mardi 31 mars 2009

Cultivons-nous un peu…

En photo : Poderoso caballero es Don Dinero par «•*٠ кιτ-кaτн .٠*•»

Monnaies des pays d’Amérique Latine
par Nathalie
(taux de change du 26/03/2009)


MEXICO → 1 peso mexicano = 0,052 E
GUATEMALA → 1 quetzal = 0,091 E
HONDURAS → 1 lempira = 0,039 E
SALVADOR → 1 dólar estadounidense = 0,084 E
NICARAGUA → 1 córdoba = 0,037 E
COSTA RICA → 1colón costarricense = 0,001 E
PANAMA → 1 balboa = 0,740 E
CUBA → 1 peso cubano = 0,027 E
COLOMBIA → 1 peso colombiano = 0,0003 E
VENEZUELA → 1 bolívar = 0,00034 E
ECUADOR → 1 dólar estadounidense = 0,740 E
PERU → 1 nuevo sol = 0,236 E
BOLIVIA → 1 boliviano = 0,105 E
CHILE → 1 peso chileno = 0,001E
ARGENTINA → 1 peso argentino = 0,199 E
PARAGUAY → 1 guaraní = 0,00014 E
URUGUAY → 1 peso = 0,030 E

Références culturelles, 84 : Santa Clara (Cuba)

En photo : Santa Clara, Cuba par Barrybar

SANTA CLARA
par Brigitte

Fondée en 1689 par les Espagnols, SANTA CLARA, est tout d’abord une ville située au centre de Cuba, à 300 kms de La Havane. Capitale de l’actuelle province de Villa Clara, région consacrée à l’élevage et à la culture du tabac et de la canne à sucre, c’est aussi un lieu d’échanges commerciaux où convergent le principal axe routier qui traverse l’île d’un bout à l’autre et la voie ferrée.
Mais SANTA CLARA est aussi et surtout un haut lieu de la REVOLUTION CUBAINE.
En effet, en Décembre 1958, alors que Fidel Castro vient de prendre la ville de Santiago et que son frère Raúl se trouve avec ses troupes à Guantanamo, Ernesto Guevara, le Che, est à Sancti Spíritus, non loin de Santa Clara.
En photo : Statue of CHE in Santa Clara (Cuba) par matthiasschack

Le 28 Décembre 1958, en provenance de la Sierra Maestra et marchant sur La Havane, les troupes du Comandante Ernesto Guevara apprennent que le dictateur Fulgencio Batista a envoyé un train blindé chargé de munitions et d’armes pour renforcer son armée dans l’est de l’île.
Les barbudos, menés par le Che, font dérailler le train et s’emparent des armes, puis attaquent la ville. La ville tombe aux mains des révolutionnaires le 31 Décembre 1958.
L’attaque du train blindé et la prise de Santa Clara ont été décisives dans la victoire finale des troupes révolutionnaires sur Batista, déclarée le 2 janvier 1959 à La Havane.
Symbole de la victoire, le train blindé est resté en place depuis ce jour et abrite un musée qui retrace l’évènement -Museo del TREN BLINDADO-
En hommage à Ernesto Guevara a été édifié le Mausolée du Che -MAUSOLEO AL CHE- où reposent les restes du révolutionnaire.

En photo : cuba . santa clara par xarma

Ce monument à la gloire du révolutionnaire, qualifié par les medias de « Nueva Meca del turismo revolucionario » est devenu un véritable lieu de pèlerinage et de recueillement, visité par des millions de touristes et d’admirateurs, en dépit des nombreuses polémiques qui ont longtemps circulé quant à l’authenticité de ces restes.
Devant l’édifice, dominant la Plaza de la Revolución, sur un piédestal blanc de 16 mètres de haut, une statue noire en pied représente le CHE, marchant, arme à la main, béret, le regard dirigé vers Rosario, sa ville natale en Argentine. Sur le piédestal est gravée une lettre de Fidel Castro. Pour l’anecdote, la statue du Che est « chouchoutée » par les Cubains, qui selon la saison et le temps, le protègent parfois d’une paire de lunettes de soleil ou d’un foulard !

En photo : estación de autobuses de Santa Clara (Cuba) par borja'08

Le bâtiment de marbre blanc abrite un Musée qui retrace la vie du leader révolutionnaire, avec exposition de photographies et d’objets personnels ayant appartenu au héros.
Les restes du Che, gardés jour et nuit par des soldats, reposent dans un silence total de rigueur, très impressionnant.

lundi 30 mars 2009

Sur la traduction automatique

Un petit article général mais bien fait…

http://w3.gril.univ-tlse2.fr/TAL/TRAD/TRADAUTO1.htm

Rappel important !

Je vous rappelle que nous avons une journée bien et agréablement chargée vendredi. Nous commencerons le matin par le Forum des langues (votre présence y est obligatoire !) et nous enchaînerons l'après-midi avec la rencontre avec la traductrice et interprète Micheline Durand. Pour information, les amis tradabordiens peuvent se joindre à nous le matin… et l'après-midi , en H 118 (séance de travail très stimulante garantie).

Programme du Forum des langues : « étudier les langues : et après ? » (Amphi Cirot)
9h00-9h30 :
Présentation par les coordinateurs scientifiques du forum des langues
9h30-11h00 :
Table ronde sur la traduction
11h00-11h15 :
Pause café
11h15-12h45 :
Table ronde sur l'interprétariat
12h45-14h00 : déjeuner sur place

14h00-15h30 :
Éditions et ingénierie culturelle
15h30-15h45 :
Pause café
15h45-17h15 :
Entreprise et interculturalité

Court séjour au collège des traducteurs à Arles (Novembre 2007), par Sophie

En photo : Cinq traducteurs sous le ciel automnal des Baux de provence,
de gauche à droite, Kaloyan (Bulgare) Sophie (Française) Dorothé (Franco-brésilienne) et Ilya (Georgien) et le cinquième, Laurent Langlade(Français, auteur de la photo) qui vient de publier sa première traduction Instants de Guerre de Laurie Lee chez Phébus
Traduire et réfléchir au collège c'est super, mais faire un peu de tourisme aux alentours c'est pas mal non plus

Installé dans l’ancien hôpital immortalisé par Van Gogh, le collège des traducteurs n’en occupe qu’une petite partie, sur deux étages. Au premier, la bibliothèque dont le personnel officie avec autant d’efficacité que de gentillesse. Au second, la résidence qui se compose d’une dizaine de chambres en duplex, en haut une mezzanine avec le lit, en bas le coin bureau et la salle de bains. Les plus chanceux ont vu sur la cour intérieure du collège, les autres sur la rue. Ces chambres ouvrent sur un couloir qui conduit à une grande salle divisée en espace cuisine (fort bien équipé), salle à manger, salon et coin télé. C’est dans cet espace de convivialité que les traducteurs en résidence se retrouvent pour faire la dînette tout en faisant connaissance et parler de leurs traductions respectives. Comme le groupe est très international, on y entend les sons de langue que l’on a rarement l’occasion d’écouter et on y sent à toute heure du jour (et parfois aussi la nuit) les fumets de cuisine du bout du monde. J’ai particulièrement apprécié les bonnes odeurs montant des soupes de notre ami Mongol. Le soir de mon arrivée, il y avait un repas en commun pour dire au revoir à deux traducteurs qui partaient le lendemain et que je n’ai donc pas connus. Comme il y a souvent des départs et des arrivées, il y a souvent des soirées tous ensemble. Le reste du temps, chacun mange à son heure, souvent rejoint par d’autres. Entre les effets du décalage horaire pour ceux qui viennent du bout du monde, les habitudes culturelles différentes, et le fait que certains sont plutôt des oiseaux de nuit, inutile de s’attendre à voir respecter les heures des repas françaises.

En photo : L'Espace Van Gogh par cosmicautumn

Pendant cette quinzaine de jour, j’ai eu le bonheur de faire la connaissance de deux traducteurs brésiliens, un allemand, deux bulgares, un kazakh, un géorgien, une estonienne, un mongol. Pour les ressortissants de la Communauté Européenne, le séjour est gratuit, pour les autres c’est 15 euros par jour. Des bourses de séjour aident ceux qui viennent de pays où cette somme représente une fortune à s’en acquitter et à avoir de quoi vivre pendant leur séjour. J’étais la seule française aussi me suis-je fait un plaisir d’essayer de répondre aux quelques questions que m’ont posé mes collègues qui traduisaient des auteurs français dans leur langue respective.
Pour le travail, on peut rester dans sa chambre où il y a un petit bureau ou descendre à la bibliothèque, accessible à toute heure du jour et de la nuit. À son arrivée, on se voit attribué un bureau et un ordinateur avec connexion internet dont on sera le seul utilisateur pendant la durée du séjour. Après avoir fait sa récolte d’ouvrages de référence dans les rayonnages, on peut donc les laisser sur son bureau et les retrouver quand on revient. Inutile de dire que j’ai rarement vu une aussi belle collection de dictionnaires couvrant un impressionnant échantillonnage de langues, et l’étagère traductologie était fort bien remplie.
Si vous avez envie de profiter de ces conditions de travail privilégiées, il faut vous y prendre à l’avance, avoir un contrat signé avec un éditeur (ou comme c’était mon cas, venir pour faire de la recherche) et remplir le formulaire qu’il suffit de télécharger et où vous expliquerez vos motivations. Pour en savoir plus, aller visiter le site du collège où tout est très bien expliqué : http://www.atlas-citl.org/fr/citl.htm

« Les 12 Incontournables pour… tailler le silex »

En photo : Tailleur de silex par > Anne <
Les 12 Incontournables pour… TAILLER LE SILEX
par Brigitte

Petit lexique à l'usage des tailleurs de silex... Souvenirs de mes nombreuses campagnes de fouilles mais si lointaines d'où ma petite intro...

