vendredi 9 octobre 2009

« Dialogues de bêtes », par la promo 2009-2010

L'exercice d'écriture à faire pour aujourd'hui par les apprenties et leurs amis était la description par un animal domestique de son maître.
Voici ce qu'elles nous proposent :

Amélie :
Des amis se retrouvent autour d’un repas, et, comme tout groupe d’amis qui se respecte, ils en profitent pour se tenir au courant des derniers potins…

« Content de te voir Marius, tu avais complètement disparu de la circulation, quoi de neuf depuis le temps ?
- Ah, tu n’es pas au courant, c’est qu’il s’en est passé des choses pour moi ces dernières semaines, j’habite à l’autre bout de la ville maintenant, alors pour venir jusqu’ici, tu comprends, c’est plus long quand même !
- Oui, je pense bien, m’enfin, c’est pas compliqué de donner des nouvelles. Qu’est-ce qui t’es arrivé ?
- Ohlala, ça serait vraiment trop long à raconter, on en a pour toute l’après-midi si je commence. Toujours est-il que je ne me plaisais plus là où j’étais, alors je me suis baladé un peu, et j’ai atterri là où je suis maintenant. Si j’avais su… Mes nouveaux colocataires sont insupportables ! Surtout une, la plus jeune, elle doit avoir, mettons, dans les 15 ans, une vraie asperge, pour la voir en entier je dois grimper sur une table, c’est pour dire ! Tu te souviens des branches qu’on ne pouvait pas atteindre quand on était gamins ? Ben voilà, ses jambes, c’est la même chose, maigrichonnes, noueuses et interminables… rien que d’y penser, j’en aurais presque la nausée !
- Tu dois sûrement exagérer, comme souvent Marius…
- Exagérer ?! Ah ben merci, on reconnaît les amis ! Une asperge je te dis, et andouille avec ça ! Toujours en train de se plaindre, bon, je comprends pas toujours tout, mais y’a des mots qui reviennent sans cesse dans sa bouche, comme un disque rayé : les cours, le prof untel et la prof machin, son petit copain, ses ‘friends’, comme elle dit, j’en passe et des meilleurs ! Le seul moment où on ne l’entend pas geindre, c’est quand elle a son truc greffé sur les oreilles, tu sais, le truc qui fait musique, téléphone, télévision, internet et bientôt four micro-ondes… Alors là, on a la paix. Quand je dis ‘on’, j’entends les 3 autres colocataires et moi, car elle mène la vie dure à tous le monde ! Les deux plus âgés de la famille passent leur temps à lui crier dessus, fais-ci, fais-ça, range ta chambre, tu sors encore à cette heure-ci, viens mettre le couvert… Et super tactile avec ça ! Tu sais, toujours en train de me toucher, de vouloir me prendre dans ses bras, de m’approcher de son visage pour me faire un bisou, pouah ! Son visage, tiens, parlons-en, c’est le rayon boutons de la mercerie de la mère Soizic où on allait piquer d’la laine y’a longtemps. Y’a le choix, et pour tous les goûts, c’est moi qui te le dis ! Encore un sujet pour pleurnicher sur son sort ! Fifi geignarde que je l’ai surnommée. Même sa voix m’insupporte : à peine elle rentre de quelque part, qu’il faut qu’elle m’appelle pour savoir quoi, je me demande bien, si je ne me suis pas sauvé peut-être ? C’est vrai que c’est pas l’envie qui manque ! Dès que j’entends « Mariiius, où qu’il est le Mariiiius », je me sauve à toutes pattes le plus loin possible, mais bon, l’appart’ est pas bien grand, elle finit toujours par me trouver et… tu connais la suite ! Franchement, si mon autre coloc’ me préparait pas des bons petits plats, je pense que j’aurais pas fait de vieux os là-bas, c’est trop fatigant !
- Ouais, y’a pas à dire, c’est pas toujours facile la vie de chat !

