lundi 28 février 2011

Entretien avec Marjolaine Revel (correctrice), réalisé par Alexis Poraszka

Je remercie Marjolaine Revel d'avoir gentiment accepté de répondre à mes questions.

1) Quel est votre parcours ? Pourquoi avoir choisi cette profession ?
Après un bac littéraire, j'ai fait deux ans de classe préparatoire en lettres/langues, puis trois ans de licence en lettres modernes.
J'ai choisi ce métier, d'une part parce que je voulais travailler dans mon domaine, les lettres, mais ne souhaitais pas être enseignante ; d'autre part, tout simplement parce que c'est une profession qui me plaît et me correspond. J'aime travailler le texte et contribuer à le rendre meilleur sur la forme, mais également parfois sur le fond.

2) Sur quels genres de documents travaillez-vous ?
Sur des ouvrages de tous types : ouvrages scolaires, guides pratiques, essais, romans, nouvelles, etc. C'est ce qui est agréable dans ce métier ; on est amené à travailler avec de nombreuses personnes sur des projets divers et variés, ce n'est jamais monotone.

3) Concernant le travail pour une maison d'édition, avez-vous des contacts avec les auteurs ?
Jusqu'à présent, jamais. Je traite directement avec les responsables éditoriaux qui, eux, traitent avec les auteurs.

4) Avec les traducteurs ? Quelles sont vos relations ?
Je n'ai été en relation qu'avec une seule traductrice, de langue maternelle autre que le français, dans le cadre d'un projet collaboratif traduction-adaptation-correction. Nous étions beaucoup en contact et faisions un réel travail d'équipe pour peaufiner au maximum l'adaptation du texte en langue française. Elle traduisait, j'adaptais en m'aidant de ses remarques, puis je corrigeais.
Mais en règle générale, si j'ai eu à corriger des textes traduits, je n'ai jamais été en relation avec les traducteurs.

5) Sur quel point se focalise principalement votre travail : orthographe, grammaire, synthaxe, ponctuation... ?
Tout cela à la fois ! Ces différents domaines sont intimement liés dans un texte, on ne peut pas corriger l'un, puis revenir une deuxième fois pour l'autre.
En revanche, je m'occupe aussi des vérifications de forme, voire de maquette si celle-ci a été faite : succession des titres, respect de la charte, cohérence de la mise en page, correction du sommaire, etc. Cela peut être effectivement réalisé lors d'une seconde révision.
Parfois, lorsqu'un texte demande beaucoup de réécriture, ou une attention toute particulière au fond, comme dans le cas d'une adaptation de traduction, une relecture sera uniquement consacrée à cette étape ; la correction orthotypographique viendra par la suite.
Bien souvent, enfin, j'effectue moi-même le passage des styles sur les ouvrages possédant une importante hiérarchie de titres, afin de préparer le travail du maquettiste.

6) Quelles sont les erreurs les plus fréquentes que vous avez à corriger ?
Impossible de répondre à cette question ! Il y a de tout ! Beaucoup de fautes de typographie, souvent (règles de l'emploi de l'italique ou des majuscules non respectées, par exemple), mais aussi beaucoup de fautes d'accord (sujets/verbes ou participes passés), des pluriels oubliés ou des temps verbaux inadaptés (de l'indicatif au lieu du subjonctif, par exemple).

7) Quels sont généralement les délais pour les relectures-corrections ?
Tout dépend du travail à faire. Une relecture orthotypographique simple de roman ira beaucoup plus vite qu'une relecture/réécriture d'un guide pratique, qui possède de nombreuses informations à vérifier, de nombreux titres à styler, toute une maquette à réviser, etc.
Cela dépend aussi du nombre de coquilles à débusquer : plus il y a de fautes, plus cela prend du temps de les corriger, logique.
Et cela dépend enfin tout simplement de la taille de l'ouvrage : plus il y a de signes, plus c'est long !
En fonction, donc, des ouvrages et du travail à réaliser dessus, cela peut prendre d'une semaine à deux mois.

Dans l'autre sens…, 6

Origine, sens et traduction en français de l'expression suivante :

Más rumboso que Pedro Lacambra

L'expression du jour

En photo : LENGUA
par fertraban

Origine, sens et traduction espagnole de l'expression suivante :

N'être pas gras à lécher les murs

À propos du prochain atelier tutoré d'Aline Schulman

Il aura lieu le 31 mars (de 15h00 à 18h00) et le 1e avril (de 10h00 à 13h00 et de 14h00 à 17h00).
A priori, vous retrouverez votre tutrice à l'hôtel Normandie.

Version pour le 26 mars

CONCILIAR EL SUEÑO

Lo que ocurre, doctor, es que en mi caso los sueños vienen por ciclos temáticos. Hubo una época en que soñaba con inundaciones. De pronto los ríos se desbordaban y anegaban los campos, las calles, las casas y hasta mi propia cama. Fíjense que en sueños aprendí a nadar y gracias a eso sobreviví a las catástrofes naturales. Lamentablemente, esa habilidad tuvo una vigencia sólo onírica, ya que un tiempo después pretendí ejercerla, totalmente despierto, en la piscina de un hotel y estuve a punto de ahogarme.
Luego vino un período en que soñé con aviones. Más bien, con un solo avión, porque siempre era el mismo. La azafata era feúcha y me trataba mal. A todos les deba champán, menos a mí. Le pregunté por qué y ella me miró con un rencor largamente programado y me contestó: «Vos bien sabes por qué». Me sorprendió tanto aquel tuteo que casi me despierto. Además, no imaginaba a qué podía referirse. En esa duda estaba cuando el avión cayó en un pozo de aire y la azafata feúcha se desparramó en el pasillo, de tal manera que la minifalda se le subió y pude comprobar que abajo no llevaba nada. Fue precisamente ahí que me desperté, y, para mi sorpresa, no estaba en mi cama de siempre sino en un avión, fila 7 asiento D, y una azafata con rostro de Gioconda me ofrecía en inglés básico una copa de champán. Como ve, doctor, a veces los sueños son mejores que la realidad y también viceversa. ¿Recuerda lo que dijo Kant? El sueño es un arte poético involuntario.
En otra etapa soñé reiteradamente con hijos. Hijos que eran míos. Yo, que soy soltero y no los tengo ni siquiera naturales. Con el mundo como está, me parece un acto irresponsable concebir nuevos seres. ¿Usted tiene hijos? ¿Cinco? Excuse me. A veces digo cada pavada.
Los niños de mi sueño eran bastante pequeños. Algunos gateaban y otros se pasaban la vida en el baño. Al parecer, eran huérfanos de madre, ya que ella jamás aparecía y los niños no habían aprendido a decir mamá. En realidad, tampoco me decían papá, sino que en su media lengua me llamaban «turco». Tan luego a mí, que vengo de abuelos coruñeses y bisabuelos lucenses. «Turco, vení», «Turco, quero la papa», «Turco, me hice pipí». En uno de esos sueños, bajaba yo por una escalera medio rota, y zás, me caí. Entonces el mayorcito de mis nenes me miró sin piedad y dijo: .Turco, jodete.. Ya era demasiado, así que desperté de apuro a mi realidad sin angelitos.
En un ciclo posterior de fútbol soñado, siempre jugué de guardameta o gotero o portero o goalkeeper o arquero. Cuántos nombres para una sola calamidad. Siempre había llovido antes del partido, así que las canchas estaban húmedas y era inevitable que frente a la portería se formara un laguito. Entonces aparecía algún delantero que me fusilaba con ganas, y en primera instancia yo atajaba, pero en segunda instancia la pelota mojada se escabullía de mis guantes y pasaba muy oronda la línea del gol. A esa altura del partido (nunca mejor dicho), yo anhelaba con fervor despertarme, pero todavía me faltaba escuchar cómo la tribuna a mis espaldas me gritaba unánimemente: traidor, vendido, cuánto te pagaron y otras menudencias.
En los últimos tiempos mis aventuras nocturnas han sido invadidas por el cine. No por el cine de ahora, tan venido a menos, sino por el de antes, aquel que nos conmovía y se afincaba en nuestras vidas con rostros y actitudes que eran paradigmas. Yo me dedico a soñar con actrices. Y qué actrices: digamos Marilyn Monroe, Claudia Cardinale, Harriet Andersson, Sonia Braga, Catherine Deneuve, Anouk Aimée, Liv Ullmann, Glenda Jackson y otras maravillas. (A los actores, mi Morfeo no les otorga visa.) Como ve, doctor, la mayoría son veteranas o ya no están, pero yo las sueño tal como aparecían en las películas de entonces. Verbigracia, cuando le digo Claudia Cardinale, Harriet Andersson, Sonia Braga, Catherine Deneuve, Anouk Aimée, Liv Ullmann, Glenda Jackson y otras maravillas. (A los actores, mi Morfeo no les otorga visa.) Como ve, doctor, la mayoría son veteranas o ya no están, pero yo las sueño tal como aparecían en las películas de entonces. Verbigracia, cuando le digo Claudia Cardinale, no se trata de la de ahora (que no está mal) sino la de La ragazza con la valiglia, cuando tenía 21.
Marilyn, por ejemplo, se me acerca y me dice en un tono tiernamente confidencial: «I don’t love Kennedy. I love you. Only you. Sepa usted que en mis sueños las actrices hablan a veces en versión subtitulada y otras veces dobladas al castellano. Yo prefiero los subtítulos, ya que una voz como la de Glenda Jackson o la de Catherine Deneuve son insustituibles.
Bueno, en realidad vine a consultarle porque anoche soñé con Anouk Aimée, no la de ahora (que tampoco está mal) sino la de Montparnasse 19, cuando tenía unos fabulosos 26 años. No piense mal. No la toqué ni me tocó. Simplemente se asomó por una ventana de mi estudio y sólo dijo (versión doblada): «Mañana de noche vendré a verte, pero no a tu estudio sino a tu cama. No lo olvides».
Cómo voy a olvidarlo. Lo que yo quisiera saber, doctor, es si los preservativos que compro en la farmacia me servirán en sueños?.Porque ¿sabe? no quisiera dejarla embarazada.

Mario Benedetti, Buzón de tiempo

Références culturelles, 748 : El Pulque

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pulque

À vos dicos…, 91

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : ANIMALCULE

dimanche 27 février 2011

L'expression du jour

Origine, sens et traduction en espagnol de l'expression suivante :

Avoir du foin dans ses bottes

Dans l'autre sens…, 5

Origine, sens et traduction en français de l'expression suivante :

De bóbilis, bóbilis

Version pour le 26 février

Mientras iban por la calle camino de la librería, Fisco y Jaiko jugaban a que eran astronautas recién llegados a un mundo desconocido y previsiblemente hostil.
— ¡Cuidado, a tu derecha! Viene un monstruo rarísimo que lleva en alto una especie de enorme murciélago negro cogido por una pata. Puede ser peligroso...
— Espera, voy a consultar nuestro Informador Universal Portátil. Conectando, conectando... No te preocupes, no muerde. Se llama «paraguas».
— ¿El monstruo?
— No, hombre, eso que parece un murciélago.
— Fíjate, en lo alto de ese árbol sin ramas hay un ojo rojo. ¡Caray, ahora guiña el ojo y nos mira con otro amarillo!
— Y esas tortugas gigantes que pasan a toda leche lanzando rugidos. ¡Qué fieras! Hay muchísimas... Deben ser un rebaño en estampida. ¡Cuidado, apártate de su camino!
— ¡Atención, el ojo de) árbol es ahora verde! Ese árbol en vez de pájaros tiene ojos de colores...
— Mira, el rebaño de tortugas ?¿o serán estegosauros?? se ha parado. ¿A qué esperarán?
— Ni idea, pero podemos aprovechar para intentar esquivarlas corriendo hasta allí enfrente.
— ¿Y si están al acecho y nos atacan?
— ¡Nada, hay que arriesgarse! Pero deprisa, ¿eh? A la de una, a la de dos... ¡vamos allá!
Y cruzaban de acera a todo correr, muertos de risa. Mejor dicho, vivos de risa, porque cuanto más se reían Fisco y Jaiko más vivos estaban. ¿Qué edad tenían? Pues la verdad es que resulta difícil establecerlo a simple vista: ¡los chicos de ahora crecen tanto! Desde luego no menos de trece años pero en ningún caso mucho más de catorce. Jaiko parecía un poco mayor, pero es porque era más corpulento, todo un atleta: muy moreno, a causa de que alguno de sus abuelos o bisabuelos procedía del Caribe y le habían legado un tono como de miel en la epidermis y un pelo de brillante azabache. En cambio Fisco era más menudo, casi rubio, todo fibra enérgica y grandes ojos curiosos. Siempre se les veía juntos, en el patio del colegio, por la calle, en el cine y lo mismo compartían los bocadillos que los secretos. También sus inquietudes: porque a pesar de su ánimo juguetón y hasta pícaro (era difícil verles en la cara otra expresión que la sonrisa, a menudo satírica) se diría en ocasiones que llevaban a medias la llave de un cuarto oscuro e íntimo en el que se oía el rebullir de cosas extrañas. Amenazadoras.