En direct du Périgord…
Que les préhistoriens et tailleurs de silex confirmés veuillent bien me pardonner et surtout me corriger si par mégarde j’ai commis des erreurs, car ce ne sont là que de vieux souvenirs de mes lointaines campagnes de fouilles…

1. L’INDUSTRIE LITHIQUE = Ensemble des outils taillés → LA INDUSTRÍA LÍTICA
2. UN OUTIL → UN ÚTIL LÍTICO / UNA HERRAMIENTA
3. LA TAILLE DU SILEX = → LA TALLA DE SILEX
4. LE SILEX = Le silex, en terme archéologique regroupe toutes les formes de quartz servant à la taille des outils lithiques→ EL SILEX /EL PEDERNAL
5. UN PERCUTEUR → Instrument de différentes tailles et matières dont se sert le tailleur de silex pour frapper la pierre ou le silex et débiter des lames→ UN PERCUTOR
6. UN NÚCLEO = le nucléus est un morceau de silex brut déjà dégrossi et utilisé comme support ou base pour fabriquer des outils lithiques.
7. UN ECLAT = Petit fragment d’os ou de pierre provenant de la taille pouvant être retouché et utilisé comme outil → UNA LASCA
8. UN BIFACE = Outil de pierre ou de silex taillé servant de hache et travaillé sur les deux faces d’où son nom → UN BIFAZ
9. UNE LAME = Fragment ou éclat de forme allongée aux bords plus ou moins parallèle qui provient de la taille d’un nucléus et qui est retravaillé pour fabriquer un outil ou un instrument → UNA HOJA
10. UNE LAMELLE = Lame de petite taille, généralement inférieure à 3cm parfois même minuscule dans le matériel dit microlithique, taillée et utilisée comme outil → UNA HOJITA
11. UN BURIN = Instrument en silex de dimension variable, utilisé pour travailler les matières résistantes telles que l’os ou les bois de cervidés → UN BURIL
12. UN RACLOIR ou UN GRATTOIR = Lame provenant de la taille d’un éclat et qui a été retouché pour en faire un outil tranchant. Il sert en général à racler les peaux → UNA RAEDERA /UN RASPADOR

Nos séries préférées…

En photo : Laura Ingalls Wilder, author par Marci /talks with hands

Dis-moi quelle série tu regardes…
par Nathalie

Jacqueline vous a présenté « Lost », sa série préférée, il y a quelques jours. Lorsque j’ai vu son billet sur le blog, j’ai tout de suite compris que j’allais devoir, moi aussi, assumer publiquement mes choix télévisuels…
Tout a commencé le jour où j’ai reconnu que je regardais toujours (et pour longtemps encore, j’espère) « La petite maison dans la prairie » : on ne fait jamais assez attention à ce que l’on dit pendant les séances de traduction collective, parce que ça finit toujours par se retourner contre vous…
Je connais les épisodes par cœur mais c’est ça qui est bien : en anticipant la joie de revoir telle ou telle scène, je multiplie mon capital « plaisir » par 2… Et je me rends compte que tout le monde a suivi de près ou de loin cette série ; elle fait donc partie, qu’on le veuille ou non, de la mémoire collective. Faites le test : demandez autour de vous et vous serez surpris…

La petite maison dans la prairie
Cette célèbre série américaine de 210 épisodes (tournés entre 1974 et 1983), dont le titre original est « Little house on the prairie », est librement inspirée des récits autobiographiques de Laura Ingalls Wilder (1867-1957).

L’histoire raconte le quotidien de la famille Ingalls, partie s’installer dans l’Ouest américain à la fin du XIX° siècle, afin de commencer une nouvelle vie
Il y a le père, Charles, la mère, Caroline, et les trois filles : Mary, Laura et Carrie (par ordre d’apparition au générique). Même si ce ne sont que de modestes fermiers, les Ingalls incarnent la famille idéale : très croyants, animés des meilleures intentions, ils parviennent à rester unis dans les pires épreuves. Et des épreuves, ils en traversent au cours des 9 saisons : la mort prématurée de Charles Junior, la cécité de Mary, la perte de son bébé dans un incendie, la mort de celui de Laura, la disparition d’Albert, atteint d’une maladie incurable…

Difficile de ne pas pleurer devant certains épisodes particulièrement émouvants ou dramatiques (moi, je ne peux plus regarder l’épisode intitulé « le cri » : l’histoire d’un petit orphelin que personne ne veut adopter parce qu’il ne parle pas, mais son regard est tellement éloquent…).

Vous allez me dire que cette série regorge de bons sentiments et de discours moralisateurs… J’en conviens. Mais les personnages que l’on suit année après année sont si attachants… qu’ils finissent par faire partie de la famille. Ainsi, les spectateurs du monde entier se reconnaissent dans les situations évoquées, les menus faits qui tissent le quotidien, ou les sentiments, universels et atemporels.

La série aborde également des sujets délicats comme la place des Noirs dans la société, l’antisémitisme ou le sort des populations indiennes, et retrace les grands évènements de l’Histoire américaine : la ruée vers l’or, l’arrivée du chemin de fer…Et les intermèdes comiques ne manquent pas : comme les pitreries de Mr Edwards (qui n’aime pas beaucoup l’eau…) ou les chamailleries au sein de la famille Oleson : l’héroïque Nels doit supporter le caractère acariâtre de sa femme, Harriet, et la méchanceté de sa fille, Nellie que des générations de téléspectateurs ont adoré détester…

De fait, le succès de cette saga familiale ne se dément pas : diffusée aux quatre coins du monde (il en existe même une version japonaise en dessin animée : « Laura ou la petite fille de la prairie »), elle est apparue en France dès 1976, où elle a fait les beaux jours de TF1, avant d’être rachetée par M6 : et depuis la création de la chaîne, en mars 1987, elle est diffusée en boucle… et continue de rassembler plus d’un million de téléspectateurs. Autant dire que « La petite maison… » est un programme qui se transmet de générations en générations…

Elle rencontre le même succès dans le monde hispanique : connue sous le titre de « La pequeña casa de la pradera » (Espagne), « La familia Ingalls » (Amérique du Sud) ou « Los Pioneros » (Mexique), elle est toujours régulièrement diffusée (cf TVE 1 depuis Noël 2008). Je vous invite à aller lire quelques commentaires sur 2 des nombreux sites ou blogs hispano-américains consacrés à la famille Ingalls :

- http://blogs.elpais.com/espoiler/2009/02/la-familia-inga.html
- http://espectadores.wordpress.com/2006/07/08/la-familia-ingalls/

J’ai remarqué que les discussions tournent beaucoup autour de la religion (la foi protestante omniprésente dans la série) ou des approximations historiques alors qu’il n’en est presque jamais question en France, où l’on se contente le plus souvent d’évoquer des souvenirs personnels liés à tel ou tel épisode (je vous renvoie au blog de ce fan français : http://alex1351.skyrock.com/2.html). Est-ce à dire que nos amis latino-américains sont plus lucides ? Pas tous, à en juger par ce blog très acidulé : http://todassomosreinas.blogspot.com/2008/08/la-familia-ingalls.html

Vous avez peut-être envie de savoir ce que sont devenus les principaux acteurs ?

Michael Landon (Charles Ingalls) est décédé en 1991, de même que Victor French (Isaiah Edwards) (1989), Karen Grassle (Caroline) se consacre désormais au théâtre, Melissa Sue Anderson(Mary) privilégie sa vie de famille, Melissa Gilbert (Laura) tourne toujours pour la TV, Lindsay et Sidney Greenbush (Carrie) se sont reconverties dans les sports de combat, Richard Bull et Katherine Mac Gregor (les époux Oleson)coulent une retraite paisible, Jonathan Gilbert (Willy), le frère de Melissa, est devenu courtier en bourse, et Alison Arngrim (Nellie) est récemment venue en France pour présenter son spectacle « Confessions d’une garce de la prairie » ; elle a également tourné dans un film de Jean Pierre Mocky…

Si vous souhaitez en savoir plus, procurez-vous l’indispensable livre de Patrick Loubatière, « the » spécialiste : « La petite maison dans la prairie de A à Z ».

Et si vous avez envie de partager les heurs et malheurs de la famille Ingalls, il vous faudra attendre quelques mois car M6 vient de terminer la énième diffusion de la série… A moins que vous n’ayez le câble (RV sur Téva à 11h50). Quand je vous le disais : on ne se lasse pas de cette série… Si elle disparaît d’une chaîne, c’est pour mieux réapparaître sur une autre, et ça fait plus de trente ans que ça dure !

Souvenez-vous du générique :
http://www.youtube.com/watch?v=E9YZzuhBLs4&feature=PlayList&p=6B01CC71E15FD13A&playnext=1&playnext_from=PL&index=41

Quelles voix ont-ils en Espagne ?
http://www.youtube.com/watch?v=JlsnvkhU76Y

Références culturelles, 83 : Ana Belén

En photo : Concierto Ana Belen y Victor Manuel en Casares par TuChinqueWeb

http://es.wikipedia.org/wiki/Ana_Bel%C3%A9n

(je sais, je sais… un renvoi à wikipedia, il n'y a pas de quoi être fier… mais vous verrez, ça n'est pas mal fait du tout)

dimanche 29 mars 2009

Petit jeu de Jacqueline…

Si je suis…

una campana, je fais :
una trompeta :
una campanilla :
una corneta :
un clarin :
unos platillos :

?

Petit jeu de Brigitte…

Petit jeu pas très sérieux …
C’est dimanche… détendez-vous un peu …
Faisons feu de tout bois, puisqu’après tout cela peut aussi nous servir un jour ou l’autre… joignons l’utile à l’agréable !
À votre tour de chercher, comment on peut traduire ces bruits en espagnol :
- Patatra
- Vlan
- Badaboum
- Tic tac
- Atchoum
- Dring dring
- Vroum vroum
- Pouet pouet
- Aïe
- Sniff
- Splash
- Pan pan

A vos BD !
Bon dimanche !

Petit jeu de Nathalie…

Trouvez les onomatopées françaises équivalentes :

Miau :
Guau guau :
Muuu :
Bee :
Quiquiriquí :
Pío pío :
Cuá cuá :
Oink oink :
Uu uu :
Cruá cruá :

En bonus, une petite blague trouvée sur Internet :

Un gato que se ahogaba, gritaba : « miaaaogo, miaaaogo » ; un gallo que estaba cerca, daba vueltas, desesperado, diciendo : « ¿ quiquirisquehaga, quiquirisquehaga ? »

Références culturelles, 82 : La Virgen de la Caridad del Cobre

En photo : La Catedral de la Virgen María de la Concepción Inmaculada de la Habana,Cuba par Enrique Lopez-Tamayo...

La Virgen de la Caridad del Cobre
par Brigitte

Célébrée le 8 septembre, la Virgen de la Caridad del Cobre est la sainte patronne de Cuba, vénérée par tous les Cubains.

A la fin de l’année 1612 ou au début de 1613, Juan Moreno, un jeune esclave noir d’une dizaine d’années, accompagné de deux frères indiens Juan et Rodrigo de Hoyos, partirent chercher du sel en bateau. Ils virent alors apparaître la Vierge portant son enfant. Celle-ci flottait sur les eaux de la baie, porteuse du message « Yo soy la Virgen de la Caridad » (Je suis la Vierge de la Charité).
Les trois enfants, surnommés par la suite « Los Tres Juanes », racontèrent leur apparition et on installa un sanctuaire provisoire puis une chapelle à proximité de la mine de cuivre (Cobre) où ils travaillaient comme esclaves, « el Cerro del Cobre », situé à quelques kilomètres de Santiago de Cuba.
En 1687, l’histoire racontée par Juan Moreno en personne, alors âgé de 85 ans, a été conservée aux Archives des Indes à Séville.
En 1915, les vétérans de la Guerre d’Indépendance de 1898 demandèrent au Pape Benoît XV de proclamer la Virgen de la Caridad del Cobre, patronne de Cuba. Le pape Pie XI autorisa sa canonisation qui fut effective en 1936.
A l’emplacement de la chapelle, un sanctuaire fut érigé en 1927, élevé plus tard au rang de basilique par Paul VI.

