oiseaux qui venaient du sud vers le verger.
La vitesse des pigeons lui serrait le cœur ; en revanche, le vol des calandres se reflétait dans son âme, vivement, ça le réjouissait. Les autres oiseaux communs ne l’attiraient pas. Les calandres chantaient près de là, dans les arbres proches. Par moments, du fond du bois, arrivait la lumière tiède des pigeons. Singu croyait que de ce chant invisible jaillissait la nuit car le chant de la calandre illumine comme la lumière, vibre comme elle, comme le rayon d’un miroir. Singu s’asseyait sur la pierre. Ça le surprenait que précisément à la tombée de la nuit, la fleur des pêchers ressorte. Il lui semblait que le son de la rivière faisait bouger les arbres et montrait les petites fleurs blanches et roses, même les éclats internes, aux tons foncés, des fleurs roses.

***

Pascaline nous propose sa traduction :

Les volées de pigeons ramiers arrivaient à la propriété et le bruit de leurs ailes fouettait le toit en calamine. Quant aux calandres, elles arrivaient seules, exhibant leurs ailes ; elles se posaient lentement sur les lucumas, sur les plus hautes branches, et se mettaient à chanter. À cette heure-là, le petit domestique de la propriété, Singu, se reposait un moment. Il montait sur la pierre jaune qui se trouvait face à la fausse porte de la maison ; il observait alors le ruisseau, le spectacle du fleuve à la tombée de la nuit. Il voyait passer les oiseaux qui venaient du sud vers le verger d'arbres fruitiers. La rapidité des pigeons l'oppressait ; à l'inverse, le vol des calandres se gravait dans son esprit, avec force, l'emplissant de joie. Les autres oiseaux communs ne l'attirait guère. Les calandres chantaient tout près, dans les arbres proches. Parfois, du fond du bois, arrivait la lueur terne des pigeons. Singu pensait que jaillissait la nuit de ce chant invisible, parce que le chant des calandres éclaire comme la lumière, vibre comme elle, tel un miroir éclatant. Singu s'asseyait sur la pierre. Il s'étonnait qu'au coucher du soleil, la couleur de la fleur des pêchers ressortît particulièrement. Il avait l'impression que le son du fleuve faisait bouger les arbres et montrait les petites fleurs blanches et roses, même les éclats internes, aux tons foncés, des fleurs roses.

***

Marie G. nous propose sa traduction :

Les pigeons sauvages arrivaient par groupes à l'exploitation agricole et le bruit de leurs ailes frappaient le toit en zinc. Contrairement aux calandres qui arrivaient seules, déployant leurs ailes; elles se posaient lentement sur les lucumas, sur les branches les plus hautes, et elles chantaient.
A cette heure-là, Singu, le petit domestique de la propriété, se reposait un moment. Il montait sur la pierre jaune qu'il y avait en face de la fausse porte de la maison; et il regardait le ruisseau, le spectacle de l'eau pendant le coucher du soleil. Il voyait passer les oiseaux qui venaient du Sud et qui se dirigeaient vers le verger des arbres fruitiers. La rapidité des pigeons lui opprimait le coeur; en revanche, le vol des calandres se dessinait dans son âme, vivement, il s'en réjouissait. Les autres oiseaux communs ne l'attiraient pas. Les calandres chantaient à côté, dans les arbres proches. Par moments, du fond du bois, perçait la lumière tiède des pigeons. Singu croyait que la nuit jaillissait de ce chant invisible parce que le chant de la calandre illumine comme la lumière, vibre comme elle, comme le rayon d'un miroir. Singu s'asseyait sur la pierre. Il était surpris que, justement à la tombée de la nuit, la fleur des pêchers ressorte autant. Il lui semblait que le bruit du ruisseau bougeait les arbres et montrait les petites fleurs blanches et roses, ainsi que les éclats internes, aux tons sombres, des fleurs roses.

***

Morgane nous propose sa traduction :

Les pigeons arrivaient en groupe au domaine et le bruit de leurs ailes fouettait le toit de zinc. En revanche, les calandres arrivaient seules, exhibant leurs ailes ; elles se posaient doucement sur les lucumes, sur les branches les plus hautes, et chantaient. À cette heure Singu, le petit serviteur du domaine, se reposait un moment. Il montait sur le rocher jaune situé en face de la fausse porte de la maison ; et regardait le ravin, le spectacle du fleuve au couché du soleil. Il voyait passer les oiseaux qui venaient du sud vers le grand jardin d’arbres fruitiers. La rapidité des pigeons lui serrait le cœur ; cependant, le vol des calandres se reflétait dans son âme, vivement, il le réjouissait. Les autres oiseaux communs ne l’attiraient point. Les calandres chantaient près, dans les arbres avoisinants. Par moments, depuis le fond de la forêt, la tiède lumière des pigeons arrivait. Singu croyait que la nuit jaillissait de ce chant invisible car le chant de la calandre illumine comme la lumière, vibre comme elle, comme le rayon d’un miroir. Singu s’asseyait sur le rocher. Il lui semblait étrange que, précisément au couché du soleil, se remarque autant la fleur des pêchers. Il lui semblait que le son du fleuve faisait bouger les arbres et montrait les petites fleurs blanches et rosées, même les éclats internes, de tons obscures, des fleurs rosées.

Références culturelles, 376 : Ángel Nieto

En photo : Angel Nieto Derbi, par produccionescta3

Ángel Nieto
une idée d'Odile

http://www.motosmagazine.com/pilotos/nieto/default.asp

vendredi 19 février 2010

Exercice d'écriture

Le sujet du jour était : De la tête aux pieds

***

Amélie :

« De la tête aux pieds »

Ils sont bouclés, lisses ou longs
Plutôt courts chez les garçons
Pour les filles bandeaux ou couettes
T’as des cheveux sur la tête.

Deux yeux de la même couleur
Pleins de larmes quand tu pleures
Deux oreilles sur les côtés
Prends garde au bout de ton nez.

Deux joues pour faire les bisous
Une langue pour parler beaucoup
Des dents qui croquent un bonbon
Plus un front et un menton.

Épaules et bras vont par deux
Car tout seul c’est ennuyeux
1,2,3,4 et 5 doigts
Voilà tes deux mains à toi.

Dos derrière, ventre devant
Des jambes pour courir tout l’temps
Ne t’écorche pas les genoux
Sur tes pieds reste debout.

***

Laëtitia Sw. :

Cette fois-ci, c’en était trop ! Molly en avait par-dessus la tête de subir les reproches humiliants de Milton devant ses secrétaires, collaborateurs, associés, subordonnés, bref, tout ce petit monde à l’air hagard et au teint cireux qui lui obéissait au doigt et à l’œil, se relayant dans son bureau en un défilé incessant de petites cohortes au garde-à-vous. Oui mais voilà, désormais, la coupe était pleine. Il était hors de question qu’elle supporte une minute de plus ce regard puant le mépris. Fini les renoncements ! Elle avait arrêté de travailler, trop cheap, arrêté de conduire, trop dangereux, renoncé à ses hobbies, trop hot, elle voyait ses amies en cachette, elle ne souriait plus, ne mangeait pratiquement plus, ne dormait plus, ou très mal. Et puis quoi encore ! Finalement, tout ce qu’elle faisait c’était de s’ennuyer ferme, cloîtrée dans son loft. Bientôt, il lui exigerait des comptes sur l’air qu’elle respirait... Certes, les locaux de la Herald Company n’étaient pas le cadre idéal pour ce qu’elle s’apprêtait à faire, mais il fallait toujours un début à tout... Alors hop, en piste ! Molly commença sans prévenir à exécuter une drôle de danse. D’un coup sec, elle envoya valser ses escarpins noirs vernis. Vlan ! Le soulier gauche atterrit dans la vitrine poussiéreuse de l’entrée, tandis que le droit s’écrasa sur la truffe de Rufus qui se mit aussitôt à pousser des cris de caniche étripé, avant de se réfugier, épouvanté, dans les pattes de son maître. Elle s’attaqua ensuite à sa robe twin-set en vichy beige. Elle défit un à un les boutons de la veste, se dégagea des emmanchures en deux coups d’épaule, la fit tournoyer un instant au-dessus de sa tête, puis la lança dans les feuilles du palmier artificiel en décoration au milieu de l’allée. Cinq cartes de crédit platine, qui avaient surgi au passage de la poche droite, vinrent s’éparpiller sur le tapis sans âge du hall. Sans attendre, elle tira sur la longue fermeture éclair qui retenait sur le côté sa robe ajustée, se tortilla pour la faire tomber, puis, du bout du pied, elle la fit décoller du sol, l’attrapa au vol et la roula en boule avant de l’expédier tout droit dans le nez effaré de Milton. Enfin, telle une sirène ondulante, elle entreprit d’enrouler ses bas, l’un après l’autre, jusqu’au bas de ses jambes, puis elle les expulsa d’une pichenette dans le pot de fleur voisin.
– Désolée, messieurs dames, mais le show s’arrête ici. Les dessous en soie que voici m’ont été offerts par Elroy, my lover. Ben oui, mon trésor, ce sont des choses qui arrivent !
En fait, il s’agissait là d’une sérieuse entorse à la réalité, puisque c’était un cadeau de sa mère pour son anniversaire. Mais que voulez-vous, la vie recelait parfois des cas de force majeure pour lesquels il apparaissait ô combien nécessaire d’enjoliver la réalité, car décidément, elle ne perdait jamais une occasion de manquer de chic, celle-là !
– Bon, maintenant que tu as récupéré tout ce qui t’appartenait, vraiment tout, eh bien, ciao !
Cela dit, Molly tourna les talons et se dirigea, la mine altière, vers l’ascenseur. Dénudée des pieds à la tête, ou presque, sous les portraits réprobateurs de six générations de Milton Gordon, la scène tenait du fantastique. Mais cette vision irréelle ne dura qu’un instant. En un lourd claquement de portes d’acier chromé, Molly disparut pour toujours, d’un seul coup d’un seul.
Milton, soufflé, restait coi, dans une confusion de vêtements épars, ses princess cards piteusement échouées à ses pieds, sous le regard courroucé de Rufus qui arborait plus que jamais son air de toutou capricieux.

***

Auréba :

Depuis la fenêtre de mon appartement, ma vue plongeait sur ta chevelure de playmobil. Même si tu gardais un œil vigilant sur l’eau de la piscine, ne pouvant t’y refléter comme dans une psyché, tu ne lâchais pas ta plastique des yeux. Tu promenais tes yeux inquisiteurs sur toutes les parcelles accessibles de ton corps. Tes épaules, tes bras, tes pectoraux, tes abdominaux, tes cuisses, tes jambes, tes pieds. Comme si tu avais peur de fondre sous ce soleil d’Andalousie. Comme si tu vérifiais que ton corps chocolaté n’avait été croqué à aucun endroit par une de ces filles hystériques que l’on voit à la télévision dans cette pub de déodorant selon laquelle «plus t’en mets, plus t’en as». Mon petit bonhomme en chocolat!
En tête à tête tous les deux, moi aussi j’ai laissé mon regard parcourir ta plastique, et c’est bien là le mot à employer. Ta peau mâte était lisse. Tes sourcils n’étaient pas épilés, ils étaient dessinés, tes yeux étaient d’un bleu artificiel, tes dents, blanches comme le papier industriel. Pas un grain de barbe, pas un poil, ni sur tes bras, ni sur ton torse, ni sur tes jambes. On aurait dit que ton regard rappelait à toute pilosité l’interdiction de percer au grand jour. Tes petits muscles étaient légèrement sculptés et soigneusement surveillés.
Esthétisé de la tête aux pieds, tu aimais t’offrir à la vue du monde, au centre de toutes les fenêtres du bloc, et, comme tu me l’as confié, sur le podium des discothèques où tu t’adonnes au strip-tease. Mais attention ! Pas n’importe quel strip-tease!, m’as-tu dit. «Il faut que ce soit esthétique! Avec des petits mouvements bien faits.».
Ce corps travaillé et retravaillé de la tête aux pieds se remue donc toutes les semaines des pieds à la tête et de la tête aux pieds, et j’essaie d’imaginer ton corps s’épanouir et bouger de tout son long. J’imagine le flow de la musique s’emparer de tes pieds et faire balancer ta tête sur tes épaules pour redescendre vers tes pieds dans un va-et-vient enivrant.
Même si aujourd’hui je suis loin de toi, j’ai photographié mentalement toutes les parties accessibles de ton corps, de la tête aux pieds, mais mon regard n’a fait que glisser sur le toboggan de ta surface lisse. Des clichés, voilà tout ce que je garde de toi. Le reste, laisse moi l’imaginer.

***

Coralie :

Quoi de plus merveilleux que tous les premiers pas d'un enfant dans la vie ? Papa et maman s'extasient devant le moindre progrès de bébé... Il émet des sons que l'on prend pour des mots, il se déplace à quatre pattes puis à deux seulement, il s'éveille et... il mange comme un grand ! Tout seul ! Quel bonheur ! À partir du moment où il a entre ses mimines son assiette et sa petite cuillère : pas touche ! Il est alors fortement conseillé de se munir d'un ciret et d'un parapluie, de protéger un minimum les alentours (des bâches sur le sol sont en général les bienvenues) avant d'installer le petit ange dans sa chaise haute. Là, les hostilités peuvent commencer. Le chérubin remplit sa catapulte de purée (de carottes, évidemment) pour la mener jusqu'à sa bouche mais, malencontreusement, une moitié de la cuillerée s'écrase sur sa joue et l'autre attrrit sur sa couche (oui, autant que possible, mieux vaut mettre bébé en couche lorsqu'il apprend à manger seul). Deuxième tentative : en plein dans le mille ! Ou presque... le projectile a atteint sa cible mais aussi le nez, voire l'intérieur des narines, quelques mèches de cheveux et le pauvre mur qui se trouvait derrière. La patience du petit chou a ses limites : il jette sa cuillère par terre et plonge ses mains dans sa bouillie... comme dix doigts ne lui suffisent pas, il pose délicatement ses petons sur la tablette, faisant basculer son assiette, dont le contenu se répand sur son ventre et ses jambes potelées. Bébé tout entier est recouvert de purée. Mais un parent digne de ce nom ne pouvant pas laisser sa progéniture le ventre vide, un petit pot de crème au chocolat s'impose. Imaginez les dégâts...

***

Laëtitia :

En entrant dans le magasin de tissu, elle passa devant elle sans la reconnaître, après tout, ce n’était que la vendeuse. Il lui fallait confectionner pour le lendemain, une étole et une ceinture pour assister à un mariage. Le Roi du Tissu était le lieu tout désigné. Elle inspecta soigneusement tous les rouleaux du magasin, trouva enfin son bonheur puis, l’air décidé, elle se dirigea vers la caisse pour être servie. Comme elle approchait du comptoir ce visage lui sembla soudain familier, ressurgi d’ailleurs, d’un autre temps. Etait-ce vraiment elle ? Elle se la rappelait mesurant un mètre soixante-quinze au moins et aujourd’hui elle n’en faisait plus qu’un soixante. Etait-il possible qu’elle ait raccourci ? Ou bien l’idéal qu’elle s’était fait d’elle était à ce point éloigné de la réalité ?
- Bonjour, vous désirez ? Dit la vendeuse d’un ton mécanique.
- (T’arracher les yeux -pensa-t-elle.) Tu ne me reconnais pas ? Dit Anna froidement.
-Ah oui ! Fit-elle entre l’étonnement et la gêne.
C’était donc elle mais elle n’avait rien à voir avec son souvenir. Où était ce canon de beauté ? Où était cette fille qui l’avait fait se sentir si petite, si insignifiante et transparente ? La jeune femme qui se trouvait devant elle, affichait un manque de confiance en soi évident. Peut-être pour avoir été surprise dans ce magasin insipide, ce souk, alors qu’il y a trois ans elle se promettait à une brillante carrière. Ses cheveux ailes de corbeau descendaient broussailleux en cascade le long de son dos. Ils étaient abîmés et ne reflétaient aucune lumière, aucune vie pas plus que son visage blafard poinçonné d’innombrables taches de rousseur. Ce nez parfaitement taillé comme façonné au scalpel avait fait place à un petit groin. Et son regard, autrefois espiègle et coquin, était aujourd’hui empreint de mélancolie et témoignait de ses illusions perdues. L’abus de médicament pouvait-il opérer une telle transformation ? Ou bien avait-elle toujours eu cette apparence ? Et ce corps, qu’Anna croyait élancé, svelte, grand et harmonieux, il était mal proportionné : grassouillet et décharné selon l’endroit. Ses pieds étaient saucissonnés dans des chaussures bon marché qui avaient fait leur temps depuis belle lurette. Elle avait pourtant l’air d’être la meilleure version d’elle-même. Le visage détendu et reposé. Anna ressentit une pointe de pitié pour cette fille qui trois ans auparavant l’avait tant diminuée.

Références culturelles, 375 : El chinchón

En photo : Chinchón, par Jesús Garrido

El chinchón (juego de naipes)
une idée d'Odile

http://es.wikipedia.org/wiki/Chinch%C3%B3n_%28juego_de_naipes%29

Exercice de version, 91

Después de este abrazo volvimos a montar a caballo y continuamos nuestro camino en silencio, porque la emoción nos embargaba la voz.
La oscuridad se había hecho más densa, pero yo veía en el cura, cuyo semblante aún no conocía, algo luminoso; tan cierto es que la simpatía y la admiración se complacen en revestir a la persona simpática y admirada con los atractivos de la Divinidad.
Iba yo repasando en mi memoria los hermosos tipos ideales del buen sacerdote moderno, que conocía sólo en las leyendas, y a los cuales se parecía mi compañero de camino, y no recordaba más que a dos con los cuales tuviera una extraña semejanza. El uno era el virtuoso Vicario de aldea, de Enrique Zschokke, cuyo diario había leído siempre con lágrimas, porque el ilustre escritor suizo ha sabido depositar en él raudales de inmensa ternura y de dulcísima resignación.
El otro era el Padre Gabriel, de Eugenio Sué, que este fecundo novelista ha sabido hacer popular en el mundo entero con su famoso Judío Errante. En aquella época aún no había publicado Víctor Hugo Los miserables y, por consiguiente, no había yo admirado la hermosa personificación de monseñor Myriel, que tantas lágrimas de cariño ha hecho derramar después. Verdad es que conocía la historia de varios célebres misioneros cuyas virtudes honraban al cristianismo; pero siempre encontraba en su carácter un lunar que me hacía perder en parte mi entusiasta veneración hacia ellos. Sólo había podido, pues, admirar en toda su plenitud a los personajes ideales que he mencionado.

Ignacio Manuel Altamirano, Navidad en los montes

***

Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

Après cette accolade, nous remontâmes à cheval et poursuivîmes notre chemin en silence, parce que nous avions la voix nouée par l’émotion.
L’obscurité était devenue plus dense, mais je voyais dans l’expression du curé, dont je ne connaissais pas encore le visage, quelque chose de lumineux ; tant il est vrai que la sympathie et l’admiration se plaisent à parer la personne sympathique et admirée des charmes de Dieu.
Je me repassais en mémoire les beaux archétypes idéaux du bon prêtre moderne, que je connaissais seulement par les légendes, et auxquels ressemblait mon compagnon de route ; je ne m’en rappelais plus que deux avec qui il pût entretenir une étrange ressemblance. L’un était le vertueux Vicaire de Wiltshire, de Heinrich Zschokke, journal dont la lecture m’avait toujours tiré des larmes, parce que l’illustre écrivain suisse a su y déverser des torrents d’infinie tendresse et de très douce résignation. L’autre était le Père Gabriel, d’Eugène Sue, que ce romancier fécond a su rendre populaire dans le monde entier grâce à son célèbre Juif Errant. À cette époque, Victor Hugo n’avait pas encore publié Les misérables ; par conséquent, je n’avais pas admiré pour lors la splendide personnification de monseigneur Myriel, qui a fait couler tant de tendres larmes par la suite. Certes, je connaissais l’histoire de plusieurs célèbres missionnaires dont les vertus honoraient le christianisme, mais je trouvais toujours dans leur caractère un défaut qui me faisait perdre une part de ma vénération enthousiaste envers eux. Je n’avais donc pu admirer dans toute leur plénitude que les personnages idéaux que j’ai mentionnés.

***

Marie G. nous propose sa traduction :

Après cette accolade, nous remontâmes à cheval et nous continuâmes notre chemin en silence, car l'émotion nous paralysait la voix.
L'obscurité était devenue plus dense, mais je voyais chez le curé, dont je ne connaissais pas encore le visage, quelque chose de lumineux; il est tellement vrai que la sympathie et l'admiration se plaisent à revêtir la personne sympathique et admirable des attraits de la Divinité.
Quant à moi, j'étais en train de reconvoquer dans ma mémoire les catégories jolies et idéales du gentil prêtre moderne, que je ne connaissais que dans les légendes, et auxquels mon camarade de route ressemblait. Il ne correspondait guère qu'à deux personnages, avec qui il partageait une étrange ressemblance. Le premier était le vertueux Vicario du village, d'Enrique Zschokke, dont j'avais toujours lu le journal les larmes aux yeux, car ce remarquable écrivain suisse a su y introduire à foison, une immense tendresse et une très douce résignation.
Le second était le Père Gabriel, d'Eugenio Sué, que ce romancier prodigue a su rendre populaire dans le mode entier grâce au célèbre Juif Errant. À cette époque, Victor Hugo n'avait pas encore publié Les misérables et par conséquent, je n'avais pas pu admirer la belle personnification de monseigneur Myriel, qui a fait couler par la suite tant de larmes de tendresse. Il est vrai que je connaissais l'histoire de plusieurs missionnaires célèbres dont les vertus honoraient le christianisme; mais, je trouvais toujours dans leurs caractères une zone d'ombre qui me faisait perdre en partie l'enthousiaste vénération que je leur vouais. Ainsi, je n'ai guère pu qu'admirer, dans toute leur plénitude, les personnages idéaux que je viens de mentionner.

***

Sonita nous propose sa traduction :

Après nous être pris dans les bras nous remontâmes sur les chevaux et nous poursuivîmes notre chemin en silence, parce que l’émotion nous paralysait la voix.
L’obscurité était devenue plus dense, mais je voyais chez le curé, dont le visage m’était encore inconnu, quelque chose de lumineux ; ce qui est vrai c’est que la sympathie et l’admiration se complaisent à revêtir la personne sympathique et admirée avec les attraits de la Divinité.
Je repassais dans ma mémoire les beaux types d’idéaux chez le bon prêtre moderne, que je ne connaissais que dans les légendes, à qui mon compagnon de route ressemblait, et je ne pouvais me souvenir que de deux avec qui il avait une étrange ressemblance. L’un d’eux c’était le vertueux Vicaire de village, d’Enrique Zschokke, dont il avait lu le journal toujours en larmes, parce que l’illustre écrivain suisse avait su déposer en lui des torrents d’une immense tendresse et une très douce résignation.
L’autre c’était le Père Gabriel, d’Eugenio Sué, que ce fécond romancier avait su faire devenir populaire dans le monde entier avec son célèbre Juif Errant. À cette époque-là, Victor Hugo n’avait pas publié Les Misérables et, par conséquent, je n’avais pas admiré la belle personnification de monseigneur Myriel, qui tant de larmes d’affection fit couler après. La vérité est que je connaissais l’histoire de plusieurs missionnaires dont les vertus honoraient le christianisme ; mais je trouvais toujours dans leur caractère une tache qui me faisait perdre, en partie, mon enthousiaste vénération envers eux. Je n’avais pu, donc, qu’admirer dans toute leur plénitude les personnages idéaux que j’ai mentionnés.

***

Morgane nous propose sa traduction :

Après cette accolade, nous sommes remontés à cheval et nous avons poursuivis notre chemin en silence, car l’émotion nous troublait la voix. L’obscurité s’était faite plus dense, mais je voyais dans le curé, dont je ne connaissais toujours pas le visage, quelque chose de lumineux ; il est tellement évident que sympathie et admiration apprécient revêtir la personne agréable et admirée des attraits de la Divinité. J’allais me remémorant les éminents types d’idéaux du bon curé moderne, que je connaissais seulement dans les légendes, et auxquels ressemblaient mon compagnon de route, et je ne me souvenais que de deux avec qui il avait une étrange ressemblance. L’un était le vertueux « Vicaire du hameau », de Henri Zschokke, dont j’avais toujours lu le journal en pleurant, car le célèbre écrivain Suisse a su déposer en lui des torrents d’immenses tendresse et de douce résignation. L’autre était le «Père Gabriel », d’Eugène Sue, que ce fécond romancier a su rendre populaire dans le monde entier avec son fameux Juif Errant. À cette époque, Victor Hugo n’avait pas encore publié « Les misérables » et, par conséquent, je n’avais pas admiré la belle personnification de monseigneur Myriel, qui, par la suite, a fait verser tant de larmes d’affection. Il est vrai que je connaissais l’histoire de plusieurs missionnaires dont les vertus honoraient le christianisme ; mais je trouvais toujours dans leur caractère un défaut qui me faisait perdre en partie mon enthousiaste vénération envers eux. J’avais seulement pu, donc, admirer dans toute sa plénitude les personnages idéaux que j’ai mentionnés.

jeudi 18 février 2010

Références culturelles, 374 : El entierro de Genarín

En photo : Entierro de Genarín, León, par Zheileman

El entierro de Genarín
une idée d'Odile

http://es.wikipedia.org/wiki/Genar%C3%ADn
http://www.reporterodigital.com/castillayleon/post.php/2007/04/06/el_entierro_de_genarin_registra_un_recor

Exercice de version, 90

EL día señalado para el viaje, se despertó tan nervioso que pensó que se pondría enfermo antes de llegar a Madrid.
Era un día muy frío. En las calles quedaban restos de nieve. Muy a gusto se habría quedado en la cama, como hacía siempre en las vacaciones de Navidad.
Durante la comida, sus padres parecían más cariñosos que de costumbre, como si estuvieran un poco preocupados. Ramón no pudo comer mucho. Tenía el estómago lleno de nudos.
—¿Quieres que te lleve a casa de tu amigo? —se ofreció el padre.
Ramón lo miró sorprendido. Aquello era una novedad. A su padre no le gustaba sacar el coche por la ciudad, aunque le encantaba pisar a fondo el acelerador en carretera.
—No hace falta, ya sabes que Juanma vive muy cerca.
—Pero vas cargado.
Eso era cierto. Había tenido que preparar una mochila para que sus padres no desconfiasen, aun sabiendo que probablemente sería más un estorbo que otra cosa.

Manuel L. Alonso, Juegos para adultos

***

Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

Le jour prévu pour le voyage, il se réveilla si nerveux qu’il pensa qu’il tomberait malade avant même d’arriver à Madrid.
C’était une journée très froide. Il y avait encore un peu de neige dans les rues. Il serait resté très volontiers au lit, ce qu’il ne manquait jamais de faire pendant les vacances de Noël.
Au cours du repas, ses parents lui semblèrent plus chaleureux que d’habitude, comme s’ils étaient légèrement préoccupés. Ramón ne put pas avaler grand chose. Il avait l’estomac vraiment noué.
— Veux-tu que je te conduise chez ton ami ? — lui proposa son père.
Ramón le regarda, surpris. Ça, c’était nouveau. Son père n’aimait pas rouler en voiture en ville, bien qu’il adorât, sur la route, appuyer à fond sur l’accélérateur.
— Ce n’est pas la peine, tu sais bien que Juanma habite tout près.
— Mais tu es chargé.
C’était certain. Il avait dû préparer son sac pour rassurer ses parents, tout en sachant que, probablement, il l’embarrasserait plus qu’autre chose.

***

Amélie nous propose sa traduction :

Au matin du voyage, il se réveilla dans un tel état de nervosité qu’il pensa qu’il allait tomber malade avant d’arriver à Madrid.
C’était un jour de grand froid. Çà et là, des restes de neige subsistaient dans les rues. Il serait bien resté au lit, comme il en avait l’habitude pendant les vacances de Noël.
Pendant le repas, ses parents semblaient plus affectueux qu’à l’accoutumée, comme s’ils étaient un peu inquiets. Ramón ne put pas avaler grand-chose. Son estomac était complètement noué.
— Veux-tu que je te conduise chez ton ami ? —lui proposa son père.
Ramón le dévisagea, l’air surpris. C’était une grande première ! Son père n’aimait pas rouler en ville avec sa voiture, même s’il adorait avoir le pied au plancher sur la route.
— Ce n’est pas la peine, tu sais bien que Juanma habite tout près.
— Mais tu es chargé !
C’était vrai. Il avait dû se préparer un sac à dos pour que ses parents ne se méfient pas, même s’il savait que cela allait sans doute le gêner plutôt qu’autre chose.

***

Laëtitia nous propose sa traduction :

Le jour prévu pour le départ, il se réveilla si nerveux qu’il crut qu’il tomberait malade avant d’arriver à Madrid. C’était un jour très froid. Dans les rues, il y avait encore des restes de neige. Il serait bien resté au chaud dans son lit, comme il le faisait toujours pendant les vacances de Noël. Pendant le repas, ses parents semblaient plus affectueux que d’habitude, comme s’ils étaient un peu préoccupés. Ramón ne put pas avaler grand chose. Il avait l’estomac noué.
-Tu veux que je t’amène chez ton ami ? –proposa son père.
Ramon le regarda d’un air surpris. C’était une nouveauté. Son père n’aimait pas sortir la voiture en ville, bien qu’il adorât écraser le champignon sur l’autoroute.
-Ce n’est pas la peine, tu sais bien que Juanma vit tout près.
-Mais tu es chargé.
C’était vrai. Il avait dû préparer un sac à dos pour que ses parents ne se doutent de rien, même s’il savait que celui-ci constituerait plus une gêne qu’autre chose.

***

Chloé nous propose sa traduction :

Le jour du départ, il se réveilla si nerveux qu’il crut qu’il allait tomber malade avant d’arriver à Madrid.
C’était un jour de grand froid. Il restait encore un peu de neige dans les rues. Il serait volontiers resté dans son lit, comme il en avait l’habitude pendant les vacances de Noël.
Pendant le repas, ses parents semblaient encore plus affectueux qu’à l’accoutumée, comme s’ils étaient un peu inquiets. Ramón ne put avaler pas grand chose. Son estomac était complètement noué.
Veux-tu que je te conduise chez ton ami ? –lui proposa son père.
Ramón le regarda, surpris. Ça, c’était nouveau ! Son père n’aimait pas prendre sa voiture en ville, même si, sur la route, il adorait appuyer sur le champignon.
Non, c’est bon, tu sais bien que Juanma habite tout près.
Mais tu es chargé.
Ça c’était sûr. Il avait dû se préparer un sac à dos pour que ses parents ne se doutent de rien, même s’il savait que ce serait probablement plus encombrant qu’autre chose.

***

Marie G. nous propose sa traduction :

Le jour prévu pour le voyage, il se réveilla si nerveux qu'il pensa qu'il tomberait malade avant d'arriver à Madrid.
C'était un jour de grand froid. Dans les rues, il y avait des restes de neige. Il serait bien resté au chaud dans son lit, comme il le faisait toujours pendant les vacances de Noël.
Au cours du repas, ses parents semblaient plus affectueux que d'habitude, comme s'ils étaient un peu inquiets. Ramón ne put presque rien avaler. Il avait l'estomac noué.
— Tu veux que je t'amène chez ton ami?- proposa son père.
Ramon le regarda surpris. C'était une nouveauté. Son père n'aimait pas conduire en ville, bien qu'il adorât appuyer à fond sur l'accélérateur sur la route.
— Ce n'est pas la peine, tu sais bien que Juanma vit à côté.
— Mais tu es chargé.
Cela était vrai. Il avait dû préparer un sac à dos pour que ses parents n'aient aucune crainte, tout en sachant que ce serait probablement plus une gêne qu'autre chose.
– Mange un peu plus, mon ange – dit la mère- Tu n'as même pas goûté une bouchée.
Finalement ce fut elle qui l'accompagna chez Juanma. Elle insista pour rester jusqu'à ce qu'ils partent. Il faisait déjà nuit. D'abord, le père de Juanma les amena en voiture jusqu'à l'autre ville où ils rejoignaient les oncles de Juanma qui partaient le lendemain matin en train à Madrid. Ramón dit au revoir à sa mère de cet air quelque peu impatient qu'il prenait lorsqu'un de ses amis était devant.
En prenant la route, le père de Juanma mit le chauffage dans la voiture et leur demanda quel genre de musique ils préféraient. C'était un homme de bon caractère qui aimait plaisanter et qui ne cessa pas de le faire pendant le trajet.
Dans l'obscurité de la nuit, on apercevait de temps en temps un sommet enneigé. Des champs et des prairies, une maison isolée dans laquelle on voyait une lumière allumée, avaient l'air triste. Ramón avait du mal à répondre aux plaisanteries du père de son ami. Juanma non plus ne parlait pas beaucoup.

***

Sonita nous propose sa traduction :

Le jour prévu pour le voyage, il se réveilla si nerveux qu’il pensa qu’il tomberait malade avant d’arriver à Madrid.
C’était un jour très froid. Il y avait encore dans les rues des restes de neige. Il serait très bien resté dans son lit, comme il le faisait toujours pour les vacances de Noël.
Pendant le repas, ses parents semblaient plus affectueux qu’à l’habitude, comme s’ils étaient un peu préoccupés. Ramón ne put pas beaucoup manger. Il avait des tas de nœuds à l’estomac.
—Tu veux que je t’emmène chez ton ami ? — proposa son père.
Ramón le regarda surpris. Ça c’était une nouvelle. Son père n’aimait pas sortir la voiture dans la ville, bien qu’il adorait y aller à fond sur l’accélérateur dans l’autoroute.
—Ce n’est pas la peine. Tu sais bien que Juanma ne vit pas très loin.
—Mais, tu es chargé.
Ça, c’était vrai. Il avait dû préparer un sac à dos pour que ses parents ne se doutent de rien, même en sachant que cela serait bien plus une gêne qu’autre chose.

***

Morgane nous propose sa traduction :

Le jour prévu pour le voyage, il se réveilla si excité qu’il pensa qu’il tomberait malade avant d’arriver à Madrid. C’était un jour très froid. Dans les rues, il subsistait des restes de neige. Il serait resté volontiers dans son lit, comme il le faisait toujours durant les vacances de Noël.
Durant le repas, ses parents semblaient plus affectueux que de coutume, comme s’ils avaient été un peu inquiets. Raymond ne put pas manger beaucoup. Il avait l’estomac plein de nœuds.
— Veux-tu que je te dépose chez ton ami ? – proposa le père.
Raymond le regarda surpris. C’était une nouveauté. Son père n’aimait pas sortir la voiture à travers la ville, même s’il aimait appuyer à fond sur l’accélérateur sur la route.
— Ce n’est pas la peine, tu sais bien que Juanma vit tout près.
— Mais tu es chargé.
C’était vrai. Il avait dû préparer un sac à dos pour que ses parents ne se méfient pas, même s’il savait que ce serait probablement plus une gêne qu’autre chose.
— Mange un peu plus, fiston – intervint la mère - ; tu n’as pas pris une bouchée.
Ce fut elle finalement qui l’accompagna chez Juanma. Il insista pour rester jusqu’à ce qu’ils soient sortis, la nuit déjà tombée. D’abord, le père de Juanma, les amenait en voiture de la manière dont il le faisait quand un de ses amis était devant.
En sortant sur la route, le père de Juanma mit le chauffage de la voiture et leur demanda quel type de musique ils préféraient. C’était un homme qui avait bon caractère qui adorait plaisanter, et il ne cessa de le faire durant tout le trajet.
Dans la nuit obscure, on entrevoyait de temps en temps un sommet enneigé. Les champs et les prairies, avec, sporadiquement, une maison isolée dans laquelle on voyait encore une lumière allumée, avaient un triste aspect. Raymond avait des difficultés à répondre aux questions du père de son ami. Juanma ne parlait pas non plus beaucoup.

mercredi 17 février 2010

Cours avec Jean-Luc Furette

Vous le retrouverez en salle I 100…

Références culturelles, 373 : Juan Manuel Fangio

En photo : Juan Manuel Fangio - Northern..., par GeertVanneste

Juan Manuel Fangio
une idée d'Odile

http://www.museofangio.com/

Exercice de version, 89

Ésta es la historia de Diego de la Vega y de cómo se convirtió en el legendario Zorro. Por fin puedo revelar su identidad, que por tan­tos años mantuvimos en secreto, y lo hago con cierta vacilación, ya que una página en blanco me intimida tanto como los sables des­nudos de los hombres de Moncada. Con estas páginas intento ade­lantarme a aquellos que están empeñados en difamar al Zorro. El número de nuestros rivales es considerable, como suele suceder a quienes defienden a los débiles, salvan doncellas y humillan a los poderosos. Naturalmente, todo idealista se echa encima enemigos, pero nosotros preferimos sacar la cuenta de nuestros amigos, que son muchos más. Debo narrar estas aventuras, porque de poco ser­viría que Diego se jugara la vida por la justicia si nadie se entera. El heroísmo es una ocupación mal remunerada, que a menudo condu­ce a un fin prematuro, por eso atrae a personas fanáticas o con una malsana fascinación por la muerte. Existen muy pocos héroes de corazón romántico y de sangre liviana. Digámoslo sin rodeos: no hay ninguno como el Zorro.

Isabel Allende, El Zorro

***

Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

Voici l’histoire de Diego de la Vega où nous relatons comment il est devenu le légendaire Zorro. Je peux enfin révéler son identité qui a été tenue secrète pendant tant d’années, ce que je fais avec une certaine hésitation, car une page blanche m’intimide autant que les sabres nus des hommes de Moncada. À travers ces pages, j’essaie de contrer ceux qui s’acharnent à diffamer Zorro. Le nombre de nos rivaux est considérable : c’est généralement le lot de ceux qui défendent les faibles, sauvent les jeunes filles et humilient les puissants. Naturellement, tous les idéalistes se font des ennemis, mais nous, nous préférons faire le compte de nos amis, qui sont beaucoup plus nombreux. Je dois raconter ces aventures, parce qu’il s’en faudrait de peu pour que Diego joue sa vie en justice, si personne n’y fait attention. L’héroïsme est une activité mal rémunérée, qui conduit souvent à une fin prématurée, c’est pourquoi elle attire des personnes fanatiques ou éprouvant une fascination malsaine pour la mort. Il existe très peu de héros au cœur romantique et au tempérament léger. Disons-le sans détours : il n’y en a pas un comme Zorro.

***

Coralie nous propose sa traduction :

Voici l'histoire de Diego de la Vega et comment il devint le légendaire Zorro. Je peux enfin révéler son identité, que nous avons gardé secrète pendant tant d'années, et je le fais avec une certaine hésitation, puisqu'une page blanche m'intimide autant que les sabres nus des hommes de Moncada. Avec ces pages, j'essaie de devancer ceux qui s'emploient à discréditer Zorro. Le nombre de nos rivaux est considérable, comme il arrive en général à ceux qui défendent les faibles, sauvent les demoiselles et humilient les puissants. Naturellement, tout idéaliste se fait des ennemis, mais nous préférons nous attacher à nos amis, qui sont bien plus nombreux. Je me dois de raconter ces aventures, parce que Diego pourrait bientôt risquer sa vie pour la justice si personne n'est informé. L'héroïsme est un loisir mal rémunéré, qui conduit souvent à une fin prématurée, c'est pour cela qu'il attire des personnes fanatiques ou doté d'une fascination malsaine pour la mort. Il existe très peu de héros au cœur romantique et au sang léger. Disons-le sans détour : il n'y en a pas d'autre comme Zorro.

***

Laëtitia nous propose sa traduction :

Voici l’histoire de Diego de la Vega et comment il devint le légendaire Zorro. Je peux enfin révéler son identité, que nous avons gardée secrète pendant tant d’années, et je le fais avec une certaine hésitation, car une page blanche m’intimide autant que les sabres nus des hommes de Moncada. Avec ces pages j’essaie de devancer ceux qui s’efforcent de diffamer le grand Zorro. Le nombre de nos rivaux est considérable, comme cela est coutume pour ceux qui défendent les faibles, sauvent les damoiselles et humilient les puissants. Naturellement, tout idéaliste qui se respecte s’attire des ennemis, mais nous préférons faire le compte de nos amis, qui sont beaucoup plus nombreux. Je dois relater ces aventures, parce que cela ne servirait pas à grand-chose que Diego risque sa vie au nom de la justice si personne n’en sait rien. L’héroïsme est une occupation mal rémunérée, qui conduit souvent à une fin prématurée, c’est pourquoi elle séduit des personnes fanatiques ou qui ont une fascination malsaine pour la mort. Il existe très peu de héros au cœur romantique et au sang léger. Disons-le sans détours : il n’y a personne comme le grand Zorro.

***

Amélie nous propose sa traduction :

Voici l'histoire de Diego de la Vega et de la manière dont il devint le légendaire Zorro. Je peux enfin révéler son identité, que nous avons gardée secrète pendant tant d'années ; je le fais pourtant avec une certaine hésitation, car une page blanche m'intimide autant que les sabres nus des hommes de Moncada. Avec ce récit, j’essaie de prendre de l’avance sur ceux qui s’appliquent à diffamer Zorro. Nos rivaux se comptent en grand nombre, apanage habituel de ceux qui défendent les faibles, sauvent les demoiselles et humilient les puissants. Naturellement, tout idéaliste s’attire des ennemis, mais nous préférons avoir confiance en nos amis, qui sont bien plus nombreux. Je dois raconter ces aventures, parce que Diego pourrait bientôt risquer sa vie pour la justice si personne n’est mis au courant. L'héroïsme est une profession bien mal rémunérée qui conduit souvent à une fin prématurée : c'est pour cela qu'elle séduit des personnes fanatiques ou dotées d'une fascination malsaine pour la mort. Il existe très peu de héros au cœur romantique et au sang léger. Disons-le sans détour : il n'y en a pas deux comme Zorro.

***

Marie G. nous propose sa traduction :

Voilà l'histoire de Diego de la Vega et de la manière dont il devint le légendaire Zorro. Enfin je peux révéler son identité, qui fut pendant tant d'années gardée secrète. Je le fais avec une certaine hésitation, puisque la page blanche m'intimide autant que les sabres nus des hommes de Moncada. Avec ces pages, j'essaie de devancer ceux qui s'entêtent à critiquer Zorro. Le nombre de nos rivaux est considérable, comme ce qui arrive toujours à ceux qui défendent les faibles, sauvent les demoiselles et humilient les puissants. Naturellement, tout idéaliste se fait des ennemis, mais nous, nous préférons faire le compte de nos amis, qui sont beaucoup plus nombreux. Je dois raconter ces aventures, car dans peu de temps il se pourrait que Diego joue sa vie pour la justice, si personne ne s'en rend compte. L'héroïsme est un travail mal rémunéré, qui conduit souvent à une fin prématurée; c'est pourquoi il attire des personnes fanatiques ou qui éprouvent une fascination malsaine pour la mort. Il existe très peu de héros au coeur romantique et au sang léger. Avouons-le sans détours: il n'y en a pas un comme Zorro.

***

Julie V. nous propose sa traduction :

Voici l’histoire de Diego de la Vega et de la manière dont il est devenu le légendaire Zorro. Je peux enfin révéler son identité, que nous avons maintenue secrète pendant tant d’années, et je le fais avec une certaine hésitation, puisqu’une page blanche m’intimide tout autant que les sabres aux lames nues des hommes de Moncada. Avec ces pages, j’essaie de devancer ceux qui s’obstinent à calomnier Zorro. Le nombre de nos rivaux est considérable, comme cela se passe habituellement pour ceux qui défendent les faibles, sauvent les demoiselles et humilient les puissants. Naturellement, tout idéaliste ne va pas sans se faire d’ennemis, mais nous, nous préférons prendre en compte nos amis, qui sont beaucoup plus nombreux. Je dois raconter ces aventures, parce que dans peu de temps il se pourrait que Diego mette en jeu sa vie au nom de la justice si personne n’est au courant. L’héroïsme est une profession mal rémunérée, qui souvent conduit à une fin prématurée, voilà pourquoi il attire des personnes fanatiques ou qui ressentent une fascination malsaine pour la mort. Très peu de héros au cœur romantique et au sang léger existent. Disons-le sans détours : Il n’y a personne comme Zorro.

***

Morgane nous propose sa traduction :

Ceci est l’histoire de Diego de la Vega et comment il devint le légendaire Zorro. Je peux enfin dévoiler son identité, que nous avons maintenue secrète durant de nombreuses années, et je le fais avec une certaine hésitation, étant donné qu’une page blanche m’intimide autant que les sabres nus des hommes de Moncada. Avec ces pages, j’essaie de devancer ceux qui s’acharnent à diffamer Zorro. Le nombre de nos rivaux est considérable, comme il arrive généralement à ceux qui défendent les faibles, sauvent les jeunes filles et humilient les puissants. Naturellement, tout idéaliste se met à dos des ennemis, mais nous préférons compter sur nos amis, qui sont beaucoup plus nombreux. Je dois raconter ces aventures, car il serait inutile que Diego ait risqué sa vie pour la justice si personne ne s’en était rendu compte. L’héroïsme est une occupation mal rémunérée, qui conduit souvent à une fin prématurée, c’est pour cela qu’il attire les personnes fanatiques ou avec une fascination malsaine pour la mort. Il existe très peu de héros doté d’un cœur romantique et d’un sang léger. Disons-le sans détour : personne n’égale Zorro.

***

Sonita nous propose sa traduction :

Celle-ci est l’histoire de Diego de la Vega et de comment il est devenu le légendaire Zorro. Je peux, enfin, révéler son identité, que pendant tant d’années nous maintînmes en secret, et je le fais avec une certaine hésitation, puisqu’une page blanche m’intimide autant que les sabres nus des hommes de Moncada. Avec ces pages j’essaie de prendre au dépourvu ceux qui se sont obstinés à diffamer Zorro. Le nombre de nos rivaux est considérable, particularité habituelle de ceux qui défendent les faibles, sauvent les demoiselles et humilient les puissants. Naturellement, tous les idéalistes ont sur le dos des ennemis, mais nous, nous préférons faire le compte de nos amis, qui sont bien plus. Je dois narrer ces aventures, parce que cela servirait de bien peu si Diego mettait en danger sa vie pour la justice sans que personne n’en sache rien. L’héroïsme est une occupation mal payée, qui conduit souvent à une fin prématurée, c’est pour cela qu’elle attire les fanatiques ou des personnes avec une fascination malsaine pour la mort. Il existe très peu de héros au cœur romantique et au sang léger. Disons-le sans détours : il n’y a aucun autre comme Zorro.

mardi 16 février 2010

Références culturelles, 372 : Las Bardenas Reales

En photo : Bardenas Reales-Navarra-Spain, par dnieper

Las Bardenas Reales
une idée d'Odile

http://www.lasbardenasreales.com/descripcion.htm
http://video.google.fr/videoplay?docid=-7655127242409070101#

Exercice de version, 88

Antes de que empezara la pelotera descomunal del progreso, quienes tenían algunos ahorros, los enterraban, era la única forma conocida de guardar dinero, pero más tarde la gente les tomó confianza a los bancos. Cuando hicieron la carretera y fue más fácil llegar en autobús a la ciudad, cambiaron sus monedas de oro y de plata por papeles pintados y los metieron en cajas fuertes, como si fueran tesoros. Tomás Vargas se burlaba de ellos a carcajadas, porque nunca creyó en ese sistema. El tiempo le dio la razón y cuando se acabó el gobierno del Benefactor —que duró como treinta años, según dicenlos billetes no valían nada y muchos terminaron pegados de adorno en las paredes, como infame recordatorio del candor de sus dueños. Mientras todos los demás escribían cartas al nuevo Presidente y a los periódicos para quejarse de la estafa colectiva de las nuevas monedas, Tomás Vargas tenía sus morocotas de oro en un entierro seguro, aunque eso no atenuó sus hábitos de avaro y de pordiosero. Era hombre sin decencia, pedía dinero prestado sin intención de devolverlo, y mantenía a los hijos con hambre y a la mujer en harapos, mientras él usaba sombreros de pelo de guama y fumaba cigarros de caballero. Ni siquiera pagaba la cuota de la escuela, sus seis hijos legítimos se educaron gratis porque la Maestra Inés decidió que mientras ella estuviera en su sano juicio y con fuerzas para trabajar, ningún niño del pueblo se quedaría sin saber leer. La edad no le quitó lo pendenciero, bebedor y mujeriego. Tenía a mucha honra ser el más macho de la región, como pregonaba en la plaza cada vez que la borrachera le hacía perder el entendimiento y anunciar a todo pulmón los nombres de las muchachas que había seducido y de los bastardos que llevaban su sangre. Si fueran a creerle, tuvo como trescientos porque en cada arrebato daba nombres diferentes.

Isabel Allende, El oro de Tomás Vargas

***

Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

Avant que ne démarre l’engueulade généralisée à propos du progrès, ceux qui avaient des économies les enterraient, c’était le seul moyen connu de garder son argent, même si, plus tard, les gens eurent envie de faire confiance aux banques. Quand on construisit la route et qu’il fut plus facile de venir en autobus en ville, les gens échangèrent leurs pièces d’or et d’argent contre des papiers colorés qu’ils mirent dans des coffres forts, comme s’il s’agissait de trésors. Tomás Vargas se moquait d’eux en riant aux éclats, parce qu’il n’avait jamais cru dans ce système. Le temps lui donna raison : quand s’acheva le gouvernement du Bienfaiteur — qui avait duré trente ans, à ce qu’on disait — les billets ne valaient plus rien, et la plupart finirent collés aux murs en guise de décoration et d’infâme souvenir de la candeur de leurs propriétaires. Tandis que tous les autres écrivaient des lettres au nouveau Président et à la presse pour se plaindre de l’escroquerie collective que représentaient les nouvelles monnaies, Tomás Vargas tenait ses morocotas (1) en lieu sûr, ce qui, d’ailleurs, ne modifia en rien ses habitudes d’avare et de mendiant. C’était un homme sans scrupule, qui demandait à ce qu’on lui prête de l’argent alors qu’il n’avait pas l’intention de le rendre, et qui avait des enfants affamés et une femme déguenillée quand lui-même portait des chapeaux en duvet d’inga (2) et fumait des cigares de gentleman. Il ne réglait même pas les frais scolaires ; ses six enfants légitimes furent éduqués gratuitement, parce qu’Inés, la maîtresse, avait décidé qu’il n’y aurait pas un seul enfant du village ne sachant pas lire, tant qu’elle aurait toute sa tête et la force de travailler. Malgré le passage des années, Tomás Vargas restait un bagarreur, un buveur et un coureur de jupons impénitent. Il se faisait fort d’être l’homme le plus viril de la région, comme il aimait à le claironner sur la place chaque fois qu’une de ses beuveries lui faisait perdre le sens commun et crier à pleins poumons les noms des femmes qu’il avait séduites et des bâtards qui étaient de son sang. À l’en croire, il avait eu trois cents conquêtes, mais il faut dire qu’à chaque crise il livrait des noms différents.