Fernando Savater, El Gran laberinto

***

Julie nous propose sa traduction :

Pendant qu’ils marchaient dans la rue, de retour de la librairie, Fisco et Jaiko faisaient comme s’ils étaient des astronautes tout juste arrivés dans un monde inconnu et probablement hostile.
— Attention, à ta droite ! Il y a un monstre très bizarre qui arrive et qui tient en l’air une espèce d’énorme chauve-souris noire par une patte. Ça peut être dangereux…
— Attends, je vais consulter notre Informateur Universel Portable. Ça charge, ça charge… Ne t’inquiètes pas, ça ne mord pas. Ça s’appelle « parapluie ».
— Le monstre ?
— Non, voyons, ce truc qui ressemble à une chauve-souris.
— Regarde, en haut de cet arbre sans branches, il y a un œil rouge. Mince, maintenant il le cligne et il nous regarde avec un autre qui est orange.
— Et ces tortues géantes qui passent à toute berzingue en rugissant ! Quelles sauvages ! Il y en a énormément… Ça doit être un troupeau en déroute. Prends garde, écarte-toi de leur chemin !
— Attention, l’œil de l’arbre est vert à présent ! Au lieu d’oiseaux, cet arbre a des yeux colorés…
— Regarde, le troupeau de tortues – Ou alors, ce sont des stégosaures ? –, il s’est arrêté. Qu’est ce qu’ils peuvent bien attendre ?
— Aucune idée, mais on peut en profiter pour essayer de les esquiver en courant jusque là-bas, en face.
— Et si elles étaient à l’affût et qu’elles nous attaquaient ?
— Mais non, il faut prendre des risques ! Mais vite, hein ? À la une, à la deux… allons-y !
Et ils changèrent de trottoir à toute vitesse, morts de rire. Ou plutôt, vivants de rire, parce que plus Fisco et Jaiko riaient, plus ils étaient vivants. Quel âge avaient-ils ? Eh bien, en vérité, il est difficile de le déterminer d’un simple regard : les enfants d’aujourd’hui grandissent tant ! Bien sûr, pas moins de treize ans mais, en aucun cas, beaucoup plus de quatorze. Jaiko avait l’air un peu plus vieux, mais c’est parce qu’il était plus corpulent, un véritable athlète : très brun, parce que l’un de ses grands-parents ou arrières grands-parents venait des Caraïbes et qu’ils lui avaient légué une couleur semblable au miel sur l’épiderme et des cheveux brillants, noirs de jais. En revanche, Fisco était plus menu, presque blond, très énergique et aux grands yeux curieux. On les voyait toujours ensemble, dans la cour du collège, dans la rue, au cinéma et ils partageaient autant leurs sandwichs que leurs secrets. C’était aussi le cas pour leurs inquiétudes : car malgré leur humeur joueuse et même maligne (il était difficile de voir sur leur visage une expression autre que le sourire, souvent satirique), on aurait parfois dit qu’ils portaient en partie la clé d’une pièce intime et sombre où on entendait la mise en mouvement de choses étranges. Menaçantes.

***

Perrine nous propose sa traduction :

Tandis qu’ils parcouraient la rue en direction de la librairie, Frisco et Jaiko jouaient aux astronautes tout juste arrivés dans un monde inconnu et probablement hostile.
— Attention, à ta droite ! Un monstre très bizarre fonce droit sur nous et brandit par une patte une espèce d’énorme chauve-souris noire. Ҫa peut être dangereux…— Attends, je vais consulter notre Informateur Universel Portable. Connexion en cours, connexion en cours… T’inquiète pas, il mord pas. Il s’appelle « parapluie ».
— Le monstre ?
— Mais non ! Ce truc qui ressemble à une chauve-souris.
— Prend garde, en haut de cet arbre sans branches il y a un œil rouge. Mince alors, voilà qu’il nous fait un clin d’œil et qu’il nous observe avec son autre jaune !
— Et ces tortues géantes qui passent à toute vitesse en hurlant. Quelles brutes ! Il y en a plein… Ҫa doit être un troupeau à la débandade. Attention, pousse-toi de leur chemin !
— Fais gaffe, l’œil de l’arbre est vert, maintenant ! Cet arbre, au lieu d’avoir des oiseaux, il a des yeux de couleurs…
— Regarde le troupeau de tortues, ou c’est peut-être des stégosaures ? Il s’est arrêté. Qu’est-ce qu’elles peuvent bien attendre ?
— Aucune idée, mais on peut en profiter pour essayer de les esquiver en courant jusque là-bas, en face.
— Et si elles sont à l’affut et qu’elles nous attaquent ?
— Tant pis, il faut prendre des risques ! Mais vite, hein ! À la une, à la deux…en avant !
Et ils changeaient de trottoir à tout allure, morts de rire. Ou plutôt, vivants de rire, car plus Fisco et Jaiko riaient, plus ils étaient en vie. Quel âge avaient-ils ? Eh bien, en fait, il s’avère compliqué de le déterminer à première vue : les garçons grandissent si vite de nos jours ! Ce qui est sûr, c’est qu’ils n’avaient pas moins de treize ans, mais en aucun cas guère plus de quatorze. Jaiko avait l’air un peu plus vieux, mais c’est parce qu’il était davantage corpulent, un athlète à part entière : très brun, à cause d’un de ses grands-pères ou arrière-grands-pères qui venait des Caraïbes et qui lui avait transmis une teinte de peau couleur miel et des cheveux d’un jais brillant. Au contraire, Fisco était plus menu, presque blond, plein d’énergie et avec de grands yeux curieux. On les voyait toujours fourrés ensemble, dans la cour du collège, dans la rue, au cinéma, et ils partageaient autant leurs sandwichs que leurs secrets. Même leurs inquiétudes : parce que malgré leur esprit enjoué, voire espiègle (il était difficile de voir sur leur visage une autre expression que le sourire, souvent satirique), on pouvait dire parfois qu’ils détenaient à moitié la clé d’une pièce sombre et intime dans laquelle on entendait l’agitation de chose étranges. Menaçantes.

***

Vanessa nous propose sa traduction :

Alors qu'ils marchaient dans la rue en direction de la librairie, Fisco et Jaiko faisaient semblant d'être des astronautes à peine débarqués dans un monde inconnu et forcément hostile.
— Attention, à ta droite ! Il y a un monstre très très rare qui arrive, il porte au-dessus de lui une espèce d'énorme chauve-souris noire qu'il tient par une patte. C'est peut-être dangereux...
— Attends, je consulte notre Informateur Universel Portatif. Connexion en cours, connexion en cours... T'inquiète, ça mord pas. On appelle ça “parapluie”.
— Le monstre ?
— Mais non ! Ce truc qui ressemble à une chauve-souris.
— Regarde, en haut de cet arbre sans branches, il y a un œil rouge. Mince, maintenant l'œil cligne, et il nous observe, avec cet autre-là, qui est jaune !
— Et ces tortues géantes qui passent à toute vitesse en poussant des rugissements, ce qu'elles ont l'air féroce ! Il y en a vraiment beaucoup... Ça doit être un troupeau en fuite. Attention, écarte-toi de leur chemin !
— Oh ! L'œil de l'arbre est devenu vert ! Cet arbre, au lieu d'avoir des oiseaux, il a
des yeux colorés...
— Regarde, le troupeau de tortues – ce serait pas plutôt des dinosaures ? Il s'est arrêté. Qu'est-ce qu'elles attendent ?
— Aucune idée, mais on pourrait en profiter pour essayer de les esquiver en courant jusque là-bas, en face.
— Mais, si elles sont à l'affût et qu'elles se mettent à nous attaquer ?
— Tant pis, il faut prendre le risque ! Mais vite, hein ? À la une, à la deux... c'est parti !
Et ils changeaient de trottoir à toute vitesse, morts de rire. Ou plutôt, vivants de rire, puisque, à mesure qu'ils riaient, Fisco et Jaiko étaient plus vivants encore. Quel âge avaient-ils ? En vérité, difficile de le savoir d'un simple coup d'oeil : les enfants grandissent tellement de nos jours ! De toute évidence, pas moins de treize ans, et en aucun cas beaucoup plus que quatorze. Jaiko semblait un peu plus grand ; mais seulement parce qu'il était plus corpulent. Il ressemblait à un athlète : très bronzé, de par un de ses grands-parents ou arrière-grands-parents caribéens qui lui avait légué comme un ton de miel sur l'épiderme, et les cheveux d'un jais brillant. En revanche, Fisco était plus menu, presque blond, la fibre énergique et de grands yeux curieux. On les voyait toujours ensemble, dans la cour de l'école, dans la rue, au cinéma, et, comme ils partageaient leurs sandwichs, ils partageaient leurs secrets. Mais aussi leurs préoccupations : malgré leur caractère joueur et malin (difficile de voir sur leurs visages une autre expression que le sourire, souvent satirique) on eût dit parfois qu'ils détenaient à eux deux la clé d'une pièce obscure et intime dans laquelle on entendait remuer des choses étranges. Menaçantes.

***

Stéphanie nous propose sa traduction :

Tandis qu'ils marchaient dans la rue en route pour la librairie, Fisco et Jaiko jouaient aux astronautes fraîchement arrivés dans un monde inconnu et, comme il fallait s'y attendre, hostile.

— Attention, à ta droite ! Il y a un monstre super bizarre qui brandit une espèce d'énorme chauve souris noire, en la tenant par une patte. Ça peut être dangereux.

— Attends, je vais consulter notre Informateur Universel Portable. Recherche en cours, recherche en cours... T'inquiète pas, il mord pas. Il s'appelle « parapluie ».

— Le monstre ?

— Mais non, voyons, ce truc qui ressemble à une chauve-souris.

— Regarde bien, en haut de cet arbre sans branche, il y a un œil rouge. Oh la vache, maintenant il ferme un œil et nous regarde avec l'autre, le jaune !

— Et ces tortues géantes qui passent à toute berzingue en poussant des rugissements. De vraies bêtes sauvages ! Il y en a plein ! Elles doivent venir d'un troupeau en fuite. Fais gaffe, pousse-toi de son chemin !

— Attention, l'œil de l'arbre, il est vert maintenant ! Cet arbre, au lieu d'avoir des oiseaux, il a des yeux de couleurs...

— Regarde, le troupeau de tortues ? Ou peut-être de stégosaures ? Il s'est arrêté. Qu'est-ce qu'ils attendent ?

— J'en sais rien, mais on peut en profiter pour essayer de les éviter en courant jusque là-bas, en face?

— Et s'ils sont à l'affût et qu'ils nous attaquent ?

— Et ben tant pis, faut prendre le risque ! Mais vite, hein ? À la une, à la deux... C'est parti !

Et ils traversaient la rue à toute vitesse, morts de rire. Plus exactement, vivants de rire, parce que plus Fisco y Jaiko riaient, plus ils étaient vivants. Quel âge avaient-ils ? Honnêtement, il s'avère difficile de le déterminer simplement en les regardant, les enfants d'aujourd'hui grandissent tellement ! Pas moins de treize ans, c'est sûr, mais en aucun cas, beaucoup plus de quatorze. Jaiko semblait un peu plus vieux, mais c'est parce qu'il était corpulent, un vrai athlète, très brun de peau, car un de ses grands-parents ou arrière-grands-parents était originaire des Caraïbes et lui avait légué un ton comme de miel sur l'épiderme et des cheveux de jais, brillants. En revanche, Fisico était plus fin, presque blond, tout en fibre énergique et en grands yeux curieux. On les voyait toujours ensemble, dans la cour de l'école, dans la rue, au cinéma et ils partageaient autant leurs sandwichs que leurs secrets. Leurs inquiétudes aussi, car, malgré leur caractère joueur et même espiègle (il était difficile d'observer sur leurs visages une autre expression que le sourire, souvent satirique), on aurait dit que, parfois, ils portaient à deux la clé d'un pièce sombre et intime où l'on entendait l'agitation de choses étranges. Menaçantes.


***

Florian nous propose sa traduction :

Tout en se dirigeant vers la librairie, Fisco et Jaiko jouaient aux astronautes tout juste débarqués sur un monde inconnu et sans doute hostile.
- Fait gaffe, à ta droite! Y'a un monstre super bizarre avec une espèce d'énorme chauve-souris noire sur sa tête qui tient sur une patte. Ça peut être dangereux...
- Attends, j'vais consulter notre Informateur Universel Portable. Connexion en cours, connexion en cours....T'inquiète pas, il mord pas. Il s'appelle "parapluie".
- Le monstre?
- Mais non voyons! Ce truc qui ressemble à une chauve-souris.
- Regarde! En haut de cet arbre sans branches, y'a un oeil rouge. Purée! Voilà que l'oeil cligne et qu'il nous espionne avec un autre jaune!
- Et ces tortues géantes qui passent à toute vitesse en poussant des rugissements. Quelles bêtes sauvages! Y'en a plein! Ça doit être un troupeau en fuite! Fait gaffe! Ecarte-toi de son chemin!
- Attention! L'oeil de l'arbre est devenu vert cette fois! Au lieu d'avoir des oiseaux, cet arbre à des yeux de toutes les couleurs...
-Matte le troupeau de tortues, ou peut-être que c'est des stégosaures? Il s'est arrêté. elles attendent quoi?
- Aucune idée, mais on peut en profiter pour essayer de les esquiver en courant jusqu'à là-bas en face.
- Et si elles sont à l'affût et qu'elles nous attaquent?
- Pas le choix, faut tenter le coup! Mais vite, hein? une, deux...allez!
Ainsi, ils traversaient le trottoir à toute allure, morts de rire. Ou plutôt, vivants de rire, car plus Fisco et Jaiko riaient, plus ils étaient vivants. Quel âge avaient-ils? Hé bien à vrai dire, il est difficile de le deviner d'un simple coup d'oeil: les garçons d'aujourd'hui grandissent tellement! Bien entendu, pas moins de treize ans mais en aucun cas plus de quatorze ans. Jaiko semblait un tantinet plus vieux, mais c'est parce qu'il était plus corpulent, un vrai athlète: très brun, à cause de certains de ses grands-parents ou arrière-grands-parents qui venaient des Caraïbes et qui lui avaient légué un ton disons de miel dans l'épiderme et une chevelure d'un jais éclatant. Par contre, Fisco était plus fin, presque blond, une vraie pile d'énergie et de grands yeux curieux. On les voyait toujours ensembles, dans la cours du collège, dans la rue, au cinéma, et ils partageaient aussi bien leurs sandwichs que leurs secrets. Tout comme leurs inquiétudes: car malgré leur esprit joueur voire même coquin ( il était rare de leur déceler sur le visage d'autre expression que le sourire, souvent satirique) on aurait dit dans certain cas, qu'ils détenaient chacun leur tour la clef d'une pièce obscure et intime de laquelle on entendait s'agiter d'étranges choses. Menaçantes.

***

Olivier nous propose sa traduction :

Pendant qu'ils marchaient en direction de la librairie, Fisco et Jaiko jouaient aux astronautes qui débarquent tout juste dans un monde inconnu et qui a l'air hostile.
?Fais gaffe, à droite ! Y a un monstre tout bizarre qui tient en l'air par une patte une espèce de chauve-souris noir. Il est peut être dangereux…
? Attends, je vais consulter notre Informateur Universel Portable. Chargement, chargement… Te fais pas de bile, ça mord pas. Ça s'appelle « parapluie ».
? De quoi, le monstre ?
? Non, mec, le truc qui ressemble à une chauve-souris.
? Eh, regarde, en haut de l'arbre sans branche, y'a un œil rouge. Aïe, maintenant il cligne et il nous regarde avec un autre œil, un jaune cette fois !
? Et ces tortues géantes qui passent à toute vitesse en rugissant. Des sacrées bêtes féroces ! Y en a tellement. Ça doit être un troupeau en débandade. Sois prudent, écarte-toi de leur trajectoire.
? Attention, l'œil de l'arbre a viré au vert ! Cet arbre-là, au lieu d'avoir des oiseaux, il a des yeux colorés…
? Regarde le troupeau de tortues. Eh, ce serait pas plutôt des stégosaures ? Il s'est arrêté. Qu'est ce qu'ils attendent ?
?Aucune idée, mais on peut en profiter pour essayer de les esquiver en courant jusqu'en face ?
?Et si elles sont à l'affût et qu'elles nous attaquent ?
?Non, y'a rien à craindre. Mais, on se magne, ok ? À trois. Un, deux, … c'est parti !
Et ils changeaient de trottoir à toute vitesse, morts de rire. Ou plus exactement, vivants de rire, car plus Fisco et Jaiko riaient, plus ils étaient vivants. Jaiko paraissait un peu plus âgé, mais c'est parce qu'il était plus corpulent, un vrai athlète : il était très mat de peau parce que certains de ses grands-parents ou arrières grands-parents venaient des Caraïbes et lui avaient légué une peau aux teintes miellées et une chevelure d'un jais brillant.
Fisco, en revanche, était plus menu, presque blond, énergique et tout en fibres, avec de grands yeux curieux. On les voyait toujours ensemble, dans la cour de l'école, dans la rue, au ciné et ils partageaient aussi bien leurs sandwichs que leurs secrets. Leurs inquiétudes aussi, parce que, malgré leur esprit joueur et même espiègle (il était difficile de voir sur leur visage une autre expression que le sourire, bien souvent satirique), on aurait dit, parfois, qu'ils possédaient chacun une moitié de la clé d'une chambre obscure et intime où l'on entendait le grouillement de choses étranges. Menaçantes.

***

Alexis nous propose sa traduction :

Alors qu'ils marchaient dans la rue en direction de la librairie, Fisco et Jaiko jouaient aux astronautes tout juste débarqués dans un monde inconnu et prévisiblement hostile.
— Attention, à droite ! Y'a un monstre très étrange qui arrive. Il porte une sorte d'énorme chauve-souris noire prise par une patte. Il peut être dangereux...
— Attends, je vais consulter notre Informateur Universel Portable. Recherche en cours, recherche en cours... T'inquiète pas, il mord pas. Ca s'appelle «parapluie».
— De quoi, le monstre ?
— Nan mec, le truc qui ressemble à une chauve-souris.
— Regarde, en haut de cet arbre sans branche, y'a un oeil rouge. Zut, maintenant l'oeil cligne et nous regarde. Et y'en a un jaune aussi !
— Et ces tortues gigantesques qui passent à vive allure en rugissant. Quelles bêtes féroces ! Y'en a beaucoup... Ca doit être un troupeau en cavale. Prends garde, ne reste pas sur leur chemin !
— Attention, l'oeil de l'arbre est vert maintenant ! Cet arbre n'a pas d'oiseaux mais des yeux de couleurs à la place...
— Regarde le troupeau de tortues s'est arrêté. Ou peut-être que c'est des estégosaures ?. Qu'est-ce qu'ils attendent ?
— Aucune idée, mais nous pouvons en profiter pour tenter de les esquiver en courant jusqu'en face.
— Et si elle obervent et qu'elles nous attaquent ?
— Tant pis, on doit prendre le risque ! Mais, vite fait, ok ? A la une, à la deux... Maintenant !
Et ils changeaient de trottoir à toute vitesse, morts de rire. Ou plutôt, vivants de rire, car plus Fisco et Jaiko riaient, plus ils étaient vivants. Quel âge ils avaient ? Eh bien, à vrai dire, c'est difficile d'en juger d'un simple regard : c'est que les enfants de maintenant, ils grandissent tellement vite ! Bon, pas moins de treize ans mais en aucun cas plus de quatorze. Jaiko paraissant un peu plus mature, mais peut-être parce qu'il était plus corpulent, un vrai athlète : la peau très mate, à cause d'un de ses grands-parents ou arrière-grands-parents qui était originaire des Caraïbes et qui lui avait transmis une teinte comme du miel sur l'épiderme et une chevelure brillant comme le jais. En revanche, Fisco était plus menu, presque blond, un vrai concentré d'énergie et de grands yeux curieux. On les voyait toujours ensemble, dans la cour du collège, dans la rue, au cinéma et ils partageaient aussi bien leurs sandwichs que leurs secrets. Leurs inquiétudes aussi : car malgré leur esprit joueur voire picaresque (il était difficile de voir sur leur visage un autre expression que le sourire, bien souvent satirique), on aurait dit parfois qu'ils portaient à eux deux la clé d'une chambre obscure et intime dans laquelle on entendait s'agiter des choses étranges. Menaçantes.

***

Auréba nous propose sa traduction :

Pendant qu’ils marchaient dans la rue en direction de la librairie, Fisco et Jaiko jouaient à faire semblant qu’ils étaient des astronautes tout juste arrivés dans un monde inconnu et probablement hostile.
— Attention ! À ta droite ! Y a un monstre hyper bizarre qui vient vers nous et qui tient par une patte vers le haut une espèce d’énorme chauve-souris noire ! Ça peut être dangereux…
— Attend, je vais consulter notre Informateur Universel Portatif… Connection, connection… T’inquiète pas. Ça s’appelle « parapluie ».
— Le monstre ?
— Vise un peu, tout en haut de cet arbre sans branches, y a un œil rouge. Oh la la ! Maintenant, il cligne d’un œil et il nous regarde avec un autre jaune !
— Et ces tortues géantes qui passent à fond la caisse en poussant des rugissements ! Y en a vraiment beaucoup… Ça doit être un troupeau en fuite. Attention ! Écarte-toi de leur chemin !
— Fais gaffe ! L’œil de l’arbre, maintenant, il est vert ! Cet arbre, au lieu d’avoir des oiseaux, il a des yeux de toutes les couleurs…
— Regarde ! Le troupeau de tortues ! À moins que ça soit des stégosaures ? Elles se sont arrêtées. Qu’est-ce qu’elles peuvent bien attendre ?
— Aucune idée, mais on peut en profiter pour les esquiver en courant jusqu’à là-bas en face.
— Et si elles sont à l’affut et qu’elles nous attaquent ?
— Non ! Il faut prendre le risque ! Mais vite, hein ? À la une, à la deux… On ya va !
Et ils changeaient de trottoir en courant comme des dératés, morts de rire. Plutôt devrait-on dire vivants de rire, car plus Fisco et Jaiko riaient, plus ils étaient vivants. Quel âge avaient-ils ? C’est qu’il s’avère être difficile de le définir simplement de visu : de nos jours, les enfants grandissent tellement ! Sans aucun doute, pas moins de treize ans mais en aucun cas beaucoup plus de quatorze. Jaiko avait l’air un peu plus âgé, mais c’est parce qu’il était corpulent, un véritable athlète : très brun, parce que ses grands-parents et arrière-grands-parents étaient originaires des Caraïbes et qu’ils lui avaient fait hérité d’un ton sur l’épiderme qui faisait penser au miel et d’une chevelure d’un brillant noir de jais. Fisco, par contre, était plus petit et maigre, presque blond, tout en énergie et avait de grands yeux curieux. On les voyait toujours ensemble, dans la cour du collège, dans la rue, au ciné, et ils partageaient de la même manière leurs sandwichs que leurs secrets. Leurs inquiétudes aussi : car malgré leur esprit joueur, voir même coquin (il était difficile de voir sur leur visage une autre expression que le sourire, souvent satyrique), on aurait dit, quelques fois, qu’ils portaient tous les deux ensemble la clé d’une pièce obscure et intime dans laquelle se faisaient entendre d’étranges choses qui commençaient à s’agiter. Des choses menaçantes.