Aujourd’hui, la basilique est devenue un lieu de pèlerinage, et des centaines de Cubains viennent chaque jour rendre hommage à la Virgen de la Caridad del Cobre (Plus de 500 visites par jour, 2000 à 3000 le week-end !) Le nombre de visites culmine le jour de la fête patronale, le 8 septembre. Certaines jeunes filles qui fêtent leurs 15 ans lors de la traditionnelle « Fiesta de La Quinceañera » s’y rendent aussi en famille.
Dans une petite chapelle, la « Capilla de los Milagros », la Vierge est représentée par une statuette de 25 cm de haut, vêtue d’une cape brodée d’or, Les visiteurs, pour remercier ou implorer la Vierge, viennent déposer au pied de l’autel des offrandes, ex voto, remerciements et prières sous toutes les formes : Diplômes, prothèses orthopédiques, lettres, bijoux. Ernest Hemingway y déposa même son Prix Nobel de Littérature en 1954 !

Il est intéressant de noter que dans la Santería cubaine, la Virgen de La Caridad del Cobre est associée à l’Orisha* Ochún ou Oshún, déesse de l’amour, de la sensualité, de la maternité, des eaux salées et de l’or ! Elle est donc fêtée le même jour.

* Nom donné aux divinités adorées par les adeptes de la Santería.

En photo : Iglesia de la Virgen de la Caridad del Cobre, 8 de la mañana par anabel LIA

Votre thème du week-end, Eugène delacroix

Les critiques qui s’impriment de temps immémorial sur les beaux-arts ont toujours présenté des inconvénients presque inévitables : d’abord elles font bâiller les gens du monde, pour qui ces sortes d’ouvrages sont toujours obscurs, embrouillés de termes dont on connaît mal le sens, fatigants, en un mot, parce qu’ils ne laissent rien que de vague dans l’esprit. Ensuite les artistes en ont la haine, parce que, loin de contribuer à l’avancement de l’art, ces discussions embrouillent les questions les plus simples et faussent toutes les idées. D’ailleurs, les gens du métier contestent aux faiseurs de théories le droit de s’escrimer ainsi sur leur terrain et à leurs dépens. Ils prétendent que rien n’est plus facile que d’aligner des mots à propos de choses, de refaire, dans un texte long ou court, ce qui a été dûment imaginé, pesé, et, par-dessus tout,
exécuté et mené à fin. Le pauvre artiste, exposé tout nu avec son ouvrage, attend donc avec une vive anxiété les arrêts de ce peuple qui a la fureur de juger. Une fois descendu dans cette arène, toutes ses fautes reviennent l’accabler par avance, et il voit s’aiguiser contre lui cette arme terrible contre laquelle il n’a rien qui le protège, cette plume dont le fiel le brûle jusqu’aux os ; tout cela sans qu’il ait la triste consolation de monter en chaire à son tour et de poursuivre le critique à sa manière.

Eugène Delacroix, Études esthétiques (1829-1863)

***

Brigitte nous propose sa traduction :

Las obras críticas impresas desde hace tiempo remoto acerca de las bellas artes, siempre han presentado inconvenientes casi inevitables :
Por una parte, suelen hacer bostezar a la gente, para quien dicho género de escritos están complicados, oscurecidos por términos cuyo significado se conoce mal, fatigosos, en pocas palabras, porque no dejan en la mente sino cosas vagas.
Por otra parte, los artistas las aborrecen porque, lejos de favorecer el ascenso del arte, tales discusiones enredan las cosas más sencillas y alteran todas las ideas.
Además, la gente del oficio opone a los fabricantes/ hechores de teorías el derecho de empeñarse de tal manera en su propio terreno y a sus expensas.
Pretende que no hay nada tan fácil como poner en línea /alinear unas palabras a propósito de algo, volver a hacer, en un texto largo o corto, lo que fue oportunamente imaginado, examinado y, sobre todo, ejecutado y llevado a cabo.
Así pués el pobre artista expuesto completamente solo con su obra, se queda esperando con una ansiedad extrema las sentencias de este pueblo que tiene el furor de juzgar.
Una vez bajado al ruedo, todas sus culpas vienen a acosarle con anticipación, y ve cómo se afila contra él este arma terrible contra la cual no tiene ningún ámparo, esta pluma cuyo hiel le quema hasta los huesos ; y todo esto sin que él tenga el poco consuelo de subir al púlpito a su vez para proseguir la crítica a su manera.

***

Odile nous propose sa traduction :

Las criticas impresas desde tiempos inmemoriales acerca de las bellas artes siempre han presentado inconvenientes casi inevitables.
Por una parte, aborrecen a la gente para quien este tipo de obras siempre son abstrusas, oscurecidas por términos cuyo sentido no se percibe muy bien, fastidiosas, para decirlo con pocas palabras, porque no dejan en la mente sino cosas imprecisas. Por otra parte, los artistas las odian porque, muy lejos de contribuir al avance del arte, tales discusiones enredan las cuestiones más sencillas y falsean todas las ideas. Por lo demás, la gente del oficio niegan a los elucubradores de teorías el derecho a empecinarse así en su terreno y a expensas suyas. Pretende que no hay nada tan fácil como juntar unas palabras con otras a propósito de cosas, hacer de nuevo, en un texto largo o corto, lo que fue imaginado con pertinencia, pensado, y sobretodo llevado a cabo.
El pobre artista, expuesto solo/sólo con su obra, espera pués con una ansiedad extrema las sentencias de toda esta gente que tiene el furor/la manía de juzgar.
En cuanto sale a la palestra, todos sus errores vienen a agobiarlo de antemano y ve como se aguza contra él este arma terrible contra la cual nada lo ampara, esta pluma cuyo hiel lo quema hasta la médula; todo ello sin que tenga a su vez el triste consuelo de subir al púlpito y de perseguir al crítico a su manera.

samedi 28 mars 2009

Un billet militant de Laure G.

En photo : El Cementerio de los Libros Olvidados par Alb@nta

Comment se porte le secteur du livre ?
Il n’y a pas si longtemps, le boom du livre électronique et l’offre de la Toile rendaient les éditeurs plutôt inquiets. Les débats allaient bon train entre les défenseurs du précieux papier et les « avant-gardistes écolo » célébrant l’avènement d’un nouveau type de livre et donc de lecteur. Or, si les journaux papiers ont réellement du mauvais sang à se faire (n’est pas Carlos Slim qui veut… et donc tous les journaux ne peuvent être sauvés comme l’a été le New York Times par ce riche entrepreneur mexicain), le livre, lui, peut compter sur quelques atouts qui le maintiennent « en tête des charts », alors même qu’une menace plus alarmante encore que les ravages d’internet aurait pu laisser croire à sa lente décadence : la crise économique.
En effet, alors même que la crise économique fait rage et que le pouvoir d’achat des européens ne cesse d’être rogné, le livre, lui, se porte à merveille. Les statistiques publiées par l’ « Instituto Nacional de las Estadísticas » espagnol révèlent que la vente de livres pour l’année 2008 n’a jamais été aussi bonne depuis dix ans, les publications ayant même augmenté de 19%. Cet état de santé a souvent été repris dans la presse internationale : le Courrier International titrait, le 11 mars, « la culture, un rempart contre la crise »… Et c’était un article consacré à l’Espagne, pays le plus sévèrement touché par la crise, avec ses quelque 3 millions de chômeurs et le moral en berne de ses citoyens ! Cet engouement intarissable pour le livre est dû à son tarif très attractif, à tel point qu’à Noël dernier, il est redevenu le cadeau idéal, symbole du cadeau intelligent anticonsommation, durable et agréable. Il offre effectivement le repère du sens lorsque tout autour de nous semble s’effondrer, et que tous les beaux principes semblent oubliés… Les paroles d’Edouart Herriot, la culture est ce qui reste quand on a tout oublié, ne sont pas prêtes de « tomber dans l’oubli » !
Seul point noir (car il ne faut pas « pecar de ingenuo », comme dirait l’autre) : les analystes et professionnels du livre s’accordent à dénoncer la surabondance de titres publiés, une maladie dont la plupart des libraires essaient depuis peu d’éviter qu’elle ne devienne endémique. Le phénomène s’expliquerait par le fait que de plus en plus de gens écrivent et donc sont publiés…Or, en temps de crise, la prudence est de mise…l’industrie du livre semble en avoir pris bonne note.

Pour finir, quelle définition parmi celles que j’ai pu trouver dans la presse préférez-vous ?
Le livre est :
-une valeur refuge
-une arme anti-crise
-un symbole existentiel
-un rempart contre la crise

Résultats du sondage : « La traduction est-elle une adaptation ? »

Sur 11 votes exprimés :

Oui = 6 (54%)
Non = 5 (45%)

La majorité est courte, mais elle est là… J'espère que vous avez fait le lien avec le sondage précédent sur la question de la métrique. À ceux qui ont voté oui, je ne pose qu'une simple question : qu'avez-vous répondu lorsque nous nous interrogions sur la traduction des références culturelles ? Car si vous faites partie de ceux qui trouvaient incongru, impossible, voire insultant (souvenez-vous qu'il y a eu de fameuses levées de boucliers) de changer – par exemple – RENFE par SNCF (comme on le voit si souvent dans les sous-titres des films), je m'étonne que vous votiez oui, il faut adapter le système métrique espagnol au système métrique français et oui, la traduction est une adaptation en général. Car adapter, c'est cela : Pilar devient Pilier… et Marta devient Marthe (je sens que la nôtre, va apprécier).

Résultats du sondage : « Quand je traduis de la poésie, que dois-je faire de la métrique… »

En photo : Ni hablar del peluquín par Florentino Sánchez

Sur 13 votes exprimés :

La calquer = 1 voix (7%)
L'adapter au système français = 8 voix (61%)
L'oublier = 4 voix (30%)

La majorité est nette… Il faut, dites-vous, que le traducteur adapte la métrique espagnole. Mmhhh. Cela soulève tout de même quelques questions : dans la mesure où la poésie est une "construction" dont la réussite repose en grande partie sur l'habileté du travail formel, avec les différentes variantes que l'on sait et celles qui restent encore à inventer, on peut se demander si changer le système métrique, a fortiori l'adapter aux usages français, n'est pas la pire des hérésies… car, enfin !, la métrique, c'est rien moins que le rythme… et le rythme, c'est, collectivement, la langue qui parle à et de la communauté (n'oublions pas que le poème est en soi symbole ; comment réconcilier les deux morceaux brisés et séparés du symbole, c'est-à-dire créer le sens, sans une langue commune ?), et, individuellement, c'est le souffle singulier du poète, cette force qui en fait une « torre de Dios », pour reprendre Rubén Darío. Est-ce qu'à l'arrivée, si le rythme est perdu, ce n'est pas quelqu'un d'autre qui s'exprime, au sens fort du terme… un étranger doublement étranger, en somme ? Non, non, non, si la poésie est voix, impossible qu'une autre voix me parle. Allons ! Et la passion dans tout cela ?
Ah que c'est compliqué !

