vendredi 28 octobre 2011

Version de CAPES, 18 (à rendre pour le 27 octobre)

¿Cómo había transcurrido ese primer año de ma­trimonio entre Adelina y Rodolfo? Acaso el joven, al tomar estado, decidió que sus obligaciones consistían en mantener, dentro de lo posible, la consabida apa­riencia de un Ceballos. Algún cambio moral debía suponer el matrimonio: el único probable, en el caso de Rodolfo Ceballos, era pasar de la existencia sim­pática, despreocupada, guanga, que hasta entonces había conducido, a una vida –¿cómo lo diría él mismo?– más seria, más asentada. Nunca habían tenido fe en él. No había podido hacer la carrera de leyes. Su madre lo destituyó de la administración de las tierras. Ahora demostraría que podía ser tan exce­lente jefe de familia como su padre. La transforma­ción no había de costarle demasiado trabajo: si Ro­dolfo era nieto de Margarita la jocunda, también era hijo de Guillermina la tiesa; La verdad es que Ade­lina López puso cuanto estuvo de su parte para es­timularlo en esta dirección. La actitud de la mujer era suicida: si su interés estribaba en que, para encumbrarla, Rodolfo se condujera con el mayor rigor social, en este desarrollo habría de destacar, con el tiempo, la propia vulgaridad de Adelina. La mujer no se dio cuenta de que sus posibilidades de felicidad radicaban, precisamente, en que Rodolfo continuase por su senda de bonhomía desaliñada. Hubiese sido la mujer ideal de un jugador de dominó. Fue Ade­lina quien obligó a Rodolfo a cerrar las puertas de la casa a los antiguos compañeros de dominó. Adeli­na quien limitó a un almuerzo dominical la estridente presencia de don Chepepón. Adelina quien orilló a su marido a abrir de nuevo el largo salón afrancesado, y ella quien formuló las listas de invitados selectos. Ella, quien clamó para que Rodolfo tomase un dependiente de almacén y se escondiese en la improvisada oficina de los altos. Ella, en fin, quien suprimió la eterna sonrisa de los labios del comerciante. Pero también, al exhibirse en la forzada tertulia de los sá­bados ante las viejas familias, Adelina había permi­tido al marido comparar costumbres. No porque las de los invitados fuesen ejemplares, sino porque Ade­lina siempre resultaba en un escaño más bajo que el de la estricta mediocridad provinciana. Todas las voces eran apresuradas; la de Adelina, chillona. To­dos eran hipócritas; Adelina sobreactuaba. Todos eran beatos; Adelina, con mal gusto. Y todos poseían el mínimo de conocimiento de los valores entendidos; a ella le faltaba. Abundaron las opiniones: cursilería, ausencia de tacto, mala educación social. Y Rodolfo, dispuesto a asumir de nuevo su tradición, hubo de aceptar las censuras. A medida que los propósitos de la esposa se realizaban, el afecto del marido se iba en­friando. Empezaron los altercados, los dimes y diretes, los lloriqueos.

Carlos Fuentes, Las buenas conciencias

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Irène nous propose sa traduction :

Comment s'était écoulée cette première année de mariage entre Adelina et Rodolfo? Peut-être le jeune homme avait-il décidé, en prenant épouse, que ses obligations consistaient à sauver, autant que possible, la traditionnelle apparence d'un Ceballos. Le mariage devait supposer un certain changement moral : le seul probable, dans le cas de Rodolfo Ceballos, consistait à passer de l'existence sympathique, insouciante, oisive, qu'il avait menée jusqu'alors, à une vie - comment le dirait-il lui-même? plus sérieuse, plus établie. Jamais ils n'avaient cru en lui. Il n'avait pas pu faire son droit. Sa mère l'avait écarté de l'administration des terres. Maintenant, il allait prouver qu'il pouvait être un excellent chef de famille, tout comme son père. La transformation ne devait pas lui coûter beaucoup : si Rodolfo était le petit-fils de Margarita la joviale, il était également le fils de Guillermina l'inflexible. La vérité, c'est qu'Adelina López fit tout ce qui était en son pouvoir pour le pousser dans ce sens. L'attitude de la femme était suicidaire : si elle avait tout intérêt, pour s'élever socialement, à ce que Rodolfo se conduisît avec la plus grande rigueur sociale, c'est dans cet essor que ressortirait, avec le temps, la vulgarité naturelle d'Adelina. La femme, ne se rendit pas compte, que ses possibilités de bonheur résidaient précisément dans le fait que Rodolfo poursuivît son chemin, avec cette bonhomie nonchalante. Elle eut été la femme idéale d'un joueur de domino. Ce fut Adelina qui obligea Rodolfo à fermer les portes de la maison à ses anciens partenaires de domino. Adelina qui limita à un déjeuner dominical la stridente présence de don Chepepón. Adelina qui poussa son mari à ouvrir de nouveau le long salon à la mode française et qui établit les listes d'invités choisis. Elle, qui clama pour que Rodolfo prît un vendeur au magasin et se cachât dans le bureau improvisé à l'étage. Elle, enfin, qui fit disparaître l'éternel sourire des lèvres du commerçant. Mais, en s'exhibant devant les vieilles familles, lors des réunions obligées du samedi, elle avait aussi permis à son mari de comparer des habitudes. Non pas que celles des invités fussent exemplaires, mais parce qu'Adelina se trouvait toujours un degré en dessous de celui de la stricte médiocrité provinciale. Toutes les voix étaient pressées ; celle d'Adelina était criarde.Tous étaient hypocrites ; Adeline surjouait. Tous étaient dévots ; Adelina était bigote. Et tous possédaient un minimum de connaissance des conventions sociales ; elle, elle en était dépourvue. Les opinions abondèrent : mauvais goût, absence de tact, mauvaise éducation sociale. Et Rodolfo, disposé à assumer de nouveau sa tradition, dut accepter les censures. Au fur et à mesure que les desseins de l'épouse se réalisaient, l'affection du mari se refroidissait. Alors commencèrent les altercations, les chamailleries, les pleurnicheries.