(1) nom populaire de la pièce d’or de 25 dollars américains
(2) genre d’arbres commun en Amérique du Sud

***

Coralie nous propose sa traduction :

Avant que n'eût commencé l'énorme chambardement du progrès, ceux qui avaient quelques économies les enterraient, c'était la seule façon connue de garder son argent, mais plus tard les gens firent confiance aux banques. Quand on construisit la route, il fut ainsi plus simple d'accéder à la ville en autobus, ils échangèrent leurs pièces d'or et d'argent contre des papiers de couleur et ils les mirent dans des coffres forts, comme s'il s'agissait de trésors. Tomás Vargas se moquait ouvertement d'eux, car il n'avait jamais cru à ce système. Le temps lui donna raison et quand le gouvernement du Bienfaiteur prit fin -il dura une trentaine d'années- les billets ne valaient plus rien, à ce que l'on dit, et beaucoup finirent collés aux murs en guise de décoration, infâme souvenir de la candeur de leurs propriétaires. Tandis que tous écrivaient des lettres au nouveau Président et aux journaux pour se plaindre de l'escroquerie collective des nouvelles monnaies, Tomás Vargas avait ses réserves d'or en lieu sûr, bien que cela n'atténuât pas ses habitudes d'avare et de mendiant. C'était un homme indécent, il demandait qu'on lui prête de l'argent sans avoir l'intention de le rendre, ses enfants étaient affamés et sa femme en haillons, tandis qu'il portait des chapeaux en duvet de guama et fumait des cigares de gentleman. Il ne payait même pas la cotisation de l'école, ses six enfants légitimes s'instruisirent gratuitement car Madame Inés, l'institutrice, avait décidé que, tant qu'elle serait suffisamment saine de corps et d'esprit pour travailler, aucun enfant du village ne resterait sans savoir lire. L'âge ne lui ôta pas son côté querelleur, buveur et coureur de jupons. Il se sentait très honoré d'être l'homme le plus viril de la région, comme il le criait sur tous les toits chaque fois que l'ivresse lui faisait perdre la raison et énumérer à gorge déployée les noms des jeunes femmes qu'il avait séduites et des bâtards dans les veines desquels coulait son sang. Si on le crût, il en eut au moins trois cent car il donnait des noms différents à chaque accès.

***

Amélie nous propose sa traduction :

Avant le début de la grande révolution du progrès, ceux qui avaient quelques économies les enterraient : c’était la seule manière que l’on connaissait pour conserver son argent. Plus tard, en revanche, les gens firent confiance aux banques. Quand la route fut construite, il fut plus facile de se déplacer en autobus jusqu’à la ville ; ils échangèrent donc leurs pièces d’or et d’argent contre des bouts de papiers illustrés qu’ils placèrent dans des coffres-forts, comme s’il s’agissait d’un trésor. Tomás Vargas s’esclaffait, moqueur, car il n’avait jamais cru en ce système. Le temps lui donna raison et lorsque le gouvernement du Bienfaiteur s’acheva –on dit qu’il dura une trentaine d’années–, les billets ne valaient rien et beaucoup finirent collés aux murs en guise de décoration, infâme rappel de la candeur de leurs propriétaires. Tandis que tous les autres écrivaient au nouveau Président et aux journaux pour se plaindre de l’escroquerie collective de la nouvelle monnaie, Tomás Vargas cachait ses vieilles onces d’or en lieu sûr, bien que cela n’atténuât pas ses habitudes d’avare et de mendiant. C’était un homme indécent : il quémandait de l’argent sans intention de le rendre un jour, tout en laissant ses enfants mourir de faim et sa femme en haillons ; quant à lui, il portait des chapeaux en duvet de guama et fumait des cigares de gentleman. Il ne payait même pas les frais de scolarité ; ses six enfants légitimes furent éduqués gratuitement, parce qu’Inés, la maîtresse, avait décidé que tant qu’elle aurait toute sa tête et la force suffisante pour travailler, aucun enfant du village ne resterait dans l’ignorance de la lecture. Le poids des âges ne lui fit pas perdre son côté bagarreur, buveur et coureur de jupons. Il mettait un point d’honneur à être l’homme le plus viril de la région, comme il le criait sur la place chaque fois que l’ivresse lui faisait perdre le sens commun et brailler à plein poumons les prénoms de toutes les jeunes femmes qu’il avait séduites, et des bâtards qui avaient son sang dans leurs veines. A l’en croire, il en eut quasiment trois cents, car il donnait des noms différents à chaque excès.

***

Marie G. nous propose sa traduction :

Avant que ne commence la pagaille démesurée du progrès, ceux qui avaient des économies, les enterraient: c'était la seule manière connue de ranger son argent, mais plus tard les gens firent confiance aux banques. Lorsque la route fut construite et que ce fut plus facile d'arriver en ville en bus, ils échangèrent leurs monnaies en or et en argent contre des bouts de papiers peints et ils les mirent dans des chambres fortes, comme si c'était des trésors. Tomás Vargas se moquait d'eux en riant à gorge déployée, car il ne crut jamais en ce système. Le temps lui donna raison et quand le gouvernement du Bienfaiteur prit fin, -il avait duré une trentaine d'années, à ce qu'on dit- les billets ne valaient rien et beaucoup finirent collés servant de décoration sur les murs, tel un infâme souvenir de la candeur de leurs propriétaires. Tandis que tous les autres écrivaient des lettres au nouveau Président et aux journaux pour se plaindre de l'arnaque collective des nouvelles monnaies, Tomás Vargas gardait ses vieilles pièces en or dans une cachette sûre, bien que cela n'atténuât pas ses habitudes d'avare et de mendiant.C'était un homme indécent, il demandait qu'on lui prête de l'argent sans avoir l'intention de le rendre. Il laissait ses enfants sans manger et sa femme en haillons, alors que lui, il mettait des chapeaux en daim et il fumait des cigares de monsieur. Il ne payait même pas les frais de scolarité, ses six enfants légitimes furent éduqués gratuitement car Inés, l'institutrice, décida que tant qu'elle serait saine d'esprit et qu'elle aurait les forces nécessaires pour travailler, aucun enfant du village ne vivrait sans savoir lire. L'âge ne lui fit pas perdre son caractère querelleur, d'alcoolique et de coureur de jupons. Il se vantait d'être le plus macho de la région, comme il le criait sous tous les toits de la place, chaque fois que l'ivresse lui faisait perdre la tête et le faisait chanter à pleins poumons les noms des jeunes filles qu'il avait séduites et des bâtards qui avaient le même sang que lui. A l'écouter, il en eut environ trois cents car dès qu'il s'emportait, il donnait des noms différents.

***

Pascaline nous propose sa traduction :

Avant que ne débutât le conflit démesuré autour progrès, ceux qui avaient quelques économies, les enterraient : c'était la seule façon connue de garder son argent. Mais, plus tard, les gens firent confiance aux banques. Quand on fit la route et que ce fut plus facile de se rendre à la ville en bus, ils échangèrent leurs pièces d'or et d'argent contre des papiers colorés et les mirent dans des coffres- forts, comme s'il s'agissait de trésors. Tomás Vargas se moquait d'eux en riant aux éclats, car jamais il ne crut à ce système. Le temps lui donna raison, et quand le gouvernement du Bienfaiteur se termina – lequel dura environ trente ans, d'après ce qu'on dit -, les billets ne valaient plus rien, et nombre d'entre eux finirent collés sur les murs en guise de décoration, comme un infâme rappel de la naïveté de leurs propriétaires. Pendant que tous les autres écrivaient des lettres au nouveau Président et aux journaux pour se plaindre de l'escroquerie collective des nouvelles monnaies, Tomás Vargas avait enterré ses picaillons d'or dans un endroit sûr, bien que cela ne modifiât en rien ses habitudes d'avare et et de mendiant. C'était un homme dépourvu de décence, qui demandait qu'on lui prête de l'argent sans qu'il n'eût l'intention de le rendre, et qui laissait ses enfants avoir faim et sa femme en haillons, alors que lui portait des chapeaux faits à partir de pois doux et fumait des cigarettes d'homme. Il ne réglait même pas les cotisations scolaires ; ses six enfants légitimes reçurent gratuitement une éducation parce que la maîtresse Inés décida que tant qu'elle aurait toute sa tête et suffisamment de force pour travailler, aucun enfant du village ne resterait sans savoir lire. L'âge ne lui fit pas perdre son côté chicaneur, buveur et coureur de jupons. Il était très fier d'être l'homme le plus macho de la région, en tout cas, c'est ce qu'il criait sur la place dès que l'ivresse lui faisait perdre la raison et clamer à tue-tête les noms des jeunes filles qu'il avait séduites et ceux des bâtards qui portaient son sang. À l'entendre, il en eut pas loin de trois cents, parce qu'à chaque emportement, il donnait des noms différents.