Pour alimenter la réflexion sur la traduction de la métrique, lisez donc l'article de Miquel Desclot, « Traduire Molière en catalan » (traduit par Marta Martínez Valls).
Consultable sur : http://mmvalls.hautetfort.com/archive/2009/05/16/traduire-trahir-creer-tous-les-enjeux-de-la-traduction-d-apr.html

Petit conseil

En photo : Le prisonnier "Liberté pour tous" (Free for all) par reloutyf

Quand vous vous inscrivez dans la communauté des « abonnés fidèles » de Tradabordo, choisissez de préférence un prénom – ou un pseudo, peu importe – plutôt qu'un numéro ou un code bizarre. C'est tout de même plus convivial et nettement plus simple pour la communication. Sinon, ça nous rappelle une autre série célèbre… Non, vous ne vous souvenez pas de Le Prisonnier ?
Au fait, et en Espagne, ça s'appelait comment ? Et en Amérique ?

Une question sur la traduction longue…

Les pauvres apprentis privés des cours de Raphaël Estève s'inquiètent de l'impératif de rendre sa traduction longue avec une "présentation de l'outil TIC utilisé".
Que celles qui sont en mesure de leur apporter quelques précisions prennent 5 ou 10 minutes pour les éclairer… Merci d'avance.

Matinée portes ouvertes

En photo : obrir par Bitxuverinosa

Oyez oyez braves traducteurs et amis… le groupe des apprentis-traducteurs et moi-même avons le plaisir de vous annoncer que jeudi prochain, le navire Trabadordo jettera l'ancre sur le parvis de notre université pour une matinée portes ouvertes. Qu'y aura-t-il au programme ? Les mêmes ingrédients que d'habitude, bien sûr : de la traduction à volonté et des douceurs sucrées-salées à déguster (j'apporte les montoises – à ne pas confrondre avec les madeleines de Dax, n'est-ce pas Jacqueline ?). Tous ceux qui le souhaitent sont invités à se joindre à nous.
À jeudi, 10h00…
Comment nous reconnaîtront ceux qui ne nous connaissent que par nos écrits sur le blog ? Le signe de ralliement sera le port obligatoire d'un dictionnaire… ne serait-ce qu'un micro-dico de poche.

Cultivons-nous un peu…

En photo : Gabriela Mistral par tributos

Sur les dix il fallait bien choisir…

10 prix Nobel de littérature : qui et quand pour le prochain ?
par Odile

José Echegaray (Espagnol, en 1904)
Jacinto Benavente (Espagnol, en 1922)
Gabriela Mistral (Chilienne, en 1945)
Juan Ramón Jiménez (Espagnol, en 1956)
Miguel Ángel Asturias (Guatémaltèque, en 1967)
Pablo Neruda (Chilien, en 1971),
Vicente Aleixandre Espagnol, en 1977),
Gabriel García Márquez (Colombien, en 1982),
Camilo José Cela (Espagnol, en 1989)
Octavio Paz (Mexicain, en 1990).

Références culturelles, 81 : el carajillo

En photo : Carajillo com toca! par Paranys_R_Us

EL CARAJILLO
par Brigitte

Le CARAJILLO est une boisson qui associe du café avec une boisson alcoolisée.
La définition du dictionnaire de la Real Academia (DRAE) donne : « Bebida que se prepara con café caliente y un licor, generalmente coñac, anís o ron ».
L’origine du CARAJILLO remonterait à l’époque où les troupes espagnoles occupèrent Cuba, à la fin du XIXème siècle, au cours de la Guerre d’Indépendance de 1898.
Plusieurs origines du mot « carajillo » sont données :
Le mot viendrait de « coraje » (courage) car les soldats, pour se donner du courage, ajoutaient du rhum à leur café, « coraje » serait ainsi devenu « corajillo » puis, par déformation « carajillo ».
Pour d’autres, l’origine du mot viendrait du Catalan, car les marins, soldats en partance de Barcelone pour Cuba, passaient par la taverne en demandant un café, « un café, cara gitllu » (« un café que ahora me marcho »), le verbe « gittllar » signifiant « partir » en catalan. On ajoutait une goutte de rhum au café chaud pour leur donner du courage d’où l’association des mots « cara-gittlu » en catalan qui serait devenue avec l’usage « carajillo » en espagnol.

La recette du « vrai » CARAJILLO est généralement proposée avec du café expresso chaud avec un zeste de citron, sur lequel on flambe l’alcool, d’où sa seconde appellation de « café brûlé ».
Si à l’origine le CARAJILLO est servi avec du rhum, dans les bars espagnols, il semble qu’il soit plus communément servi avec du Cognac et pas toujours flambé.
Le CARAJILLO n’étant pas spécialement « ma tasse de thé », peut-être des expert(e)s en la matière pourront-ils (elles) nous apporter de plus amples précisions…

vendredi 27 mars 2009

Une nouvelle mission pour les apprentis-traducteurs

Nous avons convenu hier, lors de l'atelier de traduction collective, que chaque apprenti traducteur se chargerait d'interviewer un (éventuellement plus, cela va de soi) traducteur professionnel d'ici le mois de juin… peu importe la langue (ce serait même bien si nous pouvions sortir un peu de l'hispanisme ; mais ça n'est pas non plus une obligation). Pour ceux qui n'étaient pas là et qui n'ont donc pas eu les consignes complètes, sachez qu'à défaut d'avoir un interlocuteur dans votre entourage direct, vous pouvez toujours écrire au traducteur de votre choix via l'éditeur pour lequel il travaille (un petit courrier adressé à son nom, « à l'attention de… », lui sera certainement transmis avec bienveillance) ou alors, quand cela est possible, passer par internet.
Le questionnaire à soumettre est le suivant.
Si d'aventure (on peut rêver !) certains de nos lecteurs « extérieurs » sont eux-mêmes traducteurs, ils peuvent répondre aux questions, par le biais des commentaires.

1 – Comment êtes-vous venu à la traduction ?
2 – Votre première traduction, qu’en pensez-vous aujourd’hui ?
3 – Comment voyez-vous aujourd’hui le métier de traducteur ?
4 – Vous traduisez davantage de romans que, par exemple, de théâtre: voyez-vous d’importantes différences entre les deux en tant que traducteur ?
5 – Quels rapporte entretenez-vous avec les éditeurs ?
6 – Quels rapports éventuels entretenez-vous avec les auteurs sur lesquels vous travaillez ?
7 – Quel est votre meilleur souvenir de traducteur ? Et le moins bon ?
8 – Y a-t-il un texte en particulier que vous vous auriez aimé ou aimeriez traduire ?
9 – Le traducteur est-il pour vous un auteur ou un passeur ?
10- Traduire a-t-il fait de vous un lecteur différent ? Le cas échéant, quel lecteur ?

Pour information

Voilà… j'ai enfin établi la liste de nos idées pour les références culturelles espagnoles et américaines – nous avons de quoi voir venir – ; vous la trouverez dans le post « Boîte à idées 1 » du samedi 21 mars 2009. Au fur et à mesure j'enlèverai celles qui sont faites.
Continuez à indiquer dans les commentaires celles que vous prenez.
Au travail !

Du nouveau dans la colonne de droite

J'ai découvert que nous avions un premier « abonné fidèle » en même temps que j'ai découvert ce nouveau gadget… que j'ai immédiatement intégré à la colonne de droite.
Allez, allez, à votre tour de vous inscrire !

« Les 12 incontournables pour taper à la machine… », par Nathalie

En photo : Machine à écrire par pguisard

En hommage à une certaine Underwood d'un certain « Paco Cortés, separado, vecino de Madrid en una casa sita calle Espartina… »

Partes de la máquina de escribir mecánica
par Nathalie

El carro : le chariot (partie de la machine comportant le rouleau pour le papier et se déplaçant à chaque frappe).
La palanca de carro libre : le levier de retour de chariot (levier qui permet de sauter une ligne et de passer d’une marge à l’autre).
El rodillo : le rouleau (le cylindre autour duquel s’enroule le papier).
La cinta entintada : le ruban encreur (ruban imbibé d’encre sur lequel viennent frapper les tiges de la marguerite).
La cinta correctora : le ruban correcteur (ruban qui permet d’effacer les caractères sur le papier).
El teclado : le clavier (ensemble des touches).
La varilla : la tige (pièce mince et allongée qui supporte le caractère).
El tipo : le caractère (lettre ou signe servant à la composition des textes).
La matriz : la matrice, la marguerite, la corbeille (roue portant à sa périphérie les caractères d’impression).
El tabulador : le tabulateur (dispositif permettant de retrouver automatiquement les mêmes zones d’arrêt à chaque ligne).
El marginador : le margeur (dispositif qui permet de régler la largeur de la marge sur le papier).
La barra espaciadora : la barre d’espacement (touche de forme allongée qui permet d’introduire un blanc entre les caractères).

Votre version de la semaine, 2 (pour les autres)

En photo : Abuelo y nieto par Horacio Lledías

Illustration pour Jacqueline… parce que la précédente n'allait pas.


LOS DE MI BARRIO SE QUEJAN

Lo que te voy a contar en este capítulo de mi vida no se lo cuentes a nadie, porque en este capítulo lloro, y los capítulos en que lloro me dan un poco de vergüenza. Dice mi abuelo que cuando uno tiene tantos libros sobre su vida es normal que de vez en cuando el protagonista (yo, por ejemplo) llore por una terrible desgracia; dice mi abuelo que al lector eso le gusta muchísimo, que el lector se pone a llorar también como si la desgracia fuera suya. Qué lector más raro. Los lectores que yo conozco, que viven todos, por cierto, en Carabanchel Alto, cada vez que el protagonista las pasa canutas se parten el pecho de risa, sobre todo si ese protagonista soy yo. El chulo de mi barrio, Yihad, dice que cuando más le gustan los libros de mi vida es cuando me tropiezo, o cuando mi madre me da una colleja, o cuando él me rompe las gafas. Yihad, además de chulo, es un mentiroso, porque su propia madre me dijo un día:
—No le hagas caso, Manolito; si éste no abre un libro ni aunque salga él.
Al principio, en mi barrio, todos compraron el primer tomo de mi biografía por la novedad y para ver si salían, pero luego dejaron de comprarlos porque se enfadaron bastante, no sólo por cómo los sacaba yo, sino también por cómo los dibujaba Emilio Urberuaga. La sita Asunción vino a clase diciendo que a ella la había sacado como una foca, y a todos nos dio tanta risa que la sita dijo que no quería volver a ver a ningún niño con un libro de los míos entre las manos. Mi vecina la Luisa dijo que tal y como la había sacado ese individuo en los dibujos, parecía que ella tenía lo menos 50 años.
—Pero, Luisa —le dijo mi madre—, es que tú tienes 52.
—¡Sí, pero eso él no lo sabe, y estarás de acuerdo conmigo, Cata, en que yo aparento diez menos de los que tengo! Un artista no hace eso, un artista te saca favorecida, o no te saca, o que saque a su madre.
—Pero qué me vas a contar a mí, Luisa —le dijo mi madre—, si a mí me pinta siempre con una barbilla que parezco un pelícano.
El señor Ezequiel también protestó porque dice que en los dibujos nunca se aprecian las reformas que ha hecho en el bar:
—Y, verdaderamente, tengo El Tropezón en la actualidad que parece un bar de París, pero este señor parece que no se entera.
—¡O que no se quiere enterar! —dijo un cliente que también salió retratado en uno de los libros. Mi padre también se queja, se queja de que siempre lo saca muy gordo:
—¡Y yo nunca he tenido esa tripa, Cata, nunca la he tenido!
La verdad es que no conozco a nadie de mi barrio que esté contento con cómo ha salido en los libros. Miento, hay uno: el Imbécil, que le encanta vacilar con que el dibujante siempre lo saca en las portadas; pero a mi madre no le hace gracia que siempre lo dibujen con el chupete puesto, porque dice que eso es reírle la gracia.
—Estoy yo intentando quitarle al niño la manía del chupete, y el tío me lo tiene que pintar siempre con el chupete.
Digo que al principio la gente compraba los libros en mi barrio, pero dejaron de hacerlo porque decían que no se iban a gastar un dinero en verse gordos y feos y haciendo el ridículo. Asimismo se lo soltaban a mi madre por la calle, y luego ella me decía:
—Hay que ver, Manolito, que me vas a acabar enemistando con todo el mundo.
—Yo no, mamá; es la que escribe los libros, que siempre se queda con lo peor de lo que le cuento.
Bueno, pues lo que quería yo contar aquí, y que empezaré por el principio de los tiempos, era que un viernes por la tarde fui con mi abuelo al ambulatorio, y que el doctor Morales le dijo a mi abuelo que lo de la próstata no podía seguir así, que había que cortar por lo sano, porque tenía una próstata que era un asco la próstata esa, cada minuto que pasaba más grande. Mi abuelo se puso muy pálido y cruzó las manos por delante de la misma próstata, a lo mejor porque tenía miedo de que el médico cogiera un bisturí del cajón y le pegara un tajo allí mismo. Pero no. «Tranquilo», le dijo el doctor Morales adivinándole el pensamiento, «se la quitaremos en el hospital y con anestesia, como a todos los viejos».
Mi abuelo salió del ambulatorio bastante triste y andando muy despacio.
—Abuelo —le dije yo—, si te pesa mucho la próstata, apóyate en mi hombro para que llevemos el peso entre los dos.
Pero mi abuelo dijo que no andaba despacio por el peso de esa próstata creciente, sino porque a los abuelos, de vez en cuando, también les entra un miedo que te cagas. Teníamos que ir a la Gran Vía porque nos había mandado mi madre a comprar camisetas de termolactil para mí y para el Imbécil, porque a ella le gusta mucho vernos sudar en invierno, y hasta que no nos asoma un sarpullido por el cuello no se queda tranquila. Nos fuimos en taxi porque mi abuelo dijo que con lo triste que estaba no quería meterse en el metro; ya tendría tiempo en un futuro de estar bajo tierra. Así es mi abu: un optimista nato.

Elvira Lindo, Yo y el imbécil, 1999

***

Amélie nous propose sa traduction :

Les gens de mon quartier rouspètent

Ce que je vais te raconter dans ce chapitre de ma vie, tu ne dois le répéter à personne, parce que dans ce chapitre, je pleure, et j’ai un peu honte des chapitres où je pleure. Mon papy, il dit que quand quelqu’un a autant de livres sur sa vie, il est inévitable que, de temps en temps, le héros (moi, par exemple) pleure à cause d’un terrible malheur ; mon papy, il dit que ça plaît beaucoup au lecteur, que le lecteur se met alors à pleurer lui aussi, comme si ce malheur lui arrivait à lui. Il est trop bizarre ce lecteur ! Les lecteurs que je connais, moi, et qui vivent tous, bien sûr, à Carabanchel Alto, chaque fois que le héros en voit des vertes et de pas mûres, ils sont morts de rire, surtout si le héros en question, c’est moi. Le crâneur de mon quartier, Yihad, dit que ce qu’il préfère dans les livres sur ma vie, c’est quand je me casse la figure, ou quand ma mère me flanque une gifle ou quand il me casse mes lunettes. Yihad, en plus d’être un crâneur, c’est aussi un menteur, parce que sa propre mère m’a dit un jour :
—Ne fais pas attention à lui, Manolito. Il n’ouvre jamais un livre, même s’il est dedans.
Au début, dans mon quartier, tout le monde a acheté le premier tome de ma biographie, parce que c’était nouveau et pour voir s’ils étaient dedans, mais après, ils ont arrêté de les acheter parce qu’ils étaient assez en colère, non seulement à cause de comment je les décrivais, mais aussi à cause de comment Emilio Urberuaga les dessinait.
Asunción, la maîtresse, est arrivée en classe en disant qu’on lui avait fait la tête d’un phoque, et ça nous a tellement fait rigoler que la maîtresse a dit qu’elle ne voulait plus voir aucun des élèves avec un de mes livres entre les mains. Luisa, ma voisine, elle a dit que, vu la manière dont ce type l’avait dessinée, on lui aurait donné au moins 50 ans.
— Mais Luisa,- lui a dit ma mère - tu en as 52 !
—Oui, mais ça, il en sait rien, lui, et tu seras d’accord avec moi pour dire que j’en fais dix de moins, hein Cata ? Un artiste ne fait pas ça ; un artiste, ou il te met en valeur, ou il ne te dessine pas, sinon il n’a qu’à faire le portrait de sa mère !
— Ne m’en parle pas, Luisa –lui dit ma mère– moi, il me dessine toujours avec un sacré menton, du coup, j’ai l’air d’un pélican.
Monsieur Ezequiel a râlé, lui aussi, parce qu’il dit que sur les dessins, on ne remarque jamais les travaux qu’il a faits dans son bar :
— El Tropezón ressemble vraiment maintenant à un café parisien, mais ce monsieur ne semble pas s’en rendre compte.
— C’est plutôt qu’il ne veut pas le remarquer ! –a précisé un client qui était également représenté dans un des livres.
Mon père se plaint aussi, il se plaint qu’on le fait toujours très gros :
— Et moi, alors, je n’ai jamais eu cette bedaine, Cata, jamais!
En fait, je ne connais personne de mon quartier qui soit content de la façon dont il apparaît dans les livres. Faux, il y en a un : l’Imbécile, qui adore frimer en disant que le dessinateur le met toujours sur les couvertures ; mais ma mère, ça ne l’amuse pas qu’on le dessine tout le temps avec sa tétine dans la bouche, parce qu’elle dit que c’est vraiment se moquer de lui.
— J’essaie à tout prix de lui faire perdre cette manie de la tétine, et il faut toujours que ce mec le dessine avec sa tétine.
Donc, au début, les gens de mon quartier achetaient les livres, mais après, ils ont arrêté, parce qu’ils disaient qu’ils n’allaient quand même pas dépenser de l’argent pour se voir gros, moches et ridiculisés. C’est d’ailleurs ce qu’ils balançaient à ma mère au beau milieu de la rue, et après, elle me disait :
Tu te rends compte, Manolito, à cause de toi, je vais finir par me mettre tout le monde à dos!
— C’est pas ma faute, Maman ; c’est la faute de celle qui écrit les livres : elle garde que le pire de ce que je lui raconte.
Bon, alors, ce que je voulais raconter ici, et je vais commencer par le commencement, c’est qu’un vendredi après-midi, je suis allé au dispensaire avec mon papy, et que le Docteur Morales a dit à mon papy que son histoire de prostate, ça ne pouvait plus durer comme ça, et qu’il fallait trancher dans le vif, parce qu’il avait une prostate dans un sale état, qui grossissait à vue d’oeil. Mon grand-père est devenu tout pâle et il a croisé les mains devant la prostate en question, peut-être parce qu’il avait peur que le docteur prenne un bistouri de son tiroir et lui ouvre le ventre sur-le-champ. Mais non. « Rassurez-vous », lui a dit le docteur Morales, en devinant ce à quoi il pensait, « On vous la retirera à l’hôpital et sous anesthésie, comme à toutes les personnes âgées ».
Mon papy est sorti du dispensaire plutôt triste et en marchant hyper lentement.
—Papy —je lui ai dit—, si ta prostate est trop lourde, appuie-toi sur mon épaule, pour qu’on porte le poids tous les deux.
Mais mon papy m’a répondu qu’il ne marchait pas lentement à cause du poids de sa prostate qui grossissait, mais parce que les grands-pères aussi, parfois, ça leur arrive d’avoir la trouille. On devait aller à Gran Vía parce que ma mère nous avait demandé d’acheter des tricots de corps en Thermolactyl pour moi et pour l’Imbécile, parce que ma mère, elle adore nous voir vachement transpirer en hiver, et tant qu’on n’a pas des boutons rouges partout, elle est pas tranquille. On y est allés en taxi parce que mon papy a dit qu’il était trop triste pour prendre le métro ; il aurait bien le temps, dans le futur, d’être assis pieds sous terre. Il est comme ça, mon p’tit papy : optimiste de nature.

***

Jacqueline nous propose sa traduction :

Les voisins du quartier rouspètent

Ne dis à personne ce que je vais te raconter à présent dans ce chapitre de ma vie parce que dans ce chapitre-là, je pleure, et ces chapitres là où je pleure me font un peu honte . Mon grand-père dit que lorsque quelqu’un a autant de livres sur sa vie, il est fatal que de temps en temps, le protagoniste (moi, en l’occurrence), sous le coup d’ un terrible malheur, pleure ; mon grand-père dit que cela plaît infiniment au lecteur qui se met alors à pleurer lui aussi comme si ce malheur était le sien. Comme c’est curieux un lecteur ! Ceux que je connais, et qui naturellement vivent tous à Carabanchel Alto, se fendent la pêche chaque fois que le protagniste en voit de toutes les couleurs, surtout si le protagoniste, c’est moi. Le crâneur du quartier, Yihad, dit que le moment qu’il préfère dans les livres de ma vie, c’est quand je fais un faux pas, ou quand ma mère m’en flanque une ou quand il me casse mes lunettes ; Yihad, en plus d’être un crâneur, est un menteur, parce que sa propre mère m’a dit un jour :
— N’y fais pas attention, Manolito, il n’ouvre jamais un livre,
pas même s’il y est.
— Au début, dans mon quartier, tout le monde a acheté le
premier tome de ma biographie, c’était nouveau, et puis ils voulaient voir s’ils y étaient, mais par la suite , ils ont cessé de les acheter parce que cela leur a passablement déplu, la façon dont moi je les dépeignais et aussi celle dont Emilio Urberuaga les peignait.
La petite Asunción est venue en clase en disant qu’elle, elle ressemblait à un phoque, et elle nous a fait tous rire au point que la petite a dit qu’elle ne voulait voir aucun gamin avec un de mes livres entre les mains. La Louise, ma voisine, a dit vu la façon dont ce type l’avait représentée sur les dessins, elle semblait avoir au moins 50 ans.
— Mais, Luisa,-lui dit ma mère-, c’est que tu en as 52.
— Oui, mais ça, il n’en sait rien, et tu es bien d’accord avec
moi, Cata, j’en parais dix de moins ! Un véritable artiste ne fait pas ça, un artiste fait de toi un portrait qui t’avantage, ou bien il n’en fait pas, et puis qu’il aille faire le portrait de sa mère.
— Et c’est à moi que tu viens raconter ça, Luisa –dit ma
mère-,moi qu’il peint toujours avec un double menton, comme ça je ressemble à un pélican.
Monsieur Ezequiel a protesté lui aussi sous prétexte que sur les dessins, on ne voit pas les transformations qu’il a réalisées dans son bar :
— Et vraiment, mon Tropezón aujourd’hui, on dirait un bar
parisien , mais ça ce monsieur ne semble pas en faire cas.
— - Ou bien c’est qu’il ne veut pas en faire cas, dit un
client qui avait été également croqué dans un de mes livres. Mon père se plaint lui aussi, il se plaint qu’on le représente très gros :
— Mais moi, je n’ai jamais eu cette bedaine, Cata, jamais de
la vie !
A vrai dire, je n’en connais pas un dans le quartier qui soit content de son portrait dans mes livres. Erreur, il y en a un : l’Imbécile heureux, qui est aux anges parce que le dessinateur le fait toujours figurer en couverture ; mais ça ne fait pas plaisir à ma mère qu’on le dessine toujours la sucette à la bouche , et elle dit que ça, c’est se moquer de lui.
— Moi, j’essaie de faire passer au gosse cette manie de la
sucette et il faut que ce type me le dessine toujours avec sa sucette à la bouche.
J’ai dit qu’au début, les gens du quartier achetaient mes livres mais qu’ils ont cessé de le faire en disant qu’ils n’allaient pas gaspiller un liard pour se voir gros et laids et ridiculisés. Alors, ils ne l’envoyaient pas dire à ma mère dans la rue, et elle après, elle me disait :
— Tu te rends compte, Manolito, que tu vas finir par me
fâcher avec tout le monde.
— Ce n’est pas ma faute, maman ; c’est celle qui écrit les
livres : dans ce que je lui raconte, elle ne prend que ce qu’il y a de pire.
Mais bon, moi, ce que je voulais raconter là, et je vais commencer par le tout début, c’est qu’un vendredi après-midi, je suis allée avec mon grand-père au dispensaire et que le docteur Morales a dit à mon grand-père que son truc de la prostate, ça ne pouvait pas continuer comme ça, qu’il fallait trancher dans le vif, parce que cette prostate-là, la sienne, c’était une chose dégoûtante qui grossissait à vue d’œil. Mon grand-père est devenu très pâle et il a croisé ses mains sur cette même prostate, peut-être par peur de voir le médecin sortir un bistouri du tiroir et lui ouvrir ça sur le champ. Mais non. « Du calme », lui a dit le docteur Morales qui devinait ses pensées, « on va vous l’enlever à l’hôpital, et sous anesthésie, comme pour tous les vieux ».
Mon grand-père est sorti du dispensaire passablement triste et il marchait très lentement.
— Grand-père-lui dis-je-, si ta prostate te pèse trop, appuie-
toi sur mon épaule, comme ça on partagera le poids.
— Mais mon grand-père a dit que s’il marchait lentement, ce
n’était pas à cause du poids de la prostate en évolution, mais bien parce qu’il arrive aux grands-pères, parfois, d’avoir des peurs à faire dans son froc .
On devait aller à la Gran Vîa parce que ma mère nous avait envoyé acheter des maillots en thermolactyl pour l’Imbécile heureux et pour moi, parce qu’elle aime bien nous voir transpirer en hiver et elle n’est pas tranquille tant que des boutons ne nous sortent pas sur le cou. On y est allé en taxi parce que mon grand-père a dit qu’il était trop triste pour prendre le métro ; il serait bien temps plus tard d’être sous terre. Il est comme ça, mon pépé : c’est un optimiste né.

***

Brigitte nous propose sa traduction :

Les gens de mon quartier se plaignent.

Surtout, ne dis à personne ce que je vais te raconter dans ce chapitre de ma vie, parce que, dans ce chapitre-là, je pleure, et les chapitres où je pleure me font un peu honte.
Mon grand-père dit que quand on a tant de livres sur sa vie c’est normal que de temps en temps le héros (moi, par exemple) pleure à cause d’un terrible malheur ; mon grand-père dit que le lecteur adore ça, que le lecteur se met à pleurer aussi, comme si le malheur lui arrivait à lui. C’est vraiment bizarre un lecteur. Les lecteurs que je connais, qui habitent tous, bien sûr, à Carabanchel Alto, chaque fois que le héros en voit des vertes et des pas mûres, eux, ils sont pliés de rire, surtout si le héros en question c’est moi. Le loubard de mon quartier Yihad, dit que ce qu’il préfère dans les livres sur ma vie, c’est quand je me casse la figure, ou quand ma mère me fiche une beigne ou quand il me casse mes lunettes. Yihad, en plus d’être un loubard, c’est un menteur, parce que sa propre mère m’a dit un jour :
- Ne t’occupe pas de lui, Manolito. Il n’ouvre jamais un livre même quand il est dedans.
Au début, dans mon quartier, ils ont tous acheté le premier tome de ma biographie, parce que c’était tout nouveau et pour voir s’ils étaient dedans, mais après, ils ont arrêté de les acheter parce qu’ils étaient plutôt en colère, non seulement à cause de la façon dont je les décrivais, mais aussi à cause de la façon dont les dessinait Emilio Urberuaga.
Mam’zelle Asunción* est arrivée en classe en disant qu’on lui avait fait la tête d’un phoque, et ça nous a tous tellement fait rigoler que mam’zelle a dit qu’elle ne voulait plus voir aucun des élèves avec un de mes livres entre les mains.
Ma voisine, la Luisa, dit que, à voir comment ce type l’avait dessinée, on lui aurait donné au moins 50 ans.
- Mais Luisa,- lui a dit ma mère - tu en as 52 !
- Oui, mais ça, il n’en sait rien, lui, et tu es bien d’accord avec moi, Cata, que j’en fais dix de moins ! Un artiste, il ne fait pas ça ; un artiste, il te met en valeur, ou alors il ne te dessine pas, sinon il n’a qu’à faire le portrait de sa mère !
- Ne m’en parle pas, Luisa – lui dit ma mère – moi, il me dessine toujours avec un de ces double menton, j’ai l’air d’un pélican.
Monsieur Ezequiel a rouspété aussi parce qu’il dit que sur les dessins, on ne peut jamais apprécier les travaux qu’il a faits dans son bar :
- Et, vraiment, El Tropezón est maintenant comme un café parisien, mais on dirait que ce monsieur n’y fait pas attention.
- Ou plutôt qu’il ne veut pas faire attention ! – a dit un client qui s’est fait aussi tirer le portrait dans le livre.
Mon père aussi se plaint, il se plaint qu’on le fait toujours très gros :
- Et moi, alors, je n’ai jamais eu cette bedaine, Cata, jamais de la vie !
A vrai dire, je ne connais personne de mon quartier qui soit content de la façon dont il apparaît dans les livres. Erreur, il y en a un : l’Imbécile, qui adore se pavaner en disant que le dessinateur le met toujours sur les couvertures ; mais ma mère, ça ne l’amuse pas non plus qu’on le dessine continuellement avec la tétine dans la bouche, parce qu’elle dit que c’est se payer sa tête.
- Je m’échine à lui faire perdre cette sale manie de la sucette, et il faut toujours que ce type le dessine avec la tétine dans le bec.
Au début, les gens achetaient les livres dans mon quartier mais ils ont arrêté parce qu’ils se sont dits qu’ils n’allaient quand même pas dépenser de l’argent pour se voir gros et moches, et tournés en ridicule. C’est d’ailleurs ce qu’ils balançaient à ma mère en pleine rue, et après elle me disait :
- Tu te rends compte, Manolito, à cause de toi, je vais finir l’ennemie publique N°1 !
- C’est pas moi, Maman ; c’est celle qui écrit les livres : elle garde toujours le pire de ce que je lui raconte.
- Enfin, ce que je voulais raconter ici, bon, je vais commencer par le commencement, c’est qu’un vendredi après-midi, je suis allé au dispensaire avec mon grand-père, et que le Docteur Morales a dit à mon grand-père que son histoire de prostate, ça ne pouvait plus durer comme ça, et qu’il fallait trancher dans le vif, parce qu’il avait une prostate dans un état lamentable, et qui grossissait à vue d’oeil. Mon grand-père est devenu tout pâle et il a croisé les mains devant la prostate en question, peut-être parce qu’il avait peur que le docteur sorte un bistouri de son tiroir et lui ouvre le ventre illico. Mais non, « Rassurez-vous », lui a dit le docteur Morales, en devinant ses pensées, « On vous l’enlèvera à l’hôpital et sous anesthésie, comme à toutes les personnes âgées ».
- Mon grand-père est sorti du dispensaire plutôt triste et en marchant tout doucement.
- Papi – je lui ai dit, si ta prostate te pèse trop, appuie-toi sur mon épaule, comme ça, on portera le poids à deux.
- Mais mon grand-père m’a dit qu’il ne marchait pas doucement à cause du poids de sa prostate qui grossissait, mais parce ce qu’aux grands pères aussi, parfois, ça leur arrive d’avoir la peur aux tripes.
On devait aller à la Gran Vía parce que ma mère nous avait demandé d’acheter des Thermolactyl pour moi et pour l’Imbécile : ma mère, elle adore nous voir suer à grosse goutte l’hiver, et tant qu’on n’a pas des rougeurs partout, elle n’est pas tranquille. On y est allés en taxi parce que mon grand-père a dit qu’il était tellement triste qu’il ne voulait pas prendre le métro ; il se retrouverait bien assez tôt à six pieds sous terre.
- Il est comme ça, mon papi : optimiste de nature.

* Pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas les aventures de Manolito, je précise que La Señorita Asunción est l’institutrice de Manolito et des autres enfants cités, c’est pourquoi j’ai remplacé ensuite le mot « niños » par le mot « élèves ».