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Hélène nous propose sa traduction :

Comment s’était passée cette première année de mariage entre Adelina et Rodolfo? Peut-être qu’en se mariant, le jeune homme avait décidé que ses obligations consistaient à conserver, dans la mesure du possible, l’apparence coutumière d’un Ceballos. Le mariage devait supposer quelque changement : le seul probable, dans le cas de Rodolfo Ceballos, était de passer de l’existence agréable, insouciante, dissolue, qu’il avait menée jusqu’alors, à une vie – comment dirait-il lui-même ? – plus sérieuse, plus rangée. On n’avait jamais cru en lui. Il n’avait pas pu faire des études de droit. Sa mère lui avait ôté l’administration des terres. Maintenant, il démontrerait qu’il pouvait être un aussi bon chef de famille que son père. La transformation ne devrait pas lui demander trop d’efforts : s’il était vrai que Rodolfo était le petit-fils de Margarita la Joconde, il était aussi le fils de Guillerma la guindée ; La vérité, c’est qu’Adelina López mit tout ce qu’elle avait en elle pour l’encourager dans cette voie. L’attitude de la femme était suicidaire : si, pour être encensée, son intérêt était que Rodolfo se conduisît avec la plus grande rigueur sociale, ce plan révèlerait, avec le temps, la propre vulgarité d’Adelina. La femme ne se rendit pas compte que ses chances de bonheur dépendaient précisément de la constance de Rodolfo sur le chemin de la bonhomie négligée. Elle aurait été la femme idéale d’un joueur de domino. C’est Adelina qui obligea Rodolfo à fermer les portes de la maison à ses anciens amis de jeu. Adelina qui limita la présence dérangeante de don Chepepón au déjeuner dominical. Adelina qui obligea son mari à rouvrir le grand salon francisé et elle qui fit la liste des invités de choix. Elle qui exigea que Rodolfo engageât un vendeur et se cachât dans le bureau improvisé de l’étage. Elle, enfin, qui supprima l’éternel sourire des lèvres du commerçant. Mais, en se montrant lors de la réunion forcée du samedi aux anciennes familles, Adelina avait aussi permis au mari de comparer les coutumes. Non pas que celles des invités étaient exemplaires, mais Adelina apparaissait toujours un cran en dessous de la stricte médiocrité provinciale. Toutes les voix étaient empressées ; celle d’Adelina était criarde. Tous étaient hypocrites ; Adelina surjouait. Tous étaient dévots ; Adelina, avec mauvais goût. Et tous possédaient le minimum de connaissance des valeurs conventionnelles ; elle, elle ne les avait pas. Les avis abondèrent : mièvrerie, absence de tact, mauvaise éducation sociale. Rodolfo, disposé à nouveau à se soumettre à la tradition, dut accepter la censure. À mesure que les objectifs de la femme se réalisaient, l’affection du mari baissait en intensité. Les querelles, les chamailleries, les pleurnichements commencèrent.

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Elena nous propose sa traduction :