***

Léa nous propose sa traduction :


Tandis qu’ils marchaient dans la rue sur le chemin de la librairie, Fisco et Jaiko jouaient à se prendre pour des astronautes à peine arrivés dans un monde inconnu et prévisiblement hostile. –« Attention ! Sur ta droite ! Il y a un monstre rarissime qui porte en hauteur une espèce d’énorme chauve-souris noire attrapée par une pate.Ca peut être dangereux ! »
- Attends, je vais consulter notre Informateur Universel Portable. Connexion, connexion…Ne t’inquiètes pas, il ne mord pas. Il s’appelle « parapluie ».
- Le monstre ?
- Non, mon cher, celui-ci qui ressemble à une chauve-souris.
- Regarde, en haut de cet arbre sans branches il y a un œil rouge. Mince, maintenant il cligne de l’œil et nous regarde avec l’autre œil jaune !
- Et ces tortues géantes qui passent à toute allure en lançant des hurlements. Qu’elles sont féroces ! il y en a beaucoup.. Elles doivent être un troupeau en masse. Attention, écarte-toi de son chemin !
- Attention, l’œil de l’arbre est maintenant vert ! Cet arbre au lieu d’oiseaux, il a des yeux de couleurs.
- Regarde, le troupeau de tortues s’est arrêté ! à moins que ce soit des stégosaures ? Qu’attendent-ils ?
- Aucune idée, mais nous pouvons en profiter pour essayer de les esquiver en courant vers là en face.
- Et si elles sont à l’affût et qu’elles nous attaquent ?
- Allez, il faut prendre des risques ! Mais vite, eh ? A la une, à la deux…allons là-bas !
Et ils changeaient de trottoir à toute vitesse, morts de rire. Mieux encore, vivants de rire, car plus Fisco et Jaiko riaient, plus ils étaient vivants. Quel âge avaient-ils ? Hé bien la vérité est qu’il s’avère difficile de le savoir en les regardant : les enfants d’aujourd’hui grandissent si vite ! Depuis bientôt au moins 13 ans mais en aucun cas plus de 14 ans. Jaiko semblait un peu plus âgé, mais c’est parce qu’il était plus corpulent, un vrai athlète : très brun, du fait que l’un de ses grand-père ou arrière grand-père venait des Caraïbes et lui avait légué une peau couleur miel et des cheveux d’un brillant jais. À l’inverse, Fisco était plus menu, presque blond, toute fibre énergique et de grands yeux curieux. On les voyait toujours ensemble, dans la cour du collège, dans la rue, au cinéma et ils partageaient autant les sandwiches que les secrets. De même que leurs inquiétudes : car malgré leur esprit joueur et même malin (il était difficile de voir dans leurs visages une autre expression que le sourire, souvent satirique) on dirait parfois qu’ils portaient à moitié la clé d’une pièce obscure et intime dans laquelle on entendait le fracas de choses étranges. Menaçantes.

Entretien avec Julie Duquesne-Létoublon (Libriaire), par Alexis Poraszka

Je tiens à remercier chaleureusement Julie Duquesne-Létoublon, de la librairie "Les Gourmands Lisent" à Besançon pour avoir gentiment répondu à mes questions.

1) Quelle est l'histoire de votre librairie, les origines de son nom. L'histoire de ma librairie :
Fin 2007, après 8 ans d'expérience dans le monde du livre, je décide de créer une petite structure à Besançon après que celui qui est devenu mon mari a monté sa structure, je vois dès lors que la réalisation est faisable. Après quelques mois de recherches de locaux, je les trouve. Dans un premier temps la librairie va s'appeler "L'ivre des Mots". Devant les difficultés financières, mon mari et moi décidons de réunir nos 2 boutiques et cela devient "Les Gourmands lisent".
Aujourd'hui, la boutique est complètement atypique mais me correspond, j'ai réalisé ce que je voulais un travail de fonds associé à des coups de cœur. Un lieu ancré dans la ville avec ses originalités. Un lieu d'accueil pour les auteurs. Un lieu qu'on espère chaleureux.

2) En quoi vous différenciez-vous des autres librairies bisontines ? Par la structure : une librairie cave, ce n'est tout de même pas courant ! Un fonds polar très développé tout comme les rayons cuisine et vins tout en continuant à travailler littérature et jeunesse. Un petit lieu avec une clientèle mixte : quartier et au delà.
De plus, une rencontre littéraire est organisée par mois

3) Quel type de livres vendez-vous ? Littérature
Polar
BD
Cuisine
Vins
Jeunesse
Guides de voyage
Récits de voyage

4) Comment choisissez-vous les livres que vous vendez ? Mes livres sont choisis en fonction de ce que me présentent les représentants, en sachant que je laisse une place importante au fonds (livres ayant plus d'un an de parution)

5) Que pensez-vous des sites de vente en ligne ? Je pense que si on revient de plus en plus aux rapports humains on reviendra des sites de vente à distance tout du moins en ville. Si non, je n'ai pas beaucoup d'avis sur cette question.

6) Quels sont les défis et les difficultés du métier de libraire ? Les difficultés du métier de libraire sont complexes, elles proviennent de plusieurs facteurs qui finissent par converger. La loi du prix unique du livre (Loi Lang 1981) nous protège, c'est indiscutable et sans une telle loi nous n'existerions plus, comme les disquaires. Du fait du prix fixe, notre marge est une remise concédée par les distributeurs. Cette remise est négociée et négociable. Or depuis quelques années, nous avons plus des financiers en face de nous que des interlocuteurs sensibilisés aux enjeux du métier de libraire. Donc les remises sont plus compliquées à négocier pour les petites et moyennes librairies.
Tout cela pour en arriver à : le prix du livre n'a pas augmenter depuis 15 ans (environ) en euros constants (hors format poche). Nos remises non plus. En revanche, les loyers, les télécommunications, l'électricité, les taux bancaires, le coût du transport... Toutes les charges ont énormément augmenté dans le même temps. Notre défi est de trouver comment continuer à exercer, un métier, certes passionnant mais qui ne nous fait quasi plus vivre. Nous, libraires, exerçons un métier qui fait rêver bon nombre de quidam. Il est indispensable de rappeler qu'il serait bon que ce métier soit un peu plus considéré et nous fasse vivre...
Mes difficultés sont complexes et je ne peux toutes les citer. J'ai 2 casquettes je suis libraire et chef de mon entreprise, dans un même temps je dois réaliser toutes les tâches inhérentes aux 2 fonctions, seule, mon mari s'occupant de la partie cave... Les difficultés classiques d'une jeune librairie : chercher à faire connaître le travail qu'on effectue, chercher des clients, chercher de la trésorerie

7) Quelles relations entretenez-vous avec les éditeurs/maisons d'édition ? J'ai d'excellentes relations avec les éditeurs. Organisant régulièrement des rencontres avec des auteurs, ayant pris le parti de choisir les auteurs venant ici par rapport à des coups de cœur et non leur proximité avec la région (Franche Comté), je suis régulièrement en contact avec des éditeurs nationaux. Des liens plus personnels se sont créés au fil du temps, en sachant que je suis dans le métier depuis 15 ans.

8) Quelles sont vos perspectives pour l'avenir ? Les perspectives d'avenir sont dans un premier temps : continuer sans se décourager de faire mon métier avec la même envie et la même passion. D'autres projets plus conséquents pourraient voir le jour à moyen terme, ce n'est qu'en projet pour le moment.

Références culturelles, 747 : José Campeche

http://es.wikipedia.org/wiki/Jos%C3%A9_Campeche
http://josecampeche.tripod.com/

À vos dicos…, 90

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : SYBARITE

samedi 26 février 2011

De l'Argentine, encore de l'Argentine…, toujours de la part d'Elena

Les Luthiers de la A a la Z

Les Luthiers realizó cierta vez, a pedido, un diccionario personal. Consistía en darle significado propio a palabras que comiencen con cada una de las letras del abecedario.

ARPA: Instrumento popular entre los ángeles y San Francisco.
BACH, BEETHOVEN, BRAHMS, baldosa.
CELLO: Ver "violoncello".
DIRECTOR: Persona que, colocada en una tarima frente a una orquesta, responde al estímulo de la música agitando sus brazos.
ERKE, Juan Carlos: Integrante del trío folklórico Erke, Charango y Bombo.
FLAUTA DE PAN: También llamada pan flauta // Bartolo tenía una (con un agujerito solo).
GALLO: Ave de corral que anida en las cuerdas vocales de algunos cantantes.
HERNIA (de disco): Lesión producida en el organismo por el excesivo consumo de música disco.
INSTRUMENTOS: Los hay musicales y/o de tortura.
JOTA: Letra que se baila en Aragón.
KORSAKOFF: El que le hacía los arreglos a Rimsky.
LUTHIER: Señor de smoking que realiza espectáculos de música-humor valiéndose de instrumentos informales fabricados por él mismo. Por extensión: artesano que construye o repara instrumentos musicales.
LLAMADOR: Instrumento de percusión muy entrador (en general con forma de manito).
MASTROPIERO: Compositor nacido un 7 de febrero. Los estudiosos discrepan acerca del año de su nacimiento y aún del siglo. Respecto de su origen, varios países se disputan su nacimiento, sin que hasta ahora ninguno se haya resignado a aceptarlo.
NOTAS: Las siete maravillas del mundo de la música.
ÑACATE: Sonido producido por la rotura de cualquiera de las cuerdas del violín.
OIDO: Organo de la audición que permite, por ejemplo, la audición de un órgano.
PLAGIO: Fuente de inspiración.
QUENA: Instrumento que los coyas atribuyen a los incas, los porteños a los coyas y algunos europeos a los brasileños.
RADIO: Medio de comunicación que podría haber servido para la difusión de buena música.
SILENCIO: Ausencia momentánea de sonido. En algunos compositores, ausencia definitiva de oyentes.
TROMPA: En las orquestas típicas, el ñorse que garpa. (verlan)
UT: En los crucigramas, antiguo nombre de la nota "do".
VIOLONCELLO: Ver "cello".
WATT: Woliche para ir a wailar.
XILOFONO: Instrumento musical empleado en la educación infantil para alejar a los niños de la música.
YARAVI: Primera persona del singular del pretérito indefinido del verbo yaraver.
ZAMPOÑA: Instrumento musical venenoso.

Message personnel…

Auréba et Alexis,

Vu la complexité du protagoniste de votre traduction longue, je pense qu'il serait bon que vous vous soumettiez au même exercice que Julie, pour essayer d'y voir un peu plus clair sur son mode de fonctionnement et d'expression. Ça ne sera pas facile, mais je crois que c'est nécessaire. N'oubliez pas qu'en l'occurrence l'histoire – et donc la dimension anecdotique de votre roman – importe peu…

Et du français vers l'espagnol…

Qu'entendons-nous quand nous parlons de :

Noces de Gamache

Dans l'autre sens…, 4

Origine, sens et traduction en français de l'expression suivante :

Pasar una noche toledana

Exercice d'écriture spécial, par Julie Sanchez

Julie avait la difficile tâche de présenter le protagoniste de sa traduction longue – l'objectif étant évidemment que le comprenant et le décrivant bien, elle serait mieux à même de le faire parler, marcher, manger, etc.

Le roman de son choix :
Maquillador de cadáveres de Jaime Casas. Première édition en 1997, quatrième en 2007. LOM éditions.