***

Carole – étudiante-du-groupe-2-de-CAPES et future apprentie traductrice – nous propose sa traduction :


Les gens de mon quartier se plaignent

Ce que je vais te raconter dans ce chapitre de ma vie, ne le raconte à personne, parce que dans ce chapitre, je pleure, et les chapitres où je pleure me font un peu honte. Mon grand-père dit que quand on a autant de livres sur sa vie, c’est normal que de temps en temps le protagoniste (moi, par exemple) pleure à cause d’un terrible malheur ; mon grand-père dit que ça plaît beaucoup au lecteur, parce que le lecteur se met aussi à pleurer comme si le malheur lui arrivait à lui. C’est bizarre un lecteur. Les lecteurs que je connais moi, qui, bien sûr, vivent tous à Carabanchel Alto, ils se fendent la poire à chaque fois que le protagoniste est dans la panade, surtout si le protagoniste en question, c’est moi. Le quéqué du quartier, Yihad, dit que les livres sur ma vie qui lui plaisent le plus sont ceux où je tombe, ou quand ma mère me file une taloche ou quand il casse mes lunettes. Yihad, en plus de faire le quéqué, c’est un menteur, parce que sa propre mère m’a dit un jour :
-N’y fais pas attention, Manolito ; il n’ouvre jamais un livre même s’il est dedans.
Au début, dans mon quartier, ils ont tous acheté le premier tomme de ma biographie parce que c’était nouveau et pour voir s’ils étaient dedans, mais après, ils ont arrêté de les acheter parce qu’ils étaient assez en colère, pas seulement à cause de ma façon de les décrire, mais aussi à cause de la façon dont les dessinait Emilio Urberuaga. La sœur Asunción est venue dans ma classe et elle a dit que je l’avais fait ressembler à un phoque, et ça nous avait fait tellement rire que la sœur a dit qu’elle ne voulait plus nous voir avec un de mes livres entre les mains. Ma voisine, Luisa, a dit à ma mère que vu comment ce type l’avait dessinée, on aurait dit qu’elle avait au moins cinquante ans.
-Mais Luisa-lui répondit ma mère- c’est que tu as cinquante deus ans.
-Oui, mais ça, il ne le sait pas lui, et tu seras d’accord avec moi, Cata, je fais dix ans de moins que mon âge ! Ça fait pas ça un artiste, un artiste, soit il t’arrange, soit il fait pas ton portrait, ou alors qu’il fasse celui de sa mère.
-Et c’est à moi que tu dis ça, Luisa –lui répliqua ma mère- moi, il me dessine toujours avec un double menton, on dirait un pélican.
Monsieur Ezequiel s’est plaint lui aussi parce qu’il dit que dans les dessins, on ne voit jamais les travaux faits dans son bar.
-Mais, sincèrement, le Tropezón, à l’heure actuelle, ressemble à un bar de Paris, mais ça, il semble que ce monsieur n’y fasse pas attention.
-Ou qu’il ne veut pas y faire attention ! Lança un client qui s’était aussi fait tirer le portrait dans un des livres. Mon père aussi se plaint, il se plaint qu’on le dessine très gros :
-Mais, j’ai jamais eu ce ventre, Cata, jamais j’ai eu ce ventre !
Á vrai dire, je ne connais personne du quartier qui soit content de son portrait dans mes livres. Je mens, il y en a un : le Neuneu, qui n’en peut plus de crâner parce que le dessinateur le fait toujours apparaître en couverture ; mais ça fait pas plaisir à ma mère qu’on le dessine toujours avec la sucette à la bouche, parce qu’elle dit que c’est se moquer de lui.
-Je suis en train d’essayer de lui faire perdre cette maladie de la sucette, et ce mec me le dessine toujours avec sa sucette.
Je viens de dire qu’au début les gens achetaient mes livres dans le quartier, mais ils ont arrêté de le faire parce qu’ils disaient qu’ils n’allaient pas dépenser des sous pour se voir gros, moches et tournés en ridicule. Alors, ils envoyaient ça à ma mère dans la rue, et ensuite elle me disait :
-Tu vois bien, Manolito, tu vas finir par me fâcher avec tout le monde.
-C’est pas moi Maman ; c’est celle qui écrit les livres, elle garde toujours le pire de ce que je lui raconte.
Enfin bon, ce que je voulais raconter ici, et je vais commencer par le début, c’est qu’un vendredi après-midi, je suis allé avec mon grand-père à la consultation médicale, et le docteur Morales a dit à mon grand-père qu’il ne pouvait pas continuer comme ça avec sa prostate, que c’était une horreur, cette prostate, que chaque minute, elle grossissait un peu plus. Mon grand-père est devenu tout pâle et il a croisé ses mains devant cette même prostate, peut-être parce qu’il avait peur que le médecin n’attrape un bistouri du tiroir et ne l’entaille sur le champs. Mais non. « Calmez-vous » lui dit le docteur Morales devinant ses pensées, « on va vous l’enlever à l’hôpital et sous anesthésie, comme on fait avec toutes les personnes âgées. » Mon grand-père est sorti de la consultation assez triste et en marchant tout doucement.
-Papi, -lui proposai-je- si ta prostate te pèse trop, appuie-toi sur mon épaule pour qu’on porte le poids à deux.
Mais mon grand-père m’a expliqué qu’il ne marchait pas doucement à cause du poids de sa prostate grandissante, mais parce que les grands-pères, de temps en temps, ont peur eux aussi, mais une trouille bleue. On devait aller à Gran Vía parce que ma mère nous avait envoyé acheter des t-shirts Thermolactyl pour moi et pour le Neuneu, parce qu’elle aime beaucoup nous voir suer en hiver, tant qu’elle ne distingue pas une éruption cutanée dans notre cou, elle n’est pas tranquille. On y a été en taxi parce que mon grand-père a dit que vu comme il était triste, il ne voulait pas prendre le métro ; il aurait largement le temps plus tard de se retrouver six pieds sous terre. Il est comme ça mon papi : un optimiste-né.

***

Odile nous propose sa traduction :

Les gens de mon quartier se plaignent.

Ce que je vais te raconter dans ce chapitre de ma vie, ne le raconte à personne parce que, dans ce chapitre-là, je pleure et j'ai un peu honte des chapitres où je pleure. Mon grand-père dit que quand une personne a autant de livres sur sa vie, c' est normal que de temps en temps le protagoniste (moi, par exemple) pleure à cause d' un terrible malheur. Mon grand-père dit que ça plaît beaucoup au lecteur, que le lecteur se met à pleurer aussi, comme si le malheur lui arrivait à lui. Il est bizarre ce lecteur. Les lecteurs que je connais vivent tous à Carabanchel Alto, bien sûr, et ils tous sont morts de rire quand le protagoniste en bave surtout si le protagoniste c'est moi. Le crâneur du quartier, Yihad, dit qu'il préfère les livres de ma vie où je me casse la figure, où ma mère me colle une baffe et où il casse mes lunettes. Yihad, en plus d'être crâneur, il est menteur parce que sa propre mère m'a dit un jour:
- Ne l'écoute pas, Manolito, il n'ouvre jamais un livre, même s'il est dedans.
Au début, dans mon quartier, ils ont tous acheté le premier tome de ma biographie, pour la nouveauté, bien sûr, et pour voir s'ils étaient dedans et après ils n'ont pas acheté les autres parce qu'ils étaient très fâchés, à cause de ma façon de les décrire mais aussi à cause de la façon de les dessiner d' Emilio Urberuaga. Mam'zelle Asunción est arrivée en classe en disant que je l'avais décrite comme un phoque et ça nous à fait tellement rire à tous, qu'elle a dit qu'elle ne voulait plus voir aucun enfant avec un de mes livres entre les mains. Ma voisine, la Luisa a dit que cet individu l'avait dessinée comme si elle avait cinquante ans.
- Mais, Luisa -lui a dit ma mère-, c'est que tu en as cinquante-deux.
- Oui, mais ça, lui, il le sait pas, et tu es d'accord avec moi, Cata, que je fais dix ans de moins! Un artiste ne fait pas ça, un artiste il t'arrange plutôt, ou alors il te dessine pas, ou alors qu' il aille dessiner sa mère.
- Ne m'en parle par, Luisa -lui dit ma mère-, moi, il me dessine toujours avec un double menton et j' ai l'air d'un pélican.
Monsieur Ezequiel a rouspété aussi parce qu'il dit que dans les dessins on ne voit jamais les améliorations qu'il a fait dans son bar.
- Et vraiment, El Tropezón maintenant, c'est comme un bar de Paris mais on dirait que ce monsieur ne s'en aperçoit pas.
- Ou qu'il ne veut pas s'en apercevoir- a dit un client qui, lui aussi avait été dessiné dans un des livres.
Mon père aussi se plaint, il se plaint qu'il le fait toujours très gros.
- Et moi alors, je n'ai jamais eu du ventre comme ça, Cata, jamais de la vie.
La vérité, c'est que je ne connais personne de ce quartier qui soit content de voir comment il est montré dans les livres. Je mens, y'en a un: l'Imbécile, qui est content de crâner parce que le dessinateur le met toujours sur les couvertures; mais ma mère, ça ne lui fait pas plaisir qu'on le dessine toujours avec la sucette à la bouche parce qu'elle dit que c'est le ridiculiser.
- Moi qui essaie de lui enlever cette manie de la sucette, et il faut toujours que ce type me le dessine avec la sucette à la bouche.
Je dis qu'au début les gens achetaient les livres dans mon quartier mais il ont arrêté parce qu'ils disaient qu'il n'allaient pas dépenser de l'argent pour se voir gros, laids et se couvrant de ridicule.
Ils le lachaient comme ça à ma mère dans la rue et après elle me disait:
- C'est quelque chose, Manolito, tu vas me faire fâcher avec tout le monde.
- C'est pas moi maman; c'est celle qui écrit les livres, elle retient toujours le pire de ce que je lui raconte.
Bon, mais ce que je voulais raconter ici et que je vais commencer par le commencement, c'est qu'un vendredi après-midi, je suis allé au dispensaire avec mon grand-père et que le docteur Morales a dit à mon grand-père que cette histoire de prostate, ça pouvait pas continuer comme ça et qu'il fallait trancher dans le vif, que c'était une horreur cette prostate et qu'elle grossissait à vue d'oeil. Mon grand-père est devenu tout pâle et a croisé les mains devant la prostate en question. Peut-être parce qu'il avait peur que le docteur prenne un bistouri du tiroir et l'entaille sur l'instant. Mais non, n'ayez pas peur, lui a dit le docteur Morales en devinant ses pensées, « on vous l'enlèvera à l'hôpital, et sous anésthésie, comme à toutes les personnes âgées. »
Mon grand-père est sorti du dispensaire assez triste et il marchait très lentement.
- Grand-père- je lui ai dit, si ta prostate est trop lourde, appuie-toi sur mon épaule pour qu'on la porte à tous les deux.
- Mais mon grand-père a dit qu'il ne marchait pas lentement à cause du poids de cette prostate qui grossissait, mais parce qu'il arrive de temps en temps que les grands-pères aient la trouille. On devait aller à la Gran Vía parce que ma mère nous avait envoyé acheter des tricots de corps en Thermolactyl pour moi et pour l'Imbécile, parce que ma mère elle aime beaucoup qu'on sue en hiver, et tant qu'on a pas des rougeurs sur le coup, elle n'est pas satisfaite. On y est allé en taxi parce que mon grand-père ne voulait pas prendre le métro; il aurait bien le temps dans le futur d'être sous terre. Il est comme ça mon papi: optimiste de nature.