***

Sonita nous propose sa traduction :

Avant que ne commence l’énorme engueulade à propos du progrès, ceux qui avaient quelques économies, les enterraient, c’était la seule manière connue de garder de l’argent, mais plus tard, les gens a commencé à faire confiance aux banques. Quand on construisit la route et qu’il fut plus facile d’arriver en bus en ville, ils changèrent leurs pièces d’or et d’argent contre des papiers peints qu’ils mirent dans des coffres forts, comme s’il s’agissait des trésors. Tomás Vargas se moquait d’eux en riant aux éclats, parce qu’il ne crut jamais en ce système. Le temps lui donna raison et quand le gouvernement du Bienfaiteur prit fin — ce qui dura environ trente ans, d’après ce qu’on disait — les billets ne valaient rien et beaucoup finirent comme objet de décoration suspendus aux murs, comme un infâme souvenir de la candeur de leurs propriétaires. Alors que tous les autres écrivaient des lettres au nouveau président et aux journaux pour se plaindre de l’escroquerie collective des nouvelles monnaies. Tomás Vargas avait ses pièces d’or enterrées dans un endroit sûr, bien que cela ne diminuât pas ses habitudes d’avare et de mendiant. C’était un homme sans décence, il empruntait de l’argent sans avoir l’intention de le rendre, et il maintenait les enfants affamés et sa femme en haillons, alors que lui portait des chapeaux en daim et fumait des cigarettes de gentleman. Il ne payait même pas les frais de scolarité, ses six enfants légitimes furent éduqués gratuitement parce que la Maîtresse Inés décida que tant qu’elle serait saine d’esprit et aurait la force de travailler, qu’aucun enfant du village ne resterait sans savoir lire. L’âge ne lui enleva pas son esprit querelleur, buveur et coureur de jupons. Il était très fier d’être le plus macho de toute la région, comme il criait à qui voulait l’entendre sur la place à chaque fois que l’ivresse lui faisait perdre la tête et il annonçait à pleins poumons le nom des femmes qu’il avait séduites et celui des bâtards qui avaient le même sang que lui. À l’en croire, il y en eût environ trois cents parce qu’à chaque excès il donnait des noms différents.

***

Morgane nous propose sa traduction :

Avant que ne commença l’engueulade phénoménale du progrès, quiconque avait quelques économies, les enterraient, c’était l’unique manière connue de conserver de l’argent, mais plus tard les gens eurent confiance aux banques. Quand ils construisirent la route et qu’il fut plus facile de se rendre en autobus à la ville, ils changèrent leurs pièces d’or et d’argent contre des papiers de couleur et les mirent dans des coffres forts, comme si c’étaient des trésors. Tomás Vargas se moquait en riant à gorge déployée, car jamais il ne crut en ce système. Le temps lui donna raison et quand le gouvernement du Bienfaiteur prit fin – il dura sans doute trois ans, selon les bruits qui courent, les billets ne valaient rien et beaucoup terminèrent placardés en décoration sur les murs, tel une infâme image commémorative de la candeur de leurs propriétaires. Pendant que tous les autres écrivaient des lettres au nouveau Président et aux journaux pour se plaindre de l’escroquerie collective des nouvelles monnaies, Tomás Vargas avait ses morocotas en or enterrée dans un lieu sûr, bien que cela ne change point ses habitudes d’avare et de mendiant. C’était un homme indécent, il quémandait de l’argent prêté sans la moindre intention de le rendre, et il laissait les enfants la faim au ventre et la femme en haillon, tandis que lui, mettait des chapeaux de peau de daim et fumait des cigares de gentleman. Il ne payait même pas la cotisation de l’école, on éduqua ses six enfants légitimes gratuitement car la Maîtresse Inés décida que, tant qu’elle aurait toute sa tête et de la force pour travailler, aucun enfant du village ne resteraient sans savoir lire. L’âge ne lui enleva point son côté querelleur, buveur et coureur de jupons. Il avait la réputation d’être le plus macho de la région, comme il criait ouvertement sur la place à chaque fois que l’ivresse lui faisait perdre le jugement et annoncer à perdre haleine les noms des filles qu’il avait séduite et des bâtards qui portaient son sang. Si on l’eut cru, il en eut près de trois cents car dans chaque transport amoureux, il donnait des noms différents.

***

Selva nous propose sa traduction :

Avant que commence l'engueulade démesurée à propos du progrès, ceux qui avaient quelques économies, les enterraient, c'était la seule façon connue de garder l'argent, mais plus tard les gens firent confiance aux banques. Lorsqu'on construit la route et il était plus facile d'arriver en ville en bus, ils échangèrent leurs pièces d'or et d'argent contre des papiers colorés et les mirent dans des coffres-forts, comme si c'étaient des trésors. Tomas Vargas se moquait d'eux en riant aux éclats, mais il ne crut jamais en ce système. Le temps lui donna raison et quand le gouvernement du Bienfaiteur -qui dura près de 30 ans- prit fin, à ce que l'on dit, les billets ne valaient rien et bon nombre d'entre eux terminèrent collés aux murs en guise de décoration, tels des souvenirs infâmes de la candeur de leurs propriétaires. Pendant que tous les autres écrivaient des lettres au nouveau Président et aux journaux afin de se plaindre de l'escroquerie collective concernant les nouvelles monnaies, Tomas Vargas mit ses vieilles pièces en or en sécurité, même si cela n'atténua pas ses habitudes d'avare et de mendiant. C'était un homme indécent, il demandait qu'on lui prête de l'argent mais sans l'intention de le rendre. Ses enfants étaient affamés et sa femme en haillons tandis qu'il portait des chapeaux en duvet de guama et fumait des cigares de gentleman. Il ne payait même pas les frais de scolarité, ses six enfants légitimes furent éduqués gratuitement parce que la maîtresse Inés décida que, tant elle aurait tout sa tête et encore des forces pour travailler, aucun enfant du village ne finirait sans savoir lire. L'âge ne lui enleva pas son côté de querelleur, buveur et coureur de jupons. Il se vantait d'être le plus viril de la région, comme il criait sur la place chaque fois que l'ivresse lui faisait perdre la tête et annoncer ouvertement les noms des jeunes filles qu'il avait séduites et des bâtards qui avaient son même sang. Si on le crût, il en eut au moins trois cents car il donnait des noms différents à chaque emportement.

lundi 15 février 2010

Résultats du sondage : « Pour travailler vos traductions, que préférez-vous… ?»

Sur 26 votants, nous obtenons les résultats suivants :

Être seul = 18 voix (66%)
Avoir de la compagnie = 8 voix (30%)

Où l'on en déduit que le traducteur littéraire est un solitaire…

Une bonne adresse, de la part de Morgane

http://www.escritores.org

Merci Morgane d'avoir pensé à vous !

Cours avec Jean-Luc Furette (milieu éditorial, etc.)

Ils commenceront le 8 mars, de 9h00 à 11h00… et ensuite, ils auront lieu tous les lundis.

Références culturelles, 371 : Pablo Gargallo

En photo : Pablo Gargallo 'The Prophet' (St...., par hanneorla

Pablo Gargallo
une idée d'Odile

http://www.aragob.es/pre/cido/gargallo.htm
http://enkiea.free.fr/Peinture/gargallo_oeuvres.html

Exercice de version, 87

El Devorador

El reloj de la iglesia está dando las doce de la noche. Es noche vieja, pero los ecos de la celebración no llegan hasta aquí. Tan profundo. Un ligero estremecimiento sacude los cimientos del Cerro de los Ángeles. Después un pequeño temblor, que ha pasado desapercibido en los edificios que hay en su cima, y por último, un resquebrajamiento, un crujido de roca que anuncia su llegada, como un parto que en lugar de traer dicha y alegría, promete penurias y pesar.
La enorme gruta, situada en los cimientos más ocultos de ese mágico lugar, se ha quedado un segundo en silencio, al fondo, de la pared que se acaba de resquebrajar, comienza a brotar una neblina negra, sucia, que cubre el suelo formando una alfombra de negras promesas.
La luz apenas nos deja entrever lo que ocurre pero si pudiésemos ver en la oscuridad, contemplaríamos una escena que es tal y como se nos había anunciado.
De la grieta que hiere el corazón de roca del Cerro, comienza a surgir una forma. Extrañamente, y a pesar del miedo que infunde en todos los seres que lo conocen lo suficiente como para saber que hay que temerle, su apariencia es humana. Delgado, con aspecto de hombre, pelo largo y negro que cae sucio y desaliñado primero sobre sus hombros, después sobre su espalda.
Sin embargo, en cuanto levanta la cabeza nos damos cuenta de que eso que ahora nos mira divertido no es humano. Sus pupilas negras son indistinguibles del color de fondo de sus ojos, oscuros como el mal que le dio vida. Su sonrisa, depravada, y sin embargo calculada hasta el punto de que cualquiera que la mire sabe al instante que todo mal que de él surja proviene de una mente clara para todo lo que sea destrucción. Ni un rastro de descontrol asoma en sus gestos, ni un rasgo de azar se destila de sus rasgos.

Francisco Agenjo, « El Devorador »

***

Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

Le Dévoreur
L’horloge de l’église sonne les douze coups de minuit. C’est la nuit de noël, mais les échos de la célébration ne parviennent pas jusqu’ici. Lieu si profond. Un léger frémissement ébranle les fondations du Cerro de Los Ángeles. Puis c’est un petit tremblement, passé inaperçu dans les édifices situés à son sommet, et enfin, une fissure, un craquement de roche annonçant son arrivée, comme un accouchement qui, au lieu d’apporter la joie et le bonheur, promet troubles et chagrin.
L’énorme grotte, dans les profondeurs les plus occultes de ce lieu magique, est restée une seconde silencieuse ; au fond, de la paroi qui vient de se fendre, commence à sourdre un brouillard noir, sale, qui recouvre le sol en formant un tapis de noirs présages.
La lumière nous laisse à peine entrevoir ce qui est en train de se passer mais, si nous pouvions voir dans l’obscurité, nous assisterions à une scène qui est telle qu’on nous l’avait annoncée.
De la faille qui blesse le cœur de roche du Cerro, commence à surgir une forme. Étrangement, et malgré la peur qu’elle suscite chez tous les êtres qui la connaissent suffisamment pour savoir qu’il faut la craindre, son apparence est humaine. Mince, ressemblant à un homme, avec de longs cheveux noirs, sales et emmêlés, qui lui tombent d’abord sur les épaules, puis dans le dos.
Cependant, dès qu’il lève la tête, nous nous rendons compte que ce qui nous regarde là maintenant d’un drôle d’air n’est pas humain. On ne peut pas distinguer ses pupilles noires sur la couleur de fond de ses yeux, obscurs comme le mal qui lui a donné vie. Son sourire est vil et même calculateur, au point que celui ou celle qui le croise sait à l’instant que tout le mal émanant de sa personne provient d’un esprit très clair en matière de destructivité. Pas la moindre trace de désordre ne point dans ses gestes, pas une once de hasard ne se profile dans ses traits.