***

Coralie :

Moi, c’est Pantxika. Une petite chatte de six mois. On m’a demandé de parler de mes maîtres, alors allons-y !
Mes maîtres ? Un jeune couple qui a décidé de m’adopter il y a quelques mois. Dire qu’ils l’ont décidé d’un commun accord n’est pas très exact : elle voulait un chaton. Pour lui, « un chat, ça n’sert à rien ! En plus, j’suis allergique ! » Mais l’amour est plus fort que la raison, elle a su le convaincre, il a cédé. Et contre toute attente, j’ai réussi à l’apprivoiser. Il a commencé par choisir mon prénom : Pantxika ! Curieux. D’ailleurs personne ne m’appelle jamais comme ça, sauf quand, paraît-il, je fais une bêtise… Puis lors d’une semaine en tête-à-tête, on a commencé à faire la sieste ensemble… Et ses allergies ? Elles n’ont pas duré ! Bizarre, non ? Finalement, il est moins bougon qu’il en a l’air, il serait même presque tendre.
Elle, elle s’occupe de moi au quotidien : une vraie maman ! Des repas aux câlins en passant par les traitements antipuces… Bien sûr, parfois elle me gronde mais elle ne me résiste pas, un câlin, les yeux doux et le tour est joué !
Ce que je peux rire quand ils se chamaillent à mon sujet ! Il veut que je dorme dehors, elle certainement pas, je risquerais d’attraper froid ! Il me sort du canapé et me met sur le carrelage gelé, elle me prend et m’installe sur ses genoux… C’est sûr, je dois l’avouer, je suis loin d’être malheureuse chez eux. Mais comme de jeunes parents, ils font des erreurs. Figurez-vous que je me suis, Dieu sait comment, cassée la queue et que personne ne s’est inquiété ! Jusqu’au jour où mon bout de queue est tombé ! Alors là, branle-bas de combat ! En urgence chez le vétérinaire ! Ma petite maîtresse en émoi ! « C’est de ma faute ! Comment je ne m’en suis pas aperçu ? » ça je vous le demande ! Bilan : le vétérinaire m’a coupé un plus de queue et je me retrouve avec l’arrière-train enturbanné. Imaginez-ça ! C’est d’un goût ! D’une félinité ! Il y a un peu de positif dans mon aventure : double ration de câlins !
En y réfléchissant, c’est la belle vie d’être chat dans cette maison. Et je me rends d’ailleurs compte que je suis bien plus qu’un chat, je suis leur bébé. Pourvu que ça dure…

***

Laëtitia :

Bonjour ! Moi, c’est A. Je suis un chat roux avec le museau tout blanc et une oreille coupée. Quand je marche, je redresse toujours la queue en prenant un air féroce. Hé hé ! Qui s’y frotte, s’y pique ! ou plutôt, s’y griffe ! Mais, puisque ce n’est pas de moi qu’on parle ici, laissez-moi vous présenter mon maître. Je dirais pour commencer que mon maître, qui s’appelle G, est sorcier. C’est un assez vieux monsieur. Mais bon, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit car, malgré son âge plutôt avancé, il est très alerte, croyez-moi ! Il est toujours habillé d’une longue tunique noire à col roulé (rapiécée par endroits) et chaussé de gros souliers rouges. Il est chauve, enfin, en partie, puisqu’il lui reste à l’arrière de la tête d’épais cheveux noirs, toujours en bataille, au milieu desquels pointent ses grandes oreilles. Comme le laisse supposer sa tignasse, ou ce qu’il en reste, il a les sourcils broussailleux, ce qui lui donne un air vraiment inquiétant. Et puis, surtout, sous ses sourcils, il a des yeux très méchants. Mais, je n’en dis pas plus, je préfère vous laisser les imaginer... Il a aussi un gros nez piqué de verrues (du moins, je crois), un menton proéminent et des dents acérées (celles qui lui restent parce qu’il est quand même sérieusement édenté) qui lui font un sourire démoniaque. Il marche toujours voûté, avec les mains projetées en avant pour bien laisser voir, menaçants, ses doigts crochus. Brrr, ça vous donne la frousse, hein ? Et attendez, ce n’est pas tout ! En plus, il passe son temps à ricaner car il prépare toujours des mauvais coups, ce pourquoi il ne se départ jamais, entre autres, de son filet à papillons. Question logement, nous n’avons pas tiré le gros lot car nous habitons une vieille maison délabrée au beau milieu d’une forêt hostile. En guise de murs, nous nous contentons d’un empilement de grosses pierres nues. Du coup, il fait toujours très froid à l’intérieur de cette maison (je devrais dire cette masure) qui se compose en fait d’une pièce unique, occupée seulement par quelques meubles rustiques, des bougies fondues, des toiles d’araignées, un grand chaudron et de vieux grimoires poussiéreux que mon maître passe son temps à compulser d’un air entendu. Maintenant que le décor est planté, que pourrais-je vous dire d’autre ? Ah oui, mon maître se délecte de poursuivre d’infâmes petites créatures qui ne sont (comme il le dit si bien lui-même) que de misérables vermisseaux (si mes souvenirs sont bons...). Ces êtres habitent un village verdoyant et fleuri. On entend souvent au loin leurs chants joyeux. Ils vivent dans de gros champignons colorés. Ils sont très nombreux et chacun exerce un métier différent. Ils ont même un grand chef. Bon, si je vous dis que ces bonhommes sont bleus... vous nous avez reconnus, mon maître et moi ?