***

Blandine nous propose sa traduction :

Ceux de mon quartier se plaignent
Ce que je vais te raconter dans ce chapitre de ma vie, tu ne le répètes à personne, parce que dans ce chapitre je pleure, et les chapitres où je pleure me font un peu honte. Mon grand-père dit que lorsque quelqu’un a autant de livres sur sa vie, il est normal que de temps à autre le protagoniste (moi, par exemple) pleure pour un terrible malheur ; mon grand-père dit que cela plaît énormément au lecteur, que le lecteur se met aussi à pleurer comme s’il s’agissait de son propre malheur. Quel lecteur étrange. Les lecteurs que je connais, vivent tous, d’ailleurs, à Carabanchel Alto, et chaque fois lorsque le protagoniste en voit de toutes les couleurs ils se tordent de rire, surtout si ce protagoniste c’est moi. Le frimeur de mon quartier, Yihad, dit que les livres de ma vie qui lui plaisent le plus sont ceux où je trébuche, ou quand ma mère me donne une raclée, ou quand je casse mes lunettes. Yihad, en plus d’être frimeur, est un menteur, car sa propre mère m’a dit un jour :
— Ne t’occupe pas de lui, Manolito ; il n’ouvre jamais un livre ; même s’il y est.
Au début, dans mon quartier, ils ont tous acheté le premier tome de ma biographie pour la nouveauté et pour voir s’ils étaient dedans, mais par la suite ils ont arrêté de les acheter car ils se sont plutôt mis en colère, pas seulement à cause de la description que j’en faisais, mais surtout à cause des dessins d’Emilio Urberuaga. La petite Asunción est venue en classe pour dire qu’il l’avait dessinée comme un phoque, et cela nous a fait tellement rire que la petite nous a dit qu’elle ne voulait voir aucun des enfants avec l’un de mes livres entre les mains. Ma voisine Luisa dit que la façon dont l’avait dessiné cet individu, elle semblait avoir au moins 50 ans.
— Mais Luisa – lui répondit ma mère, tu as 52 ans.
— D’accord, mais lui ne le sait pas, et tu seras d’accord avec moi, Cata, que j’en parais dix de moins ! Un artiste ne fait pas ça, un artiste te montre sous ton meilleur jour, ou ne te montre pas, ou alors il montre sa mère.
— Mais qu’est-ce que tu viens me dire ça à moi, Luisa – lui rétorqua ma mère, moi il me peint toujours avec un double menton et je ressemble à un pélican.
Monsieur Ezequiel a aussi protesté car il dit que dans les dessins on n’apprécie pas les transformations qu’il a faites au bar :
— Et, sincèrement, El Tropezón est dans le coup, et il paraît à s’y méprendre à un bar de Paris, mais ce monsieur semble ne pas s’en rendre compte.
— Ou ne veut pas s’en rendre compte ! dit un client qui a aussi été retracé dans l’un de mes livres. Mon père aussi se plaint, il se plaint qu’il le montre toujours trop gros :
— Et moi je n’ai jamais eu ce ventre, Cata, je ne l’ai jamais eu !
Franchement, je ne connais personne dans mon quartier qui soit content de voir comment il est sorti dans les livres. Faux, il y en a une : L’Imbécile, qui adore le moment où le dessinateur le montre sur les couvertures ; mais ma mère n’aime pas qu’on le dessine sans arrêt avec la sucette à la bouche, car elle dit que c’est se moquer de lui.
— J’essaie de lui enlever cette manie de la sucette, et ce type me le peint toujours avec la sucette.
Au début les gens de mon quartier achetaient les livres, mais ils ont fini de le faire parce qu’ils disaient qu’ils n’allaient pas gaspiller de l’argent pour se voir gros et laids et à faire les idiots. De la même manière, ils le racontaient à ma mère dans la rue, qui ensuite me disait :
— Il faut voir, Manolito, tu vas finir par me faire brouiller avec tout le monde.
— Pas moi maman, c’est celle qui écrit les livres, elle ne garde que le plus mauvais de ce que je lui raconte.
Bon, ce que je voulais raconter ici, et que je commencerai au début du temps, c’était un vendredi après-midi, je suis allé au dispensaire avec mon grand-père, et le docteur Morales a dit à mon grand-père que sa prostate ne pouvait pas continuer ainsi, qu’on devait prendre le mal par la racine, car il avait une prostate qui était une horreur de prostate, chaque minute qui passait elle grandissait. Mon grand-père a pâli et a croisé les mains sur le devant même de la prostate, car il craignait peut-être que le médecin ne prenne un bistouri dans le tiroir et lui fasse une entaille ici même. Mais non. « Ne vous inquiétez pas », lui dit le docteur Morales en devinant sa pensée, « nous vous l’enlèverons à l’hôpital et sous anesthésie, comme pour tous les vieux ».
Mon grand-père est sorti du dispensaire assez triste et en marchant très lentement.
– Grand-père – lui dis-je, si la prostate est trop lourde, appuie-toi sur mon épaule afin qu’on la porte à deux.
Mais mon grand-père me répondit qu’il ne marchait pas lentement à cause du poids de sa prostate croissante, mais parce qu’aux grands-pères, de temps en temps, ils ont une peur à en chier. Nous devions aller à la Gran Vía parce que ma mère nous avez envoyé acheter des t termolactil pour moi et pour l’Imbécile, car elle aime beaucoup nous voir suer en hiver et tant que nous n’avons pas d’éruption cutanée elle ne nous laisse pas tranquilles. Nous avons pris un taxi parce que mon grand-père me dit qu’il était trop triste pour prendre le métro ; il aurait le temps dans un futur de se retrouver sous terre. Mon gran’pa est comme ça : un optimiste né.

Pour s'y retrouver dans les références culturelles

En photo : Encyclopédie des FARCES et ATTRAPES et des MYSTIFICATIONS par Jahsonic

Nathalie et Jacqueline ont eu la patience d'établir, pour l'Amérique d'un côté et pour l'Espagne de l'autre, la liste des fiches de références culturelles traitées jusque-là.




L’ENCYCLOPÉDIE AMOUREUSE DES PROS
RÉFÉRENCES CULTURELLES

Espagne


8 janvier 2008 : coup d’envoi de la rubrique : « Références culturelles ».
Depuis, 50 posts sur des sujets divers et variés.


Liste des sujets traités


A-
Ferran Adriá (25/3)

B-
El Barça (19/4)
Ana Belén (30/3)
Luis Buñuel (21/2)

C-
El carajillo (28/3)
Les Castells (16/1)
Des Châteaux en Espagne (8/3)
Chistes de Lepe (22/2)
The chupa chups (17/2)
Les comptines espagnoles (1/4)
B.A BA de la corrida (12/2)


D-
Plácido Domingo (18/1)
Drapeau espagnol (18/2)
Dulcinée (13/4)

F-
La fabada asturiana (9/3)
Las fallas de Valencia (27/1)
Fromages en Espagne (14/2)

G-
Petites choses sur Galicia (18/3)

H-
El hórreo asturiano (10/3)
Habaneras y cremát (26/2)
Los huesos de santo (9/1)
La horchata (6/2)

J-
La jota aragonesa (14/1)
Jambon espagnol (9/2)

L-
Las luminarias (22/2)

M-
Los Mallos de Riglos (12/3)
Marca (18/4)
Luis Mariano (26/4)
Las migas (7/3)
Manolete (6/3)
María Moliner (14/4)
Sarah Montiel (21/3)
El mozo de espada y el ayuda (20/2)
Mortedelo y Filemón (7/2)
Muppett show (17/3)

N-
Andrés Nin Pérez (11/4)

O-
La Once (27/3)
El oso y el madroño (1/2)

P-
El pa amb tomàquet (12/4)
La paëlla (19/3)
El Palacio de la Moncloa (4/2)
El parque del buen retiro (20/3)
La Plaza Mayor (Madrid (9/4)
Les points sur la croix (17/1)
Premio Cervantes (23/4)
Miguel Primo de Rivera (16/3)
Prince des Asturies (15/2)
Polvorones de navidad (23/2)

S-
Sant Jordi (28/1)
Félix Maria Samaniego ( 2/3)

T-
Los tambores de Calanda (6/4)
La torre Agbar (1/3)
Torrvieja (21/4)
La tortilla de patata (15/3)
Tuna (18/4)

U-
Las uvas de la suerte (25/1)

V-
El valle de los caídos (14/3)

Y-
Yemas y reliquarias en Àvila (27/2)

***

Amérique


A-
América (11/01)

B-
los babalaos (31/01)
los balseros (04/03)
La Bodeguita del Medio (3/4)

C-
Camilo Cienfuegos (24/02)
Cantinflas (13/02)
Celia Cruz (17/03)
les chapulines (26/01)
Che (film de Steven Soderbergh) (20/01)
la chicha morada (13/01)
le chocolat (10/01)
Cocoliche (24/4)

D-
Le dogue argentin (11/02)
Le drapeau cubain (10/4)
Le drapeau mexicain (10/02)
Le drapeau péruvien (7/4)

F-
El floridita (13/03)

G-
Gertrudis Gómez de Avellanada (8/4)
Granma (22/01)
Le guacamole (26/03)
La Guayabera (17/4)

I-
La isla Madre de Dios (23/03)

K-
Frida Kahlo (28/02)

L-
El Lunfardo (22/4)

M-
Machu Picchu (2/4)
Mafalda (15/01)
Maitena (05/03)
la Malinche (05/12)
las maras (08/02)
Les mariachis (03/02)
El merengue (23/01)
Les meurtres de Ciudad Juárez (03/03)
México vs Méjico (22/03)
La musique vénézuélienne (19/02)

N-
Los narcocorridos (02/02)

O-
Operación Cóndor (25/4)

P-
Palabras a los intelectuales (20/4)
Eva Perón (11/03)
la piñata (21/01)
Piura (24/03)
Popocatepetl e Iztaccihuatl (19/01)
le pozole (16/02)

S-
La salsa (25/02)
Santa Clara (31/03)
La santería (30/01)
Antonio José de Sucre (29/01)

T-
Les tamales (12/01)
Le Tango argentin (5/4)
Les telenovelas (24/01)

V-
La Virgen de la Caridad del Cobre (29/03)
Voló como Matías Pérez (4/4)

X-
Xochimilco (05/02)

Z-
La Zafra de los diez millones (16/4)