samedi 23 janvier 2010

Exercice de version, 64

Precisamente frente a la puerta de ellos se abría otra, triste y misteriosa. Era la del cuarto de Teresa. Marta sintió una ligera angustia de pensar que no podía llamar allí, entrar, despertarla, contarle que aquellas horas de la noche habían sido muy extrañas, muy inso­portables para ella. Esto era un imposible que por pri­mera vez le dolía. Nunca había sentido unas ganas tan grandes de echarse a llorar en los brazos de alguien que fuese comprensivo y bueno.
No le hizo falta encender luces eléctricas en un co­rredor donde la luz del cielo entraba por las ventanas. Se deslizó sin hacer ruido hasta la escalera oscura que bajaba al comedor, y también allí había claridad. Cuan­do Marta era una niña pequeña acostumbraba a sen­tarse al final de estos escalones para mirar escondida allí, apoyando la cabeza entre los barrotes de madera, lo que pasaba abajo. Ahora se detuvo, un poco sonám­bula, mirando aquella habitación.
El comedor era la pieza más bonita de la casa. Era al mismo tiempo el verdadero salón, el sitio de reunión de la familia. Cuando Marta era pequeña, y su madre una mujer joven y alegre, en los tiempos en que su padre vivía, en aquella habitación se habían celebrado cenas y fiestas. Y parecía que desde entonces hubieran pasado siglos.
El comedor tenía una misteriosa belleza, mirado así a la luz de las estrellas que entraba por los grandes ventanales con las cortinas descorridas. A aquella luz casi podía adivinarse el alegre color de estas cortinas y de la tela que forraba los divanes debajo de las ven­tanas.

Carmen Laforet, La isla y los demonios


***

Coralie nous propose sa traduction :

Face à leur porte, précisément, une autre s'ouvrait, triste et mystérieuse. C'était celle de la chambre de Teresa. Marta sentit une légère angoisse à l'idée qu'elle ne pouvait pas frapper, entrer, la réveiller, lui raconter que ces heures de la nuit avaient été très étranges, très insupportables pour elle. C'était une impossibilité qui, pour la première fois, lui faisait mal. Elle n'avait jamais éprouvé une si grande envie de pleurer dans les bras de quelqu'un de compréhensif et gentil. Elle n'eut pas besoin d'allumer la lumières dans un couloir où la clarté du ciel entrait par les fenêtres. Elle se glissa sans faire de bruit jusqu'à l'escalier sombre qui descendait à la cuisine, et il y avait là aussi de la luminosité. Quand Marta était petite fille, elle avait l'habitude de s'asseoir en haut de ces escaliers pour regarder, cachée là, la tête appuyée entre les barrots en bois, ce qu'il se passait en bas. Elle s'arrêta maintenant, un peu somnambule, regardant vers cette pièce. La cuisine était la plus jolie pièce de la maison. C'était en même temps le véritable salon, le lieu de réunion de la famille. Quand Marta était petite, et sa mère une femme jeune et joyeuse, aux temps où son père vivait encore, on avait célébré dans cette pièce des diners et des fêtes. Et des siècles semblaient s'être écoulés depuis cette époque.
La cuisine avait une beauté mystérieuse, sous la lumière des étoiles qui entrait par les grandes baies vitrées aux rideaux tirés. Grâce à cette lumière, on pouvait presque devinait la couleur gaie de ces rideaux et du tissu qui recouvrait les divans sous les fenêtres.

***

Laëtitia Sw nous propose sa traduction :

Juste en face de leur porte, s’ouvrait une autre porte, triste et mystérieuse. C’était celle de la chambre de Teresa. Marta ressentit une légère angoisse en pensant qu’elle ne pouvait pas y entrer, l’appeler, la réveiller, lui raconter combien ces heures de la nuit avaient été pour elle étranges, insupportables. Il y avait là une impossibilité qui, pour la première fois, la faisait souffrir. Elle n’avait jamais eu autant besoin de se jeter, pour pleurer, dans les bras de quelqu’un qui fût compréhensif et bienveillant.
Elle n’eut même pas à actionner l’interrupteur électrique dans ce couloir où la lumière du ciel entrait par les fenêtres. Elle se glissa sans faire de bruit jusqu’au sombre escalier qui descendait à la salle à manger, et, là aussi, il y avait de la clarté. Quand Marta était une petite fille, elle avait l’habitude de s’asseoir au bout de ces marches pour observer, en cachette, la tête appuyée contre les barreaux en bois, ce qu’il se passait en bas. À cet instant, elle s’arrêta, un peu somnambule, absorbée dans la contemplation de cette pièce.
La salle à manger était la plus jolie pièce de la maison. Elle tenait lieu en même temps de salon, là où se réunissait la famille. Pendant l’enfance de Marta, à l’époque où sa mère était une jeune femme joyeuse et où son père était vivant, on y avait donné des repas et des fêtes. On aurait dit que, depuis, des siècles étaient passés.
La salle à manger avait une beauté mystérieuse, quand on la regardait ainsi à la lumière des étoiles qui entrait par les grandes baies aux rideaux ouverts. Éclairée de la sorte, on pouvait presque deviner la couleur gaie des rideaux et du tissu qui recouvrait les canapés sous les fenêtres.

Aucun commentaire: