mardi 2 août 2011

Version de CAPES, 4 (à rendre pour le 7 août)

La caza por la popa es caza larga, y voto a Cristo que ésa lo había sido en exceso: una tarde, una noche de luna y una mañana entera corriendo tras la presa por una mar incómoda, que a trechos estremecía con sus golpes el frágil costillar de la galera, estaban lejos de templarnos el humor. Con las dos velas arriba tensas como alfanjes, los remos trincados y los galeotes, la gente de mar y la de guerra resguardándose como podían del viento y los rociones, la Mulata, galera de veinticuatro bancos, había recorrido casi treinta leguas persiguiendo a aquella galeota berberisca que al fin teníamos a tiro; y que, si no rompíamos un palo —los marineros viejos miraban arriba con preocupación—, sería nuestra antes de la hora del avemaría.
—Rásquenle el culo —ordenó don Manuel Urdemalas.
Nuestro capitán de galera seguía de pie, a popa —casi no se había movido del sitio en las últimas veinte horas—, y desde allí observó cómo el primer cañonazo levantaba un pique de agua junto a la galeota. Al ver el alcance del tiro, los artilleros y los hombres que estaban a proa, alrededor del cañón de crujía, vitorearon. Mucho tenían que torcerse las cosas para que se nos fuera la presa, teniéndola a mano y a sotavento.
—¡Está amainando! —voceó alguien.
La única vela de la galeota, un enorme triángulo de lona, flameó al viento mientras la recogían con rapidez, bajando la entena. Oscilante en la marejada, la embarcación berberisca nos mostró primero la aleta y luego la banda zurda. Por primera vez pudimos observarla con detalle: era una media galera de trece bancos, fina y larga, y le calculamos un centenar de hombres a bordo. Parecía de ésas rápidas y veleras, a las que calzaban como un guante aquellos avisados versos cervantinos:
El ladrón que va a hurtar,
para no dar en el lazo
debe ir sin embarazo
para huir, para alcanzar.

Arturo Pérez Reverte, Corsarios de Levante (El Capitán Alatriste, VI)

***

Elena a cherché à la traduction « officielle » (merci !), que voici – réalisée par François Maspéro :

La chasse poursuite est une longue chasse et, par la barbe du Christ, celle-là ne l'avait été que trop : une après-midi, une nuit de lune et une matinée entière à courir derrière notre proie par une mer difficile, dont les coups faisaient parfois trembler la coque fragile de la galère, n'avaient rien fait pour nous mettre de bonne humeur. Les deux voiles tendues comme des cimeterres, les rames remontées, et les galériens, les gens de mer et ceux de guerre s'abritant comme ils le pouvaient du vent et des embruns, la Mulâtre, galère de vingt-quatre bancs, avait parcouru presque trente lieues à la poursuite de cette galiote barbaresque que nous tenions enfin à portée de tir; et qui, si nous ne cassions pas un mât - les vieux mariniers regardaient en l'air, la mine préoccupée - serait à nous avant l'heure de l'Angélus.
- Chatouillez-leur le cul ! ordonna don Manuel Urdemalas.
Le capitaine de notre galère restait debout, à la poupe - il n'avait pratiquement pas bougé de son poste depuis vingt-quatre heures -, et, de là, il observa la gerbe d'eau que soulevait contre la galiote notre premier boulet. En voyant la précision du tir, les artilleurs et les hommes qui se tenaient à la proue autour du canon de coursie poussèrent des cris de victoire. Toute proche et sous le vent comme elle l'était, cela ne faisait guère de doute que la proie était à nous.
- Elle amène sa voile ! cria quelqu'un.
L'unique voile de la galiote, un immense triangle de toile, faseya dans le vent pendant qu'ils la carguaient rapidement en affalant l'antenne. Secoué par la houle, le bateau barbaresque nous présenta d'abord l'ailette, puis la bande gauche. Pour la première fois, nous pûmes l'observer en détail : c'était une demi-galère de treize bancs, fine et longue, et nous estimâmes à une centaine le nombre d'hommes à bord. Elle semblait être de ces galères rapides et bien gréées auxquelles allaient comme un gant ces vers fort avisés de Cervantès :

Le larron qui va frapper
S'il ne veut pas être piégé
Doit savoir être léger
Pour s'enfuir et triompher...