Avec ses dix doigts, Pancho Veloso touche à tout. Il tripote, trifouille, malaxe, caresse, tâte, palpe, manipule, tripatouille, triture, manie, attrape, effleure… Il est distant, insaisissable mais voit le monde tel qu’il est vraiment. Panchito se fie à ses sens et il ne se trompe presque jamais. Il arrive à déterminer le caractère des gens, à percer à jour leurs vices et leurs qualités. Mais surtout leurs vices, il faut l’avouer ! Le plus fou est qu’en touchant leur visage, il arrive à percevoir ce que les morts ont ressenti juste au moment de leur décès. Pour développer ce don et rendre les cadavres « plus vivants », il apprendra l’anatomie aux côtés de don Juan Robles, médecin légiste du Sud du Chili. Dans ces contrées lointaines, balayées par le pampero, Velosito va découvrir son corps, les plaisirs charnels, la vie… La mort est omniprésente mais elle rend ce jeune adolescent encore plus vivant. On s’y attache à ce gamin difficile, curieux et un peu bizarre même si on ne le comprend pas toujours et qu’il nous dégoûte parfois. Il est surprenant et profond. Un héros atypique, dans un monde trop peu connu. Tout semble magique et terre à terre à la fois.
L’apprentie traductrice que je suis s’y est peut-être trop attachée. Trop et trop vite.
La séparation risque d’être difficile…

Références culturelles, 746 : Augusto Roa Bastos

http://www.republique-des-lettres.fr/10249-augusto-roa-bastos.php

À vos dicos…, 89

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : PROCÉRITÉ

vendredi 25 février 2011

N'oubliez pas…

… La version pour demain…

Entrevista con Miguel Delibes

« Exercice de style : De l'art d'assumer sa lexicorragie », par Olivier Marchand

Présentation du texte par son auteur, Olivier, avec un minuscule commentaire lepagien en regard :

« Petit exercice d'écriture spécial (eh oui, Olivier se sent inspiré ces temps-ci !) ».
[Caroline se permet ici de sur-parenthiser pour s'inquiéter qu'Olivier se mette à parler de lui-même à la troisième personne… Égorragie ? Ou signe que le jeune apprenti traducteur est en train de trouver sa voix et est bien décidé à la faire entendre ? Qu'il n'oublie pas, cependant, la règle numéro 1 du bon traducteur : être l'ombre de l'auteur… ;-))))))].
« J'avais commencé à le rédiger pour l'exercice sur la plume. Trois heures après avoir commencé, j'avais fini par changer d'avis, mais j'avais gardé mon ébauche, pour si un jour...
Le jour est arrivé. Je me dis que c'est une bonne façon pour apprendre le vocabulaire, alors, le voici ...! »

Accorte et sémillante jeune fille aux joues roses, aux cheveux mordorés et aux yeux irisés, Rita avait vécu depuis sa naissance dans la maison familiale. Puînée d'une modeste famille, elle avait perdu sa mère lors de l'épidémie de suette qui avait décimé la région. Le médecin, homme réputé dans tout le comté pour ses incroyables talents de physiognomoniste, n'avait rien pu faire pour la sauver. La pauvre femme, égrotante depuis sa naissance, avait, après avoir combattu tant de maladies, fini par s'incliner. L'obit avait été célébré rapidement, chichement et la pauvre enfant, alors âgée de 14 ans, s'était vu confier le poste occupé jusque là par sa défunte mère. Ainsi, elle passait ses journées à faire danser ses doigts marmoréens sur les culottes rognées de ses frères et sur les talons éculés de leurs chaussures. Peu enclins aux remerciements, les hommes atrabilaires qui lui tenaient lieu de parents l'avaient, depuis lors, considérée comme leur homme-lige et l'avait confinée dans cet ergastule de pierre d'où elle ne devait, sous aucun prétexte, sortir. Réduite au statue d'ilote, sa vie se limitait donc à effectuer les tâches les moins gratifiantes sous les commentaires acerbes et insultants des hommes qui l'entouraient.
Elle avait cru voir son destin changé lorsqu'un jeune orpailleur était arrivé au village. Pendant que les membres de sa famille raclaient et renâclaient dans les champs, il avait sauté la petite palissade qui circonvenait la maison et s'était approché d'elle. Il l'avait affriandé par de captieuses paroles, lui promettant monts et merveilles, la laissant rêver à une vie nouvelle, loin de ce village et des reîtres qui le peuplaient. D'abord rétive, elle avait fini par écouter son cœur turgide de désir et avait succombé aux charmes du beau parleur. Sans afféterie, ni minauderie, elle lui avait ouvert la porte et s'était allongée sur l'unique pucier de la pièce où elle avait livré, au corps viril et vibratile du chercheur d'or, ses graciles formes. La pauvre
Rita en fut bien marrie, car, une fois que le convoiteur de pépites eut mis la main sur celles qui l'intéressaient, il se sauva sans demander son reste. La nouvelle arriva au hameau, quelques jours plus tard, que le jeune aigrefin trempait dans un nombre incalculable de gabegies et qu'il était ardemment recherché par les carabiniers locaux. Même si la tristesse de l'abandon et la douleur de la tromperie étaient vives, la rencontre avec ce fouineur de cours d'eau avait ouvert les yeux de la pauvre enfant.
Écœurée de s'être laissée berner avec tant de facilité par ce madré flagorneur et fatiguée de devoir essuyer les sempiternelles réprimandes de sa famille, elle décida de s'enfuir. Elle enfila sur ses pieds glabres ses kroumirs, attrapa le guide-âne qu'elle glissa dans un petit réticule, secrètement confectionné à l'abri des regards fraternels, et s'enfuit. Elle courut autant qu'elle pût et ni les visages vultueux de ses frères, ni les insultes horrifiantes que son père lui criait ne la firent rebrousser chemin. Sans vaciller un seul instant, elle continua sa route. Une fois dissimulée dans la forêt, sous les frondaisons des arbres, elle s'agenouilla pour reprendre son souffle. C'est alors qu'un mélange de bonheur et d'appréhension envahit son être : certes, elle était heureuse de s'être enfin libérée du joug régalien qui jusque là lui meurtrissait l'existence mais, en s'échappant de la sorte, seule, sans compagnon de route, n'était-elle pas vouée à une absolue déréliction

Je ne résiste pas…

… À vous faire partager le Cuttlas du jour.
(cherchez bien, j'ai mis quelques secondes à le trouver, ce fameux "traître")

http://www.20minutos.es/vineta/calpurnio-el-bueno-de-cuttlas/2124/0/traidor/

Humitas, en photo


En photo : Humitas chilenas
par Mikelos

Vous prendrez bien un petit supplément d'argentinismes…

À la demande d'Elena, dans un commentaire publié ce matin, voici ce qu'il faudra chercher :

« Oui, et des tamales en chala à Tucuman, unas humitas, et pourquoi pas goûter aux tunas à Santiago del Estero ? »

Tamales en chala ?
Humitas ?
Tunas ?

Votre ration du jour, amis lexicophages

En photo : ^-^
par patrice panfili

Origine, sens et traduction en français de l'expression suivante :

¡A buenas horas mangas verdes!

Références culturelles, 745 : Porfirio Díaz

http://www.biografiasyvidas.com/biografia/d/diaz_porfirio.htm

Un courrier d'Elena…

Chers "Tradabordiens",

Depuis quelque temps, j'observe, consulte et participe avec plaisir de votre vie à bord. Je tenais en premier lieu à vous remercier. Merci d'accomplir avec sérieux les différentes tâches proposées et merci de les faire partager à d'autres. Votre travail devient un exemple et vous lire est un bonheur pour ceux qui, comme moi, aiment la langue de Voltaire ou, devrais-je plutôt dire, la langue de Montaigne ;-) J'insiste sur le mot exemple car, par les temps qui courent, l'écriture a perdu de sa valeur parmi les jeunes générations et il est essentiel de lui rendre la place qu'elle n'aurait jamais dû perdre. Écrire n'est pas un exercice aisé et ce n'est pas donné à tout le monde. Voilà pourquoi votre travail est d'autant plus important.
D'autre part, le Master que vous préparez accorde sa juste valeur aux métiers de la traduction tellement bafoué par les improvisations, les médias et le système régnant, qui exige de faire tout au moindre coût et en vue du plus grand profit ; avec pour résultat d'en arriver à l'aberration de croire que le moindre quidam peut exercer ce métier.
Tradabordo est aussi l'exemple d'une utilisation intelligente des Nouvelles Technologies appliquées à l'Éducation. Le Blog permet le partage, l'échange, l'enrichissement et le travail à distance. Ce travail participatif voyage sur "la toile" et arrive dans des contrées perdues en France, mais aussi en Argentine, au Brésil, etc. Vous êtes lus par d'autres étudiants, professeurs, formateurs... De ce point de vue, le blog mène à bien sa mission interculturelle.
Continuez de cultiver votre jardin et, même si parfois vous entendrez dire que planter des pieds de tomates en plein hiver est débile, ne le croyez surtout pas.
Pare au grain ! Pare ! Tenez-vous prêts pour amener les voiles encore et encore !
Bien cordialement,
Elena Geneau
Diplômée en Phonétique et Linguistique Appliquée à la Sorbonne Nouvelle Paris 3
Professeur de FLE
Professeur d'Espagnol

À vos dicos…, 88

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : SOURDRE

jeudi 24 février 2011

Oui, mais revenons un peu vers Cuba…

Là bas, que veut dire : ACHELÚ ?

Tiens, puisque nous sommes en Argentine…

En photo : PICT2409
par taniwha

… Dites-moi donc ce que signifie, là-bas, le terme suivant : FIACA ?

Elena nous propose une visite virtuelle au Museo Nacional de Bellas Artes (Argentine)

Il paraît qu'il faut parler argentin… On devrait se débrouiller, n'est-ce pas ? Et dans le pire des cas, on lui demandera de faire le guide.

http://www.aamnba.com.ar/audioguia/

Axolotl, par Julio Cortázar

Puisque Julie en parle…, la voici :