Comment s’était-elle passée cette première année de mariage entre Adelina et Rodolfo ? Peut-être le jeune homme, en se mariant, avait-il décidé que ses obligations consistaient à maintenir, dans la mesure du possible, l’apparence habituelle d’un Ceballos. Le mariage devait comporter un certain changement morale : le seul probable, dans le cas de Rodolfo Ceballos, était de passer de l’existence sympathique, insouciante, aisée, qu’il avait mené jusqu’alors, à une vie – comment le dirait-il lui-même ? – plus sérieuse, plus stable. On n’avait jamais eu confiance en lui. Il n’avait pas pu suivre des études de droit. Sa mère l’avait destitué de l’administration des terres. À présent, il démontrerait qu’il pouvait être un aussi excellent chef de famille que son père. La transformation ne devrait pas trop lui coûter. Si Rodolfo était le petit-fils de Margarita la gaie, il était aussi le fils de Guillermina la rigide ; La vérité étant qu’Adelina López fit tout ce qui était en son pouvoir pour l’entraîner dans cette direction… L’attitude de la femme était suicidaire : si son intérêt résidait dans le fait que, pour l’élever socialement, Rodolfo devait se conduire avec la plus grande rigueur sociale, de cette évolution allait ressortir, avec le temps, la propre vulgarité d’Adelina. La femme ne se rendit pas compte que ses chances de bonheur résidaient, précisément, dans le fait que Rodolfo continuât son chemin avec sa bonhomie négligée. Elle aurait été la femme idéale d’un joueur de domino. Ce fut Adelina qui obligea Rodolfo à fermer les portes de leur maison à ses anciens partenaires de domino. Adelina qui limita à un déjeuner les dimanches, la stridente présence de don Chepepón. Adelina qui obligea son mari à ouvrir de nouveau le long salon à la française, et elle, qui rédigea les listes des invités choisis. Elle, qui clama pour que Rodolfo prît un vendeur au magasin et qu’il se cachât dans le bureau improvisé en haut. Elle, enfin, qui supprima le sourire éternel des lèvres du commerçant. Mais aussi, en s’exhibant devant les vieilles familles lors des réunions imposées les samedis, Adelina avait permis à son mari de comparer ses habitudes. Non pas que celles des invités fussent exemplaires, mais parce qu’Adelina s’avérait toujours à un échelon plus bas que celui de la stricte médiocrité provinciale. Toutes les voix étaient pressées ; celle d’Adelina, criarde. Tous étaient hypocrites ; Adelina surjouait. Tous étaient bigots ; Adelina avec mauvais goût. Et tous possédaient un minimum de connaissance des valeurs conventionnelles ; elle, elle en manquait. Il y eut des nombreuses opinions : du snobisme, de l’absence de tact, de la mauvaise éducation sociale. Et Rodolfo, disposé de nouveau à assumer sa tradition, dut accepter les censures. Au fur et à mesure que les propos de l’épouse se réalisaient, l’affection du mari se refroidissait. Les altercations, les querelles et les lamentations commencèrent.

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Florian nous propose sa traduction :

Comment s'était déroulée cette première année de mariage entre Adelina et Rodolfo? Peut-être que le jeune homme, en prenant de l'envergure, avait décidé que ses obligations consistaient à maintenir, dans la mesure du possible, la traditionnelle apparence d'un Ceballos. Le mariage devait bien engendrer quelques changements moraux: le seul probable, dans le cas de Rodolfo Ceballos, s'était de passer d'une existence sympathique, insouciante, aisée, à une vie- comment l'appellerait-il, lui?- plus sérieuse, plus posée. Personne n'avait jamais eu foi en lui. Il n'avait pas pu suivre d'études en droit. Sa mère l'avait destitué de l'administration des terres. Aujourd'hui, il démontrerait enfin qu'il pouvait être un excellent chef de famille, comme son père.La transformation n'allait sans doute pas lui demander trop d'efforts: si Rodolfo était le petit-fils de Margarita la rigolote, il était aussi le fils de Guillermina la rigide; Adelina López avait véritablement mis tout ce qui était en son pouvoir pour le stimuler dans cette voie. L'attitude de sa femme était suicidaire: si son intérêt consistait, pour qu'elle fût comblée, à ce que Rodolfo se comportât de la plus grande des rigueurs sociales, il faudrait, dans ce cas de figure, souligner, au fil du temps la vulgarité, d'Adelina elle-même. Sa femme ne se rendit pas compte que ses chances de bonheurs résidaient, précisément, dans le fait que Rodolfo continuât sur le chemin de la bonhomie désinvolte. Elle aurait été la femme idéal d'un joueur de domino. C'est Adelina qui avait obligé Rodolfo à fermer les portes de sa maison à ses vieux amis de domino. Adelina qui avait limité à un seul déjeuner dominical l'excentrique présence de Don Chepepón. Adelina qui avait forcé son mari à rouvrir le grand salon fréquenté par les partisans du modèle français, et elle qui avait établi les listes d'invités sélectionnés. Elle encore, qui avait plaidé pour que Rodolfo embauchât un vendeur et pour qu'il se cachât dans le bureau improvisé pour les gens d'en haut. Et en fin, c'est elle qui avait supprimé l'éternel sourire des lèvres du commerçant. Adelina avait également permis au mari, en s'exhibant devant les vielles familles, aux tertulias du samedi, de comparer des coutumes. Non pas que celles des invités eût été exemplaires, mais parce qu' Adelina se trouvait toujours sur un siège plus bas que celui de la plus stricte médiocrité provinciale. Toutes les voix étaient pressées; celle d'Adelina, braillarde. Tous étaient hypocrites; Adelina surenchérissait. Tous étaient bigots; Adelina, avec déplaisir. Et ils possédaient tous un minimum de connaissances sur les valeurs prônées; à elle, il lui en manquait. Les opinions abondèrent: snobisme, manque de tacte, mauvaise éducation sociale. Et Rodolfo, disposé à assumer à nouveau la tradition, avait dû accepter la censure. Au fur et à mesure que les objectifs de l'épouse se réalisaient, le côté affectueux du mari se refroidissait peu à peu. Les altercations commencèrent: il y eut des mailles à partir, des sanglots.

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