***

Bruno nous propose sa traduction :

La chasse par la poupe est une longue chasse, et morbleu! celle-ci l’avait été à l’excès : un après-midi, une nuit de lune et une matinée entière à courir derrière notre prise sur une mer incommode, qui parfois faisait trembler de ses coups la coque fragile de notre galère, étaient loin de calmer notre humeur. Avec ses deux voiles haut tendues comme des arcs, les rames serrées et les galériens, les gens de mer et les hommes de guerre se protégeant du vent et des embruns comme ils le pouvaient, la Mulata, galère de vingt-quatre bancs, avait parcouru presque trente lieues en poursuivant cette galiote barbaresque qu’enfin nous avions à portée de tir; et qui, si nous ne cassions pas un mât – les vieux marins regardaient en haut avec inquiétude – serait nôtre avant la tombée de la nuit.
— Collez-lui au cul – ordonna Don Manuel Urdemalas.
Notre capitaine de galère restait debout, à la poupe – il n’avait presque pas bougé de cet endroit depuis ces vingt dernières heures –, et de là il observa comment le premier coup de canon faisait s’élever une gerbe d’eau près de la galiote. En voyant la portée du tir, les artilleurs et les hommes qui se trouvaient à la proue, autour du canon de coursive lancèrent des acclamations. Les choses devaient beaucoup mal tourner pour que la prise nous échappât , l’ayant à portée de main et sous le vent.
— Elle est en train d’amener la voile! – cria quelqu’un.
L’unique voile de la galiote, un énorme triangle de toile faseya au vent alors qu’ils la repliaient à toute vitesse, en abaissant l’antenne. Oscillant dans la houle, l’embarcation barbaresque nous montra tout d’abord l’armature de sa poupe et ensuite sa bande de bâbord. Pour la première fois, nous pûmes l’observer en détail : c’était une demi-galère de treize bancs, fine et longue, et nous calculâmes une centaine d’hommes à son bord. Elle semblait être de ces navires rapides et à voiles, auxquels ces vers avisés de Cervantes allaient comme un gant :
Le voleur qui va dérober,
pour ne pas être pris
doit partir sans gaucherie
pour fuir, pour y arriver.

***

Jean-Nicolas nous propose sa traduction :

La course poursuite est une longue chasse et Dieu sait combien celle-ci l’avait été : une après-midi, une nuit de lune et toute une matinée à traquer la proie sur une mer inclémente, dont les coups faisaient trembler par moments la coque fragile de la galère, étaient loin de nous ravir. Les deux voiles tendues comme des cimeterres, les rames empoignées, les galériens, les marins et les guerriers s’abritant comme ils le pouvaient du vent et des trombes d’eau ; la Mulâtre, galère de vingt-quatre bancs, avait parcouru presque trente lieues pour poursuivre cette galiote barbaresque qui se trouvait enfin dans notre ligne de tir et qui, si nous ne cassions pas un mât-les vieux mariniers regardaient en l’air, préoccupés –deviendrait la nôtre avant l’heure de l’ave maria.
-Foutez-lui le feu au cul !ordonna don Manuel Urdemalas.
Le capitaine de notre galère restait debout, à la poupe-il n’avait presque pas laissé son poste depuis vingt-quatre heures- et, de là, il observa comment le premier boulet soulevât une gerbe d’eau contre la galiote. Voyant la portée du tir, les artilleurs et les hommes qui se tenaient à la proue, autour du canon de bordée, crièrent victoire. Il aurait fallu que les choses se gâtent sérieusement pour que la proie, à portée de main et sous le vent, nous échappe.
-Elle amène sa voile !cria quelqu’un.
-La seule voile de la galiote, un immense triangle en toile, ondoya au vent pendant qu’ils s’en emparaient rapidement en baissant l’antenne. Secouée par la houle, l’embarcation barbaresque nous présenta d’abord l’ailette puis la bande gauche. Pour la première fois, nous pûmes l’observer dans le détail: il s’agissait d’une demi galère de treize bancs, fine et longue, et nous contâmes une centaine d’hommes à son bord. Elle semblait être de ces galères rapides et à voiles auxquelles ces vers avisés de Cervantès allaient comme un gant :
Le larron qui va voler
Pour ne pas être piégé
Doit être léger
Pour fuir, pour l’emporter.