Hubo un tiempo en que yo pensaba mucho en los axolotl. Iba a verlos al acuario del Jardín des Plantes y me quedaba horas mirándolos, observando su inmovilidad, sus oscuros movimientos. Ahora soy un axolotl.
El azar me llevó hasta ellos una mañana de primavera en que París abría su cola de pavo real después de la lenta invernada. Bajé por el bulevar de Port Royal, tomé St. Marcel y L’Hôpital, vi los verdes entre tanto gris y me acordé de los leones. Era amigo de los leones y las panteras, pero nunca había entrado en el húmedo y oscuro edificio de los acuarios. Dejé mi bicicleta contra las rejas y fui a ver los tulipanes. Los leones estaban feos y tristes y mi pantera dormía. Opté por los acuarios, soslayé peces vulgares hasta dar inesperadamente con los axolotl. Me quedé una hora mirándolos, y salí incapaz de otra cosa.
En la biblioteca Saint-Geneviève consulté un diccionario y supe que los axolotl son formas larvales, provistas de branquias, de una especie de batracios del género amblistoma. Que eran mexicanos lo sabía ya por ellos mismos, por sus pequeños rostros rosados aztecas y el cartel en lo alto del acuario. Leí que se han encontrado ejemplares en África capaces de vivir en tierra durante los períodos de sequía, y que continúan su vida en el agua al llegar la estación de las lluvias. Encontré su nombre español, ajolote, la mención de que son comestibles y que su aceite se usaba (se diría que no se usa más) como el de hígado de bacalao.
No quise consultar obras especializadas, pero volví al día siguiente al Jardin des Plantes. Empecé a ir todas las mañanas, a veces de mañana y de tarde. El guardián de los acuarios sonreía perplejo al recibir el billete. Me apoyaba en la barra de hierro que bordea los acuarios y me ponía a mirarlos. No hay nada de extraño en esto porque desde un primer momento comprendí que estábamos vinculados, que algo infinitamente perdido y distante seguía sin embargo uniéndonos. Me había bastado detenerme aquella primera mañana ante el cristal donde unas burbujas corrían en el agua. Los axolotl se amontonaban en el mezquino y angosto (sólo yo puedo saber cuán angosto y mezquino) piso de piedra y musgo del acuario. Había nueve ejemplares y la mayoría apoyaba la cabeza contra el cristal, mirando con sus ojos de oro a los que se acercaban. Turbado, casi avergonzado, sentí como una impudicia asomarme a esas figuras silenciosas e inmóviles aglomeradas en el fondo del acuario. Aislé mentalmente una situada a la derecha y algo separada de las otras para estudiarla mejor. Vi un cuerpecito rosado y como translúcido (pensé en las estatuillas chinas de cristal lechoso), semejante a un pequeño lagarto de quince centímetros, terminado en una cola de pez de una delicadeza extraordinaria, la parte más sensible de nuestro cuerpo. Por el lomo le corría una aleta transparente que se fusionaba con la cola, pero lo que me obsesionó fueron las patas, de una finura sutilísima, acabadas en menudos dedos, en uñas minuciosamente humanas. Y entonces descubrí sus ojos, su cara, dos orificios como cabezas de alfiler, enteramente de un oro transparente carentes de toda vida pero mirando, dejándose penetrar por mi mirada que parecía pasar a través del punto áureo y perderse en un diáfano misterio interior. Un delgadísimo halo negro rodeaba el ojo y los inscribía en la carne rosa, en la piedra rosa de la cabeza vagamente triangular pero con lados curvos e irregulares, que le daban una total semejanza con una estatuilla corroída por el tiempo. La boca estaba disimulada por el plano triangular de la cara, sólo de perfil se adivinaba su tamaño considerable; de frente una fina hendedura rasgaba apenas la piedra sin vida. A ambos lados de la cabeza, donde hubieran debido estar las orejas, le crecían tres ramitas rojas como de coral, una excrescencia vegetal, las branquias supongo. Y era lo único vivo en él, cada diez o quince segundos las ramitas se enderezaban rígidamente y volvían a bajarse. A veces una pata se movía apenas, yo veía los diminutos dedos posándose con suavidad en el musgo. Es que no nos gusta movernos mucho, y el acuario es tan mezquino; apenas avanzamos un poco nos damos con la cola o la cabeza de otro de nosotros; surgen dificultades, peleas, fatiga. El tiempo se siente menos si nos estamos quietos.
Fue su quietud la que me hizo inclinarme fascinado la primera vez que vi a los axolotl. Oscuramente me pareció comprender su voluntad secreta, abolir el espacio y el tiempo con una inmovilidad indiferente. Después supe mejor, la contracción de las branquias, el tanteo de las finas patas en las piedras, la repentina natación (algunos de ellos nadan con la simple ondulación del cuerpo) me probó que eran capaz de evadirse de ese sopor mineral en el que pasaban horas enteras. Sus ojos sobre todo me obsesionaban. Al lado de ellos en los restantes acuarios, diversos peces me mostraban la simple estupidez de sus hermosos ojos semejantes a los nuestros. Los ojos de los axolotl me decían de la presencia de una vida diferente, de otra manera de mirar. Pegando mi cara al vidrio (a veces el guardián tosía inquieto) buscaba ver mejor los diminutos puntos áureos, esa entrada al mundo infinitamente lento y remoto de las criaturas rosadas. Era inútil golpear con el dedo en el cristal, delante de sus caras no se advertía la menor reacción. Los ojos de oro seguían ardiendo con su dulce, terrible luz; seguían mirándome desde una profundidad insondable que me daba vértigo.
Y sin embargo estaban cerca. Lo supe antes de esto, antes de ser un axolotl. Lo supe el día en que me acerqué a ellos por primera vez. Los rasgos antropomórficos de un mono revelan, al revés de lo que cree la mayoría, la distancia que va de ellos a nosotros. La absoluta falta de semejanza de los axolotl con el ser humano me probó que mi reconocimiento era válido, que no me apoyaba en analogías fáciles. Sólo las manecitas... Pero una lagartija tiene también manos así, y en nada se nos parece. Yo creo que era la cabeza de los axolotl, esa forma triangular rosada con los ojitos de oro. Eso miraba y sabía. Eso reclamaba. No eran animales.
Parecía fácil, casi obvio, caer en la mitología. Empecé viendo en los axolotl una metamorfosis que no conseguía anular una misteriosa humanidad. Los imaginé conscientes, esclavos de su cuerpo, infinitamente condenados a un silencio abisal, a una reflexión desesperada. Su mirada ciega, el diminuto disco de oro inexpresivo y sin embargo terriblemente lúcido, me penetraba como un mensaje: «Sálvanos, sálvanos». Me sorprendía musitando palabras de consuelo, transmitiendo pueriles esperanzas. Ellos seguían mirándome inmóviles; de pronto las ramillas rosadas de las branquias se enderezaban. En ese instante yo sentía como un dolor sordo; tal vez me veían, captaban mi esfuerzo por penetrar en lo impenetrable de sus vidas. No eran seres humanos, pero en ningún animal había encontrado una relación tan profunda conmigo. Los axolotl eran como testigos de algo, y a veces como horribles jueces. Me sentía innoble frente a ellos, había una pureza tan espantosa en esos ojos transparentes. Eran larvas, pero larva quiere decir máscara y también fantasma. Detrás de esas caras aztecas inexpresivas y sin embargo de una crueldad implacable, ¿qué imagen esperaba su hora?
Les temía. Creo que de no haber sentido la proximidad de otros visitantes y del guardián, no me hubiese atrevido a quedarme solo con ellos. «Usted se los come con los ojos», me decía riendo el guardián, que debía suponerme un poco desequilibrado. No se daba cuenta de que eran ellos los que me devoraban lentamente por los ojos en un canibalismo de oro. Lejos del acuario no hacía mas que pensar en ellos, era como si me influyeran a distancia. Llegué a ir todos los días, y de noche los imaginaba inmóviles en la oscuridad, adelantando lentamente una mano que de pronto encontraba la de otro. Acaso sus ojos veían en plena noche, y el día continuaba para ellos indefinidamente. Los ojos de los axolotl no tienen párpados.
Ahora sé que no hubo nada de extraño, que eso tenía que ocurrir. Cada mañana al inclinarme sobre el acuario el reconocimiento era mayor. Sufrían, cada fibra de mi cuerpo alcanzaba ese sufrimiento amordazado, esa tortura rígida en el fondo del agua. Espiaban algo, un remoto señorío aniquilado, un tiempo de libertad en que el mundo había sido de los axolotl. No era posible que una expresión tan terrible que alcanzaba a vencer la inexpresividad forzada de sus rostros de piedra, no portara un mensaje de dolor, la prueba de esa condena eterna, de ese infierno líquido que padecían. Inútilmente quería probarme que mi propia sensibilidad proyectaba en los axolotl una conciencia inexistente. Ellos y yo sabíamos. Por eso no hubo nada de extraño en lo que ocurrió. Mi cara estaba pegada al vidrio del acuario, mis ojos trataban una vez mas de penetrar el misterio de esos ojos de oro sin iris y sin pupila. Veía de muy cerca la cara de una axolotl inmóvil junto al vidrio. Sin transición, sin sorpresa, vi mi cara contra el vidrio, en vez del axolotl vi mi cara contra el vidrio, la vi fuera del acuario, la vi del otro lado del vidrio. Entonces mi cara se apartó y yo comprendí.
Sólo una cosa era extraña: seguir pensando como antes, saber. Darme cuenta de eso fue en el primer momento como el horror del enterrado vivo que despierta a su destino. Afuera mi cara volvía a acercarse al vidrio, veía mi boca de labios apretados por el esfuerzo de comprender a los axolotl. Yo era un axolotl y sabía ahora instantáneamente que ninguna comprensión era posible. Él estaba fuera del acuario, su pensamiento era un pensamiento fuera del acuario. Conociéndolo, siendo él mismo, yo era un axolotl y estaba en mi mundo. El horror venía -lo supe en el mismo momento- de creerme prisionero en un cuerpo de axolotl, transmigrado a él con mi pensamiento de hombre, enterrado vivo en un axolotl, condenado a moverme lúcidamente entre criaturas insensibles. Pero aquello cesó cuando una pata vino a rozarme la cara, cuando moviéndome apenas a un lado vi a un axolotl junto a mí que me miraba, y supe que también él sabía, sin comunicación posible pero tan claramente. O yo estaba también en él, o todos nosotros pensábamos como un hombre, incapaces de expresión, limitados al resplandor dorado de nuestros ojos que miraban la cara del hombre pegada al acuario.
Él volvió muchas veces, pero viene menos ahora. Pasa semanas sin asomarse. Ayer lo vi, me miró largo rato y se fue bruscamente. Me pareció que no se interesaba tanto por nosotros, que obedecía a una costumbre. Como lo único que hago es pensar, pude pensar mucho en él. Se me ocurre que al principio continuamos comunicados, que él se sentía más que nunca unido al misterio que lo obsesionaba. Pero los puentes están cortados entre él y yo porque lo que era su obsesión es ahora un axolotl, ajeno a su vida de hombre. Creo que al principio yo era capaz de volver en cierto modo a él -ah, sólo en cierto modo-, y mantener alerta su deseo de conocernos mejor. Ahora soy definitivamente un axolotl, y si pienso como un hombre es sólo porque todo axolotl piensa como un hombre dentro de su imagen de piedra rosa. Me parece que de todo esto alcancé a comunicarle algo en los primeros días, cuando yo era todavía él. Y en esta soledad final, a la que él ya no vuelve, me consuela pensar que acaso va a escribir sobre nosotros, creyendo imaginar un cuento va a escribir todo esto sobre los axolotl.

Une référence culturelle en bonus, grâce à Olivier


















Rencontré au hasard de mes lectures [petit clin d'œïl de Caroline à Olivier], voici un étrange animal endémique de la région du Xochimilco, Mexique : l'Atxolotl

http://es.wikipedia.org/wiki/Ambystoma_mexicanum

Entretien avec Frédérique Laurent (traductrice), réalisé par Vanessa Canavesi

Frédérique Laurent est traductrice littéraire et auteur (nouvelles et récits). Elle traduit notamment du polonais et de l'allemand vers le français, essentiellement des romans et de la poésie ; elle intervient dans de nombreuses conférences sur la traduction et sur le métier de traducteur.
Elle a très gentiment accepté de répondre à mes questions. Je tiens particulièrement à l'en remercier.

1. Comment en êtes-vous venue à la traduction ?
J’ai toujours écrit, et j’ai toujours aimé écrire. Après avoir étudié l’allemand et l’italien, j’ai vécu plusieurs années à l’étranger où je traduisais chaque fois que j’étais sollicitée, et que les textes proposés entraient dans le domaine de mes compétences : la littérature, les arts et le sport. Puis un tout jeune auteur m’a confié son premier livret destiné à de jeunes lecteurs. Dès lors, je n’ai pas cessé de travailler pour la presse spécialisée, dans le domaine des beaux-arts. J’ai compris que je devrais choisir un jour entre l’enseignement et le métier de traducteur. Je suis rentrée en France quelques années après et j’ai entrepris des études de polonais ; j’étais attachée de presse dans un théâtre et je continuais de lire beaucoup, d’écrire et de traduire des essais notamment ; un écrivain et ami m’a demandé un jour si j’accepterais de traduire son livre, il recherchait alors un éditeur français… J’ai accepté sans hésiter, et l’audace a dû provoquer la chance…
Je dois aussi vous préciser que je suis auteur de nouvelles et de récits.

2. Votre première traduction, qu’en pensez-vous aujourd’hui ?
Je ne l’ai pas relue, car certains détails de son édition évoqueraient des souvenirs douloureux. Les conditions de cette publication n’étaient pas optimales, l’éditeur débutait dans la profession et certaines « précautions » m’ont échappé. Erreurs de jeunesse ! En ce qui concerne mon texte, je l’écrirais sans doute autrement aujourd’hui, car une œuvre est toujours « perfectible ». Néanmoins, je suis heureuse de son existence, telle qu’elle est.

3. Quel type de littérature traduisez-vous le plus ?
Je traduis surtout des romans et de la poésie. Il m’arrive parfois de travailler pour l’audiovisuel, en collaboration. J’aime traduire pour le cinéma, même si les contraintes qu’il impose et les qualités qu’il requiert sont très différentes de celles d’une œuvre littéraire.

4. Choisissez-vous les textes que vous traduisez ?
Il m’est arrivé de refuser de traduire un livre que je ne pouvais pas défendre, ou qui me déplaisait vraiment. J’ai la chance de rencontrer des éditeurs qui me proposent des livres à mon goût, et des auteurs pour lesquels j’ai envie de m’exprimer. Parfois, je propose un roman ou un choix de textes à une maison d’édition. C’est une démarche qui demande beaucoup d’énergie, mais qui peut porter ses fruits.