***

Chloé :

Bruits de clés dans une serrure, une porte s’ouvre. Bruits de pas.
Non mais vraiment, qu’est-ce qu’ils sont bruyants ces humains, pas moyen de faire une sieste tranquille ! Et puis cette manie de se mettre ces trucs au bout des pattes, c’est ridicule ! Vous avez sûrement remarqué ça, ils s’enferment les pattes dans ce qu’ils appellent des « chaussures », et même que les femelles usent d’un modèle pour se surélever ! Vraiment bizarre… En plus, ça doit être très désagréable de marcher avec ça. Peut- être qu’elles s’en servent pour attirer les mâles ou pour faire fuir leurs ennemis avec le boucan que ça produit ! L’humain est un animal domestique très étrange, et on a beau dire, ils ne sont pas si intelligents que ça. Bon, j’en ai quand même adopté un, ils sont si attachants avec leur maladresse, et puis ils sont si câlins…Celle que j’ai chez moi relève un peu le niveau de son espèce, je l’ai dressée assez rapidement : en une semaine elle a compris qu’ il fallait me servir mon déjeuner, qu’ il fallait nettoyer les toilettes et qu’elle devait me laisser de la place sur le canapé. La technique c’est de les récompenser en leur faisant des câlins, ils adorent ça ! Un petit ronronnement et hop, elle fait tout ce que je veux ! Et faut avouer que ça me fait plaisir aussi, elle est toute mimi avec ces poils longs et doux, son gros museau et ces jolis yeux d’humains entourés de petites moustaches ! Il paraît qu’à cause de leur pupilles rondes ils ont une très mauvaise vue, mais moi je pense que toutes leurs moustaches les aident à se diriger, parce que la mienne, même quand elle part pendant plusieurs jours, elle retrouve toujours le chemin de la maison. D’ailleurs, c’est un animal assez fidèle. Humainette, c’est le nom que je lui ai donné, ne part jamais plus de deux jours, à part la fois où elle a fait une fugue, là elle était partie une semaine entière ! J’ai cru qu’elle s’était perdue et que je ne la reverrai jamais. Mais non, elle est revenue, comme si de rien n’était, et j’avais dû lui manquer, parce qu’elle n’a pas arrêté de me câliner après. Enfin bref, c’est sûr que l’élégance et la classe féline sont inégalables, mais malgré leur manque d’habileté et de discrétion, les humains ont quand même pas mal de qualités. Ce sont de bons serviteurs et de bons compagnons qui tiennent chaud la nuit, et nous autres félins, on les aime bien !