***

Amélie nous propose sa traduction :

Le Dévoreur
Minuit sonne à l’horloge de l’église. C’est la nuit de la Saint-Sylvestre ; pourtant, les rumeurs de la fête n’arrivent pas jusqu’ici. Au plus profond. Un léger frémissement agite le pied de la Colline des Anges. Puis un faible tremblement, insignifiant pour les bâtiments construits au sommet, et enfin un craquement, un fracas de roche pour annoncer sa venue, comme un accouchement qui, au lieu d’apporter bonheur et gaieté, laisse présager pauvreté et chagrin.
L’énorme grotte, située dans les abîmes ténébreux de ce lieu magique, est restée silencieuse un moment ; au fond, un immonde brouillard opaque commence à sortir du mur qui vient de se fissurer, recouvrant le sol d’un tapis de sombres promesses.
La lumière nous permet tout juste d’entrevoir ce qui se passe, mais si nous pouvions voir dans l’obscurité, nous contemplerions une scène fidèle à ce qu’on nous avait prédit.
Une forme est en train de surgir de la déchirure qui fend le cœur de roche de la Colline.
Bizarrement, même s’il inspire la peur chez tous les êtres qui le connaissent suffisamment pour savoir qu’il faut le craindre, il a une apparence humaine. Mince, d’aspect masculin, de longs cheveux bruns qui tombent sur ses épaules, sales et emmêlés, avant de descendre dans son dos.
Toutefois, dès qu’il relève la tête, nous nous rendons compte que ce qui nous regarde à présent d’un air amusé ne présente rien d’humain. Ses pupilles noires ne se distinguent pas de la couleur du fond de ses yeux, sombres comme le mal qui lui a donné la vie. Mais son sourire –pervers– est calculé avec soin, si bien que quiconque le remarque comprend immédiatement que tout le mal qui émane de lui vient d’un esprit prompt à la destruction. Pas la moindre trace de précipitation ne point dans ses gestes, pas la moindre once de hasard ne suinte de ses traits.

***

Pascaline nous propose sa traduction :

Le Dévoreur
Minuit sonne à l'horloge de l'église . C'est le jour de l'an, mais les échos de la fête n'arrivent pas jusqu'ici. Si profond. Un léger frémissement secoue les fondations de la Colline des Anges. Puis, un petit tremblement, qui est passé inaperçu dans les édifices se trouvant sur son sommet, et, pour finir, un craquèlement, un craquement de roche qui annonce son arrivée, comme un accouchement qui, au lieu d'apporter joie et bonheur, promet pauvreté et chagrin.
L'énorme grotte, située dans les fondations les plus cachées de ce lieu magique, est restée une seconde silencieuse ; au fond, du mur qui vient de se fissurer, commence à sortir un brouillard noir, sale, qui couvre le sol, formant un tapis de noires promesses.
La lumière nous laisse à peine deviner ce qui se passe, mais, si nous pouvions voir dans l'obscurité, nous contemplerions un spectacle qui est tel que l'on nous l'avait annoncé. De la fissure qui blesse le cœur de roche de la Colline, commence à émerger une forme. Étrangement, et malgré la peur qu'il provoque chez tous les êtres qui le connaissent suffisamment pour savoir qu'il faut le craindre, son apparence est humaine. Élancé, ressemblant à un homme, les cheveux longs, noirs, sales et négligés, tombent d'abord sur ses épaules, ensuite dans son dos.
Cependant, dès qu'il lève la tête, on se rend compte que cette chose qui, désormais, nous regarde d'un air amusé, n'est pas humain. Ses pupilles noires se confondent avec la couleur du fond de ses yeux, sombres comme le mal qui lui a donné vie. Son sourire, dépravé, et, malgré tout, calculé, à tel point que quiconque le regarde sait à l'instant que tout le mal qui transparaît chez lui vient d'un esprit clair pour tout ce qui concernera la destruction. Ses gestes ne montrent aucun signe de perte de contrôle, son visage ne laisse aucune place pour le hasard.

***

Marie G. nous propose sa traduction :

Le dévoreur
L'horloge de l'église était en train de sonner les douze coups de minuit. C'est la nuit du Nouvel An, mais les échos de la fête n'arrivent pas jusqu'ici. Pas à cette profondeur. Un léger tremblement secoue les fondations de la colline des Anges. Après, c'est un petit frémissement qui est passé inaperçu pour les bâtiments se trouvant à son sommet, et enfin, un fendillement, un craquement de roche qui annonçait son arrivée, tel un accouchement qui, au lieu d'apporter bonheur et joie, promet pénuries et chagrin.
L'énorme grotte, située dans les fondations les plus secrètes de ce lieu magique, est restée, l'espace d'une seconde, plongée dans le silence; au fond, sur le mur qui vient de se fendre, se dégage petit à petit une brume noire, sale, qui recouvre le sol prenant la forme d'un tapis de sombres promesses. La lumière nous laisse à peine entrevoir ce qui se passe mais si nous pouvions voir dans l'obscurité, nous assisterions à une scène telle qu'on nous l'avait annoncée.
De la fissure qui déchire le coeur de roche de la colline, commence à surgir une forme. Étrangement, et malgré la peur qui pénètre dans les êtres qui la connaissent suffisamment pour savoir qu'il faut la craindre, son apparence est humaine. Mince, l'air masculin, les longs cheveux noirs sales, qui tombent n'importe comment, d'abord sur ses épaules, puis sur son dos.
Cependant, dès qu'elle tourne la tête, nous nous rendons compte de que ce qui, à présent nous regarde l'air amusé, n'est pas humain. On n'arrive pas à distinguer ses pupilles noires de la couleur du fond de ses yeux sombres identiques au mal qui lui a donnée vie. Son sourire est dépravé certes, mais calculé au point que quiconque qui la regarde, sait tout de suite que tout le mal qui s'en dégage, provient d'un esprit prompt à la destruction. Pas une trace de panique n'apparaît dans ses gestes, pas une trace de hasard ne se remarque dans ses traits.

***

Morgane nous propose sa traduction :

L’horloge de l’église marque minuit. C’est la nuit de la Saint-Sylvestre, mais les échos de la célébration n’arrivent pas jusqu’ici. Aussi profond. Un léger frémissement remue les fondations de la colline des Anges. Après un petit tremblement, qui a passé inaperçu dans les bâtiments se trouvant à sa cime, et en dernier, une fissure, un craquement de roche qui annonce son arrivée, tel un accouchement qui, au lieu d’apporter de la chance et de la joie, promet des pénuries et des chagrins. L’énorme grotte, située sur les fondations les plus obscures de ce lieu magique, est restée une seconde dans le silence, au fond du mur qui finit de se fissurer, commence à jaillir une brume noire, sale, qui recouvre le sol en formant un tapis de sombres promesses.
La lumière nous laisse à peine entrevoir ce qui arrive mais si nous pouvions voir dans l’obscurité, nous contemplerions une scène qui est telle qu’on nous l’avait annoncé.
De la fissure blessant le cœur rocailleux de la colline, commence à surgir une forme. Etrangement, et malgré la peur qui inspire tous les êtres que l’on connait suffisamment pour savoir qu’il faut le craindre, son apparence est humaine. Mince, d’aspect masculin, cheveux longs et bruns qui tombent sales et ébouriffés d’abord sur ses épaules, puis sur son dos.
Cependant, dès qu’il lève la tête, nous nous rendons compte qui à présent nous regarde n’est pas humain. Ses pupilles noires sont indistinctes de la couleur du fond de ses yeux, obscures comme le mal qui lui donna vie. Son sourire, dépravé, et cependant calculé au point que quiconque le regarde sache à l’instant que tout le mal qui surgit de lui provient d’un esprit prompt à tout ce qui serait destruction. Pas même un trait de pagaille n’apparait dans ses gestes, ni non plus une trace de hasard se dégage de ses traits.

***

Sonita nous propose sa traduction :

Le Dévoreur
L’horloge de l’église sonne minuit. C’est la Saint-Sylvestre mais les échos de la célébration n’arrivent pas jusqu’ici. Si profond. Un léger frémissement secoue les fondations de la Colline des Anges. Puis, un léger tremblement, qui est passé inaperçu sur les immeubles qu’il y a dans sa cime, et enfin, une fente, un craquement de roche qui annonce son arrivée, comme un accouchement qui au lieu d’apporter bonheur et joie, promet des pénuries et des chagrins.
L’énorme grotte, située sur les fondations les plus occultes de ce lieu magique, est restée une seconde en silence, au fond, sur le mur qui venait de fendiller, commence à apparaître un brouillard noir, sale, qui couvre le sol en formant un tapis de promesses obscures.
La lumière nous permet à peine de voir ce qui se passe mais si nous pouvions voir dans le noir, nous contemplerions une scène qui est telle qu’elle nous avait été annoncée.
De la fissure qui blesse le cœur de la roche de la Colline, commence à surgir une forme. Bizarrement et malgré la peur qu’elle cause à tous les êtres humains qui la connaissent suffisamment pour savoir qu’il faut en avoir peur, son apparence est humaine. Mince, ressemblant à un homme, les cheveux longs et noirs qui tombent sales et négligés, d’abord sur les épaules, puis sur son dos.
Cependant, dès qu’elle lève la tête on se rend compte que ce qui nous regarde en ce moment, amusé, n’est pas humain. Ses pupilles noires ne diffèrent pas de la couleur du fond de ses yeux, foncés comme le mal qui lui a donné la vie. Son sourire, dépravé, et, cependant calculé jusqu’au point que quiconque le regarde sait aussitôt que tout le mal qui sorte de lui provient d’une intention claire pour tout ce qui concerne la destruction. On ne voit dans ses gestes ni une seule trace de perte de contrôle, ni une seule trace de hasard distille de ses traits.