5. Entretenez-vous de bons rapports avec les éditeurs ?
Dans l’ensemble, oui. Mieux vaut travailler dans les meilleures conditions qui soient. Car notre profession exige une grande sérénité d’esprit. Comme dans tous les domaines, et dans tous les métiers, des différends peuvent survenir ; il est nécessaire de les régler au plus vite et en bonne intelligence.

6. Quels rapports éventuels entretenez-vous avec les auteurs que vous traduisez ?
Certains auteurs deviennent des amis, d’autres sont très distants, et nous nous contentons d’échanger quelques courriels. Cela peut dépendre aussi du lien qui s’est créé entre l’éditeur et l’auteur. Il est toujours agréable de pouvoir compter sur un auteur pour répondre à nos questions. Nous sommes en « amitié » avec son texte, et c’est toujours réjouissant de l’être aussi
avec lui.

7. Que pensez-vous du métier de traducteur aujourd'hui ?
C’est une profession qui devient un métier et qui, espérons-le, bénéficiera de toujours plus de reconnaissance. Il est encore difficile de vivre exclusivement de ce métier, et il ne faut pas ignorer que beaucoup de traducteurs exercent une autre activité pour subsister, afin de continuer d’écrire.

8. Traduire a-t-il fait de vous une lectrice différente ?
Non, je crois plutôt que c’est le théâtre qui a fait de moi un lecteur différent, plus attentif, plus exigeant. Peut-être parce qu’il m’a appris à lire un texte à haute voix. Et parce que la vie d’une œuvre dépend de sa résonance. Mais c’est un vaste sujet que j’aborde souvent à l’occasion de conférences.

9. Quel est votre meilleur souvenir en tant que traductrice ?
Tout simplement quand un écrivain m’a remerciée un jour d’avoir traduit ses textes.

10. Auriez-vous un conseil à donner aux apprentis traducteurs ?
Un seul conseil ? Ils seraient très nombreux, et ils font aussi l’objet de conférences que je donne parfois, ou de conseils personnalisés quand je suis sollicitée. Je vous dirais : soyez patients, suivez votre chemin. Ce métier ne sera pas accessible à tous ceux qui désirent l’exercer. C’est une banalité. Les étudiants d’une même promotion réussissent-ils à devenir médecins, ingénieurs, journalistes, enseignants, restaurateurs d’œuvres d’art, professeurs de tennis, comédiens, instituteurs, coiffeurs, juristes dans une entreprise, toiletteurs pour chiens, etc. ? Si vous voulez vraiment faire ce métier, mettez toutes les chances de votre côté pour y parvenir. Et comptez aussi sur la chance qui peut vous sourire. Ne vous laissez pas décourager par les « spécialistes de la traduction » qui n’ont jamais traduit une œuvre de leur vie. Lisez beaucoup, perfectionnez-vous chaque jour dans votre spécialité, soyez curieux du monde qui vous entoure, et élargissez vos connaissances. Un conseil plus théorique ? Vous êtes votre premier lecteur. Relisez l’œuvre que vous avez traduite à voix haute avant de la remettre à votre autre lecteur. Vous mesurerez, à sa « résonance », le travail qu’il vous reste encore à fournir.

Frédérique Laurent
http://mapage.noos.fr/frederique.laurent/index.htm

À vos dicos…, 87

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : DIACHRONIQUE

Références culturelles, 744 : Lágrima Ríos

Lágrima Ríos
une idée d'Odile

http://es.wikipedia.org/wiki/L%C3%A1grima_R%C3%ADos

mercredi 23 février 2011

Exercice d'écriture spécial, par Olivier Marchand

En photo :
"Petit poisson deviendra...
par vinzzzzzzzzzz

Je laisse Olivier présenter son travail :
Le sujet était : Pourquoi, à mesure que la plume se fait, j'ai l'impression de ne plus être dans le processus de création littéraire ?

À l'instar d'un jeune enfant qui fait ses premiers pas, ma plume, à ses débuts, était hésitante, oscillante, chancelante. Elle avançait laborieusement, d'un exercice à l'autre, et privilégiait le fond sur la forme. Lui importaient davantage l'histoire de sa robe, le scénario de sa coiffure ou encore la chute de ses cheveux que l'exactitude de son discours, la précision de ses paroles ou la justesse de ses mots.
Alors oui, elle aurait pu rester des journées entières à écouter le facteur lui raconter ses histoires de missives, de télégrammes et de lettres d'avocats. Oui, elle aurait pu se noyer dans les yeux de Jojo, se perdre dans les nombreux mystères qui l'entourent et s'égarer dans les rebondissements qui peuplent ses aventures. Oui, elle aurait pu sauter la palissade et aller déambuler dans les forêts de pieds de tomate, de roses et de cerises. Oui, elle aurait pu attendre, dans cette pièce obscure privée d'électricité, les assauts des animaux dangereux. Oui, elle aurait pu s'admirer, des heures durant, dans les yeux de mon chat. Oui elle aurait pu patienter sa vie entière dans la salle d'attente de sa propre mort.
Mais, les pages blanches qu'elle a dû remplir l'ont endurcie, les longues heures passées à aligner les mots, à raturer des lignes entières, à cracher son encre sur le papier, tout cela a fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui : une plume adulte.
Elle a appris de chacune de ses expériences et n'en est sortie que plus forte. La « cerise » l'a initié au plaisir, la « rose » lui a appris à se méfier des apparences et la « tomate » à combattre la tristesse. Avec « Jojo », elle a découvert le rire, dans l' « Ascenseur », elle a perdu sa virginité, et « à travers les yeux de mon chat », elle a su séché ses larmes devant la mort. Lors d'une « coupure d'électricité » elle a compris quelle était sa destinée et les « rebondissements » de la vie lui ont permis d'accepter sa vraie nature.
Je ne vous cacherai pas que les hésitations de ses vertes années, les envolées lyriques, les défis à soi-même, les journées entières penchées sur la page blanche, je les regrette quelque peu. Mais chacun grandit, chacun évolue et ma plume n'a pas échappé à la règle. Elle s'est métamorphosée, elle s'est transformée et, même si cela ne m'est pas toujours facile, je lui resterai fidèle et je l'accompagnerai. Après tout, de belles aventures nous attendent.

Avis aux futurs candidats pour l'entrée dans le master

Les dates de la remise des dossiers de candidature et du test seront bientôt rendues officielles… Autant dire, chers postulants apprentis traducteurs, qu'il est grand temps de vous préparer au mieux pour l'évaluation qui vous donnera, espérons-le, accès à notre master (sans doute entre 5 et 6 places pour l'espagnol). Que faire exactement pour vous donner le maximum de chances ? Passer le plus de temps possible dans les colonnes d'un manuel de conjugaison, dans les alinéas d'une grammaire… (il va de soi que de grosses lacunes d'orthographe seraient rédhibitoires). Pour le reste, faites un peu de traduction tous les jours – au moins quelques lignes, pour que cela devienne véritablement une routine [vous pouvez utiliser le dictionnaire… cela ne fera qu'enrichir votre palette lexicale]. De temps en temps, forcez-vous à en faire en temps limité : une heure / 25 lignes. Oui, c'est beaucoup, mais le jour J, ce sera encore plus long. Bien sûr, on ne vous sanctionnera pas si vous n'allez pas jusqu'au bout, mais l'idéal est tout de même de faire la meilleure traduction la plus longue – meilleure et plus longue que celle des autres puisque c'est un concours. Et surtout, ne négligez pas d'écrire en français (pourquoi ne pas participer aux exercices de la promo Claude Bleton ?). J'insiste beaucoup sur ce point car je vous rappelle qu'un tiers de l'examen porte sur un test de stylistique français… et croyez-moi, ça n'est pas simple. Plus d'un candidat a été recalé parce qu'il s'est trop concentré sur la partie espagnole du devoir. Pourquoi cette importance accordée à une telle épreuve ? Pour la simple et bonne raison que votre niveau d'espagnol est essentiel certes, mais que votre niveau de français l'est encore plus… dans la mesure où c'est avec le français que vous allez travailler tandis que l'espagnol sera l'ingrédient de base.
Si vous avez besoin de conseils, je vous répondrai par mail (regardez d'abord dans les pages fixes décrivant la formation [colonne de droite du blog] si vous n'avez pas les réponses aux questions que vous vous posez).
Bonne chance !

Entrevista con el editor Juan Casamayor

http://www.palabrasmalditas.net/portada/literatura/articulos/860-entrevista-con-juan-casamayor.html

Le site de Páginas de espuma :
http://www.ppespuma.com

Entretien avec Tibo Bérard (éditeur)

http://www.fluctuat.net/6456-Entretien-avec-Tibo-Berard-editeur

Dans l'autre sens…, 3

Origine, sens et traduction de l'expression suivante :

DEJAR EL PELERO

À vos dicos…, 86

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : DÉRÉLICTION

Références culturelles, 743 : Lucien Briet

Lucien Briet
une idée d'Odile

http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucien_Briet

mardi 22 février 2011

La chanson du mardi, choisie par Benoît

Molinos de Viento - Mägo de Oz

Entretien avec Denis Hugot (correcteur), réalisé par Olivier Marchand






Denis Hugot est relecteur-correcteur, coach en orthographe et auteur du livre Comment améliorer votre orthographe en 3 mois ! C'est avec gentillesse qu'il a bien voulu répondre à mes questions sur le métier de relecteur-correcteur.
Vous pourrez trouver son site personnel à l'adresse suivante :
http://correcteur.creation-website.com/index.php

Comment êtes vous arrivé au métier de relectrice-correctrice ? Pourquoi avoir choisi cette profession ?
Je suis ingénieur de formation, j’ai exercé mon activité d’ingénieur d’affaires pendant plus de 20 ans dans des groupes internationaux. J’ai ensuite décidé de créer ma propre activité en m’appuyant sur mes capacités liées à l’orthographe et à la grammaire. À noter : le fait d’être de formation scientifique est un atout majeur pour la grammaire (qui n’est qu’une application de règles de logique).

Que pensez-vous des formations ouvertes récemment au métier de relecteur-correcteur ?
Je ne connais pas ces formations, étant « autodidacte ». Cela dit, je pense que soit on est fait pour être relecteur, soit on ne l’est pas… Si on ne l’est pas, aucune formation, aussi bonne soit-elle, aussi longue soit-elle, ne parviendra à former un bon relecteur-correcteur. Pour illustrer mon propos, je vais vous raconter que je reçois régulièrement des demandes de personnes qui veulent travailler avec moi… Imaginez que, la plupart du temps, leur mail de demande (quelques lignes, pas plus) contient au moins une faute d’orthographe (sans parler de la ponctuation)… J’ai aussi conçu un texte-test que je soumets à ceux qui veulent s’y prêter – tranquillement, chez eux, sans stress… Il n’est pas facile, certes. Une seule personne me l’a rendu pour ainsi dire« nickel »… La plupart du temps, c’est entre 5 et 10 fautes, voire 20 !

J'ai pu lire que vous corrigiez principalement des mémoires et des thèses. Vous arrive-t-il cependant d'avoir à corriger d'autre type de documents : manuscrits, romans… ?
Vous « avez mal lu »… Les thèses, les mémoires font partie de mes activités, certes (la répartition de mes activités est présentée sur mon site http://relecteur.synthasite.com/), mais je corrige tous types de documents : revue, journal, présentation, magazine, roman, CV, courrier, plaquette commerciale, compte rendu, etc.

Quelles relations entretenez-vous avec vos clients ? Vous arrive-t-il de devoir entrer en contact avec eux pour une quelconque précision, une information supplémentaire sur le sens de telle ou telle phrase, ... ?
Lorsqu’un passage n’est pas clair, je mets un commentaire dans le texte… avec une éventuelle proposition pour améliorer. Le simple fait de mettre le commentaire éclaire en général l’auteur qui rectifie la phrase par lui-même… Il peut aussi me contacter pour me demander conseil, bien sûr…

De quel délai bénéficiez-vous pour la correction d'un feuillet de calibre normal (1500 signes) ?
Mon délai de réalisation est celui que souhaite le client… Le délai moyen de correction va de 1 heure à 6 mois ! Pour des documents courts (1500 signes), en général, c’est J +1, sauf urgence.