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Sonita :
Je m’appelle Vagabond et je suis un chien. Mon histoire porte les marques d’un rescapé de l’abandon. Cependant, dans mes yeux vous ne lirez plus la tristesse qui suivit mes pas errants dans la jungle de la vie, ni la peur qui s’emparait de moi à chaque fois que quelqu’un s’approchait de moi dans l’intention de me battre afin de me faire partir.
J’étais alors désemparé, je vivais continuellement avec la peur au ventre. J’avais peur des hommes, j’avais peur des voitures qui suivaient leur chemin sans un regard en arrière après nous avoir renversés, blessés... Mais un jour, ma chance tourna et Camille me trouva.
La première fois que je l’ai vue, j’ai su qu’elle ne me ferait pas de mal. Ses yeux, sa voix et ses caresses étaient d’une extrême douceur. Ce jour-là, elle pleura en me voyant ma souffrance. Personne ne m’avait jamais caressé comme ça depuis ce fatidique jour d’août où l’on m’abandonna pour pouvoir partir tranquillement en vacances. Mes poils étaient sales, rêches mais Camille me caressa comme si mon pelage n’avait jamais connu la rue, l’abandon, la violence ou le mépris.
Elle me prit dans ses bras avec la même délicatesse avec laquelle on prend un bébé dans les bras et m’emmena chez le vétérinaire qui soigna mes blessures. Camille, elle, avec son infinie tendresse soigna les séquelles qui habitaient mon cœur abandonné et m’offrit une nouvelle vie, un nouveau foyer où je suis heureux et où l’angoisse d’être à nouveau abandonné ou maltraité a finalement disparu.

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Laëtitia :

Samba

Elle est venue me chercher il y a huit ans et j’ai tout de suite compris que j’avais affaire à un cas. Moi, je faisais tout pour me cacher derrière la litière —après tout une petite boule noire, j’avais mes chances. Mais dès qu’elle est entrée dans la pièce, ses gros yeux brillants n’ont vu que moi. C’est sûr qu’entre un chat borgne et un chat à la queue cassée, j’avais la cote. Quand elle m’a prise dans ses bras je n’ai pas eu le vertige, loin de là : elle est toute petite. Elle est toute maigre aussi, si bien que je lui laisse toujours un peu de pâté dans la gamelle, au cas où. Je suis partageuse, moi !
Elle pense que je ne comprends pas sa langue. Quand elle s’adresse à moi, elle utilise toute sa tessiture pour communiquer les différents sentiments. Parfois, elle se passe même de mots. Ingénieux, mais totalement inutile puisque je comprends tout. Je fais semblant de ne pas piper mot pour avoir la paix.
Minette, Mimi, Chat d’amour, Ma Jolie, Poupette, Preciosa, Lindura, Princesa et j’en passe sont les surnoms dont elle m’affuble. Il faudrait que quelqu’un lui dise que je m’appelle Samba. Sam-ba. C’était bien la peine de me donner un nom !
Avec elle, ce n’est pas un temps pour tout mais une heure pour tout. L’heure de se coucher, l’heure de se lever, l’heure de travailler... Et quand ce n’est pas l’heure de manger, je peux user de mille ruses pour la distraire de ses occupations, rien n’y fait. Je marche sur le clavier, je passe devant l’écran, je m’affale sur le dictionnaire, je m’attaque à son stylo. C’est peine perdue. Pourtant, ce n’est pas demain que, de mes petites pattes velues, j’ouvrirai le frigo pour me cuisiner un bon steak. J’ai faim !
Je l’aime bien quand même, oui. Elle me tient compagnie. Et c’est de bon cœur que je la laisse dormir dans mon lit et s’asseoir sur mon canapé.

4 commentaires:

Chloé a dit…

Ah Ah! J'ai trouvé Laetitia, le chat s'appelle Azraël...Je n'en dit pas plus pour que les autres cherchent un peu...

Amélie a dit…

Eh eh! Merci Chloé pour le suspense, moi je parie sur Gargamel pour le maître...
Chloé, ton texte m'a beaucoup fait rire, cette inversion des rôles, c'était, je trouve, une excellente idée.

Tradabordo a dit…

Ça fait beaucoup de chats quand même… Y aurait-il du favoritisme ?

Chloé a dit…

J'avoue je suis pro-chat!