***

Elena nous propose sa traduction :

La chasse par la poupe est une longue chasse, et bon sang, celle-ci l’avait été en excès : une après-midi, une nuit de lune et une matinée entière à courir après notre proie dans une mer difficile, qui avec ses coups faisait trembler par moments la fragile coque de la galère, ce qui n’adoucissait guère notre mauvaise humeur. Avec les deux voile levées, tendues comme des cimeterres, les rames immobilisées et les galériens, les gens de la mer et de la guerre se mettant à l’abri du mieux qu’ils le pouvaient du vent et des embruns, la Mulâtre, une galère de vingt-quatre bancs, avait parcouru presque trente lieues en pourchassant cette galiote barbaresque que nous avions enfin à tir ; et que, si nous ne cassions pas de mât — les vieux marins regardaient vers le haut avec un air d’inquiétude —, elle serait à nous avant l’heure de l’Angélus.
— Râpez-leur le cul — ordonna don Manuel Urdemalas.
Le capitaine de notre galère se maintenant debout, à poupe — il n’avait presque pas bougé de cet endroit les dernières vingt heures —, et de là, il observa comment le premier boulet soulevait une gerbe d’eau près de la galiote. En voyant la portée du tir, les artilleurs et les hommes qui étaient à la proue, autour du canon de coursie, acclamèrent. Les choses devaient très mal tourner pour que la proie nous échappe, en l’ayant sous la main et côté sous le vent.
— Elle amène sa voile ! — cria quelqu’un.
L’unique voile de la galiote, un énorme triangle de toile, ondoya au vent pendant qu’on la ramassait avec rapidité, en baissant l’antenne. Oscillant à cause de la houle, le bateau barbaresque nous montra d’abord l’ailette et ensuite la bande gauche. Pour la première fois nous pûmes l’observer en détail : c’était une galiote de treize bancs, fine et longue, et nous estimâmes une centaine d’hommes à bord. Elle semblait être un de ces bateaux rapides et légers auxquels allaient comme un gant ces vers avisés de Cervantès :
Le voleur qui va agir,
pour ne pas tomber dans le piège,
ne doit pas être embarrassé
pour fuir, pour réussir.

***

Annabelle nous propose sa traduction :

La course dans le sillage est une longue course, et nom de Dieu, celle-là l'avait été à l'excès : un après-midi, une nuit de pleine lune et une matinée entière à courir derrière la proie sur une mer agitée, qui de temps en temps faisait trembler de ses coups le fragile flanc de la galère, étaient loin d'adoucir notre humeur. Avec les deux voiles du haut tendues comme des cimeterres, les rames assurées et les galériens, les gens de mer et ceux de guerre se protégeant comme ils le pouvaient du vent et des embruns, la Mulâtresse, galère de vingt-quatre bancs, avait parcouru presque trente lieues à la poursuite de cette galiote barbaresque qu'enfin nous avions à portée de tir ; et qui, si nous ne rompions pas un mât – les vieux marins regardaient en haut d'un air préoccupé – serait nôtre avant l'heure de la prière.
– Grattez-leur le cul – ordonna don Manuel Urdemalas.
Notre capitaine de galère était toujours debout, à la poupe – il n'avait presque pas bougé de cette place durant les vingt dernières heures – et, de là, il observa le premier coup de canon qui soulevait une gerbe d'eau à côté de la galiote. Voyant la portée du tir, les artilleurs et les hommes qui étaient à la proue, autour du canon de coursive, lancèrent des vivats. Il fallait que les choses tournent très mal pour que que la proie nous échappe, en l'ayant à portée de main et sous le vent.
– Il se rend ! – cria quelqu'un.
La seule voile de la galiote, un énorme triangle de toile, flotta au vent pendant qu'ils la repliaient rapidement, en baissant l'antenne. Oscillant avec la houle, l'embarcation barbaresque nous montra d'abord la cornière puis bâbord. Pour la première fois, nous pûmes l'observer en détail : c'était une demi-galère de treize bancs, fine et longue, et nous estimâmes une centaine d'hommes à bord. Elle ressemblait à celles, rapides et légères auxquelles allaient comme un gant ces avisés vers cervantins :
Le voleur qui veut piller,
pour demeurer hors d'atteinte
doit avancer sans contrainte
pour s'enfuir, pour pourchasser.

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