Sur quel champ d'action se situe principalement votre correction : orthographe, grammaire, syntaxe, ponctuation ?
Tout cela, plus la typographie…

Quelles sont les erreurs les plus fréquentes que vous avez à corriger ?
Sauf exception rarissime, la ponctuation est en général très mal positionnée… C’est quasiment systématique… Pour le reste, chacun a ses petites (ou ses grosses) faiblesses. Certains clients, constatant leurs lacunes au travers d’une correction d’un de leurs écrits, prennent avec moi quelques séances de coaching… très efficaces pour « redresser la barre »…

On peut lire dans la presse et sur Internet de nombreux articles sur le manque de respect de plus en plus évident à la langue française, les atrocités qui sont commises par ses usagers sur le plan orthographiques, ... Vous qui êtes à même d'évaluer cette possible tendance, remarquez-vous une évolution, positive ou négative, du nombre d'erreurs commises par les personnes qui font appel à vous ?
Le niveau de maîtrise de l’orthographe est en baisse, c’est indéniable. Cela dit, on peut aujourd’hui s’aider d’outils en ligne très utiles… Mais cela ne fait pas tout, loin de là !

Et pour finir, tenez-vous compte dans votre travail de correction des recommandations promulguées par la réforme orthographique de 1990 ?
Non, je n’en tiens pas compte.

Au bruit du temps - Un entretien avec l'éditeur Antoine Jaccottet

http://didier-jacob.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/04/24/au-bruit-du-temps-un-entretien-avec-l-editeur-antoine-jaccot.html

Dans l'autre sens…, 2

En photo : A pintar / Let's paint
par anikaviro

Et celle-ci ?

LA OCASIÓN LA PINTAN CALVA

Origine, sens et traduction en français de cette curieuse expression…

À vos dicos…, 85

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : COGNITIF

Références culturelles, 742 : La Cuesta de Moyano

La Cuesta de Moyano
une idée d'Odile

http://es.wikipedia.org/wiki/Cuesta_de_Moyano

lundi 21 février 2011

À propos des entretiens…

Vous voyez que ça n'est pas toujours facile de contacter les gens et ensuite de les faire parler, a fortiori dans les délais que vous voulez… Pour les prochains, prévoyez donc bien de les contacter à l'avance afin de ne pas prendre trop de retard par rapport au calendrier fixé. J'attends, par exemple, quelques conversations avec des imprimeurs ;-) Le cas échéant, n'hésitez pas à vous déplacer quand vous en avez l'occasion ; c'est toujours plus simple de visu, même s'il faut parfois prendre sur soi pour franchir le seuil d'une porte. Et puis, précisément à cause de cela, il est bon de vous habituer à passer des coups de fil, à aller ici et là – cela vous facilitera les choses quand il vous faudra contacter des éditeurs pour caser votre traduction longue. À ce moment-là, vous serez effectivement contents d'avoir laissé votre timidité et vos états d'âme de côté.

Dans l'autre sens…

En photo : Burro Lips
par cy esp









Cette fois, il s'agira de partir de l'expression espagnole ; vous en trouverez l'origine, puis le sens et enfin la traduction française.

CAER DEL BURRO

Quatrième atelier d'écriture avec Stéphanie Benson (Vendredi 18 février, 10h30), par Julie Sanchez

Pour aujourd'hui, nous devions avoir réfléchi à la fin de notre nouvelle.
Nous commençons l'atelier par un petit rappel important : Qu'est-ce qui différencie la narration, la description, les dialogues? Nous avons cité des types de verbes, la présence ou non d'adverbes, d'adjectifs ou encore de figures de style. Nous avons vu les différents types de discours (direct, indirect, indirect libre) et appris qu'il faut penser à les varier dans un dialogue (selon sa longueur) pour que le lecteur ne s'ennuie pas.
Pour rendre le dialogue tonique, on insère des verbes, de courtes descriptions qui permettent au lecteur de percevoir ce que ressent le lecteur. Nous devons vraiment imaginer notre scène comme sur un tournage.
Et avec ce petit commentaire, nous en venons aux différents plans, les mêmes que ceux du cinéma.
Plan rapproché, plan moyen, plan large, panoramique. Nous devons maîtriser ces trois plans, savoir ce que l'on voit dans chacun d'eux : le visage du personnage principal ou bien les deux personnages ensemble, un paysage...
Nous devons ensuite pouvoir imaginer notre nouvelle avec ces différents plans et nous servir de cela pour insérer des descriptions, savoir si on se concentre sur les mouvements ou les expressions, un geste brusque ou un sourcil relevé...
Ces plans nous permettent aussi de jouer avec le rythme. Phrases courtes, longues, saccadées, listes.
Stéphanie nous explique que lorsque nous commençons à écrire, nous écrivons d'après ce que nous avons lu. Cependant, chacun a un style qui lui est propre. Il faut travailler ce style, l'étoffer, l'enrichir. En fait, nous sommes comme de petits artisans!

Après avoir noté toutes ces infos et ces petits conseils (petits mais utiles!!), chacun de nous doit se demander qui fait quoi dans sa nouvelle et pour quelle raison.
Notre but aujourd'hui est de prendre un passage de l'histoire (situé juste après la description de préférence cf deuxième atelier) et de le développer, de créer une nouvelle scène.
La nouvelle n'est pas terminée, je vais devoir refaire cet exercice pour d'autres parties du texte. Nous devons avoir fini pour le vendredi 4 mars.

En attendant, je vous souhaite une bonne lecture!!

Assise sur son lit dans sa robe d’un rouge intense, Lune pleurait. Elle se persuadait que malgré tout, son avenir serait heureux. Elle était ravissante du haut de ses quinze ans et elle devenait une femme. Ses cheveux, d’un noir intense aux reflets presque bleutés contrastaient avec ses grands yeux verts. Son corps n’avait plus l’air d’être celui d’une enfant. Sa taille s’affinait à mesure que ses hanches s’élargissaient, ses seins étaient devenus ronds et fermes. Plus elle se regardait, plus elle se trouvait jolie. Mais elle ne parvenait pas à sécher ses larmes. Les fleurs d’oranger dégageaient tout autour d’elle une odeur sucrée qui lui rappelait ses jeunes années passées dans les champs voisins. Elle percevait des voix éloignées qui répétaient, à la fois douces et angoissantes : « C’est le plus beau jour de ta vie ! ».
— Lune, que fais-tu encore ici ? – lui lança une petite femme ronde avec un sourire réconfortant.
— Je me demandais où était mon collier en or. Je crois l’avoir perdu…
— Voyons ma petite Lune, ne pleure pas pour ça ! Lève-toi, nous allons le chercher – dit la petite femme en se penchant de tous côtés et en défaisant les draps du lit.
Lune ne bougeait pas. Elle observait sa nourrice qui s’agitait autour d’elle sans vraiment la voir. Elle s’était laissée absorber par ses pensées. Les voix revenaient, lancinantes. Un petit cri aigu lui fit retrouver ses esprits.
— Je m’en doutais ! Il a du tomber quand tu dormais ! Tiens ma Lune, mets-le. Comme tu as grandi… – murmura la nourrice avec une pointe de nostalgie dans la voix.
— Anne, aide-moi à attacher mon collier, s’il te plaît – demanda la jeune fille. Puis elle se mit à pleurer de plus belle.
Anne prit Lune dans ses bras. Une lumière dorée auréolait les deux femmes. Le lit à baldaquins, majestueux, donnait l’impression que Lune était minuscule lorsqu’elle se trouvait à côté. Le soleil se reflétait sur les draps délicats en créant des reflets moirés. Tout autour d’elle était sublimé. La chambre était exigüe et même si elle était confortable, Lune s’y sentait généralement à l’étroit. Parfois, l’ombre d’un oiseau dansait sur les murs de pierre, glissant à travers les barreaux de la fenêtre. Il se retrouvait ainsi piégé, malgré lui, dans une petite cage dorée faite de dorures, de pierres froides et de tissus raffinés. Lune se sentait comme ces ombres fuyantes. Depuis un mois, elle errait dans la grande maison familiale, sans appétit, absente, presque invisible. Sa chambre était devenu son seul refuge mais elle ne l’empêchait pas de penser à ce qui l’attendait d’ici peu.
Un bruissement d’ailes lui fit tourner la tête vers la petite fenêtre. Un corbeau se trouvait sur le rebord et avait passé sa tête à travers les barreaux. La nourrice se précipita vers lui pour l’effrayer.
— Va t-en, oiseau de malheur !
Anne faisait de grands gestes désordonnés. Elle avait beau s’égosiller et remuer comme une démente, elle ne parvenait pas à faire fuir le corbeau. Celui-ci restait stoïque, sur la fenêtre, et l’observait.
Lune ne put réprimer un petit rire au spectacle de sa nourrice échevelée et du corbeau indifférent.
— Va t-en ! Va t-en ! Et toi Lune, ne ris pas ! Je suis toute décoiffée et cet imbécile d’animal me regarde sans bouger.
— Laisse-le donc, nous avons autre chose à faire. On nous attend.
Lune sentait un nœud se former dans sa gorge à mesure qu’elle prononçait ces paroles. Son sourire s’effaça.
Anne répondit à Lune que celle-ci avait raison et elle trottina jusqu’au miroir pour tenter de redonner un peu d’allure à son chignon. Le corbeau croassa et s’envola dans le ciel bleu. Une petite brise fraîche, très agréable par la chaleur qu’il faisait, pénétra dans la pièce. Lune respira profondément pour s’imprégner de l’air pur chargé de l’odeur subtile et rassurante de l’herbe fraîchement coupée. Elle regarda par la fenêtre et sa nourrice vint se placer derrière elle. « C’est une belle journée, une fête grandiose nous attend ». À ces mots, la gorge de Lune devint plus étroite encore et ses mains moites cherchèrent un support sur lequel s’appuyer.
La jeune femme ne pouvait rien dire. Pas aujourd’hui, il était trop tard.
Anne savait. Depuis toujours, elle était au courant du secret qui rongeait sa protégée. Mais elle non plus, elle ne dirait rien.
La vie était faite ainsi. Des promesses, des compromis, des engagements…
Pour les hommes de haut rang, l’amour était une chose futile et il ne devait, en aucun cas, venir à l’encontre de leurs intérêts.
Après une dernière étreinte, sa nourrice proposa à Lune de la suivre jusqu’au jardin. Les invités étaient arrivés et il ne manquait plus qu’elle à la fête.
Lune descendit les escaliers en s’agrippant au bras de celle qui l’avait vue grandir. Elle se dirigea ensuite vers le jardin, faisant abstraction de tout ce qui l’entourait. Mais bien vite, la réalité reprit le dessus.
Au bout d’un petit chemin parsemé de roses, un jeune homme de dos attendait sa promise. Lune avança, fébrile. Les musiciens avaient déjà commencé à jouer. Tout le monde avait l’air heureux mais la jeune femme se sentait mal à l’aise. Le futur marié se retourna et fit un sourire dans sa direction. Rougissant, elle le lui rendit et alla se placer à sa gauche. Ensemble, ils regardèrent la mariée qui avançait en rythme. Vêtue d’une belle robe blanche, ses cheveux blonds tressés et ornés d’une couronne de fleurs d’oranger, Amandine, la sœur de Lune, était rayonnante. Elle s’arrêta devant l’autel aux côtés de l’homme qu’elle allait épouser.
Assise sur son lit dans sa robe d’un noir profond, Lune pleurait. Elle se persuadait que malgré tout, son avenir serait heureux. Elle était ravissante du haut de ses vingt ans et désormais, elle était une femme. Cela faisait cinq ans qu’elle était entrée au couvent des Capucines. Parfois, l’ombre d’un oiseau passait entre les barreaux de sa cellule et semblait voltiger sur les murs de pierre. Pour oublier sa vie d’avant et tenter de sécher ses larmes, Lune entonnait une prière au nom de son nouvel Amour.